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Chapitre 1: Cadre spatio-temporel et culturel de l’étude

II. Cadre chronologique

L’association, en Europe, de l’art rupestre du complexe franco-cantabrique avec la période Paléolithique a favorisé et contribue encore à l’idée que l’art est très ancien en Amérique Centrale, mais en réalité aucune association directe entre images rupestres et contextes précéramiques n’a été mise en évidence49. Dans la zone d’étude, l’art rupestre est effectivement présent à El Gigante, sur le site d’habitat saisonnier le plus ancien remontant à l’époque Paléoindienne au Honduras (tab. 7). Au Salvador, dans l’abri de Corinto où l’occupation Paléoindienne n’a pas été démontrée clairement, on considère souvent que la réalisation des peintures coïncide avec cette époque. Dans aucun des deux cas, la contemporanéité de la production des graphismes avec les vestiges les plus anciens n’a été démontrée, ni même évoquée au Honduras. Néanmoins, même si en l’absence de datation directe des peintures il sera difficile de prouver une ancienneté si reculée des motifs, nous avons choisi de présenter ici les grands traits de cette période.

A. L’Epoque Paléoindienne (11500 à 8000 av. J.-C.)

Les premiers artefacts identifiés clairement attribuables à l’époque Paléoindienne au Salvador remontent à la culture Clovis, il s’agit de deux bases de pointes foliacées d’obsidienne de type Clovis « classique »50. Elles font parties de collections privées et même si leur lieu de provenance est inconnu, elles devraient provenir de l’ouest du Salvador (ibid.). Les sites d’habitat les plus proches du Salvador où la culture Clovis a pu

49 Küenne et Strecker 2008, p. 25

94 être étudiée et où l’on possède des datations au radiocarbone, se situent en fait au Guatemala. Il s’agit de :

- Los Tapiales (entre 13083 ± 206 et 9892 ± 197 cal BP)

- Los Vampiros entre 13439 ± 166 (échantillon pris sous le niveau anthropique le plus ancien) et 9618 ± 210 cal BP)

- Los Grifos (entre 10867 ± 219 et 9987 ± 211 cal BP)51.

La culture Clovis serait donc apparue aux alentours de 11500 av. J.-C. et les pointes de type Clovis du Salvador pourraient remonter à cette période. Elles constituent l’unique vestige de la période Paléoindienne. Toutefois, il a été avancé que le site d’art rupestre Corinto, dans le département de Morazan, à l’est du Salvador, témoigne d’une occupation Paléoindienne (fig. 15). De janvier à avril 1977, Haberland mène des fouilles archéologiques au cœur et en face de l’abri. La plus grande partie du matériel céramique correspond à la phase Lepa du site Quelepa (625 à 1000 apr. J.-C.)52. Au plus profond des sondages au-delà d’un mètre et demi, il ne rencontre plus de matériel céramique mais essentiellement des artefacts lithiques en obsidienne et en silex53. Les possibles outils de pierre mis en évidence sont des grattoirs (de 3 à 7,5 cm), des percuteurs, des perforateurs, des burins (de 1,5 à 4 cm) et une possible petite hache. Ces artefacts ne montrent pas de signes de percussion contrôlés, aucun biface n’est présent (ibid.). Sur la base de ces observations, Haberland définie le complexe Zuncuyo, qu’il pressent d’une époque très ancienne, peut-être antérieure même à la période pré-pointe de projectile54. L’horizon pointe de projectile commencerait avec la culture Clovis, il y a 13500 ans, la période pré-pointe de projectile précèderait l’industrie à lames bifaciales et le complexe Zuncuyo serait encore antérieur à cet horizon. Même si Haberland n’a jamais mis en relation la production des peintures rupestres dans l’abri avec le complexe Zuncuyo, ses conclusions vont être le terreau de l’attribution de la période Paléoindienne à l’art rupestre de Corinto. De nouveaux sondages menés en 1998 et 2011 n’ont pas permis de mettre en évidence plus de matériel du complexe Zuncuyo. En revanche, ils ont confirmé la présence humaine aux alentours du site depuis le Préclassique récent (500 av. J.-C.-200 apr. J.-C.) 55, au Classique récent (600-900 apr. J.-C.) et au Postclassique 51 Perrot-Minnot 2013, p. 37 52 Haberland 1991, p. 97 53 Haberland 1991, p. 99 54 Haberland 1991, p. 103 55 Coladán 1998a, p. 516

