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Projet de transmission de la méthode book-sprint

SON ROLE :

9) Les activités prévues et résultats attendus :

Finalité : Transmettre la méthode book-sprint à des structures intermédiaires/partenaires de l’agglomération lyonnaise.

Activités prévue Résultats attendus

Etablir une liste des structures intermédiaires possibles en fonction de notre démarche de transmission d’expérience collective

Des intermédiaires / structures d’appui sont clairement identifiés et pourront être démarchés.

Visite des intermédiaires. Présentation du projet aux partenaires en spécifiant le rôle du comité de pilotage transmetteur et précisions du partenariat.

Nous avons désormais des partenaires précis acceptant de nous recevoir. Des dates de rendez-vous sont prises. Un partenariat est possible, les rôles de chacun sont clairement identifiés : comité de pilotage transmetteur apporte une méthode et un suivi. Les

intermédiaires portent le projet book-sprint. / constitution du groupe.

Le comité de pilotage (par l’intermédiaire du facilitateur/de la facilitatrice) assure la transmission de la méthode book-sprint en organisant des réunions de formation.

Les partenaires intermédiaires se forment à la méthode book-sprint et identifient les publics susceptibles de prendre part au processus.

Ecriture d’un projet et de son calendrier, propre à chaque structure. (animateur en charge du projet avec animateur de la structure)

Les différentes phases du processus book- sprint sont clairement identifiées et jalonnées sur un calendrier.

Mobilisation de publics et constitution des groupes dans chaque structure ciblée.

Les différents groupes de book-sprinteurs se forment et établissent leur propre calendrier dans la période impartie.

Travail des book-sprinteurs : choix du thème à traiter et des formes choisies pour le traiter. Réunions de préparation et dynamique de groupe.

Les différents groupes de book-sprinteurs travaillent leur thème et commencent à imaginer les formes d’expression possibles et éventuellement les ouvertures sur l’extérieur souhaitées.

La phase intensive de production Sur une semaine, les différents groupes produisent leur œuvre collective.

Phases de restitution publique Les différentes restitutions auront été travaillées dans chaque projet.

Bilan et perspectives Les book-sprinteurs évaluent leur expérience collective et peuvent émettre des perspectives suivant les dynamiques de groupes créées.

Le projet présente ensuite un calendrier de présentation du projet au CCO et un budget prévisionnel. Ainsi qu’une précision sur les éléments techniques : Il
est
impératif
de
 disposer
d’une
salle
conviviale
dédiée
à
cette
action,
pendant
3
à
5
jours,
équipée
 d’ordinateurs
préparés
booki
(au
sein
de
la
structure
partenaire
ou
au
CCO).
Chacun
doit
 avoir
un
ordinateur.
La
technique
ne
doit
pas
bloquer
le
processus.

 
 
 De
l’expérimentation
devenue
projet
se
lit
le
mode
de
déploiement
singulier
par
lequel
passe
 la
mise
en
capacité
:
il
ne
s’agissait
pas
là
de
personnes
in‐capables,
pour
autant
elles
ne
se
 sentaient
pas
toutes
également
légitimes
pour
écrire
l’histoire
du
CCO.
Or,
cette
expérience
 les
 a
 mises
 en
 capacité
 de
 le
 faire.
 Et
 plus
 encore,
 la
 reprise
 de
 cette
 expérimentation
 lui
 donne
sa
propre
autonomie.
Il
est
à
noter
que
pouvoir
dire
et
attester
de
ses
paroles
et
actes
 nécessite
une
confiance
en
sa
propre
capacité
qui
ne
s’éprouve
qu’en
étant
mise
en
pratique
 et
dans
sa
reconnaissance
par
autrui.
Pour
Ricoeur,
c’est
l’un
des
trois
pouvoirs
fondamentaux


