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VI. Présentation des enquêtes et résultats

1. Comparaison des réalités éducatives en France et en Syrie

1.2. Le lycée

En faisant une courte analyse du cycle terminal du lycée, nous avons voulu vérifier l’hypothèse selon laquelle peu de changements apparaissent entre les niveaux d'enseignement. Nous poursuivons donc nos analyses comparatives de documents qui réglementent et discutent les niveaux supérieurs de l’enseignement en France et en Syrie ; le lycée et l’université. Nous allons, pour garder un ordre logique, commencer par l’organisation des années de lycée allant de la classe de 10ème (système syrien) / classe de seconde (système français) au Baccalauréat.

Pour ne pas nous pencher sur l'ensemble des textes régulant l'enseignement au lycée, nous ne choisirons qu’une partie d'un texte officiel français qui organise le cycle terminal de la voie générale au lycée20. Malheureusement, une fois encore, le système syrien ne nous donne pas accès à ce type de texte. Pour le côté syrien, nous procéderons de nouveau via entrevues. Nous réitérons donc ici la mise en garde méthodologique concernant la subjectivité des intervenants, déjà valable pour le point précédent.

20 Disponible en ligne :

http://eduscol.education.fr/pid23169-cid46470/les-series-de-la-voie- generale.html

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Du document français, nous sélectionnons la partie qui régule la série scientifique (S)21, laissant de côté les autres séries (L "littérature" et ES "économique et sociale") du système français. Ce choix n'est bien entendu pas anodin. En effet, pour entrer dans un Master scientifique (tel le MRIE - objet de notre étude de cas), en Syrie, les étudiants doivent impérativement avoir terminé une licence scientifique. De même, pour entrer dans une licence scientifique, il est impératif que l'élève ait obtenu le Baccalauréat scientifique. Ce qui implique, plus en amont encore, que l'élève ait assez bien réussi l'année suivant le Brevet (la 10ème dans le système syrien, équivalant à la seconde en France) pour pouvoir suivre son cycle terminal en section scientifique.

Il faut donc bien comprendre que l'élève syrien ne fait pas le choix d'entrer dans une filière. Ses notes décident pour lui et les seuils changent d'une année à l'autre, d'un gouvernorat à l'autre. Avec une note identique, il se peut qu'un élève d'Alep entre en section scientifique quand un élève de Damas devra aller en section littéraire, étant entendu que c'est la section scientifique qui exige le plus grand nombre de points. Elle est en conséquence considérée comme plus prestigieuse et est plus convoitée car elle ouvre notamment la porte aux études relatives à la médecine, à la pharmacie, à l’ingénierie et à l’économie. Les domaines précités sont, dans l’ordre, ceux dans lesquels tout parent rêve de voir étudier sa progéniture ; c’est avant tout une affaire de prestige22. Mais il ne faut pas non plus négliger le fait que ces spécialités permettent ensuite aux étudiants des classes non fortunées et non « affiliées » au pouvoir de, malgré tout, se faire une place sur le marché du travail avec l’espoir de gagner un salaire correct.

21 Disponible en ligne :

http://eduscol.education.fr/cid46469/serie-s.html

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Présentation du document de travail : l' « Organisation du cycle terminal de la voie générale série S »

Les dispositifs d'enseignement proposés par le système d'éducation français pour les étudiants du cycle terminal (S)23 sont centrés sur des pédagogies innovantes via deux grands axes.

D'abord, il y a instauration de travaux personnels encadrés qui doivent permettre de développer l'autonomie chez les jeunes et de favoriser la multidisciplinarité. Par là, sont aussi développées les capacités d'initiative dans la recherche. Ces travaux sont le plus souvent à réaliser en groupe pour habituer l'élève aux démarches collectives.

Ensuite, un dispositif pédagogique fondé, sur des débats argumentés et préparés par les élèves, est mis en place pour enseigner l'éducation civique, juridique et sociale.

Dispositif de travail

Nous soumettons le texte français à l'expert de l'éducation nationale syrienne qui a déjà fourni les éléments de comparaison sur base du "Socle".

Mais cette fois, nous ne nous contentons pas d'une référence unique. Ainsi, d'autres avis sont sollicités auprès de plusieurs informateurs en lien avec l'école, dont des étudiants. Ces informateurs ne maîtrisent pas la langue française ; l'esprit du texte leur est donc transmis et leur opinion recueillie en langue arabe.

Eléments de comparaison

Les informateurs syriens consultés sont formels et unanimes : rien de tout cela n'est mis en place au niveau des deux années de terminale et les méthodes d'enseignement restent pareilles à celles pratiquées au niveau du collège. Il y a bien un enseignement en éducation civique, mais en aucun cas de travaux personnels ou de groupes, ni d'organisation de débats.

56 Eléments de conclusion

Dans le "Socle", nous avions découvert que les "connaissances" (de l'ordre du savoir), exigées par les deux systèmes auprès de leurs étudiants, ne variaient presque pas. Par contre, c'est au niveau des "capacités", (de l'ordre du savoir-faire et du savoir-être, en d'autres mots : des compétences) que nous avions relevé des disparités.

L'examen du texte de la série S et le regard porté par les acteurs syriens sur celui-ci confirment notre hypothèse : il n'y a pas d'évolution en termes de méthodologies entre le niveau Collège et le niveau Lycée et cela dans les deux contextes. Chacun reste campé sur ses positions méthodologiques.

Ces informations laissent présager que l'étudiant, le futur citoyen et travailleur syrien, sera moins capable de réaliser des travaux collectifs, sera plus réticent à exprimer son opinion et à la défendre, aura besoin de plus de guidance pour réaliser les tâches exigées dans le cadre universitaire ou professionnel que son homologue français.