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Chapitre 1: Cadre spatio-temporel et culturel de l’étude

IV. Linguistique et archéologie

Notre zone d’étude a été habitée par des groupes linguistiques appartenant aux deux aires culturelles décrites précédemment. Si l’on considère la Zone Centrale définie par Hasemann et Pinto (fig. 42), dont l’extension est un peu plus ample que notre cadre d’étude, le lenca, le chorotega et le pipil font partie de la Mésoamérique tandis que le jicaque, le paya, le sumu, le miskito, le matagalpa et le rama de l’Aire Intermédiaire (ibid.). Toujours dans la région mésoaméricaine de la zone d’étude, mais plus à l’ouest de la Zone Centrale, on reconnaît les groupes linguistiques chortis et poqomam, d’origine maya et le xinca.

La présentation des différents auteurs qui ont évoqué les groupes linguistiques se fera en distinguant les années précédant et suivant 1980. En effet, à partir des années 1980, les distinctions se font sur la base d’études anthropologiques et non plus seulement sur la base des recherches archéologiques, ethno-historiques ou toponymiques. Le rôle d’Anne Chapman dans ce sens a été décisif.

A. Avant les années 1980 1. Samuel Lothrop

La limite maximale atteinte par les groupes de langues mayas au Classique récent, en particulier le chorti, a été définie une première fois en 1939 dans un article de Lothrop intitulé The Southeastern Frontier of the Maya258 (fig. 48). Cette frontière

commence sur la côte Atlantique au Honduras, un peu à l’est de la rivière Ulua dont elle suit le cours dans un premier temps pour ensuite se diriger vers le nord du lac Yojoa. À cet endroit, elle décrit ensuite une boucle vers l’ouest vers Sensenti, dans le département d’Ocotepeque et enfin elle rejoint le cours inférieur de la rivière Lempa au Salvador jusqu’au Pacifique. La ligne opportune que constitue la rivière Lempa a été choisie par Lothrop en incluant les départements de Chalatenango et Cabanas même s’il avoue que 259 :

258 Lothrop 1939, p. 42

259 Lothrop 1939, p. 48, traduction de l’auteur :

« I have no knowledge of the Department of Cabaiias farther to the east except that archaeological remains have been reported near Sensuntepeque.”

160 « Au nord du centre du Salvador, dans les environs de Chalatenango, très peu de vestiges archéologiques ont été enregistrés. Personnellement, je n’ai pas trouvé de poterie polychrome mais j’ai vu de la céramique avec des têtes de style Maya (…) »

À Suchitoto, dans le département de Cuscatlan, au sud de Chalatenango et du fleuve Lempa, Lothrop a pu observer des pièces de céramiques de style Maya sur plusieurs sites (ibid.). Finalement, pour le département de Cabanas, à l’est de Suchitoto et au sud du fleuve Lempa, Lothrop affirme 260:

« Je ne sais rien du département de Cabanas, sauf à l’est, où des vestiges archéologiques ont été reportés près de Sensuntepeque. »

En se basant sur ces informations et sans préciser le type de vestige présent à Sensuntepeque, Lothrop propose d’inclure tout le département de Cabanas et de Chalatenango dans la zone Maya (fig. 48).

Figure 48 : Carte de l’expansion maximum des Mayas au sud et à l’est, sur la base des évidences archéologiques et linguistiques, par Lothrop en 1939261

260 Lothrop 1939, p. 48, traduction de l’auteur :

« I have no knowledge of the Department of Cabañas farther to the esat except that archaeological remains have been reported near Sensuntepeque.”