qu’il
 comprend
 sous
 le
 terme
 de
 capacités
:
 les
 deux
 autres
 étant
:
 le
 pouvoir
 d’agir,
 et
 le
 pouvoir
«
de
rassembler
sa
propre
vie
dans
un
récit
intelligible
et
acceptable
»
(Ricoeur
1990
:
 88).
 À
 ces
 pouvoirs,
 s’adjoignent
 ceux
 liés
 de
 l’ascription
 et
 de
 l’assomption
 d’une
 responsabilité
qui
consistent
à
reconnaître
ses
actions
et
à
les
assumer96.
La
fragilité
se
situe
 au
sein
même
du
pouvoir
dire,
car
justement,
chacun
ne
peut
pas
dire,
du
moins
pas
avec
la
 même
puissance,
ni
avec
la
même
croyance
en
sa
légitimité
à
dire
et
à
recevoir
l’approbation
 d’autrui
(non
pas
une
approbation
accrochée
à
ce
qui
est
dit,
mais
une
approbation
à
dire).
 Cette
 fragilité
 est
 socialement
 et
 historiquement
 située
;
 elle
 n’est
 pas
 un
 fait
 naturel,
 mais
 renvoie
aux
inégalités
sociales
donc
construites.
En
somme,
c’est
parce
que
la
capacité
d’un
 être
 fonctionne
 toujours
 par
 dépassement
 d’une
 incapacité
 contre
 laquelle
 il
 lutte,
 que
 l’autonomie
découle
de
la
vulnérabilité.
Et
c’est
en
cela
que
la
solidarité
est
nécessaire
pour
 que
s’expriment
les
capabilités.



Ainsi
 l’expérience
 du
 book‐sprint
 réalise
 et
 conceptualise
 ces
 principes
 que
 nous
 voyons
 à
 l’œuvre
 dans
 les
 actions
 qui
 se
 développent
 au
 CCO
 de
 façon
 plus
 générale.
 Et
 cela
 passe,
 nous
le
voyons,
par
des
aspects
également
très
pratiques
comme
le
montage
d’un
budget,
la
 programmation
d’un
projet
dans
le
temps,
son
inscription
dans
l’institution…
La
construction
 de
 la
 confiance
 en
 soi
 passe
 par
 la
 transmission
 d’outils
 très
 concrets
 qui
 donnent
 des
 capacités
d’agir.

 
 II‐2
‐3
‐2
–
Un
régime
de
solidarité
en
actes
 Extrait
d’entretien
Hubert
Marrel
/Laetitia
Hamouche97

 Hubert
Marrel
:
«
y’avait
des
tas
de
soirées
pour
ceux
qui
était.
J’aimais
bien
aller
dans
les
soirées
 de
soutien
aux
peuples
différents
du
monde.
Y’a
eu
les
Kurdes
(rire),
y’a
eu
les…
 Mireille
Payrat

:
Les
Kanaks.
 H
:
Y’a
eu
les
Kanaks
oui,
bein
tu
vois
je
me
souviens
plus
bien.
Les
Afghans,
y’avait
pas
ça
aussi
?
 Bref,
le
CCO,
et
là
je
me
suis
dit
y’a
quand
même
quelque
chose
dans
cet
endroit
là,
c’est
pas
triste,
 c’est
 un
 endroit,
 y’avait
 aussi
 le,
 euh
 le
 lieu
 où
 des
 fois
 on
 allait
 euh,
 on
 avait
 nos
 réunions
 rue
 Saint
Georges…


M
:
La
maison
des
passages…


H
:
 Oui,
 rue
 Saint
 Georges.
 Euh,
 voilà,
 qui
 a
 pété
 à
 un
 moment
 donné,
 enfin
 y’a
 eu
 les
 attentats
 (rire),
comme
on
a
eu
au
CCO
d’ailleurs.
Bon,
alors,
mais
le
CCO
c’était
vraiment
un
truc
pour
moi,
 euh,
j’trouvais
bizarre,
étrange
et
un
peu
fou,
parce
que
euh,
y’avait
des
tas
de
choses
de
soutien
 aux
 peuples
 euh,
 du
 monde,
 du
 monde
 quoi,
 voilà
 ouais,
 j’me
 souviens
 les
 Kanaks.
 Et
 moi
 à
 l’époque
j’étais
très
internationaliste
dans
la
mesure
où,
où
euh
aussi
je
formais
des
jeunes
pour
 rentrer
à
Bioforce,
pour
être
euh,
pour
ensuite
aider
le
tiers‐monde
quoi.
Donc,
moi
euh,
de
mon,
 de
ma
culture
on
peut
dire,
de,
de
ce
qui
a
fait
ma
motivation,
d’abord
dans
l’éducation
populaire
 dans
les
années
60,
et
puis
je
lisais
beaucoup
Croissance
des
jeunes
nations,
c’est
un,
un
journal
 qui,
une
revue
qui
poussait
à,
à
donner
des
informations
sur
le
monde
et
tous
les
pays
en
voie
de
 développement
 quoi.
 Et
 moi
 ça
 m’a
 toujours
 branché
 ça
 le,
 l’ailleurs
 quoi,
 les
 pays.
 Et
 au
 CCO
 je










