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Habiter le toit en pente

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Academic year: 2021

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HAL Id: dumas-01524649

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01524649

Submitted on 18 May 2017

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Habiter le toit en pente

Damien Luet

To cite this version:

Damien Luet. Habiter le toit en pente. Architecture, aménagement de l’espace. 2017. �dumas-01524649�

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École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes Séminaire de mémoire «Bien vivre» 2016

Sous la direction de Virginie Meunier et de Christian Marenne Mémoire de fin d’étude

Damien Luet

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Remercie

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Je tenais à remercier les personnes sans qui ce mémoire n’aurait pas pu aboutir.

Tout d’abord, les personnes qui m’ont encadré dans ce séminaire de mémoire,

Virginie Meunier et Christian Marenne. Je les remercie pour leur soutien et leurs orientations qui m’ont permis de mettre en forme cette approche difficile du thème du toit en pente.

Merci pour ce soutien continu durant toute l’année passée.

J’aimerais ensuite remercier les personnes qui ont répondu à mes messages, à mes appels, avec qui j’ai pu discuter afin de pouvoir avancer dans mes recherches.

Et enfin les personnes qui m’ont ouvert les portes de chez eux ou des biens qu’ils avaient en leur possession.

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Sommaire

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Introduction

1- Le toit en pente et son enracinement culturel

- Histoire des toits, de la nécessité au plaisir - Les toits d’ici et d’ailleurs, variations des pentes - Les territoires des toits, un espace qui fait rêver

2

- L’aménagement sous et sur les toits

- De la théorie à la pratique

- Structure de l’existant : définition de l’espace

- La pente et les usages : optimisation, le sur-mesure

- Rapport à l’extérieur : entre ciel et terre

3- Exploration de la vie cachée des toits

- Les logements sous les toits

- Habiter sur et sous les toits

- Les habitats perchés du centre Nantes

Conclusion

Corpus de projets

Bibliographie

Entretiens

Glossaire

p12-20 p23-69 p71-118 p121-198 p201-209 p211-258 p261-267 p269-273 p277-281

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INTRODUCTION

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Les toits dessinent le paysage des villes et des campagnes, ils dessinent l’horizon tout comme le fait le sol. Il y a un langage des toits qui est riche car le toit ne refuse pas la fantaisie. Il y a tout un éventail de formes de toitures, tout comme il existe autant de matériaux à son édification. On trouve alors des toits plus ou moins pentus, à une, deux, trois, quatre pentes et parfois plus. Les toitures en pente sont ce qui dessine le plus le paysage des villes. En France, ils évoluent selon les régions et les climats qui créent une appartenance locale. Les toitures, en ardoise et à forte pente, sont une des caractéristiques de la

région Bretagne. La ville de Dinan montre bien l’exemple de cette étalement de surface noire. Alors que les toits de tuiles à faible pente, sont une carac-téristique du Midi dans le Languedoc-Roussillon-Mi-di-Pyrénées, la ville d’Aigues Mortes, montre bien là aussi cet étalement de surface orange. Pour conser-ver cette harmonie du bâti, le toit est régi de règles avec plus particulièrement des règlements d’urba-nisme, qui se basent sur l’existant. Ces réglementa-tions permettent de conserver tout un savoir-faire dans le domaine de la toiture et de la charpente. Ce langage de la toiture cache tout une histoire. Ce qui interroge aujourd’hui : Est-ce qu’il y a encore des rai-sons pour continuer comme on le faisait avant si tout a changé ici?

Mais le toit est tout d’abord ce qui protège et fini les édifices, il est le chapeau qui termine la tenue. L’absence de toit laisse entrevoir un chantier, un abandon ou une destruction. On dit d’une personne sans toit qu’elle n’a pas de chez soi, pas d’adresse fixe, une demeure inachevée, est à la rue, abandon-née aux aléas climatiques, aux dégradations et à la peur. Le toit est donc important pour se sentir chez soi et protégé. La maison avec son toit en pente, est aujourd’hui encore encrée dans l’inconscient collec-tif, et reste une évidence dans ce qu’imagine la plus grande part de la population. Il y a à travers ce désir, la relation du rêve de la maison bourgeoise avec son toit en pente et son parc qui représente une certaine réussite sociale. Dans de nombreuses sociétés, on ac-corde un toit à quelqu’un que l’on souhaite protéger ou bien en échange d’un service. Le toit représente donc une richesse que l’on marchande.

Qui n’a pas jamais entendu dire de quelqu’un étant au chômage, qu’il a heureusement encore son loge-ment. C’est un bien qui crée aussi une sécurité. Mais il y a dans ce bien, certaines parties qui ont plus de valeur que d’autres, comme si vivre sous les toits était un lieu moins cher que le première étage.

