• Aucun résultat trouvé

les toits

Dans le document Habiter le toit en pente (Page 78-88)

1-Photographie vue globale de la maison avec son terrain

2- Photographie de la mitoyen 3- Photographie de la façade principal Coupes et Axonométries du projet Source: mabire-reich.com

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

155

Histoire du projet

Nous sommes arrivés à Nantes en 2004, nous venions de Paris, avec l’arrivée de notre 3ème fille. Nous n’avions pas d’argent quand nous sommes arri- vés ici, mais l’espoir de commencer une nouvelle vie. «Nous étions tous les deux en agence à Paris pen- dant 6 ans. Avant de crée l’agence, il a fallu gagner sa vie. En 2006 ma femme Marie-Hélène s’est mise à son compte. «J’ai trouvé un emploi à Nantes comme nous avions pu travailler déjà avec Patrick Bouchain.» « Après avoir déménagé, nous avons trouvé du travail avec Patrick sur la restauration du centre commercial Beaulieu. « En 2008, il y a eu le projet Aimé Césaire, puis en 2012 le chantier a pu commencer. L’impulsion du projet s’est fait en 6 mois. Pour ce projet d’Aimé Cézaire, il y avait dès le début la volonté d’un tra- vail autour du toit. M. Mabire a été influencé par le travail de l’architecte japonais Takaharu Tezuka par ses réflexions du travail sur la question de l’occu- pation des toits, et sur ses projets d’habitats indivi- duels ou pour des écoles. M. Mabire a pu contacter l’architecte, mais la collaboration n’a pas pu se faire car trop compliqué pour produire à distance entre Nantes et Tokyo. Puis il y a eu la relation avec Bruno Mader qui a pu se faire plus simplement, et le projet du concours a pu enfin se lancer. Le projet de l’école est un travail à part entière et n’est pas lié au projet de la maison. «Il n’y a pas eu de postulat de départ, mais une volonté dès le début d’un rapport au pay- sage et au parc des chantiers.» C’est au final un sol en pente qui fut créé faisant référence également au travail du célèbre architecte Nimeyer. Nous n’avions au départ pas l’argent pour faire des gros travaux, mais nous avons choisi cette maison car nous voyions qu’elle avait du potentiel. Nous avons été content déjà d’avoir la maison que nous voulions. Nous avons laissé le projet quelque temps, ce qui a permis d’ha- biter la maison et de prendre des habitudes. Cela a également défini le projet, puisque nous ne voulions pas perdre les espaces vécus comme l’espace du jardin. La durée du projet avec les travaux a été de 3 ans. Une histoire de famille à permis d’avoir l’argent pour lancer le projet et les travaux.

Le site du projet se situe à Nantes, à Chantenay, un quartier implanté sur le Sillon de Bretagne, l’une des lignes de crête du massif armoricain. La parcelle de 300 m² accueille en son fond une petite maison. L’acquisition de ce terrain a été l’occasion pour les architectes de mieux découvrir le territoire à diffé- rentes échelles. Il ont pu par cette maison, découvrir un témoignage du passé ouvrier du quartier. « Ce qui a été observé dès le début, c’est le potentiel du contexte de cette maison avec son terrain. La mai- son était trop étroite pour suffire à contenir toute la famille, et le terrain en longueur permettait de pou- voir être investi. La question était, comment créer un trait d’union entre les deux éléments bâtis. »

Le parti pris du projet et les volontés.

C’est sur une parcelle d’un peu moins de 300m² en longueur, que les architectes ont vu le po- tentiel constructible qui était très ouvert, l’extension développe un volume supérieur à celui de l’existant. Ils vont réfléchir à comment implanter cette exten- sion par rapport à la maison existante. L’idée est alors de jouer avec les vues «  Le projet est une extension qui est une machine à capter les vues ». «Nous avons eu le temps de vivre dans le jardin de la maison, c’est un lieu que l’on a pu éprouver. Nous avons un peu fait une transposition de notre manière de vivre. Nous allions perdre quelque chose en construisant sur le terrain.» Il a fallu récupérer la surface perdue, c’était l’idée forte du projet gardé jusqu’à la fin. Les contraintes que nous avons vu directement sont pour commencer, le terrain qui est étroit, il ne fait que 8,50 mètres de largueur, ensuite la difficulté a été de travailler sur ce bâtiment mono orienté, il a donc fallu trouver des solutions pour faire arriver la lumière tout au long de la journée. Ce projet s’est monté à partir de discussions , des rituels déjà présents dans la maison, et de ce qu’ont aimerait pour notre quo- tidien. Cela a été notre mission, d’orienter le projet en terme de paysage, il y a un rapport évident au contexte. La qualité du terrain et son implantation, c’est d’être sur un point haut. Il y a des vues qui apparaissent, tel que le clocher de Vertou.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