95 ancien (900-1200 apr. J.-C.) (ibid.). De ce fait, il nous paraît aventureux de mettre en relation les peintures de l’abri avec la période Paléoindienne ; l’abondance du matériel du Classique récent fait plutôt penser à une production qui correspond à cette époque56.

Figure 15 : Photographie de l’abri sous roche de Corinto

Au Honduras, dans le but de combler l’absence d’information sur les sites d’occupation les plus anciens, c’est en 1993 que l’Institut Hondurien d’Anthropologie commence de nouvelles recherches. Dirigées alors par George Hasemann, des investigations systématiques des évidences d’occupation Archaïque dans le Centre, proche de La Esperanza, sont initiées57. Puisque les abris rocheux avaient donné des indices d’occupation très ancienne en Amérique du Nord et du Sud, les chercheurs se sont concentrés sur ce type de site (ibid.). À El Gigante, un abri formé dans une falaise de tuf de 42 m de large, 17 m de profondeur et 12 m de haut (fig. 16), deux datations radiocarbones sont réalisées et une ancienneté de 12000 et 11500 ans (horizon Paléoindien) est démontrée (ibid.). Au moment du décès de George Hasemann, en 1998,

56 Perrot-Minnot 2007, p. 18

96 c’est Timothy Scheffler qui reprend les recherches sur ce site58. Les résultats confirment l’occupation Paléoindienne qui correspond à la phase Esperanza (9220 à 8300 av. J.-C.) et coïncide avec l’origine de l’occupation humaine dans l’abri59 (tab. 7). Il est alors utilisé en tant qu’habitat saisonnier par des populations de chasseurs-cueilleurs 60. Les datations radiocarbones ont été pratiquées sur un morceau de maguey et un bout de cordage (ibid.). Si l’on rapproche souvent les sites de la culture Clovis avec la chasse du mammouth, à El Gigante, ce qui apparaît c’est l’exploitation d’une grande variété de plantes et de petits animaux, y compris la sauvagine et la faune aquatique61. Pour les grands animaux, ce sont des restes de cerf qui ont été le plus souvent identifiés, même s’il existe des traces de la grande faune du Pleistocène (ibid.). El Gigante était sporadiquement occupé par de petites bandes de chasseurs-cueilleurs et l’absence d’outillage de chasse propre à la mégafaune semble indiquer une période de transition et d’adaptation vers l’Archaïque (ibid.). Les humains modifiaient et manipulaient probablement leur environnement par le biais du feu (ibid.). La fenêtre optimale d’occupation de l’abri devrait être comprise entre début juillet et fin septembre, voir octobre (pendant la saison des pluies)62.

Figure 16 : Photographies de l’abri El Gigante63

58 Scheffler 2008, p. 5 59 Scheffler 2008, p. 88 60 Scheffler 2002, p. 21 61 Scheffler 2008, p. 332 62 Scheffler 2008, p. 333 63 Scheffler 2008, pp. 19 et 20

97 B. L’Epoque Archaïque (8000 à 1400 av. J.-C.)

Autour de 8000 av. J.-C., c’est le début de l’Holocène pour les géologues. C’est une période relativement chaude après la dernière glaciation du Pleistocène. Le climat se stabilise en Amérique du Nord et devient comparable à celui d’aujourd’hui. Gordon Willey sera le premier a établir la période Archaïque dans le contexte de la Mésoamérique qu’il situe aux alentours de 7000 av. J.-C. Pour lui, c’est l’époque où les chasseurs anciens des grandes espèces de la faune du Pleistocène vont devenir des cueilleurs d’aliments et des agriculteurs débutants entre 7000 à 1500 av. J.-C. Les gens subsistaient grâce à la cueillette de graines et de plantes sylvestres et ils attrapaient et chassaient de la faune de petite taille tout en cultivant des plantes alimentaires64.