Nous allons donc étudier comment l’intérêt pour les toits en pente a évolué, passant d’un abri de nécessité à un logement de luxe, et fini par se trouver au centre des intérêts pour le futur des bâtiments, plus particulièrement dans les milieux urbains. Nous nous concentreront spécifiquement sur les logements, de l’individuel au collectif, pour mettre en avant la richesse qu’abrite le toit, la manière d’y habi-ter chez soi, ainsi que sur le dessus qui s’ouvre sur un monde extérieur spécifique.

Le toit est pour commencer, constitué d’images sté-réotypées, qui l’enferme dans des

visions fermées et répétitives, de sa conception à sa construction. Le toit est figé dans du formol. Mais aussi le plus souvent, il est abordé seulement comme un lieu technique ou de protection. Pour autant c’est aussi des images qui activent l’imaginaire, celui d’habiter le toit, son dessus et son dessous. Ils se composent d’une dimension cachée, comme dans le livre de Gaston Bachelard avec son passage de la cave au grenier où il parle du grenier comme le lieu qui abrite les souvenirs.

En passant par les films avec «Paris nous appartient» de Jacques Rivette de 1961 ou «Mille millièmes» une comédie française réalisée par Rémi Waterhouse, sorti en 2002.

A chaque époque, les toits ont inspiré les cinéastes, les poètes, les photographes et les peintres... Les toits et leurs symboliques activent les imaginaires et les désirs, ce qui donne de nouvelles pratiques. Avec également de nouvelles passions qui sont de grimper sur les toits, de franchir les limites, et les risques pour aller où personne, ou presque, n’a jamais été. Aujourd’hui ces types de toiture sont plus profondément questionnés sur leurs usages. On peut prendre l’exemple à Paris, où les toits deviennent des lieux pour innover en apportant un nouvel usage de cette cinquième façade. Parmi les projets

soulevés, la création sur les toits de lieux festifs ou sportifs, de cultures maraîchères, ou encore de points de vue, ont été abordés. Les toits peuvent également être dès leur conception, réinterrogés plus profondé-ment sur ce qu’ils sont.

Avant tout chose, le toit c’est une surface oblique. L’intérêt porté alors à cette surface est aug-menté, et met en avant de nouvelles appropriations qui se font avec le corps qui est mis en mouvement. Tout ceci a donné des réalisations qui ont été faites ponctuellement au cours de l’histoire de l’architec-ture.

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Prenons 3 exemples pour illustrer les regards diffé-rents qui ont été porté à cette espace : La Casa Milà à Barcelone réalisée par l’architecte catalan Antoni Gaudí,

un édifice érigé entre 1906 et 1910, où le toit est un espace commun et les cheminées sont des statues. La villa Malaparte, de 1937 conçu par l’architecte Adalberto Libera ,

où le toit est un escalier et une terrasse qui permet d’épouser les décor rocheux.

Et plus récemment en 2001, la Roof house conçue par Tezuka, avec son toit en pente unique de 10%, qui se mue en terrasse praticable toute l’année, en augmentant la surface habitable de 100 m² et en fai-sant un lieu de vie à part entière, été comme hiver. Parallèlement à cela, les dessous des toits changent de valeur, car habiter sous les toits était le grenier ou la chambre de bonne. Il est devenu une vraie qualité atypique qui est recherchée, avec un rapport à l’exté-rieur plus vaste et par conséquent des apports de lumière plus riche. Un accès à la lucarne,

permet d’améliorer le quotidien, car c’est une ter-rasse bien plus vaste, plus grande qu’un balcon, un espace supplémentaire ouvert sur le grand paysage. La balade des toits permet d’être à l’écart du bruit de la ville, et de se retrouver dans une nouvelle dimen-sion de la ville afin de pouvoir méditer, et contempler le spectacle qui s’anime à chaque instant. Mais encore le toit en pente représente en ville un espace offert et pourtant inexploité avec de riches possibili-tés. Ils n’attendent que d’être utilisés en adéquation avec les problématiques actuelles et futures. C’est-à-dire, il y a la densification des villes, les performances énergétiques toujours plus grandes, ainsi que le changement du cercle familial, plus élargie et plus complexe.

Le toit en pente peut être l’image de l’arché-type, être accossier à la banalité ce que traduit cer-tain projet qui joue avec le toit comme avec la Vitra house de Hezog et De Meuron ou aussi avec les maisons de tokyo apartment de Sou Fujimoto qui cherche à détruit le modèle, trouver de la conplexité par l’inbrication.

