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2.2.3
–
Limites
et
risques
d’un
régime
de
responsabilité
et
d’amitié

II‐1 – Comment peut‐on patrimonialiser l’interculturalité
? Une nouvelle problématisation
qui
ne
va
pas
de
soi

II. 2.2.3
–
Limites
et
risques
d’un
régime
de
responsabilité
et
d’amitié

Cet
 aspect
 des
 choses,
 qui
 constitue
 forcément
 une
 dimension
 moins
 valorisante
 et
 plus
 problématique
 de
 la
 mémoire
 du
 CCO,
 a
 été
 abordé
 dans
 les
 entretiens
 et
 dans
 des
 discussions
plus
informelles
que
nous
avons
pu
avoir
avec
les
membres
du
CCO.
Mais
elle
est
 peu
présente
ou
assez
euphémisée
dans
les
écrits
qui
ont
été
produits
jusqu’à
présent.
Il
faut
 en
outre
noter
que
toute
une
part
de
discours
sans
doute
plus
négatifs
sur
le
CCO
qui
pourrait
 être
tenue
par
des
personnes
qui
ont
souhaité
le
quitter
ou
par
celles
qui
en
ont
été
licenciées
 échappe
 par
 définition
 à
 l’actuel
 processus.
 Pourtant
 les
 membres
 du
 CCO
 ne
 fuient
 pas
 le
 conflit,
 la
 volonté
 et
 la
 capacité
 à
 identifier
 les
 désaccords
 sont
 revendiquées
 comme
 une
 modalité
importante
pour
entrer
en
relation,
et
cela
a
lieu
régulièrement.



‐ La
nécessité
du
détachement
face
à
des
attachements
vécus
comme
pesants


Une
première
déclinaison
 peut
se
donner
 à
lire
du
 caractère
parfois
 pesant
de
ces
relations
 amicales
denses
fondées
sur
la
force
de
convictions
militantes
qui
imposent
un
engagement
 relativement
 exclusif.
 Si
 le
 témoignage
 qui
 suit
 peut
 donner
 à
 voir
 comment
 cela
 provoque
 des
voies
de
sortie,
on
peut
sans
doute
trouver
une
des
raisons
qui
expliquent
pourquoi
les
 nouvelles
formes
de
militantisme
ont
finalement
assez
peu
pris
place
dans
l’espace
du
CCO,
 comme
le
notait
lors
de
l’un
de
nos
échanges
son
président,
David
Chevalier.