Au Honduras, dans l’abri El Gigante, il existe un hiatus dans l’occupation du site entre les phases Esperanza (9200 à 8300 av. J.-C.) et Marcala (6400 à 4850 av. J.-C.) qui se rapportent respectivement aux occupations Paléoindienne et Archaïque65 (tab. 7). Pour expliquer ce hiatus, Scheffler mentionne que 66:

« Les populations dans le Nouveau Monde à la fin du Pleistocène étaient sans doute très dispersées dans le paysage et l’absence de bandes très mobiles de chasseurs-cueilleurs dans cette zone pendant une telle période est possible. »

Avant les recherches à El Gigante, force était de constater que pour cette époque, il n’y avait pas d’indices significatifs que le Salvador, tout comme le centre du Honduras, aient été habités67 (fig. 18). Au Honduras, l’art rupestre et plus particulièrement les pétroglyphes du centre du sud et de l’ouest du pays, ont voulu être considérés, une fois encore, comme un vestige des populations archaïques68. Sur la base de l’absence notable de motifs comparables entre l’art rupestre et la céramique et l’absence de tessons de céramique dans les abris qui accueillent des gravures, Hasemann et Pinto ont proposé une datation précéramique pour certains abris avec des gravures (ibid.). La

64 Willey 1962, p. 49

65 Scheffler 2008, p. 92

66 Scheffler 2008, p. 92, traduction de l’auteur :

« Populations in thne New World at the end of Pleistocene were undoubtedly very sparse on the landscape and the absence of highly mobile bands of hunters and gatherers frome this area for such a period is possible. »

67 Hasemann et Pinto 1993, p. 155

98 preuve de cette association n’a toujours pas été apportée et la chronologie des sites de gravures du Honduras nous semble en fait beaucoup plus récente.

La phase Marcala (6400 av. J.-C.-4850 av. J.-C.) illustre l’adaptation, de façon progressive et durant des milliers d’années, des moyens de subsistance vers des pratiques alimentaires plus régulières (tab. 7). Autour de 5000 av. J.-C, El Gigante est devenu un camp saisonnier, où parfois une occupation plus intensive a dû voir naître de petites parcelles de jardins saisonniers très proches de l’abri69 . C’est un site d’occupation régulière, mais temporaire, appartenant probablement à l’itinéraire de groupes semi-nomades provenant de la côte Pacifique (ibid.). Durant la saison sèche, l’abri était toujours occupé mais par un nombre réduit de chasseurs qui s’adaptaient en privilégiant une stratégie de chasse mobile jointe à une petite parcelle de plantes sélectives (ibid.). Avec le temps, il semble que le gros gibier a laissé place aux petites proies, incluant des tatous, des crabes, des escargots (probablement aquatiques) et des oiseaux70.

Toujours durant l’Archaïque, après un nouveau hiatus, commence la phase Estanzuela (2430 av. J.-C. – 230 apr. J.-C.) (tab. 7). L’écart entre les deux phases ne correspond pas forcément avec une absence d’occupation de l’abri pendant cette période. Pour Scheffler, avec la phase Estanzuela, l’habitat évolue et passe d’un lieu de campement à une habitation71. Ainsi, les activités ménagères de nettoyage de cette période d’occupation ont pu toucher les dépôts culturels du hiatus en question (ibid.). C’est autour de 1400 av. J.-C. qu’apparaissent les premières traces de maïs (pollens) et de céramique à El Gigante, même si le premier épis de maïs conservé sur le site date en fait du début de notre ère72. Cette apparition et adoption tardive du maïs est peut-être due au bon fonctionnement du système existant (ibid.). Les groupes de population réduits et dispersés à travers la région pratiquaient une économie de subsistance mixte partagée entre agriculture, collecte de saison et chasse73. C’est la date de 1400 av. J.-C. qui sera adoptée pour marquer la fin de l’Archaïque, au moment des premières traces de domestication du maïs aux alentours de la Cueva El Gigante74. Même si dans ce cas, il y 69 Scheffler 2008, p. 334 70 Scheffler 2008, p. 335 71 Scheffler 2008, p. 91 72 Scheffler 2008, p. 342 73 Scheffler 2008, p. 343 74 Scheffler 2008, p. 342

