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CHAPITTRE II : EVALUATION ET CONCEPTION DES SYSTEMES DE CULTURE

5.1 L’installation des céréales

5.1.2 L’itinéraire technique

5.1.2.2 Les travaux d’entretien des cultures

La fertilisation, le désherbage, la lutte phytosanitaire et l’irrigation recouvrent un très vaste ensemble de techniques et de moyens de produits de modalités, dont la mise en œuvre harmonieuse permet d’élever ou de maintenir la capacité des récoltes à des seuils élevés. Ces pratiques se considèrent comme signe d’intensification des cultures et par conséquence leurs applications ou non détermine le degré d’intensification des SdC (Tadesse et al., 2017 ; Pala et al., 2011).

Malgré l’effet de la fertilisation sur l’augmentation de l’efficience d’utilisation de l’eau et l’élaboration de rendement des céréales, leur pratique reste modérée du fait que parmi les 260 exploitions objet d’enquête 50% apportent des engrais de fond (MAP ou TSP) dont 58% d’une manière irrégulière. Pour l’azote la situation est mieux où 65% des agriculteurs pratiquent la fertilisation azotée sous forme d’urée 46%, dont 48% d’entre eux l’appliquent d’une manière irrégulière. Des différences notables entre région ont été enregistrées ; à Sétif uniquement 30% des exploitations visitées apportent de l’azote alors qu’à Souk-Ahras70% des unités de production apportent des engrais de couverture. Dans un travail similaire Hattab et Gaouar (2016) ont rapporté que parmi les 53 exploitations étudiées dans la commune d’El Ghor (Wilaya de Tlemcen), 8% uniquement font recours à la fertilisation azotée. Pour la région de Sétif Benniou (2008) communique un taux de 26% des 172 parcelles suivies, cela signifié que les progrès en la matière de la fertilisation azotée sont modérés. Dans les deux pays voisins (Maroc et Tunisie) la situation est pareil, un faible recours à la fertilisation azotée est observé (Annabi et al., 2013 ; Cossani et al., 2011).

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Les conditions climatiques se considèrent comme le facteur déterminant qui conditionne l’application ou non, les doses apportées, les dates et le fractionnement des engrais azotés (Annabi et al., 2013). Des réponses différentes envers la fertilisation azotée en zone semis aride de la méditerranée ont été révélées par plusieurs auteurs dont Anderson (1985). L’introduction de la fertilisation azotée constitue un évènement majeur chez 21% des exploitations durant les 10 dernières années. Le fractionnement des apports azotés constitue une innovation technique chez 7% des fermes étudiées. Ces deux évènements avec le désherbage marquent le début de l’intensification de la céréaliculture incité par le pouvoir publique à travers la politique d’intensification des céréales (Bessaoud, 2019 ; Djermoun, 2009). Les modalités de la fertilisation (date d’application, dose, type d’engrais, fréquence et fractionnement) ont été groupées en 7 kits de fertilisation. À par les conditions climatiques, les contraintes techniques (disponibilité des engrais et technicité), foncières et financières conditionnent les modes et modalités précitées ainsi que les kits identifiés. Le kit FERT3 qui regroupe les pratiques les plus intensives en matière de fertilisation est pratiqué par une minorité d’exploitations. Le kit FERT7 dont le taux d’intensification est très faible (faible dose irrégulière) est très répondu surtout à Sétif. La valorisation des prix à la production à partir de l’année 2008 a incité les agriculteurs à adopter une stratégie d’intensification des céréales, ce constat vient de la comparaison de nos résultats avec ceux obtenus par des travaux similaires dont ceux de Hattab et Gaouar (2016) et Benniou et Aubry (2012).

Moins de la moitié des exploitations étudiées pratiquent le désherbage, ce dernier joue un rôle important dans l’amélioration de la production des céréales. Parmi les 116 exploitations qui font recours au désherbage, 47% d’entre elles le pratique d’une manière irrégulière et pour les blés uniquement, dans un travail similaire Hattab et Gaouar (2016) ont trouvé un taux de 11 % uniquement. Les conditions climatiques et les contraintes économique (cherté des produits) constituent un frein au développement de cette pratique (Rouabhi et al., 2016b). Comme les autres pratiques les modalités de désherbage sont groupées en 5 kits dont le plus répondu est le kit DESH2 qui consiste à appliquer un anti-monocotylédone au stade tallage. Le kit DESH4 offre une couverture complète des messicoles il est répondu dans les grandes exploitations spécialisées dans la multiplication de semences.