 
 ‐ Extrait
d’entretien
avec
Guy
Corona/
Laetitia
Hamouche
 
Guy
Corona
:
«
Alors
le
souvenir
que
j’en
garde…
En
même
temps,
et
c’est
pour
ça
que
je
l’ai
 fermé
aussi
cette
parenthèse
à
une
époque,
je
garde
en
même
temps
un,
temps
de
silence,
un
 excellent
 souvenir,
 parce
 que
 quand
 vous
 êtes
 avec
 des
 gens
 qui
 sont
 impliqués,
 parce
 que
 quand
vous
êtes
avec
des
gens
qui
se
bougent,
parce
que
quand
vous
êtes
avec
des
gens
qui
 ont
 envie
 de
 faire
 changer
 les
 choses,
 forcément,
 dont
 je
 faisais
 partie
 d’ailleurs,
 forcément
 c’est
très
excitant
et
j’ai
beaucoup
de
respect
pour
tous
ces
gens
là,
pour
nous
qui
avions
cette
 mentalité.
 Mais
 en
 même
 temps
 à
 un
 moment
 j’ai
 trouvé
 ça
 très
 sclérosant.
 D’ailleurs
 je
 constate
 avec
 étonnement
 que
 25
 ans
 après
 il
 y
 a
 des
 noms
 de
 gens
 qui
 sont
 toujours
 impliqués
 dans
 le
 CCO,
 qui
 étaient
 déjà
 impliqués
 à
 l’époque,
 ça
 veut
 dire
 qu’ils
 n’ont
 pas
 changé
 d’idées
 en
 25
 ans
 quoi.
 Je
 suis
 parti
 de
 ce
 monde
 parce
 que
 j’avais
 envie
 de
 changer
 d’idées,
j’avais
envie
de
voir
autre
chose,
j’avais
envie
de
découvrir
la
vie
telle
qu’elle,
pas
une
 vie
 protégée,
 pas
 une
 vie
 où
 l’on
 croit
 que
 les
 choses
 elles
 sont
 comme
 ça
;
 parce
 que
 la
 mentalité
 aussi
 du
 militantisme
 de
 gauche,
 tout
 ça,
 je
 trouve
 que
 c’est
 hyper
 sclérosant,
 moi
 j’ai
 monté
 des
 boites,
 j’ai
 vu
 plein
 de
 choses,
 j’ai
 vu
 la
 réalité,
 la
 réalité
 d’être
 employeur,
 la
 réalité
 des
 banques,
 la
 réalité
 des
 clients,
 et
 j’ai
 appris
 beaucoup
 beaucoup
 beaucoup
 de
 choses,
et
j’ai
vu
que
le
monde
n’était
pas
blanc
et
noir,
et
qu’il
était
très
compliqué,
et
que
dès
 qu’on
 a
 une
 idée,
 une
 solution
 qui
 est
 simple
 alors
 c’est
 qu’on
 s’est
 trompé,
 c’est
 qu’on
 se
 trompe.
Au
moins
j’ai
appris
ça
pendant
toutes
ces
années.
Aujourd’hui
je
revois
des
collègues
 et
sincèrement
pendant
des
années
j’ai
fui
tous
ces
gens,
ah
c’est
enregistré…,
c’est
vrai,
non
 pas
parce
que
je
les
méprisais,
pas
du
tout
hein,
j’ai
dit
du
bien
d’eux,
j’ai
dit
du
bien
des
gens
 qui
se
bagarrent,
et
peut
être
que
c’est
eux
qui
avaient
raison
hein,
donc
ce
n’est
pas
du
tout
un
 jugement
 de
 valeur.
 Mais
 moi
 il
 fallait
 que
 je
 m’échappe
 de
 ça
 pour
 pouvoir
 vivre
 d’autres
 expériences
et
pour
pouvoir
aussi,
voilà
voir
d’autres
réalités.
»


Une
 seconde
 déclinaison
 s’inscrit
 davantage
 au
 sein
 même
 du
 fonctionnement
 du
 CCO,
 l’exigence
 et
 la
 force
 de
 l’engagement
 qui
 sont
 essentiels
 à
 la
 dynamique
 du
 CCO
 peut


apparaitre
comme
problématique
pour
les
individus
à
titre
personnel
ou
pour
la
conduite
des
 projets
 et
 des
 actions.
 La
 figure
 emblématique
 et
 charismatique
 de
 Jean‐Pierre
 Lachaize
 incarnait
totalement
ce
mode
de
relation
fondé
sur
l’amitié
et
une
capacité
exceptionnelle
à
 mobiliser
 les
 autres,
 à
 leur
 donner
 confiance.
 Mais
 ces
 relations
 nouées
 sur
 un
 contrat
 de
 confiance
 de
 personne
 à
 personne
 avant
 de
 s’établir
 de
 façon
 formelle,
 administrative
 peuvent
avoir
des
limites
:
la
crise
que
le
CCO
a
traversée
à
son
départ
tient
en
partie
à
cette
 excessive
personnalisation,
même
si
d’autres
causes
ont
été
identifiées87.

 
 
 Extrait
d’entretien
Frédérique
Delarive/
Laetitia
Hamouche
 Laetitia
:
Quels
souvenirs
vous
en
gardez
?
 F
:
J’en
n’ai
pas,
je
ne
peux
pas
vous
répondre
en
fait,
parce
que
c’est
très
flou,
c’était
Jean‐Pierre
 qui
 était
 très
 en
 avant
 là‐dessus,
 moi
 j’étais
 en
 contact,
 j’ai
 rencontré
 des
 gens,
 mais
 voilà
 quoi
 c’était
pas…


Fernanda
:
Il
y
avait
une
bonne
complicité
avec
Jean‐Pierre
par
rapport
à
vos…
 F
:
On
faisait
un
bon
tandem
ouais.
Il
y
avait
une
belle
relation
oui.


Fernanda
:
Et
le
départ
de
Jean‐Pierre
n’a
pas
été
spécialement
peut
être
facile
à
vivre…
 F
:
Non,
très
difficile.