99 a une coexistence entre agriculteurs et chasseurs-cueilleurs jusqu’au début de notre ère. Les preuves les plus anciennes de sédentarisation dans la zone d’étude se situe dans l’Ouest du Salvador et au Centre du Honduras et elles sont le résultat d’une influence de la Mésoamérique sur cette région.

Au Guatemala, la possibilité d’une occupation durant la période Archaïque n’a été proposée que pour les abris sous roche du Penasco Alonzo et Los Migueles (figs 17 et 18). Ils sont juchés sur les flancs d’une vallée dominant une rivière, comme El Gigante (fig. 16) et ont fait l’objet de fouilles archéologiques en 199875. Un abondant matériel malacologique a été rencontré sur les deux sites76, ainsi que du matériel lithique, utilisant une technologie de taille rudimentaire, sur la base duquel l’occupation Archaïque a été avancée77 (tab. 7). Il manque encore des datations radiocarbones pour étayer ces considérations. Des artefacts du Préclassique moyen au Classique récent ont également été reconnus78. Selon les chercheurs, l’abri a constitué un lieu de campement saisonnier pour la chasse, avec une fonction rituelle79. L’occupation la plus ancienne n’a pas été mise en relation avec la production de l’art rupestre.

Figure 17 : Photographie du Penasco Los Migueles dont la base forme un abri sous roche80

75 Pérez de Batres et al. 2000, p. 785

76 Pérez de Batres et al. 2000, p. 789

77 Pérez de Batres et al. 2000, p. 792

78 Pérez de Batres et al. 2000, p. 791

79 Pérez de Batres et al. 2000, p. 791

100 Tableau 7 : Cadre chronologique avec les sites d’habitat, les cultures archéologiques ou

101 Figure 18 : Carte des sites d’habitat de la période Archaïque (les Penasco Alonzo et Los

102 C. Des premières traces de sédentarisation à l’essor culturel (1400 av. J.-C. à 850

apr. J.-C.)

Le développement de l’habitat et l’installation des populations a suivi des phénomènes complexes au travers du temps et mérite un résumé diachronique afin de saisir les différents phénomènes d’interactions culturelles et leur reconnaissance dans les artefacts étudiés par l’archéologie..

1. Le Préclassique ancien (1400 à 900 av. J.-C.) :

La date du début de la période correspond à la découverte des premières traces de maïs domestiqué dans l’abri El Gigante (fig. 19). La date de la fin de la période marque la mise en place d’un premier ensemble de sites d’habitat sur la plaine côtière du Pacifique dans l’ouest du Salvador, jusqu’à la zone de Chalchuapa, dans le département de Santa Ana (tab. 8). L’influence olmèque joue le rôle de stimulateur ; elle a été identifiée dans l’architecture du Trapiche dès 1200 av. J.-C. dans la zone de Chalchuapa81 et dans la céramique de la vallée du Paraiso dès l’an 1000 av. J.-C.82. Ces liens s’étendent au Centre du Honduras à Yarumela et Lo de Vaca (entre 1200 et 700 av. J.-C.) et plus au nord, en dehors du cadre d’étude, à Los Naranjos83 et jusqu’au Lac de Yojoa. Dans ces lieux, la céramique appartient selon Baudez à la période Pre-Usulutan84.

Si l’ascendant olmèque est probablement responsable de l’origine de ces sites85, la population était en revanche vraisemblablement Lenca au Honduras86.