96
Cette
conception
se
distingue
d’une
responsabilité
juridico‐morale
confondue
à
l’imputabilité
qui
resitue


à
 postériori
 un
 sens
 univoque
 à
 l’action
 afin
 d’en
 engager
 un
 auteur
 seul
 et
 unique
 qui
 pourra
 
 être
 tenu
 pour
 responsable
 de
 l’action
 jugée
 fautive
 et
 blâmable.
 Ricoeur
 «
Le
 concept
 de
 responsabilité
»,
 in
 Soi­

même
comme
un
autre,
Paris,
Seuil,
1990.
Nous
reviendrons
en
conclusion
les
implications
politiques
d’une


telle
conception.



trouvais
 euh,
 étonnant,
 assez
 fantastique
 même
 que
 il
 y
 ait
 un
 regroupement
 de
 gens,
 d’associations
qui
soutenaient
tous
ces
peuples.
L’Afrique,
l’Amérique,
l’Asie
aussi
un
peu…
 M
:
On
avait
les
Tamouls,
tu
te
rappelles,
hein
?


H
:
Y’avait
les
Tamouls,
j’me
souviens
plus
bien.
Euh,
il
faut
dire
que
aussi
à
Venissieux
Minguettes,
 c’était
quand
même,
on
a
quand
même,
on
avait,
on
n’a
jamais
su
combien
mais,
quand
y’avait
le
 maire
 qui
 disait,
 Marcel
 Houel,
 «
bon,
 alors
 on
 a
 quand
 même
 48
 nationalités
»,
 bon,
 euh,
 trois
 jours
 après
 il
 disait
 «
y’a
 54
 nationalités
»,
 enfin
 on
 ne
 savait
 jamais
 quoi
;
 y’avait
 euh,
 on
 était
 aussi
le
refuge,
euh,
à
Venissieux
on
a
quand
même
été
le
refuge
de
toutes
ces
populations,
fuyant
 les
guerres,
donc
les
Chiliens
aussi
et
le
Chili.
Donc
le
CCO,
j’y
avait
été
ah
oui,
pour
des
soirées
de
 soutien
au
Chili,
ah
oui,
parce
que
à
Venissieux
on
a
eu
pas
mal
de
Chiliens
qui
sont
venus
en
73.
Et
 on
a
fait
venir
les
Kilapayuns,
l’orchestre
chilien
qui
avait
soutenu
AIMD,
le
mouvement
populaire
 du
Chili
dans
les
années,
qui
étaient
ambassadeurs
culturels
du
Chili
populaire,
de
69
quand
est
ce
 qu’il
 y
 a
 eu
 l’élection
 de…(…)
 Voilà,
 les
 Kilapayuns
 étaient
 venus,
 on
 avait
 eu
 deux
 jours
 extraordinaires
euh,
c’était
émouvant
en
Février
74,
deux
jours
et
deux
nuits,
deux
jours
et
deux
 nuits
on
peut
dire,
on
passait
dans
les
entreprises
Berliet
et
tout
ça,
on
chantait,
voilà,
bon…
 (…
 )
 H
:
 Les
 Kurdes,
 ça
 c’est
 ma
 dernière
 action
 humaine
 que
 j’ai
 faite,
 rire,
 ma
 dernière
 action
 humaine.
 J’étais
 à
 ce
 moment
 là
 vice‐président
 du
 CCO,
 quoi
 qu’ils
 mont
 dit
 que
 j’y
 serais
 à
 vie,
 donc
je
dois
être
encore
vice‐président,
rire,
voilà
mais,
et,
et
là
j’ai
eu
la
responsabilité
de,
parce
 que
le
président
n’était
pas
là,
c’était
Jean‐Pierre
il
était
pas,
pas
disponible,
j’ai
donc
dû
assumer
 euh,
 avec
 Fernanda,
 rire,
 le,
 l’action,
 la
 grève
 de
 la
 faim
 des
 Kurdes.
 Alors
 je
 connaissais
 bien
 le
 Maire
 de
 Vénissieux,
 donc
 il
 a
 accepté
 de
 me
 donner
 une
 tente,
 le
 maire
 de
 Villeurbanne
 je
 le
 connaissais
moins
mais
enfin
ça
a
été
plus
naturel,
avec
la
préfecture,
rire,
on
a
eu
un
truc,
et
on
a
 fait
des,
mais
enfin