Fernanda
:
 Parce
 qu’il
 y
 a
 eu
 un
 passage
 un
 peu
 à
 vide
 en
 terme
 de
 direction
 déjà,
 Jean‐Pierre
 étant
parti.
C’était
 un
 peu
 difficile
 quoi,
 mais
 au
 CCO
 ça
 a
 été
 particulièrement
 dur
 parce
 que
 derrière
il
n’y
avait
personne
quoi.
Avec
le
changement
du
DSQ,
DSU
il
y
avait
un
grand
flottement
 quoi,
c’était
un
peu
en
même
temps
ou
pas
?
 F
:
Non,
il
était
là
Jean‐Pierre,
DSQ,
DSU
il
était
présent
déjà.
Après
je
ne
me
rappelle,
plus
quand
 est
ce
qu’il
est
vraiment
parti.
Le
départ
de
Jean‐Pierre
ça
a
été
spécial.
 (…)
 Frédérique
:
(…)
Je
vois
surtout
ma
mission,
tu
vois
les
ambiguïtés
qu’il
y
a
eu
dans
ce
poste,
le
fait
 qu’il
 y
 a
 eu
 énormément
 de
 choses
 qui
 passaient
 par
 l’intermédiaire
 de
 Jean‐Pierre
 Lachaize,
 et
 qu’ensuite
une
fois
qu’il
s’en
va
:
qui
fait
quoi
?
Comment
?
A
qui
on
fait
confiance
?
Enfin
tu
vois,
 tout
ça.
Ca
c’est
un
truc
qu’il
faut
pas
je
pense
dans
une
association,
qui
ne
va
pas
quoi.
»


Dans
les
modalités
actuelles
de
fonctionnement
les
missions
professionnelles
et
les
activités
 de
 chacun
 sont
 davantage
 formalisées
 et
 des
 enseignements
 de
 cette
 période
 ont
 été
 tirés
 dans
 l’organisation
 des
 relations
 entre
 le
 CA
 et
 l’équipe
 professionnelle
 et
 avec
 les
 partenaires.
 Mais,
 et
 c’est
 sans
 doute
 fondamental
 et
 inhérent
 à
 ce
 qu’est
 le
 CCO,
 l’engagement
 des
 personnes
 dans
 l’action,
 l’établissement
 de
 relations
 personnelles
 au
 delà
 de
 la
 simple
 collaboration
 et
 l’attachement
 à
 des
 personnalités
 fortes
 qui
 incarnent
 le
 CCO
 demeurent
 des
 moteurs
 de
 la
 dynamique
 du
 lieu…
 au
 risque
 de
 nouvelles
 crises
 et
 d’avoir
 parfois
du
mal
à
trouver
de
nouvelles
recrues
qui
soient
prêtes
à
adopter
l’ensemble
de
ces
 dimensions
au
delà
du
contrat
de
travail.
 
 Extrait
de
l’entretien
avec
Fabien
Marquet,
du
6‐
2012,
par
F
Tanon
 F
M
:
«
Ce
lieu
avait
avant
tout
un
message
militant
de
gauche,
très
à
gauche,
y
compris
dans
les
 associations
présentes.
Les
discours
étaient
très
militants
et
politisés
par
les
personnes
internes
 comme
par
les
associations,
avec
accueil
et
suivi
des
grévistes
de
la
faim.
C’était
un
militantisme
 





 87Notamment
dans
les
compétences
de
la
personne
qui
lui
fera
suite
en
matière
de
gestion
budgétaire
et
en


ce
 qui
 concerne
 la
 capacité
 à
 tenir
 un
 cap,
 des
 orientations
 et
 des
 principes
 clairs
 en
 interne
 entre
 CA
 et
 personnels,
comme
vis
à
vis
des
demandes
qui
parviennent
des
associations
et
des
partenaires
extérieurs.


très
engagé
sur
le
terrain,
dans
la
rue.
Par
exemple,
sur
le
champ,
on
pouvait
partir
s’enchainer
à
 la
préfecture
en
soutien
aux
grévistes
de
la
faim.


(…)
Le
CCO
c’était
un
engagement
personnel,
une
orientation
à
vie.
A
présent,
c’est
une
structure
 au
versant
beaucoup
plus
artistique
que
militante.