81 Sharer 1974, p. 169 et Willey 1984, p. 367 82 Fowler et Earnest 1985, p. 22 83 Hasemann et Pinto 1993, p. 159 84 Baudez 1970, p. 34 85 Hasemann et Pinto 1993, p. 159 86 Hasemann et Pinto 1993, p. 176

103 Figure 19 : Carte des sites d’habitat du Préclassique ancien

104 2. Le Préclassique moyen (900 à 500-400 av. J.-C.) :

Les dates correspondent à la période que couvre l’influence olmèque dans la région87 même si on sait que cet ascendant a commencé plus tôt au Trapiche fondé dès 1200 av. J.-C.88. Chalchuapa est devenu la zone la plus au sud depuis laquelle les routes commerciales s’étendaient dans une grande partie de l’isthme89 (fig. 20). La voie de communication privilégiée à cette époque part de l’isthme de Tehuantepec, au Mexique, rejoint la côte Pacifique pour atteindre le Salvador et s’étendre plus loin encore au sud90. La prépondérance olmèque et le maintien de ce réseau d’interaction de longue distance a favorisé les échanges commerciaux (ibid.) et va se poursuivre jusqu’à la fin de la période, en 400 av. J.-C.91. Dans le Centre du Salvador, les abords de la Lagune de Cuscatlan révèlent une première occupation qui sera interrompue de 650 à 350 av. J.-C. par l’éruption du volcan Plan de la Laguna92 (tab. 8).

87 Sharer 1974, p. 169, Willey 1984, p. 374 et Hasemann et Pinto 1993, p. 159

88 Sharer, Anderson, Sedat, Sheets et Anderson 1978, p. 208 et Willey 1984, p. 367

89 Hasemann et Pinto 1993, p. 159

90 Sharer 1984, p. 71

91 Willey 1984, p. 367 et 374, Sharer 1984, p. 71 et Hasemann et Pinto 1993, p. 159

105 Figure 20 : Carte des sites d’habitat du Préclassique moyen

106 3. Le Préclassique récent (500-400 av. J.-C. à 150-200 apr. J.-C.) :

Les dates du début de la période correspondent, à l’Est du Salvador, à la phase Uapala du site Quelepa, définie par des datations radiocarbones des contextes stratigraphiques correspondants93 (tab. 8). Cette phase inclut la fondation du site, témoin probablement de l’arrivée des Lencas au Salvador. De même, à partir de 500 av. J.-C., c’est le début de la sphère d’influence céramique Providence, puis Miraflores, à laquelle participe pleinement la région Ouest du Salvador. Les termes Providence et Miraflores proviennent de l’établissement Kaminaljuyu, dans les Hautes terres du Guatemala, où ils font référence à des complexes céramiques (ou phases céramiques) avec les dates suivantes Providence (500 à 300 av. J.-C.) et Miraflores (300 av. J.-C. à 200 apr. J.-C.)94. Le concept de sphère céramique a été établi pour mettre en relief les similarités entre les complexes et implique un haut degré de ressemblances au niveau typologique95. Or, quand il s’agit des sphères d’influences céramiques Providence et Miraflores (fig. 21), elles s’appliquent à une région entière et l’on considère alors les dates suivantes : Providence (400 à 100 av. J.-C.) et Miraflores (100 av. J.-C. à 250 apr. J.-C.)96. Ainsi, la date de la fin du Préclassique récent est traditionnellement 200 ou 250 apr. J.-C. Dans notre cas, étant donné que dans l’Ouest du pays la sphère céramique Miraflores, mise en relation avec des populations mayas, se termine en 250 apr. J.-C. et à l’Est, la phase Uapala à Quelepa conclut en 150 apr. J.-C., la date pour la fin de la période oscille entre 150 et 250 apr. J.-C. 93 Andrews 1986, pp. 77 et 237 94 Demarest et Sharer 1986, p. 197 95 Demarest et Sharer 1986, p. 206 96 Demarest et Sharer 1986, p. 207

107 Figure 21 : Carte avec les zones couvertes par les sphères céramiques Providence et Miraflores (Hautes terres du Guatemala et une partie de la région Ouest du Salvador) et