bon
ça
a
pas
donné
grand‐chose
parce
que…
».
 
 Hubert
Marrel
expose
par
ailleurs
les
principes
qui
orientent
son
travail
éducatif

et
le
met
en
 parallèle
avec
ce
que
faisait
le
CCO
pour
expliquer
que
celui­ci
ait
fait
appel
à
lui
:



«
On
 essayait
 de
 travailler
 sur
 l’agglomération,
 enfin
 c’était
 vraiment
 euh
 transfrontière,
 voilà,
 transfrontière,
péter,
et
ce
que
je
disais
c’était
crever
les
frontières.
Je,
j’employais
ce
mot,
il
faut
 crever
 les
 frontières.
 Je
 disais
 premièrement,
 pour
 les
 jeunes,
 il
 faut
 donner
 confiance,
 donner
 confiance,
 ça
 veut
 dire
 prendre
 des
 moyens
 aussi,
 pour
 que
 il
 y
 ait
 confiance.
 Deuxièmement
 réaliser
en
vraie
grandeur,
c’est
à
dire
pas
des
petits
machins
à
la
con
euh
des
petits
trucs
euh
(il


cherche
ses
mots)…


L
:
Des
actions
éloignées…


H
:
 Des
 amusettes
 euh,
 mais
 en
 vraie
 grandeur,
 quelque
 chose
 qui
 se
 voit.
 Donc
 j’ai
 fait
 des
 chantiers,
 des
 chantiers
 dans
 des
 villages
 euh
 avec
 des
 jeunes
 tout
 ça,
 y
 compris
 euh,
 les
 jeunes
 sortis
multirécidivistes
ou
même
des
gens
du
voyage,
mais
qui
se
voit.
Les
mecs
après
ils
vont
euh,
 en
 stop
 voir
 ce
 qu’ils
 ont
 fait,
 avec
 des
 copains,
 voilà,
 donc
 chantiers
 en
 vrai
 grandeur.
 Alors
 troisièmement,
 organiser
 les
 techniques,
 euh
 donc
 j’étais
 dans
 l’informatique
 pédagogique
 interactive
 euh,
 la
 pédagogie
 euh,
 on
 peut
 dire
 euh,
 c’est
 pas
 le
 savoir
 comme
 maintenant
 on
 entend,
 il
 faut
 que
 on
 bourre
 les
 têtes
 des
 gens,
 non
 pas
 du
 tout,
 c’est
 ouvert.
 Et
 puis
 quatrièmement,
la
communication,
enfin
combien
de
jeunes,
de
mecs
dans
les
quartiers
m’ont
dit
 "Hubert,
apprend
nous
à
parler
aux
gens,
apprend
nous
à
parler
aux
gens".
Parce
que
moi
je
les
 enregistrais
comme
ça,
quand
j’étais
dans
les
studios,
un
studio
où
j’étais
là
pour
dormir,
et
encore
 à
une
heure
du
matin
on
me
demandait
d’héberger
un
mec
qui
était
dans
les
ascenseurs,
que
la
 mère
 avait
 rejeté,
 bon
 des
 fois
 j’avais
 j’avais
 le
 duvet
 social,
 j’étais
 complètement
 à
 la
 rue
 si
 on
 peut
 dire,
 enfin
 j’avais
 un
 studio
;
 et
 alors
 une
 fois
 je
 les
 entendais
 parler,
 j’avais
 mis
 mon
 magnétophone
 là,
 et
 j’avais
 entendu
 ils
 avaient
 15
 mots,
 pas
 plus,
 15
 mots
 pendant
 un
 quart
 d’heure,
20
minutes,
15
mots
;
plus
euh,
2,
3
injures
donc
il
reste
pas
grand‐chose
?
Et
puis
après
 euh,
j’ai
fait
de
l’information
aussi
tout
ça
pour
euh,
voilà.
Donc
apprenons
à
parler,
et
là,
c’est
là
 où
je
disais
il
faut
crever
la
frontière,
il
faut
crever
les
frontières.
Et
moi,
le
CCO,
c’était
justement
 un
excellent
endroit
où
l’on
crève
les
frontières,
voilà.
 M
:
Elle
est
belle
ta
formule,
j’aime
bien.
 