(…)
 En
 équivalent
 temps
 plein
 il
 y
 a
 cinq
 ou
 neuf
 personnes
 en
 tant
 que
 salariés
 permanents
 administratifs
:
 huit,
 dont
 cinq
 qui
 y
 sont
 depuis
 plus
 de
 10
 ans
 (plus
 la
 directrice).
 Et
 pour
 le
 service
civil
volontaire
ils
sont
5.
L’engagement
dans
l’action
sociale,
artistique,
est
le
ciment
du
 CCO.
Ca
demande
beaucoup
de
temps,
d’énergie,
un
don
de
soi.
Un
investissement
personnel
fort
 qui
peut
être
au
détriment
d’une
vie
personnelle.
Ici
ça
fait
une
sorte
de
famille
quelque
part.
Moi‐ même
j’ai
eu
une
rupture
dû
à
cela.
»


Extrait
de
l’entretien
avec
Chantal,
du
24‐
5‐
2012,
par
F
Tanon


C
:
 «
Jean‐Pierre
 Lachaize
 c’est
 le
 militant
 actif,
 sans
 cesse
 à
 l’écoute
 des
 autres.(…)
 Il
 était
 impliqué
 jour
 et
 nuit,
 sans
 cesse
 en
 mouvement,
 du
 sol
 aux
 murs,
 plus
 toutes
 les
 actions
 extérieures,
impliquant
tout
le
monde
avec
lui
et
mobilisant
les
gens
même
la
nuit.
On
ne
pouvait
 rien
refuser
à
Jean‐Pierre
!


(…)
Fernanda
est
nommée
directrice.
Elle
a
redressé
la
barre
en
deux
ans
!

Tant
qu’elle
est
là,
le
 CCO
ira
bien.
Si
elle
part,
quid
du
CCO
?
Mais
cela
dépend
aussi
du
personnel
qui
doit
être
tout
le
 temps
 dynamique,
 réactif,
 créatif,
 peu
 exigeant
 côté
 financier
 et
 très
 mobilisé
 et
 mobilisable.
 Le
 fort
 impact
 du
 charisme
 des
 dirigeants
 explique
 qu’il
 y
 ait
 plus
 ou
 moins
 les
 membres
 du
 personnel
derrière.
Ceci
est
une
fragilité
du
CCO,
car
ce
n’est
pas
une
structure
solide,
autonome
 qui
 s’assure.
 Il
 faut
 travailler
 beaucoup,
 sur
 beaucoup
 de
 projets
 différents
 pour
 avoir
 des
 subventions,
 toujours
 remises
 en
 cause.
 Donc
 l’instabilité
 financière
 oblige
 à
 s’impliquer
 fortement
sur
le
plan
personnel.



C’est
donc
très
difficile
de
recruter
quelqu’un,
on
croit
embaucher
la
merveille
et
puis
sur
place,
 rien
 ne
 va.
 La
 personnalité
 compte
 beaucoup
!
 Il
 faut
 être
 militant
 dans
 l’âme,
 mais
 militant
 de
 terrain,
 pas
 un
 militant
 de
 parti.
 Il
 faut
 trouver
 quelqu’un
 capable
 de
 faire
 des
 bilans
 et
 des
 dossiers
administratifs
poussés
et
en
même
temps
d’être
créatif
et
mobilisé
dans
l’action.
Donc
il
 faut
être
polyvalent
!»


L’accueil
et
l’hospitalité
dont
nous
avons
parlé
de
façon
globale
et
auquel
il
est
également
fait
 souvent
référence
comme
quelque
chose
d’unifié
a
pourtant
également
connu
d’importantes
 évolutions.
 Réalisé
 de
 façon
 inconditionnelle
 et
 absolument
 ouvert
 il
 a
 été
 modifié
 avec
 la
 professionnalisation
de
l’équipe.
Ce
que
des
permanents
religieux,
célibataires
avec
une
petite
 équipe
qui
travaillait
en
proximité
avec
le
territoire
pouvaient
se
permettre
de
faire
ne
semble
 plus
 «
gérable
»
 dans
 le
 cadre
 d’une
 structure
 qui
 compte
 une
 dizaine
 de
 salariés
 et
 fonctionne
à
une
échelle
plus
large.
Plus
profondément
sans
doute
c’est
le
positionnement
de
 la
structure
qui
a
évolué
que
pointe
ici
sa
directrice.


