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4. DISCUSSION

4.1 LIMITES ET FORCES DE L’ÉTUDE

4.1.1 Biais de recrutement

La majorité des femmes rencontrées faisaient partie de la patientèle de ma directrice de thèse, médecin investit dans la lutte contre la DV ; on peut imaginer qu’elles étaient particulièrement sensibilisées aux risques liés à cette pratique. D’autre part le recrutement était basé sur le volontariat, laissant supposer qu’elles ont accepté de nous rencontrer parce que le sujet les intéressait ou en raison des liens de confiance déjà établis avec ma directrice de thèse à ce propos. Tout ceci a pu interférer dans la neutralité de leurs réponses.

Un rendez-vous en dermatologie a été proposé à certaines femmes au moment de leur recrutement, deux entretiens (P4 et P5) ont d’ailleurs eu lieu le même jour que cette consultation. La perspective de cette consultation spécialisée a pu être une motivation pour nous rencontrer, cela a pu amener à sur représenter les femmes souffrant de complications cutanées dans notre échantillon.

Cela étant nous avons sélectionné des femmes au profil le plus hétérogène possible, tant en terme d’âge, d’origine, de nombre d’années passées en France que de durée de pratique ; cela nous a permis d’obtenir une grande richesse dans les informations recueillies. Nous pensons avoir ainsi limité le biais de recrutement en obtenant un échantillon varié et pertinent pour notre étude.

4.1.2 Biais liés à l’enquêteur

Même si il tente de le rester, un enquêteur n’est jamais neutre. Il peut influencer le discours des interviewés par son attitude, l’intonation de sa voix. Ce biais a été limité en suivant scrupuleusement le guide d’entretien. Nos questions et relances sont restées le plus neutre possible afin de recueillir l’opinion personnelle des participantes et non une réponse manipulée, ou orientée par une sensation de jugement.

A l’exception d’une femme recrutée par moi-même au cours d’un remplacement, il n’existait pas de relation préalable entre l’enquêteur et les femmes interrogées. On peut penser que cette distance a permis de ne pas limiter, ni influencer leurs réponses.

L’utilisation du dictaphone a permis une discussion libre et naturelle en évitant la prise de note. Une patiente (P11) a été gênée au début de l’entretien par sa présence, craignant que ce dernier ne

65 soit diffusé sur internet. L’enregistrement a été interrompu momentanément afin de l’assurer du caractère anonyme de notre rencontre, puis a repris de façon plus spontanée.

4.1.3 Biais d’analyse

Nos représentations et hypothèses de départ ont pu influer sur notre analyse de données. Afin de limiter ce biais l’analyse a été méthodique, le vécu et ressenti des patientes véhiculé dans les entretiens a été respecté en utilisant leur propres termes dans les résultats.

L’atteinte de la saturation des données a été déductive et donc soumise à la subjectivité de l’enquêteur.

Il n’y a pas eu de triangulation des données ce qui aurait permis d’améliorer la fiabilité des résultats. Cela étant les résultats d’analyse ont été discutés avec ma directrice de thèse.

4.1.4 Forces de l’étude

4.1.4.1 Choix de la méthode

Le choix de la méthode qualitative a permis de répondre à l’objectif de notre étude en recueillant l’expérience, le ressenti et les motivations des femmes vis-à-vis de cette pratique.

Le choix des entretiens individuels sur ce sujet sensible a permis aux participantes de parler librement sans crainte d’être jugées, ce qui n’aurait pas été le cas avec un « focus group ». Le guide d'entretien a permis de balayer les thèmes jugés importants tout en laissant place à l’inattendu.

La majorité semble avoir livré sincèrement son vécu ; l’instauration d’un climat de confiance et la garantie de la confidentialité y ont largement contribué.

4.1.4.2 Validité interne

Notre échantillon a permis de récolter des données riches et variées. En effet il est diversifié tant en terme d’âge, d’origine, de durée de pratique, que de durée de vie en France. On notera l’absence d’adolescentes, qui s’explique par les opportunités que nous avons eues. Cette période de la vie correspondant aux prémices de la DV, leur absence ne limite pas la richesse des données recueillies sur le déroulement de cette pratique.

La validité interne de notre étude est également apportée par la rigueur appliquée dans notre méthode de collecte et d'analyse des résultats; comme nous l’avons déjà évoqué, afin de limiter le

66 biais d’interprétation nous avons réutilisés les termes propres aux interviewées, cités entre guillemets et en italique dans nos résultats.

4.1.4.3 Validité externe

La saturation théorique a été obtenue au treizième entretien et contrôlée par un entretien supplémentaire.

La validité externe est bonne avec un échantillon varié, représentatif de la population étudié. En effet la période de vie concernée par la DV s’étend de la fin de l’adolescence jusqu’autour de 50 ans (20), or l’âge des patientes recrutées dans notre échantillon va de 20 à 50 ans. Les modalités d’utilisation des produits et leur composition sont également comparables à ce qui a été décrit sur de plus grands échantillons ; les produits sont appliqués généralement sur la totalité du corps une à deux fois par jour et contiennent principalement de l’hydroquinone et du propionate de clobétasol (20,28).

Cela étant notre échantillon concerne des femmes vivant en milieu urbain, particulièrement cosmopolite ce qui peut limiter la généralisation de nos résultats à l’ensemble de la population originaire d’Afrique subsaharienne vivant en France.

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