Uapala (ouest et centre du Honduras ainsi que l’est du Salvador)97

L’arrivée des Lencas dans l’Est du Salvador pourrait être due à la migration d’une partie du groupe Lenca pour des raisons démographiques98. Elle est issue de la séparation du Lenca du Salvador de celui du Honduras. La glottochronologie calcule cette séparation comme étant antérieure à l’an zéro (ibid.). La céramique Usulutan (fig . 2) est un des principaux marqueurs du Préclassique (même si sa production se poursuit durant le Classique ancien) et il a été avancé que son origine pourrait être attribuée aux Lencas situés à l’Est du Salvador (ibid.), mais d’autres chercheurs l’octroient à la région Ouest du

97 Demarest et Sharer 1986, p. 195

108 pays99. Cette céramique a été identifiée jusqu’au Costa-Rica, dans la péninsule de Nicoya100. Pendant cette période, Quelepa apparaît comme une puissance commerciale indépendante101. Andrews qui a étudié Quelepa, définit la sphère d’influence Uapala dont l’extension couvre l’Est du Salvador et la vallée de Comayagua, avec les établissements de Yarumela et Lo de Vaca102 (fig. 21). La reconnaissance de cette sphère d’influence cherche à caractériser les groupes Lencas dans cette région.

Figure 22 : Céramique Usulutan103

En revanche, l’Ouest du Salvador fait partie de la sphère céramique Providence et Miraflores, qui englobe une portion notable des Hautes terres du Guatemala à l’ouest. On suppose que cette région forme une aire culturelle, ethniquement et peut-être linguistiquement unie 104. Elle caractériserait les populations mayas et c’est une période où la densité de population est importante (ibid.). La voie de communication par le Pacifique, établie par les Olmèques, est alors reprise par les Mayas. Les principaux 99 Demarest et Sharer 1982, p. 819 100 Sharer 1984, p. 74 101 Sharer 1984, p. 73 102 Andrews 1986, p. 238 103 Bello-Suazo 2009, p. 30 104 Demarest 1988, p. 340

109 centres le long de cet axe, comme Chalchuapa, semblent avoir développé des économies et des politiques indépendantes, le commerce à longue distance se maintient pour contribuer au renforcement du statut et du prestige des élites locales105. Des influences existent également du sud vers le nord ; il a été proposé que la pratique de la décapitation, avérée à Chalchuapa, serait le reflet de la pénétration de traits culturels de la Basse Amérique Centrale vers la Mésoamérique106.

Pour l’auteur de ces lignes, la carte de Demarest et Sharer établissant les différentes sphères céramiques est en partie à reconsidérer (fig. 23). Pour ce qui est de la sphère Uapala, elle englobe trop facilement toute la région Centre du Honduras sur laquelle nous disposons encore aujourd’hui de trop peu d’informations archéologiques. En outre, quand des investigations sont disponibles, comme dans le cas de la vallée de Jesus de Otoro, on constate une participation à ces échanges tout en conservant un haut degré d’autonomie. C’est le cas également de la vallée du Paraiso au Salvador (fig. 23). En revanche, on peut l’étendre jusqu’au cours inférieur du fleuve Lempa en incluant les établissements La Laguneta et les sites secondaires San Idelfonso et El Astillero (fig. 23). La sphère Providence-Miraflores, quant à elle, sera prolongée jusqu’à Atalaya sur la côte Pacifique et englobe les établissements de la vallée de Zapotitlan (Casa Blanca et El Cambio) et jusqu’à la Lagune de Cuscatlan (Cerro El Zapote). Ce sont Velasquez et Hermes qui détectent une homogénéité culturelle dans le matériel céramique entre le centre du Salvador et l’ouest du pays, lié à l’est et au centre du Guatemala107. Entre les deux sphères, Apastepeque est mal connu, il a révélé 90 % de céramique de type

Usulutan et pour Haberland cela démontre des relations autant avec l’ouest du Salvador

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