161 2. John Longyear

En 1947, c’est l’archéologue Longyear qui va proposer une nouvelle fois de définir la limite occidentale atteinte par les groupes de langue maya262. Il réfute l’idée selon laquelle la disposition de monticules autour de places, la présence de maçonnerie de pierre de taille, de stèles ou de céramiques polychromes maya soit une preuve de la présence d’une langue maya263. Cette idée sera confirmée par Thompson en 1975264. En outre, Longyear définit le complexe céramique Ulua-Yojoa polychrome, présent en abondance depuis le cours inférieur de la rivière Ulua et au nord du lac Yojoa, jusqu’à la partie inférieure de la vallée de Comayagua 265. À l’ouest, ce complexe rejoint la vallée de Jesus de Otoro 266, à l’est il est identifié jusqu’à Tegucigalpa267. Dans la région Est du Salvador, ce complexe céramique est reconnu, toutefois, il est mélangé avec d’autres styles de céramique polychrome (ibid.). En réalité, cette céramique est destinée aux élites au Salvador268. Comme les Lencas apparaissent en tant que voisins directs des Mayas à l’est, à l’époque du Contact, mais aussi depuis des temps anciens selon la tradition et du point de vue de la linguistique, Longyear associe ce complexe céramique du Classique aux Lencas269. Il redéfinit la frontière au nord et la place plus à l’ouest que Lothrop, dans la vallée du fleuve Motagua, puis vers le sud, à l’est de Sesenti, où elle coïncide nouvellement avec celle de Lothrop, pour se diriger et suivre le cours inférieur du fleuve Lempa au Salvador270 (fig. 49). C’est-à-dire qu’une fois encore, l’ensemble du Centre et de l’Ouest du pays apparait comme maya ; Longyear explique qu’au moment où il écrit, la frontière placée par Lothrop, le long du cours inférieur de la rivière Lempa, n’a pas été infirmée archéologiquement271. 262 Longyear 1947, p. 65 263 Longyear 1947, pp. 67-68 264 Thompson 1975, p. 120 265 Longyear 1947, p. 67

266 Longyear 1947, p. 66 et Stockett et McFarlane 2008, p. 41

267 Longyear 1947, p. 67

268 Demarest 1988, p. 380

269 Longyear 1947, p. 71

270 Longyear 1947, p. 70

162 Figure 49 : Carte de la distribution des peuples le long de la frontière maya sud-est au

Classique récent (850 apr. J.-C.), par Longyear en 1947272

Il propose ensuite une seconde carte avec la distribution des peuples au XVIe siècle où tout le territoire au sud de la rivière Lempa est pipil (fig. 50). Le fleuve Lempa se maintient comme la frontière avec les Lencas et dans le Golfe de Fonseca, se situent les Cholutecas (ou Chorotegas)273.

272 Longyear 1947, p. 70

163

Figure 50 : Carte de la distribution des peuples le long de la frontière maya sud-est à l’époque de la Conquête espagnole, par Longyear en 1947274

3. Éric Thompson

En 1975, c’est cette fois l’archéologue Thompson qui délimite la limite orientale du territoire maya et décrit l’expansion chortie en 1500 apr. J.-C. (fig. 51). La présence de ce groupe, dont la capitale politique et culturelle était Copan au Classique, se reconnait dans trois régions. Tout d’abord, dans la Cordillère Alotepeque-Metapan, à la frontière nord-ouest entre le Salvador et le Honduras, avec une extension qui se poursuit à l’est jusqu’à l’est de la ville de Chalatenango, en incluant le massif montagneux de la Montañona. À l’ouest, il couvre un territoire en forme de poche, dont la limite se situe au-delà de la Lagune d’Ayarza, et au nord, il enveloppe la plus grande partie de l’angle nord-ouest du cadre d’étude. En revanche, dans l’angle sud-nord-ouest apparaissent les Xincas.

Au sud du Lac Güija, des populations chortis (Texistepeque), pipils, xincas et pokomams sont installées275. En outre, les Pokomams vivaient à Chalchuapa et à Ahuchapan à la période du Contact (ibid.). Thompson ajoute qu’il semblerait que l’expansion chortie se soit développée au Classique, depuis les Basses terres au bord du

274 Longyear 1947, p. 72

164 lac Izabal, pour quasiment rejoindre l’océan Pacifique276. Toutefois, sur sa carte en 1500 apr. J.-C, l’occupation chortie se présente de façon limitée dans le département de Chalatenanago et est absente de Cabanas.

Figure 51 : Carte de la limite est du territoire maya et expansion chortie en 1500 apr.

J.-C., par Thomson en 1975 277

Quant à l’expansion maximale atteinte par la civilisation Maya à l’ouest du Salvador, il paraît important de recadrer que, comme le précise Demarest 278 :

276 Thompson 1975, p. 136

277 Thompson 1975, carte 3

278 Demarest 1988, p. 354, traduction de l’auteur :

“Western El Salvador may be a frontier of Maya civilization in the Classic period, but i twas never, in any sense, a frontier or peripheral region of Mesoamerica as a whole. That true frontier began further eastern El Salvador and Honduras.”

