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CHAPITRE 4 - ETUDE I : LES EFFETS DE L IMAGE-VIDEO DU PARTENAIRE

4.4 Discussions des résultats

5.1.5 Les variables dépendantes

Nous avons retenu les mêmes variables que la première expérimentation, c est-à-dire le

score de performance des apprenants et les impressions subjectives. Pour les indicateurs

concernant les interactions communicatives, nous avons ajouté les expressions et les pronoms déictiques.

5.2 Hypothèses opérationnelles

Nous présentons maintenant les hypothèses opérationnelles, concernant les interactions verbales (H1-H4), le score de réalisation de la tâche (H5) et les impressions subjectives (H6). (H1) Le volume des échanges.

Les études sur les activités collaboratives montrent que lorsque les partenaires distants partagent un espace visuel commun (evc), le volume de leurs échanges diminue (Gergle & al., 2004 ; Karsenty, 1999 ; Kraut & al., 2003). Nous appuyant sur ces études, nous nous attendons à ce que :

Chapitre 5 Etude II : les effets de l espace visuel commun

H1a : les mots, les tours de parole et les énoncés soient moins nombreux lorsque le tuteur et l apprenant disposent d un espace visuel commun que lorsqu ils n en disposent pas.

H1b : les tours de parole soient plus courts lorsque l espace visuel commun est disponible plutôt que lorsqu il ne l est pas.

(H2) Les interventions spontanées

Nous supposons que lorsque le tuteur peut observer ce que l apprenant fait, il peut intervenir davantage de manière spontanée sans attendre d être sollicité par l apprenant. Nous nous attendons à ce que :

H2 : le nombre d interventions spontanées du tuteur soit plus élevé lorsque le tuteur et l apprenant disposent d un espace visuel commun plutôt que lorsqu ils n en disposent pas.

(H3) Le processus de compréhension mutuelle

Nous supposons que l espace visuel commun (evc) favorise les processus de compréhension mutuelle. D après la littérature, grâce à un evc, les participants distants peuvent contrôler les actions que chacun d eux effectue. Cela permet une meilleure compréhension réciproque car les participants peuvent trouver une adéquation entre les mots énoncés et les actions réalisées par les partenaires (Karsenty, 1999). Nous supposons que lorsque le tuteur dispose de l evc, il peut contrôler si l apprenant a compris ses conseils et ses explications, simplement en observant sur son écran comment l apprenant les applique et sans nécessairement vérifier la compréhension de l apprenant. Par conséquent, l apprenant produira moins de marqueurs verbaux consacrées à montrer son niveau de compréhension au tuteur et le tuteur utilisera moins de marqueurs verbaux consacrés à valider la contribution de l apprenant. Nous nous attendons à ce que :

L apprenant produise un nombre inférieur de marqueurs verbaux destinés à accepter (H3a) et à vérifier (H3b) l énoncé du tuteur lorsque l espace visuel commun est disponible que lorsqu il ne l est pas

Chapitre 5 Etude II : les effets de l espace visuel commun

Le tuteur produise un nombre inférieur de marqueurs verbaux destinés à accepter (H3c) et à vérifier (H3d) ce que l apprenant vient de dire lorsque l espace visuel commun est disponible que lorsqu il ne l est pas

Concernant les expressions déictiques, la littérature suggère que les participants distants réduisent le temps de construction des référentiels communs. En effet, pour identifier et désigner un objet, les partenaires distants utilisent moins d expressions verbales explicites (comme le nom de l objet ou l indication de l endroit où l objet se trouve) et plus de pronoms (e.g. « celui-ci ») et d expressions déictiques (e.g. « en bas, ici, là ») (Gergle & al., 2004 ; Karsenty, 1999 ; Kraut & al., 2003). Ainsi, nous nous attendons à ce que :

H3e : le nombre d expressions déictiques soit plus important lorsque l espace visuel commun est disponible plutôt que lorsqu il ne l est pas.

(H4) Le contenu du dialogue tutoriel

Nous supposons que lorsque le tuteur peut observer l activité de l apprenant, il sera moins contraint de le questionner pour avoir des informations sur l état d avancement de son travail. Par conséquent, l apprenant produira un nombre inférieur d actes de parole pour le renseigner sur son propre état d avancement. Par ailleurs, nous supposons que le tuteur et l apprenant peuvent co-construire leur interaction verbale grâce à des actes de parole intrinsèques au dialogue tutoriel (i.e. le cours, les balises, etc.). Ainsi, nous supposons que l apprenant posera un nombre plus important de questions et que le tuteur produira plus d actes de parole pour l aider. De plus, comme le tuteur peut observer l activité en temps réel, il pourra mieux comprendre les difficultés de l apprenant, de manière à l aider plus efficacement et à l encourager davantage. Nous nous attendons à ce que :

L apprenant produise un nombre inférieur d actes de parole consacrés à demander de l aide au tuteur (H4a) et à l informer sur l état d avancement de sa tâche (H4b) lorsque l espace visuel commun est disponible que lorsqu il ne l est pas.

Le tuteur produise un nombre supérieur d actes de parole destinés à connaître l état d avancement de l apprenant (H4c), à l aider (H4d) et à l encourager (H4e) lorsque l espace visuel commun est disponible que lorsqu il ne l est pas.

Chapitre 5 Etude II : les effets de l espace visuel commun

(H5) Le score de performance des apprenants

Comme l evc permettrait au tuteur et à l apprenant de construire plus facilement leurs référentiels communs et de co-construire leur dialogue principalement sur le contenu d apprentissage de la session tutorielle, nous supposons que l apprenant pourrait en bénéficier au plan de la réalisation de la tâche. Ainsi, nous supposons que :

H5 : le score de performance de l apprenant sera plus élevé lorsque l espace visuel commun est disponible que lorsqu il ne l est pas.

(H6) Les impressions subjectives des participants

Nous supposons que l espace visuel commun, permettant au tuteur et à l apprenant de construire plus facilement leur compréhension mutuelle, les induirait à évaluer plus positivement la qualité de leur interaction communicative. Nous opérationnalisons cette hypothèse selon deux directions : l évaluation de la contribution du partenaire distant (impression centrifuge) et de sa propre contribution (impression centripète).

* L évaluation de la contribution d autrui (impression centrifuge)

Nous déclinons cette hypothèse en deux hypothèses opérationnelles :

H6a : le tuteur évalue de manière plus positive la contribution de l apprenant lorsque l espace visuel commun est disponible.

H6b : l apprenant évalue de manière plus positive la contribution du tuteur lorsque l espace visuel commun est disponible.

* L évaluation de sa propre contribution (impression centripète)

Nous formulons deux hypothèses relatives au jugement que le tuteur et l apprenant portent chacun sur leur propre contribution :

H6c : le tuteur juge sa propre contribution de manière plus positive lorsque l espace visuel commun est disponible.

H6d : l apprenant juge sa propre contribution de manière plus positive lorsque l espace visuel commun est disponible.

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5.3 Les résultats

Nous présentons les résultats suivant l ordre de présentation de nos hypothèses opérationnelles. Pour chaque hypothèse, nous avons vérifié leurs conditions d application et nous avons indiqué les cas où ces conditions ne sont pas respectées. Pour la vérification des hypothèses, nous avons utilisé des comparaisons a priori (contrastes linéaires) et nous avons reporté la valeur de la taille de l effet.

5.3.1 Les effets de l espace visuel commun sur le volume des échanges