Extrait
 d’entretien
 F.
 Delarive,
 en
 dialogue
 avec
 Fernanda
 Leite
 /
 Laetitia
 Hamouche


Fernanda
:
 «
j’ai
 vu
 des
 relations
 très
 proches
 avec
 des
 gens
 en
 très
 grande
 précarité,
 que
 je
 ne
 vois
plus
maintenant
;
enfin
les
chemins
du
CCO
vers
ces
personnes
ou
de
ces
personnes
au
CCO
 sont
moins
directs,
si
elle
va
rentrer
dans
une
asso
et
qu’elle
va
au
CCO,
elle
va
trouver
sa
place
 mais
 il
 y
 a
 moins…
 Entre
 ton
 travail,
 Jean‐Pierre,
 tu
 vois
 vous
 étiez
 des
 personnalités
 qui
 arrivaient
davantage
à
parler
individuellement
à
ces
personnes…


Fernanda
:
 …
 et
 maintenant
 c’est
 plus
 des
 actions,
 c’est
 plus
 flou,
 c’est
 moins
 concret
 avec
 des
 vrais
 gens…
 Même
 si
 c’est
 toujours
 convivial,
 la
 réalité
 c’est
 que
 des
 personnes
 en
 grande
 précarité
trouvent
moins
facilement
la
porte
du
CCO,
tu
vois
elles
vont
réussir
moins
facilement.
Je
 me
 rappelle
 Fatima
 qui
 était
 …
 à
 n’importe
 quelle
 heure,
 et
 que
 vous
 bossiez
 et
 qui
 vous
 emmerdait…


F
:
Et
Ali
Fekhi
?


Fernanda
:
Ali
Fekhi
est
parti.


L
:
C’était
des
gens
du
personnel
du
CCO
?


Fernanda
:
 Non
 non
 c’était
 des
 artistes
 très
 précaires
 qui
 étaient
 en
 contact
 avec
 Fred
 et
 maintenant.
Les
gens
qui
fréquentent
sont
moins
comme
ça
quoi.
Si
il
y
a
toujours
…,
en
tous
cas
 de
ma
place
à
moi
j’ai
l’impression
de
le
voir
moins,
avant
ils
déboulaient
dans
le
bureau,
on
ne
 pouvait
 pas
 faire
 autrement
 que
 parler
 avec
 eux,
 maintenant
 c’est
 impensable
 ça,
 il
 faut
 me
 prendre
en
rendez‐vous
sinon
on
ne
me
voit
pas,
et
avant
ils
déboulaient,
rire.
»


Dans
 les
 récits
 recueillis
 aujourd’hui
 l’hospitalité
 fait
 toujours
 référence,
 mais
 si
 elle
 est
 devenue
 actuellement
 un
 sujet
 de
 réflexion
 central
 dans
 le
 cadre
 du
 projet
 de
 déménagement,
 c’est
 sans
 doute
 autant
 dans
 sa
 problématicité
 que
 pour
 l’évidence
 de
 son
 actualisation
qu’elle
l’est.
Comment
dans
un
espace
nouveau
lui
donner
forme
?

Comment
la
 maintenir
alors
que
les
activités
se
sont
considérablement
multipliées
et
que
chacun
est
pris
 dans
de
multiples
tâches
et
missions
?
 
 Le
film
réalisé
par
Christina
Firmino
le
donne
à
voir.
Lorsque
l’on
vient
au
CCO,

on
est
accueilli
 par
Jeanne,
aux
heures
où
elle
y
est…
sinon
il
y
a
un
rideau
de
fer.
Le
hall
donne
sur
des
portes
 fermées,
dont
elle
doit,
trousseau
à
la
main,
ouvrir
les
verrous
pour
dévoiler
des
pièces
qui
ne
 sont
 accessibles
 que
 pour
 les
 personnes
 qui
 les
 ont
 réservées,
 qui
 y
 ont
 accès
 pour
 des
 activités
dûment
répertoriées
dans
le
planning.