Si
 nous
 retrouvons
 dans
 ce
 témoignage
 ce
 souci
 de
 la
 pluralité
 du
 monde,
 que
 nous
 avons
 traité
dans
la
partie
précédente
sur
l’hospitalité,
nous
voyons
sans
doute
ici
la
façon
dont
la
 responsabilité
qu’elle
suppose
conduit
à
la
solidarité.

 H.Arendt
distingue
la
solidarité
de
la
pitié
qui
maintient
les
frontières
entre
le
compatissant
et
 le
malheureux.
Selon
elle,
pour
être
politique,
la
responsabilité
doit
être
à
la
fois
actuelle,
c’est
 à
dire
inscrite
dans
des
actions
qui
font
durer
un
monde
commun,
et
relationnelle,
faite
entre
 les
hommes.
Ce
sont
en
ce
sens
des
actions
qui
engagent
leurs
intérêts
:
inter‐est.
Ce
régime
 de
 responsabilité
 suppose
 un
 principe
 d’inter‐dépendance
 dans
 un
 réseau.
 Et
 implique
 premièrement
de
prendre
en
considération
les
effets
latéraux
par
définition
imprévisibles
de
 nos
actes
et
de
pouvoir
rendre
des
comptes
sur
ce
que
l’on
fait
par
la
parole
:
la
dimension
 dialogique
est
ici
fondamentale.



Or,
 au
 travers
 des
 dialogues
 que
 les
 entretiens
 provoquent
 et
 que
 le
 «
speed
 dating
 interculturalité
»
a
poursuivi
sur
les
actions
qui
ont
eu
cours
dans
les
réseaux
qui
se
mobilisent
 au(x)
(abords
du)
CCO,
il
semble
que
l’on
puisse
voir
comment
les
uns
ou
les
autres
rendent
 compte
 de
 la
 façon
 dont
 ils
 ont
 engagé
 leur
 intérêt
 pour
 telle
 ou
 telle
 situation
 en
 agissant
 très
 concrètement.
 
 Ce
 régime
 de
 solidarité
 n’est
 pas
 seulement
 moral,
 il
 est
 pratique
 et
 se
 développe
 sur
 la
 base
 de
 savoir‐faire
 que
 le
 CCO
 mobilise
 et
 transmet
 de
 façon
 active
 et
 volontaire
 en
 son
 sein
 et
 pour
 ceux
 qui
 le
 fréquentent.
 Hubert
 Marrel,
 éducateur
 des
 Minguettes,
identifié
pour
son
militantisme,
sera
ainsi
sollicité
par
le
CCO
pour
contribuer
au
 CA
du
CCO
au
moment
où
celui‐ci
s’engage
dans
le
DSQ.
Les
principes
de
l’éducation
populaire
 qu’il
revendique,
les
savoir‐faire
et
démarches
qu’il
développe
du
côté
de
l’action
humanitaire
 feront
 écho
 à
 ce
 qui
 se
 développe
 au
 CCO
 où
 il
 rencontre
 d’autres
 acteurs
 porteurs
 de
 ces
 mêmes
références
et
d’autres
savoir‐faire
:
Les
méthodes
de
l’alpha
notamment,
que
le
CCO
a
 développé
 de
 longue
 date
 et
 qui
 l’identifiait
 dans
 le
 territoire
 comme
 un
 acteur
 vers
 lequel
 orienter
les
étrangers98,
ou
celle
de
l’action
communautaire
à
laquelle
Geneviève
Gibert
a
été
 formée
notamment.



