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Les liens entre l’organisation du travail et les attitudes au travail ou la santé au travail

IV L’approche intégrative de l’absentéisme

4.2 La conciliation des approches organisationnelle, attitudinale et médicale

4.2.1 Les liens entre l’organisation du travail et les attitudes au travail ou la santé au travail

Nous présenterons les diverses dimensions de l’organisation au travail liées au contenu du travail, à la coordination du travail, à l’organisation du temps de travail et à l’intensité du travail, et leurs liens avec les attitudes au travail (satisfaction au travail et intention de départ) et avec la santé au travail.

4.2.1.1 Les relations entre le contenu du travail et les attitudes au travail ou la santé au travail

- La monotonie du travail est liée positivement à l’intention de départ (Rosin et alii, 1991), à la satisfaction au travail (Rosin75 et alii, 1991 ; Melamed et alii, 1995). Melamed et alii (1995), Wiesner et alii (2005) concluent à un lien significatif entre la monotonie du travail et la dépression, Hendrix et alii (1991) à une corrélation significative entre la monotonie du travail et le stress.

- La polyvalence (rotation de postes) contribue à augmenter la satisfaction des salariés (Mohr et Zoghi, 2008), à atténuer le risque d’apparition de troubles musculo-squelettiques (Jorgensen et alii, 2005), ainsi que les problèmes de fatigue engendrés par une trop forte parcellisation du travail (Hsieh et alii, 2004).

- Le contenu cognitif du travail est corrélé négativement à l’intention de départ (Grebner et

alii, 2003) et au développement de problèmes de santé, tels que des maux d’estomac, des

maux de tête, des douleurs dans le cou ou le bas du dos et des problèmes de sommeil (Poussette et Hanse, 2002). A l’inverse, le contenu cognitif est corrélé positivement à la satisfaction au travail (Hackman et Lawler, 1971 ; Fried et Ferris, 1987 ; Loher et alii, 1985; Spector et Jex, 1991 ; Zurriaga et alii, 2000).

- L’autonomie au travail, mesurée selon l’échelle du Job Diagnostic Survey (JDS) de Hackman et Oldham (1975), est corrélée négativement à l’intention de départ (Spector et Jex, 1991) et négativement au développement de maladies psychosomatiques (Grebner et alii,

75 Rosin et alii (1991) utilisent le concept d’« ennui » (Boredom) au travail, qui est, selon nous, très proche de celui de « monotonie au travail ».

2003), tels que des maux d’estomac, des maux de tête, des douleurs dans le cou ou le bas du dos et des problèmes de sommeil (Poussette et Hanse, 2002). A l’inverse, l’autonomie est positivement corrélée à la satisfaction au travail (Hackman et Lawler, 1971 ; Fried et Ferris, 1987 ; Loher et alii, 1985; Spector et Jex, 1991 ; Zurriaga et alii, 2000).

4.2.1.2 Les relations entre la coordination du travail et les attitudes au travail ou la santé au travail

- Le niveau de responsabilité est corrélé négativement à l’intention de départ (Rosin et alii, 1991 ; Udechukwu et alii, 2007), mais positivement à la satisfaction au travail (Bennett et alii, 2005 ; Rosin et alii, 199176). Plus les responsabilités sont étendues, plus l’aspect stimulant du travail est développé (Steers et Rhodes, 1978).

- A notre connaissance, il n’existe pas d’études portant sur le lien entre, d’une part, le contrôle

hiérarchique, et, d’autre part, la santé au travail, la satisfaction au travail, l’intention de

départ.

- La densité du travail : dans une revue de littérature sur les facteurs de stress au travail chez les infirmières, Edwards et Burnard (2003) relèvent qu’une augmentation des tâches administratives de reporting est à l’origine d’un stress élevé chez les infirmières.

- Le soutien du supérieur est corrélé positivement à la satisfaction au travail (Johns, 1978 ; Lu, 1999 ; Wexley et Nemeroff, 1975 ; Zaccaro et alii, 1991) et négativement au stress au travail (Hendrix et alii, 1991). Toutefois, Lu (1999) ne conclut à aucune relation significative entre, d’une part, le manque de soutien du supérieur et, d’autre part, les problèmes d’anxiété et les symptômes psychosomatiques. De même, Jones-Johnson et Johnson (1992) ne concluent à aucune relation significative entre le soutien du supérieur et les symptômes psychosomatiques.