Au
 premier
 étage
 le
 petit
 hall
 du
 pallier
 donne
 sur
 une
 porte
 sur
 laquelle
 une
 affichette
 rappelle
 au
 visiteur
 qu’il
 doit
 s’être
 fait
 annoncer
 par
 l’accueil
 du
 rez‐de‐chaussée,
 une
 sonnette
 lui
 permet
 sinon
 de
 se
 faire
 ouvrir.
 En
 attendant
 des
 chaises
 métalliques
 lui
 permettent
de
patienter
face
à
un
distributeur
de
boisson
et
sucreries
et
à
un
présentoir
de
 flyers.
 Dans
 l’enfilade,
 un
 couloir,
 des
 portes
 elles
 aussi
 fermées
 le
 plus
 souvent.
 Pourtant
 cette
 description
 ne
 fait
 pas
 justice
 au
 lieu,
 toujours
 prompt
 à
 se
 métamorphoser
 dans
 l’événement
:
 qu’il
 soit
 festif
 ou
 militant
 ou
 que
 l’on
 y
 ait
 justement
 ses
 entrées…
 et
 nombreuses
sont
ces
occasions
et
ceux
qui
les
ont
justement.
Le
prix
libre
ou
la
gratuité
sont
 des
 signes
 symboliques
 forts
 de
 cette
 volonté
 d’accueil
 qui
 demeure,
 malgré
 parfois
 des
 difficultés
à
tenir.



Lors
du
séminaire
du
26
septembre,
sur
les
droits
culturels,
l’atelier
que
nous
avons
mené
le
 matin
 sur
 «
l’esprit
 CCO
»
 a
 conduit
 à
 une
 discussion
 sur
 la
 façon
 dont,
 en
 pratique
 il
 était
 possible
de
tenir
le
sens
et
de
parvenir
à
mettre
en
œuvre
les
valeurs
auxquelles
on
tient.



Hélène
Hatzfeld
 :
 Moi,
 je
 vois
 tous
 les
 jours
 dans
 notre
 ministère
 le
 souci
 de
 trouver
 les
 bonnes
 compétences,
mettre
les
gens
dans
les
bonnes
cases,
et
ça
ça
s’oppose
à
quoi
:
réfléchir
au
sens
de
 ses
pratiques
de
ses
valeurs,
pas
seulement
de
bien
organiser,
et
pas
seulement
de
maitriser.
(…)
 On
est
en
plein
dans
ce
débat
là.
Le
CCO
c’est
très
intéressant
ce
qu’il
fait
parce
qu’il
est
dans
ce
 débat
là.


JM
Lucas
:
C’est
pour
ça
que
je
ne
dirais
pas
que
l’universel
existe
ou
n’existe
pas
:
l’universel
est
 un
 choix
 éthique,
 c’est
 un
 choix
 de
 valeur
 qui
 s’éprouve.
 On
 fait
 le
 choix
 de
 l’unité
 du
 genre
 humain.
 Mais
 il
 faut
 d’abord
 poser.
 On
 fait
 ce
 choix
 de
 valeur,
 et
 cette
 valeur
 est
 tout
 le
 temps


remise
en
cause,
parce
que
l’association
vient
,
vient
pas,
le
voisin
se
plaint.
Mais
il
y
a
un
dispositif
 éthique
 qui
 est
 tout
 le
 temps
 en
 fonctionnement
 dans
 le
 CCO,
 vous
 le
 faites
 en
 pratique,
 qui
 permet
de,
et
je
voudrais
ça
le
voir
nommé.
Comment
on
fait
?


HH
:
 C’est
 continuellement
 à
 l’épreuve,
 c’est
 toujours
 nié
 dans
 les
 faits,
 mais
 comment
 on
 fait
 ?
 comment
on
crée
dans
les
faits,
de
l’entre
de,
du
commun.
Sans
dire
d’avance
ce
qui
fera
universel
 (…)
»


Jonathan
 Cardaillac88
:
 «
Mais
 pour
 partager
 je
 trouve
 qu’il
 faut
 avoir
 du
 temps,
 et
 le
 problème