La lutte contre les ravageurs et les maladies cryptogamiques est peu pratiquée, elle se fait d’une manière curative et pas préventive. Elle se limite aux exploitations qui travaillent selon un cahier de charge rigoureux (multiplicateurs de semences). Les 20 exploitations qui pratiquent la lutte phytosanitaire le font d’une manière irrégulière (même dans les années de

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forte nuisibilité). Les modalités de cette pratique sont groupées en 2 kits dont le kit TPhyto 2 est le plus répondue. Le diagnostic de la maladie, le choix de produit et la détermination avec exactitude du seuil de nuisibilité constituent des facteurs de réussite de cette pratique

L’irrigation avec ces 4 modalités constitue un levier d’intensification des céréales très important, car elle augmente le rendement et réduit sensiblement sa variabilité interannuelle. En zone-semis aride où les contraintes hydriques sont d’envergures, le recours à l’irrigation ne concerne que 14 % des exploitations étudiées dont 97% d’entre elles pratiquent l’irrigation de complément (irrigation d’appoint). Plusieurs chercheurs dont Bir et al., (2014) , Benniou et Van Damme (2014 ) rapportent le faible recours à l’irrigation de complément dans les régions semi-aride dont celle de Sétif. La faible disponibilité des ressources hydriques et du matérielles de grandes et petites hydrauliques explique cette situation.

La combinaison de tous les modes et les modalités des pratiques agricoles appliquées aux céréales d’hiver dans la zone de Sétif et Souk-Ahras, nous a permet d’établir une typologie des itinéraires techniques. Ces derniers classent les systèmes de culture en trois groupes selon les degrés d’intensification (extensif, semi intensif et intensif). Les résultats obtenus confirment le caractère extensif et semis intensif de la céréaliculture dans la zone d’étude où les itinéraires techniques de type ITK6 ITK2, ITK5, ITK7 et ITK8 sont dominants.

Le caractère extensif n’est pas une labelle algérienne car ce système caractérise 60 % des emblavures dans le nord Afrique (Maroc, Tunisie) (Nefzaoui et al., 2012). Pour faire face à cette situation les trois pays ont mobilisé plusieurs stratégies : Au Maroc le plans Maroc vert qui a adopté une approche ultra-productiviste est toujours critiquée par les environnementalistes (Akesbi, 2012), mais ce dernier a apporté un grand soutient à l’intensification de la céréaliculture à travers la création de plusieurs périmètres irrigués et l’introduction des techniques innovante, des résultats probants ont été enregistrés (Oulhaj, 2017). En Algérie la politique d’intensification des céréales entamé en 2004 dans le cadre du PNDA puis la politique de résorption de la jachère entamé la même année ont permet aux agriculteurs d’acquérir du matériel agricole moderne et de s’approvisionner en intrants à travers des crédits bancaires dont le crédit Rfig (Bessaoud, 2019). Les résultats sont encourageants désormais les rendements sont en progression d’une année à une autre (Djermoun, 2009). En Tunisie dès la crise des prix des céréales en 2007, une nouvelle stratégie céréalière (2009-2013) est adoptée une année après et dont les objectifs sont d’accroître la production et de réduire ses fluctuations afin de garantir des revenus stables aux

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agriculteurs, d’assurer la sécurité alimentaire de la population et de réduire le déficit de la balance alimentaire (Khaldi et al., 2010). L’augmentation des surfaces irriguées et l’utilisation abusive des intrants, pierres angulaire de cette politique, ont accentué la dégradation des ressources naturelles rendant ainsi les systèmes de production plus vulnérables et incapables d’assurer la sécurité alimentaire de la population (75% des besoins en blé tendre sont assurés par les importation) (Bahri et al., 2018 ; Khaldi et al., 2010).

L’intensification de la céréaliculture par l’augmentation de la sole irriguée et le recours massif aux intrants a contribué à l’amélioration des rendements, ces derniers restent au-dessous des attentes des parties prenantes. Cependant ce modèle productiviste va entraver la durabilité des systèmes de culture. Par ailleurs, l’agriculture écologiquement intensive offre de très bonnes alternatives à travers l’introduction des nouvelles cultures (légumineuses), l’adoption des rotations longues, le semis direct et le dry-farming. Ainsi on peut parler d’une autre approche agricole prometteuse pouvant prendre place parmi d’autres qui proclament respect de l’environnement et un rendement stable et performant.

6 Conclusion

La diversité des milieux physiques, du contexte socio-économique et du foncier ont influencé le mode d’organisation et de fonctionnement des exploitations agricoles et par conséquent les systèmes de cultures. Ces exploitations ont une surface agricole qui oscille de 2 à 780 ha, gérées par des agriculteurs âgés entre 24 à 83 ans, emploient en moyenne deux personnes. Parmi les 260 exploitations étudiées, 217 d’entre elles ont une orientation technico économique céréalière. La classification hiérarchique ascendante fait relever 8 classes d’exploitations qui se diffèrent par leur taille, leur statut foncier, la main d’œuvre employé. La typologie des systèmes de culture quant à elle fait révéler plusieurs combinaisons entre les trois composants des SdC. L’itinéraire technique avec ces kits d’assemblage des différentes pratiques à groupé les systèmes de culture en trois groupe selon le degré d’intensification : système extensif (28%), semi-intensif (62%) et intensif (10%). La fertilisation, le désherbage et l’irrigation sont les pratiques culturales la plus déterminantes dans cette typologie. Selon la rotation, les systèmes de culture ont été groupés en 6 groupes il s’agit des systèmes CérJW, CérJPât, MonCér, CérLég, CérPT et CérMar.

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