76 Rosin et alii (1991) utilisent une échelle de mesure des caractéristiques du poste qui permet de situer le niveau de responsabilité attaché au poste. Cette échelle comprend plusieurs dimensions : indépendance, niveau de leadership, gestion de son temps, étendue des responsabilités, variété des situations à gérer dans son travail.

- Le soutien des collègues : très peu d’études se sont intéressées aux relations entre le soutien des collègues et les attitudes au travail ou la santé au travail. Ainsi, sauf omission, seuls Nakata et alii (2004) démontrent qu’un manque de soutien des collègues se traduit par des problèmes d’insomnie. Cependant, Lu (1999) ne démontre aucune relation significative entre, d’une part, le manque de soutien des collègues et, d’autre part, la satisfaction au travail, les problèmes d’anxiété et les symptômes psychosomatiques.

4.2.1.3 Les relations entre l’organisation du temps de travail et les attitudes au travail ou la santé au travail

- La durée du travail : Clark (1996), Clark et Oswald (1996) démontrent que la durée hebdomadaire du travail et la satisfaction au travail sont corrélées négativement. Toutefois, Clark (1999) et Sanchez Canizares et alii (2007) ne concluent à aucune relation significative entre ces deux variables. Rosin et alii (1991) montrent que le fait de travailler de longues heures est corrélé positivement à l’intention de départ. Travailler pendant de longues durées est générateur de problèmes de santé, tels que des maladies cardiovasculaires, du diabète, du stress et des problèmes de santé mentale (Spurgeon et alii, 1997 ; Van Der Hulst, 2003). Ainsi Marchand et alii (2003) et Galambos et alii (1992) démontrent que plus la durée hebdomadaire de travail est longue, plus la santé mentale se dégrade. Galambos et alii (1992), Maruyama et Moritomo (1996) établissent une relation significative entre une durée longue de travail et un niveau de stress élevé. Suwazono et alii (2008) concluent à un lien significatif entre une durée longue de travail et la fatigue.

- Les horaires individualisés: les horaires individualisés suscitent généralement un niveau élevé de satisfaction (Peretti, 2006). Dans une méta-analyse, Baltes et alii (1999) montrent ainsi que la détermination par le salarié lui-même de ses heures de départ et d’arrivée a un impact positif sur sa satisfaction au travail. Toutefois, Pierce et Newstrom (1983) ne concluent à aucune relation significative entre ces deux variables. Galambos et alii (1992) montrent que le manque de liberté accordée au salarié pour organiser son temps de travail est un facteur de stress.

- Le travail par roulement par rapport au travail fixe se traduit par une diminution de la satisfaction au travail (Demerouti et alii, 2004 ; Jamal, 1981), par une augmentation de l’intention de départ (Jamal, 1981) et par des problèmes de santé, tels que des ulcères et des complications cardiaques (Knutsson, 2003 ; Nachreiner et alii, 1995).

4.2.1.4 Les relations entre l’intensité du travail et les attitudes au travail ou la santé au travail

- La contrainte temporelle est corrélée positivement aux problèmes psychosomatiques (Grebner et alii, 2003 ; Houtman et alii, 1994), aux problèmes de sommeil (Trinkoff et alii, 2001) et corrélée négativement à la satisfaction au travail (Nordqvist et alii, 2004). Toutefois, Grebner et alii (2003) ne trouvent aucune relation significative entre, d’une part, la contrainte temporelle et, d’autre part, la satisfaction au travail et l’intention de départ.

- La contrainte industrielle (normes, cadence des machines), la contrainte marchande (l’ajustement du travail à la demande) : à notre connaissance, aucune étude ne s’est intéressée à la relation entre chacune de ces deux variables et les attitudes au travail ou la santé au travail. Gollac et Volkoff (2007) suggèrent que les contraintes industrielles et marchandes peuvent avoir un impact négatif sur la santé des salariés (par exemple au travers du développement des troubles musculo-squelettiques).

Après avoir réalisé un état de l’art des relations entre l’organisation du travail, et les attitudes au travail et la santé au travail, nous nous intéresserons à la littérature portant sur la relation entre ces dernières et les conditions de travail.

4.2.2 Les liens entre les conditions de travail et les attitudes au travail ou la