157

Il y a tout d’abord la mise en place d’un par- cours constitué d’un jeu de terrasses successives re- liées par des rampes, formant un itinéraire s’ouvrant successivement sur un patio, le paysage du cœur d’îlot et le grand paysage des rives sud de la Loire. «Ce parcours sur le toit est la restitution d’un espace perdu qui est retrouvé.» Il faut faire un effort pour aller sur le toit, ce n’est pas un lieu où l’on va tous les jours, l’occupation du toit n’est pas entrée dans la banalité du quotidien. Le toit est un lieu personnel, il répond à des envies. Le toit est ici une promenade qui est offert. C’est un sol à parcourir mais qui n’est pas toujours accessible. Il est un lieu qui n’est pas voulu comme simple à y accéder mais comme une ascension, car le but n’est pas d’être habité au quoti- dien. Il n’est pas habitable sur le fait, il est seulement occasionnel comme l’espace peut devenir un belvé- dère, un espace où se recueillir, un lieu pour prendre l’apéro mais sans gêner le voisinage. Le toit est un chemin et une balade qui doit être intime. Le toit nous permet de profiter du soleil qui tourne, de pro- fiter jusqu’au dernier moment. Il cadre la vue, c’est une déclinaison de paysages qui défilent en parcou- rant le toit. Nous voyons jusqu’à St Sébastien, variété de la vue. Quand le temps le permet on peut y mon- ter, et quand il pleut le lieu n’est plus accessible donc il y a une relation avec le climat. Il y a une recherche de sensations qui est varié. Le développement de ce parcours définit une surface. Le volume situé en dessous de cette surface, constitue l’extension de la maison : un enchaînement d’espaces à vivre (salon, cuisine, atelier) reliés par des vues obliques, mis en relation par des jeux de niveaux, sans aucune porte intérieure. 

Cette maison veut questionner les distances du proche et du lointain et pouvoir habiter ces paysages, il y a la création d’un parcours intime. La «maison paysage» est non seulement un potentiel des rapports variés à l’extérieur, mais également un travail sur la matière qui constitue la création d’un paysage intérieur. La maison relie l’intérieur à l’exté- rieur par le toit, le toit crée pour l’intérieur des zones de compression et d’autres zones de dilatation. Ce qui est par exemple pour le dessus du toit un som- met, est pour le dessous, le principale lieu de vie qui est valorisé par une hauteur sous plafond élevée.« La volonté était de dévoiler la qualité du terrain et ce qui existait »

La vue intérieure du logement cadre la maison par la mise à distance créée par le vide, le patio valorise donc la maison existante. «Le plus impor- tant est le lien avec le paysage intérieur.» C’est une façon de vivre la maison, l’intérieur de la maison est très libre et est très ouvert sur l’intérieur du terrain. Des fenêtres très grandes sur le patio donnent un rapport avec l’intérieur de l’îlot. Cette large ouverture sur le paysage intérieur est la volonté de théâtraliser la maison existante. Mais il faut toujours penser aux qualités spaciales du dedans liées dehors, c’est un aller-retour entre l’intérieur et l’extérieur. Dans cet in- térieur créé, on y retrouve le salon en double volume, la cuisine et une mezzanine, qui a terme, peut être fermée pour constituer une chambre supplémentaire. L’enjeu est de conserver une perception du jardin qui est considérablement diminué par l’extension. L’inté- rieur de la demeure est très lumineux grâce à des verrières métalliques sur-mesure qui suivent la forme du toit, ce qui vient valoriser la verticalité du volume sous plafond.

La matière permet de dissocier l’extension de l’existant, des matériaux absents dans la maison. Il y a une écriture qui est différente de la maison et de l’extension. Mais c’est aussi deux manières dif- férentes d’habiter les espaces. Ainsi 2 types d’am- biance, une maison en pierre et une structure métal- lique et enveloppée de verre, créent deux zones thermiques différentes. L’extension est comme une serre. Ce projet a été fait avant RT 2012 donc nous avons peu créer quelque chose de très ouvert avec moins de complexité qu’aujourd’hui. Le dessous crée des volumes variés, qu’ils soient plus ouvert ou plus fermés, mais une lumière d’Ouest traverse l’intégra- lité des espaces. Une variation des volumes pour une distribution des pièces. Ce projet est constitué de pleins de vides. La structure métalliques permet une structure légère. Nous somme ici sur une structure en bac acier. Ce type de construction permet d’être monté en peu de temps. Il y a aussi un jeu de niveau de sol qui permet de diviser les espaces. La particula- rité de l’extension par rapport à la maison c’est qu’il n’y a pas de porte, ce sont des espaces libres. La nuit l’extension apparaît d’une grande légèreté.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