165 « L’ouest du Salvador pourrait être considéré comme une frontière de la civilisation maya pendant le Classique, mais il n’a jamais été, d’aucune façon, une frontière ou une région périphérique de la Mésoamérique dans son ensemble. La vraie s’est située plus à l’est du Salvador et du Honduras. »

4. Jorge Lardé et larin

La même année, l’auteur salvadorien Lardé et Larin expose une carte détaillée des groupes linguistiques en s’appuyant sur la toponymie et les témoignages ethno-historiques (fig. 52). Il s’agit d’un apport important et conséquent pour l’étude de la distribution des groupes ethnolinguistiques au Salvador.

Dans l’angle sud-ouest est identifiée la langue mixe-zoque, apparentée au Xinca, qui a été caractérisée dans l’angle nord-ouest du Salvador. Thompson rappelle que la langue alagüilac s’est éteinte trois ou quatre dizaines d’années après la visite de l’archevêque Galindo qui l’avait rapportée, entre 1769 et 1770, attestant de l’existence de l’alagüilac dans l’est du Guatemala279. Cependant, il est possible qu’il s’agisse du nom local pour les groupes nahua-pipils (ibid.). En 1972, Campbell propose d’identifier la langue alagüilac au xinca ce qui sera repris dans les études suivantes280.

Sur la carte, au nord du Centre du pays, se trouve deux enclaves chorotegas en territoire lenca. À la limite est du département de Cabanas, à proximité de la rivière Lempa, Lardé et Larin indique une première enclave qui correspond aux noms d’une colline (Niqueresque) 281 et d’un village (Curaren) 282 . Dans le département de Chalatenango, il identifie également une enclave, mais elle n’est pas rapportée dans le texte ce qui fait douter de son existence.

En dehors de ces enclaves, les départements de Cabanas et de Chalatenango sont lencas, à l’exception de la partie occidentale de Chalatenango attribuée au groupe de langue chortie. Thompson et Chapman prolongent quant à eux l’occupation chortie jusqu’à la ville de Chalatenango. La situation des Poqomams à l’ouest, à Tazumal et Chalchuapa, est confirmée sous forme d’enclaves283.

279 Thompson 1975, p. 127 280 Fowler 1989b, p. 56 281 Lardé et Larín 1976, p. 429 282 Lardé et Larín 1976, p. 413 283 Thompson 1975, p. 127 et Fowler 1989b, p. 61

166 Pour ce qui est de l’Est du Salvador, la frange nord-sud attribuée aux Uluas relève en fait du groupe de langue cacaopera dans sa portion nord. De plus, Lardé et Larin relève dans son ouvrage un ancien village ulua, qui s’est éteint dans la deuxième moitié du XVIe siècle, et dont la population s’est incorporée au village de Sirama dans la juridiction de La Union, à l’ouest du Golfe de Fonseca284. En ce qui concerne la présence de l’ulua dans la province de San Miguel, Lardé et Larin l’identifie selon la présence du préfixe ou suffixe caran ou carran285. De là, il identifie l’existence de l’ulua dans les lieux Comacaran au centre de la région est, Goascoran, au nord du Golfe de Fonseca et Jucuaran, au sud dans la Baie de Jiquilisco. En reprenant tous les toponymes uluas mis en évidence par Lardé et Larin, leur territoire apparaît plutôt sous forme de plusieurs enclaves, plutôt que sous la forme d’une frange nord-sud dans l’Est du Salvador. Enfin, l’enclave chorotega, au nord du Golfe de Fonseca est confirmée par Hasemann et Pinto en 1993. Elle fait référence au village de Nicomongoya, seule colonie chorotega certaine au Salvador286. La plus grande portion du Centre et de l’Ouest du Salvador est en revanche nahua-pipil, ce que reprennent tous les auteurs.

284 Lardé et Larín 1975, p. 234

285 Lardé et Larín 1975, p. 108

167 Figure 52 : Carte ethno-linguistique du alvador précolombien selon Lardé et Larin287

B. Après les années 1980 1. Anne Chapman

Anne Chapman propose une carte en 1985 dont le sujet est plus particulièrement les lencas et où il est possible d’apprécier de façon plus détaillée les différents dialectes de cette langue et leur position géographique (fig. 53). Dans le cadre d’étude, on retrouve le lenca cerquin, dans le sud des départements de Lempira et Intibuca, le lenca care dans le département de La Paz et au nord du département de Intibuca ainsi que le lenca lenca entre La Paz et Francisco Morazan et dans le département de Comayagua. Elle assimile le matagalpa au chibcha, dans le département du Paraiso, à l’est du cadre d’étude, cependant Constenla met en doute que l’on puisse démontrer cette filiation, car il la pense trop ancienne288. En tout cas, on retiendra l’existence de groupe de langue