Au
delà
des
moments
de
mobilisation
autour
de
causes
qui
constituent
des
temps
forts
de
la
 solidarité,
 le
 CCO
 met
 en
 place
 progressivement
 des
 formes
 de
 partage
 d’expérience
 et
 de
 transmission
 plus
 formalisées.
 C’est
 ce
 rôle
 fondamental
 à
 l’échelle
 locale
 qui
 lui
 vaut
 la
 reconnaissance
la
plus
évidente
et
le
soutien
financier
le
plus
important
(avec
le
DSQ,
le
DSU
 puis
la
politique
de
la
ville).
Mais
le
CCO
ne
construit
pas
seulement
cela
comme
une
mission
 bien
délimitée
et
pleinement
identifiable
:
il
y
a
bien
de
fait
des
actions
et
des
rôles
structurés
 avec
le
pôle
associatif
(dispositif
SAVARA,
formations
d’accompagnement
à
la
vie
associative)
 et
les
dispositifs
de
soutien
à
l’émergence
culturelle,
mais
c’est
plus
largement
au
travers
d’un
 mode
 de
 relation
 fondé
 sur
 l’écoute
 et
 le
 partage
 que
 les
 choses
 semblent
 s’opérer…
 pour
 autant
que
les
interstices
de
temps
demeurent
disponibles
à
cela.
 





 98Olivier
Chatelan
relève
que
cela
a
sans
doute
contribué
à
l’ouverture
du
CCO
au
delà
du
monde
étudiant,
 ou
plus
précisément
à
l’ouverture
du
monde
étudiant
à
d’autres
publics
:
«
L’ouverture
des
problématiques
 du
tiers‐monde
en
dehors
du
seul
monde
étudiant
s’est
sans
doute
produite
par
l’alphabétisation.
Des
cours
 d’alphabétisation
existent
au
CCO
depuis
1971
au
moins,
et
sont
proposés
aux
«
travailleurs
étrangers
».
En
 1975,
 c’est
 l’activité
 qui
 occupe
 le
 plus
 fréquemment
 les
 locaux
 de
 la
 rue
 Courteline,
 avec
 quatre
 soirées
 hebdomadaires.
 Elle
 se
 poursuit
 tout
 au
 long
 des
 années
 1980,
 assurée
 par
 un
 «
groupe
 alphabétisation
»
 (Alpha‐CCO98)
 dont
 plusieurs
 étudiants
 ou
 étudiantes
 de
 l’INSA
 sont
 partie
 prenante98.
 Geneviève
 Gibert


avait
également
mentionné
le
fait
que
les
premiers
contacts
qu’elle
avait
établi
avec
le
CCO
consistaient
à
y
 envoyer
les
personnes
qu’elle
suivait
en
tant
qu’assistante
sociale
vers
les
cours
d’Alpha
donnés
au
CCO.



Extrait
d’entretien
:
Frédérique
Delarive/
réalisé
par
Laetitia
Hamouche



Frédérique
Delarive
:
«
Au
CCO
il
y
avait
aussi,
du
fait
qu’il
y
ait
plein
de
publics
différents
qui
se
 côtoient,
 il
 y
 avait
 des
 interactions
 entre…
 on
 accueillait
 des
 stages
 de
 formation
 de
 jeunes
 en
 difficulté,
je
ne
me
rappelle
plus,
c’était
l’IFRA
ou
un
truc
comme
ça,
ça
ne
te
dit
rien
?


Fernanda
:
Si
si.


F
:
 Et
 en
 fait
 il
 y
 avait
 des
 connections
 entre
 les
 jeunes
 qui
 faisaient
 de
 la
 danse,
 enfin
 je
 pense
 surtout
à
Ali
Fekhi,
et
ces
jeunes
stagiaires,
donc
Ali
Fekhi
lui
il
allait
dans
les
stages
témoigner
de
 sa
vie
d’artiste,
"prenez
votre
vie
en
main"
;
enfin
c’était
des
moments
qui
étaient
rigolos,
le
fait
 que
les
publics
de
temps
en
temps
se
côtoient,
de
temps
en
temps
il
y
avait
des
synergies
entre
 différentes
personnes.
»
 
 De
véritables
parcours
de
vie
militante
se
construisent
là
et
écrivent
dans
le
même
temps
les
 trajectoires
 prises
 par
 certaines
 revendications
 sociales
 qui
 traversent
 le
 CCO
 et
 y
 prennent
 corps.