159

De plus, l’utilisation d’une structure métallique qui permet d’avoir des poteaux en H de grande portée, permet de ne pas interférer les volumes à n’importe quel endroit. L’intérieur est un mélange de bois et de métal, à l’extérieur également, mais pas dans les mêmes finitions, mais cela crée malgré tout une cohérence globale entre intérieur et extérieur.

Revenons sur l’extérieur de cette extension, le vo- lume apparaît comme un bloc massif taillé côté rue, se protégeant des regards indiscrets. Coté patio, la toiture se lit comme un ruban qui se déroule jusqu’au plus haut niveau. Celle-ci forme une terrasse qui offre également un espace extérieur supplémentaire avec son développé depuis la mezzanine jusqu’au niveau haut, par un jeu de terrasses en pentes. « Le toit est un lieu intime, c’est un espace qui se cache. »

La vie de cette maison

Le toit de la maison est peu meublé car il n’est pas facile d’accès si on est encombré avec un objet à la main. Le dessus du toit de cette extension est lieu particulier qui sert plus à des situations moins quoti- diennes que le dessous. Ce n’est pas fait pour s’ins- taller à long terme, ce n’est pas un lieu autant habité que les autres pièces, c’est un lieu qui doit rester exceptionnel, il n’est pas fait pour se l’approprier, il permet d’étonner son quotidien. « Nous avons déjà fait des événements dessus, ou nous invitons des amis pour prendre un verre. » « Sur ce toit on vient regarder les étoiles, c’est une pièce qui est ouverte sur le ciel et cela permet de sortir du cadre de la mai- son et de voir plus loin »

Une habitation qui apporte de la chaleur pour l’hiver grâce aux grandes surfaces vitrées, ces grandes ouvertures révèlent une façon de vivre avec un rap- port avec l’extérieur extrêmement présent. Le loge- ment à des pièces à vivre confortables grâce des espaces variés, qui sont possibles, car le toit est un moyen pour l’intérieur de dissocier les espaces et d’avoir une surface supplémentaire accessible qui se passe dessus. Cette surface est un lieu qui permet de se mettre à l’écart de l’agitation de la vie de la mai- son, de même, il est par sa position un lieu où l’on découvre toujours de nouvelles choses, c’est aussi un belvédère sur un territoire en mouvement qu’est la métropole Nantaise.

J’ai pu poser des questions plus précises sur le travail du toit à l’architecte. Tout d’abord, « Est-ce que c’est un espace très réglementé ? » D’après lui, il y a une question de politesse à avoir avec son voisi- nage. Il y a le fait qu’il faut bloquer la vue, et qu’il y a une distance de moins de 3 mètres à avoir. C’est quelque chose qui se dessine pour appréhender les risques. Mais ils ne vont pas naturellement contrôler dans ce quartier. Il faut identifier où sont les limites pour trouver une liberté d’action pour le projet. Il faut d’après lui, toujours contourner la règle.

Ensuite je lui ai posé la question suivante : «Quelles sont les progrès techniques, technologiques appor- tés les plus importants ? » « Ici, cela a été de trouver des solutions avec l’étanchéité de la surface pour ne pas qu’elle soit abîmée et que la structure métallique soit renforcée pour pouvoir supporter des charges. » « Est-ce que ce type de projet est de plus en plus demandé ? » « Pas spécifiquement, mais il y a une vraie conscience aujourd’hui sur l’impacte foncier du bâtie. Une surface libre existe sur les toits, donc il est dommage de ne pas l’utiliser, ce n’est pas rien, il y a la même empreinte qu’au sol donc c’est une surface qui peut être optimisée. Mais quand le budget est adapté, on donne la possibilité au toit d’augmenter sa fonction. »