287 Lardé et Larín 1975

168 matagalpa à l’est du cadre d’étude. À l’endroit où la rivière Lempa change de direction vers le sud pour se diriger vers l’océan Pacifique, sont identifiés des groupes nahua pipils, ainsi qu’au niveau de l’océan Pacifique où, à l’est du cours d’eau, se place le lenca poton. Celui-ci occupe l’est du pays jusqu’au Golfe de Fonseca et dans le nord, le cacaopera est identifié comme chibcha matagalpa. Au centre du pays, au niveau de Chalatenango, est présentée une enclave maya chortie, puis plus à l’ouest à nouveau les groupes nahua pipils, dans le nord du département de Chalatenango.

169 Figure 53 : Carte des peuples Lencas du Honduras et du Salvador et leurs voisins au XVIe

siècle, avec les limites de la Mésoamérique, par Chapman en 1985289

170 2. Wiliam Fowler

En 1989, Fowler présente à son tour deux cartes de la distribution des peuples Nahuas-Pipils en Amérique Centrale et plus précisément au Salvador (figs. ..). Dans la première carte générale, le territoire se développe depuis la zone de frontière entre le Guatemala et le Salvador pour atteindre le cours inférieur du fleuve Lempa, exception faite du nord du département de Chalatenango (fig. 54). Cependant, sur la carte qui établit la position des établissement pipils en 1524, on ne retrouve que Tejutepeque, dans l’extrémité sud-ouest du département de Cabanas (fig. 55). L’ensemble du département de Cabanas est pourtant inclus sur la carte de l’Amérique Centrale. En réalité, Fowler explique290 :

« Une limite inflexible entre les territoires pipil et lenca à l'est n'a probablement jamais existée ».

Il cite, en exemple, les cas du site Loma-China, pour illustrer la présence nahua-pipil à l’est de la rivière Lempa, mais aussi Sensuntepeque, Guacotecti et possiblement Ilobasco, tous dans le département de Cabanas, pour l’occupation lenca à l’ouest de ladite rivière.

Les enclaves poqomames à Chalchuapa, Ahuchapan et peut-être Atiquisaya n’apparaissent pas sur la carte, mais sont évoquées291. Elles remontent apparemment à peu de temps avant la Conquête292.

Sans présenter de carte, la vallée de Comayagua est néanmoins prise en compte dans l’étude de Fowler. L’occupation serait du groupe Lenca, même si des influences mexicaines ont pu être détectées sur certains sites archéologiques comme Yarumela, Tenampua et Agalteca, aucun site archéologique connu n’a donné des preuves convaincantes d’une occupation pipile293.

Pour Fowler, la plupart du Centre et de l’Ouest du Salvador était auparavant chorti294. À l’arrivée des Pipils entre 900 et 1200 apr. J.-C., une grande partie des régions contrôlées par les Chortis et leurs alliés sont annexées. Il évoque la vallée de

290 Fowler 1989b, p. 64, traduction de l’auteur :

« A hard-and-fast boundary between eastern Pipil and Lenca territories probably never existed »

291 Fowler 1989b, p. 127

292 Fowler 1989b, p. 55

293 Fowler 1989b, p. 59

171 Chalchuapa, Cerron Grande, la région de San Lorenzo dans le cours inférieur du Lempa, le cours supérieur de l’Acelhuate, les pentes inférieures du volcan Quetzaltepeque, la région du lac Güija, la vallée de Sonsonate, le sud-ouest de la plaine côtière et la côte de Balsamo295. Cette avancée des Pipils au détriments des Chortis a eu pour conséquence le refuge de ces derniers dans les montagnes du nord du Salvador (départements de Chalatenango et Santa Ana)296. Les villages chortis les plus au sud dans ce département sont Nueva Concepcion, Chalatenango et San Miguel de Mercedes (ibid.). Fowler précise que la grande majorité des toponymes nahuas au Salvador sont dus aux Pipils297, toutefois, la région de la baie de Jiquilisco dépendrait des Pipils Nonualcos (ibid.).