aussi
 c’est
 que
 à
 vouloir
 partager
 avec
 le
 plus
 grand
 nombre
 on
 se
 retrouve
 sans
 avoir
 suffisamment
 le
 temps
 d’avoir
 un
 vrai
 partage
 que
 ce
 soit
 avec
 n’importe
 quelle
 culture,
 communautés,
ceci
cela.
Et
même
dans
des
accompagnements
de
projets
ou
des
choses
comme
ça.
 Moi
 je
 le
 vois
 tous
 les
 jours
 concrètement.
 La
 salle
 de
 musique
 elle
 est
 là‐bas,
 il
 y
 a
 beaucoup
 beaucoup
d’artistes
ou
d’amateurs,
ou
peu
importe
leur
statut,
si
on
peut
parler
de
statut,
et
qui
 sont
dans
cette
salle
et
qui
viennent
tous
les
jours.
Le
truc
c’est
qu’il
n’y
en
a
pas
la
moitié
que
je
 connais
réellement,
y’en
a
pas
la
moitié
avec
qui
je
peux
avoir
le
temps
de
discuter,
parce
que
je
 suis
surchargé.
Mais
comme
tous
les
postes
aussi,
on
est
bien
d’accord.
Je
ne
défends
pas
mon
cas,
 je
défends
pas
mon
cas
du
tout.
Je
pense
que
je
ne
suis
pas
à
plaindre.
Mais
le
problème
c’est
que
 moi
je
subis
des
dégradations
de
matériel,
du
vol,
des
choses
comme
ça
parce
que
j’ai
pas
assez
de
 proximité
avec
ces
gens
là,
par
manque
de
temps.
Parce
que
on
veut
louer
on
veut
louer
et
puis
 finalement
on
prend
pas
le
temps
de
vérifier
après
chaque
location
de
vérifier
qu’il
manque
rien,
 de
 demander
 comment
 ça
 c’est
 passé,
 (c’est
 peut‐être
 un
 tort
 que
 j’ai
 aussi
 de
 pas
 prendre
 ce
 temps
 que
 j’ai
 pas)
 de
 pouvoir
 aussi
 savoir
 aussi
 ce
 qu’ils
 veulent
 de
 plus,
 de
 moins.
 Parce
 que
 c’est
eux
aussi
qui
font
vivre
ce
truc
!
Là
je
parle
de
la
salle
de
musique,
parce
que
c’est
la
salle
de
 musique,
mais
ailleurs
c’est
la
même
chose,
dans
une
salle
de
réunion
c’est
un
lieu
d’échange,
c’est
 le
 même
 problème.
 En
 fait
 c’est
 le
 problème
 qu’on
 a
 ici.
 Et
 c’est
 pour
 ça
 que
 quand
 on
 lit
 les
 documents
:
avoir
300
asso
c’est
bien.
Avant
il
y
en
avait
un
peu
moins
tant
mieux,
enfin
tant
pis,
 tant
mieux
tant
pis,
je
sais
pas.
C’est
pas
à
moi
de
le
dire.
Mais
ce
que
je
veux
dire
c’est
que
c’est
 pas
 le
 nombre
 qui
 doit
 faire
 la
 popularité
 du
 CCO
:
 ça
 existe
 depuis
 50
 ans
 c’est
 bon.
 Le
 risque,
 c’est
d’arriver
à
un
cercle
vicieux
c’est
justement
qu’on
va
arriver
à
se
dépopulariser
à
vouloir
être
 trop
populaire.
Après,
je
ne
sais
pas
si
je
devrais
dire
ça
comme
ça,
mais
c’est
comme
ça
que
je
le
 ressens
et
 que
 je
 le
 pense
 :
 parce
 que
 finalement
 les
 gens
 ils
 ont
 besoin
 d’être
 écoutés
 dans
 la
 société
 dans
 laquelle
 on
 vit.
 Ils
 sont
 contents
 de
 venir
 ici
 parce
 que
 c’est
 accessible,
 mais
 finalement
si
on
les
écoute
pas,
ils
ont
l’impression
que
c’est
tellement
accessible
qu’ils
peuvent
 faire
 ce
 qu’ils
 veulent.
 Donc
 je
 ne
 sais
 pas
 si
 on
 va
 vers
 une
 perfection
 ou
 …
 vers
 une
 cata
 [complète
 une
 autre
 voix]…ou
 vers
 une
 catastrophe.
 Moi
 je
 le
 vois
 il
 y
 a
 de
 plus
 en
 plus
 dégradations,
de
mal‐être
avec
les
voisins.
(…)»


Lucas
:
Il
y
a
un
concept
qui
fonctionnerait
bien
c’est
le
concept
de
réification,
c’est
lorsqu’on
a
une
 action
 qui
 au
 fond
 se
 fait
 dans
 la
 fonctionnalité
:
 l’autre
 a
 une
 fonction,
 on
 l’accueille
 etc..
 et
 on
 oublie
 la
 reconnaissance
 ou
 on
 oublie
 la
 personne
 en
 tant
 qu’elle
 est
 porteuse
 d’un