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CHAPITTRE II : EVALUATION ET CONCEPTION DES SYSTEMES DE CULTURE

II- PARTIE EXPÉRIMENTALE

5. La conception des systèmes de culture innovant: Un deuxième volet de notre travail

2.3 Analyse et discussion

2.3.1 Analyse descriptive des exploitations

2.3.1.1 Âges et main d’œuvre

L’analyse des résultats montre qu’au niveau des deux régions l’âge moyen est de 53,05 ans. Selon l’OMS cet âge est transitionnel entre la phase de maturité et le vieillissement. La tranche d’âge comprise entre 30 ans (phase de maturité) et 60 ans (âge de transition) représente 65% de l’échantillon étudié. 30% des exploitants ont un âge supérieur à 60ans. La frange d’âge inférieure à 30 ans ne représente que 5% des agriculteurs visités. Ce résultat montre que le secteur agricole est moins attirant aux jeunes par rapport à d’autres secteurs (services et bâtiment). Cette situation plonge ainsi ce secteur dans une crise permanente où des récoltes ont pourri sur champs faute de main d’œuvre (Benyoucef, 2016).

Au Maroc, L'âge moyen des exploitants est d'environ 52 ans, en Tunisie la situation est pareille, 46% des exploitants dépassent l’âge de 60ans (Khaldi et al., 2010 ; MARHP 2006). Par contre en France moins de 20 % des exploitants ont plus de 60 ans (Desriers, 2007). En termes de main d’œuvre, l’analyse des résultats indique qu’une unité de travail humaine (UTH) s’occupe en moyenne de 26,16 ha. Un coefficient de variation de 168% et une différence très hautement significative entre les deux régions d’étude (P< 10-3

) ont été enregistrés. À Souk-Ahras 36,6 ha en moyenne sont occupé par une UTH contre 12,8 à Sétif. Les résultats des travaux réalisés dans la région semi-aride de l’Algérie révèlent une hétérogénéité quant au nombre d’hectares dont une UTH peut s’occuper selon les types de cultures existantes et l’étage climatique de la région ; ce nombre varie de 1,7 ha/UTH jusqu’à 35,5 ha/UTH pour des surfaces agricoles comprises entre 7 ha et 155 ha. (Hattab et Gaouar, 2016 ; Bekhouche, 2011). La corrélation négative entre l’augmentation de la surface des exploitations et l’unité de travail humain est due à la mécanisation adaptée aux grandes surfaces qui se fait au détriment de la main d’œuvre et donc à sa réduction.

2.3.1.2 Surface agricole utile

La surface agricole utile des exploitations visitées affichent une moyenne de 55 ha, une étendue de 478 ha et un coefficient de variation de 128%. 10% des exploitations objet de l’enquête ont une surface de moins de 5 ha. Les exploitations bénéficiant d’une assiette

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foncière comprise entre un et 20 ha sont dominantes (35,5%), pour la zone de Sétif ce taux s’élève à 55%. Les résultats d’une étude récente mené par Bir et al., 2014 portant sur 128 exploitations de la région de Sétif confirment la faiblesse de la dimension foncière avec la dominance (61,7%) des classes d’ exploitations dont la surface est comprise entre 1-20 ha. Benniou et Brinis (2006) rapportent dans leur étude qu’environ 40 % des 120 agriculteurs enquêtés dans la région de Sétif exploitent moins de 20 hectares de surface agricole totale (SAT) et 10 hectares de SAU. Ghozlane et al (2003) dans une étude sur 56 exploitations dans le massif du Dahra (Chélif) au nord-est du pays confirme aussi la faiblesse de la taille des exploitations où la taille dominante est celle comprise entre 1-10 ha et 11-20 ha. À l’échelle nationale, les petites exploitations représentent 70% avec moins de 10 ha (RGA, 2001). La vocation céréalière, le recours massif aux locations des terres agricoles et l’établissement des associations avec les agriculteurs propriétaires des terres fait que les agriculteurs de Souk-Ahras exploitent plus de terre.

L’Algérie ne constitue pas une exception pour la taille des exploitations ; les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) cumulent 66% des exploitations de moins de 5 ha et 18 % des exploitions ont une taille qui oscille entre 5 et 10 ha. Ces deux catégories contrôlent 33,3% de la SAU. Pour la Tunisie, 75% des exploitations ont moins de 10 ha (Bessaoud et Montaigne, 2009) L’héritage et la succession fait que la part des petites exploitations est toujours en hausse, entravant ainsi l’application d’une agriculture intensive dans les régions favorable à la production agricole.