Tous les projets à l’agence sont ultra dessinés. Il faut que les décisions soit franches et avoir une exigence de la réalisation. Il faut entreprendre, savoir redes- siner jusqu’à que se soit la bonne solution. Il faut penser à la perception des choses, les hiérarchisa- tions des informations que l’on veut faire passer. En effet un travail de loupe doit être réaliser, et le détail être contextualisé. Par exemple pour le garde-corps d’après M. Mabire, il a fallu ruser pour trouver un sys- tème. Il y a toujours des détails à penser, ici jusqu’à l’attache du garde-corps. Et l’attache coté patio n’est pas le même que celui extérieur. Nous n’avons pas été effrayé par ce projet, on a été en accord jusqu’au bout, on a assez discuter pour savoir ce que l’on voulait. Ce sont des certitudes et des doutes qui ont permis d’avancer. Pour faire ce projet, pleins de choses ont été testées avec des modèles Sketchup, beaucoup de maquettes et beaucoup de dessins. Il a fallu porter le projet jusqu’au bout. Il y a eu des arti- sans à l’écoute, ce qui facilite la formalisation et rend un moment de conception supplémentaire.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

161

Pour terminer, la question a été : « Aujourd’hui, si cela était à refaire, recommenceriez-vous ? Et quel avenir pour les toits ? » «  Aujourd’hui on ferait le même projet, on a toujours les même envies, mais c’est un projet que l’on ne peut plus faire de cette manière maintenant avec les réglementations ther- miques. Il faudrait une isolation améliorée, car au- jourd’hui le bâtiment ne serait plus assez performant, il y a des ponts thermiques avec les baies vitrées et avec la structure en acier. L’intérieur aujourd’hui pourrait être requestionné pour être en lien avec les besoins nouveaux. Il reste aussi des estrades en bois à faire à l’intérieur et l’occultation sur l’extérieur. Il y a toujours des modifications, des adaptations qui sont à revoir avec la pratique du lieu. L’utilisation permet de faire éprouver chaque détails. » « Dès que l’on peut, on fait un projet en lien avec le toit, mais il y a une économie de la couverture, souvent le travail de toiture traditionnelle est un moyen efficace de protection. Mais quand c’est possible, on a envie de pouvoir recouper l’espace de l’emprise du bâtiment. On a l’envie de pouvoir redonner du volume dispo- nible. Il n’y pas de volonté prédéfinie, ni de langage spécifique, le toit est en lien avec l’histoire d’un projet. »

Pour parachever cette étude, nous pouvons dire que cette maison essaye d’être la conséquence spatiale des visions différentes que l’on peut avoir sur le ter- rain. Le toit en pente permet aussi à la personne de se mettre dans des positions mentales et physiques différentes. Cette extension permet de multiplier les expériences d’un parcourt habité.

Photos de Guillaume Satre source: guillaume-satre.fr Photos de Guillaume Satre source: guillaume-satre.fr Maquette au 50ème de la maison et de son extenssion.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

163

Plans du projet,

1- plan de toiture avec l’accès sur le toit

2-plan de la relation du toit avec l’intérieur du logement 3- plan intérieur de l’extension et de la rénovation Source: mabire-reich.com

Photos de Guillaume Satre source: guillaume-satre.fr Photos prise sur le toits, vue sur le grand paysage

Photos sur les toits, vue sur la vie de la maison.

Vue intérieur de la maison.

pièce de vie Vue intérieur de la maison.Salle de bain.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

165

Il y aussi l’exemple du lieu où vivent les archi- tectes Godfroy et Margat, un logement entre le dessus et le dessous. J’ai voulu savoir comment ils en étaient arrivé à habiter sous les toits et si c’était une envie particulière. J’ai pu m’entretenir avec eux pour en savoir plus.

C’est avec M. Margat que j’ai pu discuter de leur projet et lieu de vie. La rénovation date maintenant d’ il y a 15 ans. Les architectes ont investi un ancien entrepôt d’une Rhumerie. Le bâtiment dépasse les 30m de long sur 10m de large. Il y a eu un change- ment d’affectation des lieux, il a donc fallu un permis de construire, car autrement, il pouvaient se conten- ter d’une déclaration de travaux. Les architectes ont réalisé ce chantier en 3 mois. La suppression a été le geste majeur de ce projet. « On avait des moyens limités donc on a pas changé les velux, on a surtout enlevé ce qui encombrait l’espace sous le toit, car le lieu était très cloisonné, c’était des chambres pour des ouvriers. On a pu avec ce type de chantier, arri- ver à avoir des travaux qui ne durent pas trop long- temps. »

Il y a aussi des réglementations qui ont contraint l’aménagement « On est en limite sépa- rative parce qu’on est entouré de voisins et on est en plein centre ville. Il y a des maisons qui touchent de part et d’autres ces limites, et donc le code civil empêche d’ouvrir des fenêtres à proximité des voi-

Dans le document Habiter le toit en pente (Page 78-88)

Documents relatifs