Ce mémoire consacra le travail sur des espaces de vie qui se trouve sous et sur les toits en pente. Comment on peu vivre avec la pente ?

1- photo de francois drouin Sujet: Le toit de la Casa Milà

source: www.francoisdrouinphoto.com

2- photo de Iwan Baan Sujet: VitraHaus Herzog et de

Meuron Source: HerzogdeMeuron.com

3-photo de Edmund Sumner’s Sujet: Tokyo Apartment de Sou

Fujimoto Architects Source: www.aa13.fr

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Habiter sous les toits c’est avoir une relation accentuée avec l’extérieur, c’est resentir les change-ments climatiques. La pluie sur le velux, c’est aussi se sentir protégé. La pente permet de se sentir enve-loppé, donc augmente aussi cette sensation d’abris et de cocon. Un espace confiné mais où on se sent bien.

Le toit est donc un territoire caché et méconnu, mais qui permet ainsi de s’écarter des logements stan-dards et neufs qui imposent ces règles et une unifor-mité, vivre sous les toits est donc spécifique, il sort du commun. Il est soit subi, car vivre sous les toits est, quand il est peu aménager , un logment avec un prix abordable pour des jeunes étudiants, mais il peut être voulu, quand ce bien est conçu et valorise l’usage sous les toits.

C’est pourquoi nous nous poserons la problématque suivante suivie de ces hypothèses de réponses :

L’avenir des toits est-t-il sur la bonne pente? 1-Habiter le toit en pente c’est remettre en question

son archétype.

2-Habiter sous les toits par necessiter ou le souhait d’un lieu de vie atypique.

3-Le toit en penteest un univers à part qui se reinvente.

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Afin de mener à bien ce mémoire, j’ai procédé de la manière suivante. J’ai pu dans un premier temps me baser sur des recherches bibliographiques, mais aussi des recherches de références. J’ai multiplié les supports de recherches pour pouvoir avoir un angle de vue assez large sur le sujet, pour par la suite fil-trer les plus pertinentes. J’ai cherché à comprendre plus en profondeur la valeur qu’avait le toit en pente dans la relation à l’habitat. J’ai cherché à connaître les évolutions du toit et pourquoi on en arrive à vouloir habiter dans un grenier, sous le toit ou à vouloir être sur les toits.

Enrichi par cette première étude plus intellec-tuelle que pratique de manière spatiale, je me suis alors adressé aux personnes vivants dans des loge-ments sous les toits, qui ont travaillé sur ce thème. J’ai encore une fois multiplié les expériences et les rencontres, car cela m’a permis d’avoir la vision des architectes et des habitants à la fois, j’ai laissé se faire naturellement les entretiens, les visites, avec le besoin d’en savoir plus pour mes recherches. Certaines inter-views se sont passées par appel, alors que d’autres étaient sur rendez-vous. Certains m’ont même ouvert leur porte afin de discuter de leur logement. J’ai donc rencontré des occupants de logement sous des toits et des personnes qui ont travaillé sur ce thème en tant qu’architecte. J’ai pu voir le caractère unique de chacun de ces logements qui traitent sur ce thème. Ces rencontres m’ont permis de voir les qualités de vie et les inconvénients d’un tel logement, ainsi que les conséquences au quotidien sur le mode de vivre de ces occupants.

Mon travail va permettre de dévoiler et de poser les bases culturelles du toit en pente, afin de pouvoir comprendre les conséquences de la valeur du toit dans la conception architecturale, dans l’aménage-ment, pour ensuite voir comment travaille-t-on ce lieu particulier et comment le valorise-t-on pour pouvoir y habiter. Pour finir, je vais développer sur l’expérience des habitants vivant sous les toits, qui montre une diversité des modes de vie.