Extrait
d’entretien
avec
Kader
Souifi
/
Laetitia
Hamouche99

K
:
 Voilà,
 donc
 moi
 ….je
 savais
 qu’il
 y
 avait
 des
 asso
 qui
 venaient
 ici,
 mais
 moi
 mon
 univers
 associatif
 c’était
 le
 sport,
 la
 culture
 à
 l’INSA,
 et
 je
 venais
 ici
 pour
 euh,
 pour
 des
 concerts
 essentiellement
 donc
 c’était
 vraiment
 une
 ouverture
 culturelle
 ici
 euh,
 voilà.
 Mais
 en
 fait
 petit
 à
 petit,
vers
la
fin
des
années
90,
je
voyais
bien
que,
y’avait
pas
des
associations
qui
venaient
ici
que
 pour
organiser
des
concerts,
et
qu’il
y
avait
des
liens
forts,
alors
sans
savoir
trop
comment
c’était
 structuré
à
l’époque.
Et,
donc
ça
c’était
pour
cette
période
là.
Et
quand
à
un
moment
donné
euh,
on
 a
 souhaité
 fonder
 l’association
 ARCAD,
 nous
 on
 était
 dans
 une
 situation
 où
 on
 avait
 aucun
 euh,
 moyen
 pour
 fonctionner.
 On
 est
 parti
 qu’avec
 notre
 bonne
 volonté
 euh,
 y’avait
 Marie‐Christine
 Mabout,
y’avait
Soraya
Benyatou,
et
puis
y’avait
moi.
On
était
trois,
rire,
en
2003
à
se
dire
là
il
faut
 qu’on
fasse
quelque
chose
qui
corresponde
à
nos
valeurs,
à
ce
qu’on
a
envie
de
faire,
mais
c’était
 pas
que
les
valeurs,
c’est
aussi
euh,
comment
on
fait
dans
la
pratique
sur
la
méthode,
comment,
 voilà,
 quels
 moyens,
 quelles
 méthodes
 d’intervention
 pour
 parler
 de
 l’égalité,
 pour
 parler
 de
 la
 lutte
 euh,
 contre
 les
 discriminations,
 par
 quel
 moyen
 on
 agit,
 donc
 on
 avait
 des
 idées
 même
 qui
 n’étaient
pas
nettes
hein,
le
projet
associatif
après
il
s’est
construit
dans
le
temps
avec
des
gens
 qui
 nous
 on
 rejoint
 et
 puis,
 même
 si
 évidemment,
 rire,
 je
 vais
 pas
 dire
 que
 j’avais
 pas
 quelques
 idées,
 j’avais
 beaucoup
 d’idées
 au
 début,
 mais
 petit
 à
 petit
 y’a
 des
 choses
 qu’on
 a
 abandonnées,
 d’autres
qu’on
a
renforcées.
Mais
en
2003
on
était
dans
la
situation,
enfin
c’était
à
l’été
2003,
où
on
 ne
 savait
 absolument
 pas
 comment
 faire,
 et
 donc
 on
 connaissait
 quand
 même
 pas
 mal
 d’associations,
on
a
discuté,
on
a
échangé.
Et
puis
après
plusieurs
mois
de,
de
réflexion
on
nous
a
 aussi
 beaucoup
 reparlé
 du
 CCO,
 et
 qu’on
 connaissait,
 et
 puis
 moi
 euh,
 j’étais
 aussi
 dans
 l’idée
 toujours
que
cette
proximité
avec
le
campus
et
le
milieu
étudiant
en
général,
que
le
CCO
ça
pouvait
 éventuellement
être
un
endroit
très
très
intéressant
pour
nous,
et
voilà
comment
on
en
est
arrivé
 à
venir
rencontrer
le
CCO
pour
dire
voilà,
on
est
une
petite
association,
on
a
peu
de
moyens
et
on
 voudrait
trouver
un
lieu
où
l’on
puisse
se
réunir,
où
l’on
puisse
etc.,
donc
ça
a
comme
ça.
Et
puis
 boum,
donc
c’est
vraiment
là
que,
on
nous
reçoit,
qu’on
nous
explique,
je
sais
plus
exactement
à