Figure 54 : Carte de la distribution des peuples Nahuas en Amérique Centrale et des établissements pipils en El Salvador en 1524, par Fowler en 1989298

295 Fowler 1989b, p. 42

296 Fowler 1989b, p. 64

297 Fowler 1989b, p. 65

172 Figure 55 : Carte de la distribution des établissements pipils en El Salvador en 1524,

par Fowler en 1989299 3. George Hasemann et Lara Pinto

En 1993, Hasemann et Pinto publient une carte où ils exposent les principales langues indigènes de la Zone Centrale d’Interactions et leurs voisins (fig. 56). Comme sur la carte précédente, les Lencas se rencontrent au Centre du Honduras et à l’Est du Salvador, avec les Nahuas au Centre et à l’Ouest du pays. Le groupe de langue cacaopera n’est pas indiqué mais mentionné 300. Ils ajoutent les groupes de langue mangue-chorotega au nord du Golfe de Fonseca, ulua à l’est et nahua au sud. Les Poquomams et les Chortis occupent quant à eux l’angle nord-ouest du cadre d’étude. On remarquera l’absence des Xincas à l’extrémité sud-ouest de la carte.

299 Fowler 1989b, fig. 3

173 Figure 56 : Carte des principales langues indigènes dans la Zone Centrale et son

voisinage, par Hasemann et Pinto en 1993301 Conclusion

En résumé, la zone géographique du cadre d’étude se situe au cœur d’un creuset culturel dynamique. On y a tout d’abord cherché la bordure de la Basse Amérique Centrale302, puis la limite entre la Mésoamérique et l’Aire Intermédiaire303, ou encore la division entre les Secteurs Nord et Sud de la Mésoamérique304. Afin de mieux rendre

301 Hasemann et Pinto 1993, figure 3.18

302 Glass 1966, p. 157

303 Willey 1971, p. 254

174 compte des spécificités de cette zone, trop longtemps uniquement comparée à l’aire culturelle voisine mésoaméricaine, le concept théorique de zone tampon qui émerge en 1979 est d’un secours notable305. La région acquiert enfin une certaine autonomie et on ne la reconnaît plus comme le simple réceptacle d’un diffusionnisme provenant du nord ou du sud. En 1999, la proposition de Hasemann et Pinto cristallise le besoin de reconnaître une autonomie à la région au-delà même de la caractériser comme une zone de frontière. Ainsi notre cadre d’étude s’insère en grande partie dans la région nommée : Zone Centrale d’Interaction, avec sa mosaïque de sociétés dynamiques qui a maintenu une longue ou intense et périodique communication avec la Mésoamérique 306 . C’est pour nous ce qui traduit le mieux l’étude des différentes traditions rupestres du cadre d’étude.

D’un point de vue linguistique, tous les auteurs constatent la présence des populations lencas à l’est des populations mayas. Si l’extension des peuples Chortis au moment de la Conquête est réduite à la frontière nord-ouest entre le Salvador et le Honduras, depuis 1939 différents auteurs présument qu’au Classique, ces peuples occupaient probablement tout le Centre et l’Ouest du Salvador307. Toutefois, en 1988 Demarest avance déjà au sujet de l’expansion des Chortis 308 :

« L’expansion maya chortie de la période Classique s’est probablement limitée à l’ extrême nord-ouest du Salvador. La réoccupation du bassin Zapotitlan et la montée des chefferies classiques tardives dans les régions limitrophes salvadoriennes doivent être comprises en terme de l'évolution locale et de poursuite de la reprise à la suite de la catastrophe de l’Ilopango commencé au début du Classique. De même, le rôle de

305 Lange et Helms 1979, p. 224

306 Hasemann et Pinto 1993, p. 140 (traduction de l’auteur) :

« (…) un área que en definitiva desarolló su propio mosaico de dinámicas sociedades fuera de la esfera de dominio directo de Mesamérica propiamente dicha, pero también como un área que mantuvo una larga o intensa y periódica comunicación con este núcleo. »

307 Lothrop 1939, p. 49, Longyear 1947, p. 70, Thompson 1975, p. 136 et Fowler 1989, p. 64

308 Demarest 1988, p. 365, traduction de l’auteur :

« The classic period chorti maya expansion probably ended in far northwestern El Salvador. The reoccupation of the Zapotitan Basin and the rise of the late classic chiefdoms in the salvadoran borderlands must be understood in term, of local evolution and continuation of the recovery from the ilopango disaster begun in the early classic. Similarly, the role of frontier interaction in the political evolution of the region must be viewed in terms of far more subtle and complex processes. »

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