2.3.1.3 Répartition des exploitations

La surface moyenne des parcelles visitées est de l’ordre de 11,4 ha (11 ha pour la région de Sétif et 11,7 ha pour la région de Souk-Ahras). Cette surface est peu favorable au développement de la céréaliculture de point de vue technique (ne permet pas l’application de l’itinéraire technique approprié basé sur la mécanisation), et de point de vue économique elle n’assure pas un revenu acceptable pour l’agriculteur, du fait que le seuil de rentabilité de céréale (blé dur) est de 10 q/ ha en moyenne. Ce rendement est n’est pas loin de la moyenne nationale. La corrélation positive entre le nombre et la taille des parcelles n’est pas toujours vérifiées. La valeur agronomique des terres qui était la base de la répartition des EAC a été respectée lors de division de ces derniers en concession. Le problème d’éloignement des parcelles et d’accessibilité à la terre sont devenue des handicapes à l’application d’un itinéraire technique approprié (Abbes, 2004). Dans notre échantillon 48 agriculteurs ont des

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parcelles éloignées de leurs maisons, 176 ont des parcelles loin et autres près de leurs maisons et 103 (39%) possèdent des parcelles près de leurs maisons.

3% des exploitations visitées se composent de plus de 20 parcelles réparties dans plusieurs communes. La région de Souk-Ahras englobe la majorité de ces exploitations. La dispersion des parcelles et le morcellement de terres arables est un problème majeur. La limitation du morcellement a constitué une constante de la politique foncière de l’Algérie. Ce problème trouve son essor dans l’adoption des nouvelles lois régissant les modalités d’héritabilité des exploitations par les descendants pour les exploitations privées et l’orientation foncière pour les autres catégories.

2.3.1.4 Statut foncier des exploitations

L’analyse de la nature juridique des 260 exploitations enquêtées montre la dominance des exploitations privées avec71% en moyenne. Ce pourcentage s’élève à 75% pour Souk-Ahras. À Sétif les résultats trouvés (65% des exploitations sont des EAP) se concordent avec ceux trouvés par Bir et al (2014) (60%) et par Benniou et Brinis (2006) qui ont rapporté un pourcentage de 70% des exploitations privées pour un échantillon de 120 exploitations enquêtées dans la zone de Sétif, les EAI représentent 18%. Parmi les 140 exploitations visitées à Souk-Ahras 6,5% d’entre elles appartiennent au Arch, les exploitations agricoles collectives (EAC) représentent un taux de 4%. Cependant, parmi les 14020 exploittions que compte la région de Souk-Ahras, parmi les 14020, 87% sont des EAP, 10,6% sont des EAI et environ 2% sont des EAC (DSA Souk-Ahras 2015). Le recensement de 2001 donne une répartition à l’échelle nationale des exploitations selon leur statut juridique comme suit : 6% d’EAC, 11% d’EAI et 73% d’EAP.

2.3.1.5 Orientation technico-économique des exploitations

La majorité des exploitations enquêtées (55%) ont une OTEX céréalières, celles qui combinent les céréales et élevage représentent 35%. Les exploitations dont l’orientation technico-économiques est les cultures maraichères et l’arboriculture fruitière représentent 7% de l’échantillon. Les exploitations spécialisées en polyculture représentent 2,5%. La vocation des régions semi-arides est depuis l’antiquité une association entre la céréaliculture et l’élevage ovin, ce système jugé pertinent dans les années passées et actuellement sujet à un grand débat avec l’apparition de la limite de ce système en la matière de la satisfaction des besoins alimentaire de la population. Le faible taux des exploitations dont le système de

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production est mixte (céréales-élevage) est le résultat de la sélection des exploitations (la priorité est donnée aux exploitations spécialisé en production végétale). Dans une étude réalisée sur 260 exploitations à Sétif, Rouabhi et al., (2016a) ont rapporté que l’orientation technico-économique est fonction de l’étage bioclimatique et que la combinaison céréales- élevage est nécessaire pour améliorer les performances économique de la ferme et surmonter les contraintes climatiques.

3 Caractérisation et typologie des systèmes de culture

Les systèmes de culture pratiqués dans les hautes plaines Sétifiennes et Souk-Ahrasiennes ont fait l’objet d’une description détaillée concernant les trois composants du système à savoir, la succession des cultures, l’assolement et l’itinéraire technique.