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Histoire des toits,

de la nécessité au plaisir

Tout d’abord nous allons voir d’où vient l’ori-gine du toit qui couronne la maison. C’est l’histoire du toit en pente et de son évolution. Le toit tout comme la maison fait partie de ces éléments cultu-rels et techniques qui évoluent avec lenteur, ce qui explique pourquoi la pérennité de certains maté-riaux et la longévité de certaines formes persistent. Certes, des innovations technologiques perturbent quelque peu les traditions (la charpente métallique, le béton armé, etc), des architectes marginaux et/ou audacieux imaginent des couvertures aux courbes et contours insolites, mais l’essentiel persiste, le toit vient couronner la maison. Mais malgré tout, il y a une évolution dans ce qui a été le toit. Le toit n’a pas toujours été distinct du mur et même le toit fut le premier élément de la composition de l’habitat. On comprend mieux pourquoi une maison sans toit n’est pas terminée, et qu’être sans toit fait de quelqu’un un sans abri. Nous allons voir alors quelle forme il prit pour commencer. Origine du toit, ce qui pro-tège. Au début de la préhistoire, les hommes étaient nomades. Ils se déplaçaient en fonction des saisons, des migrations du gibier. Ils s’abritent à l’entrée des grottes ou habitent des huttes faites de branchages, ossements et peaux. Puis, il y a environ 12 000 ans, l’Homme devient sédentaire ; il invente l’élevage et l’agriculture. N’ayant plus besoin de se déplacer pour trouver sa nourriture, il se regroupe et habite des villages aux maisons rondes faites de bois, de terre et de feuillage. L’intérieur de la maison est très sombre car il n’y a pas de fenêtre. Un feu installé au centre de la pièce éclaire l’intérieur autant qu’il l’a réchauffe. L’habitat se compose encore seulement par le toit. A l’Antiquité, la maison romaine utilise de la pierre, de la brique et des tuiles qui se généralisent dans la construction, à la campagne comme dans les villes.. Et partout aussi, les maisons des riches sont vastes et confortables. Elles ont plusieurs pièces (thermes, wc) disposées autour d’espaces à ciel ouvert et sont décorées. Mais dans les villages, les paysans conti-nuent de construire des maisons en bois et en argile. Les toits sont encore très souvent en chaume. Les conditions de vie ne sont pas faciles.

A la même époque, en Gaule, l’évolution de l’habitat est moindre. La maison gauloise est faite de matériaux disponibles à proximité, la structure et la charpente sont en bois, les murs sont en torchis et le toit est en paille descendant presque jusqu’au sol. Ensuite au moyen-âge, pour ce qui est de l’habita-tion paysanne : la structure de la maison est en bois, complétée de torchis, avec un toit en chaume. Chez les plus riches, un soubassement en pierre protège bois et torchis de l’humidité. Les ouvertures sont peu nombreuses et étroites, il n’y a pas de vitre, mais des volets. Peu à peu le foyer au centre de la pièce disparaît au profit d’une cheminée qui s’appuie sur le pignon. Au dessus d’une partie de cette pièce se trouve un grenier avec un plancher où il fait plus chaud pour dormir. Pour ce qui est de l’habitat urbain, dans les villes, les maisons sont étroites et bâ-ties en hauteur afin de gagner de la place. La pierre est au début du Moyen âge réservée aux édifices publics, religieux et à quelques maisons de «riches». Chaque étage déborde au-dessus de l’étage infé-rieur, selon la technique de l’encorbellement. Cette technique permet de gagner quelques mètres car-rés de surface habitable supplémentaire à chaque niveau, de protéger les façades à pans de bois de la pluie... La maison se composait d’un rez-de-chaussée en pierre de taille et de poutres de bois, avec une charpente de poteaux de bois dite à colombage. Les interstices étaient comblés soit avec des moellons re-couverts de plâtre, des briquettes jointées ou encore du torchis. Le rez-de-chaussée de l’immeuble est occupé par un artisan ou un commerçant. Le grenier n’est pas occupé, il est un espace technique. Selon l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, la lucarne apparaît au début de l’époque gothique : durant la période romane, les toitures sont planes et les combles per-dus. Au XIIIe siècle, les toits deviennent plus pentus et les combles sont aménagés en de grandes salles lambrissées des logis des grandes demeures (palais, château, manoir), ces salles nécessitant d’être éclai-rées et aééclai-rées. Les premières lucarnes recouvertes de plomb ou d’ardoises dans ces édifices sont en bois et à gable ajouré (souvent en arc tréflé emboîté dans deux potences). Les tailleurs de pierre emprun-tant par la suite cette forme aux charpentiers pour construire des lucarnes en pierre à gable et pinacle. Leur fonction décorative se développe au gothique flamboyant et surtout à la Renaissance pour redeve-nir plus simple aux siècles suivants. Au 16e siècle, la ville de Paris grandissait rapidement.

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Il fallait abriter un nombre toujours croissant de personne. Malheureusement, ou peut-être heureuse-ment, une loi interdisait de construire des maisons de plus de cinq étages. Un architecte inventif et rusé se dit alors : bon, puisqu’il faut se limiter à cinq étages, construisons des combles brisés qui s’élèveront presque verticalement, ce qui permettra d’aména-ger des habitations derrière. Cet architecte s’appe-lait Pierre Lescot ; il est connu aujourd’hui en tant que constructeur du Louvre. Mais son invention du comble brisé porte le nom de deux autres architectes qui en ont fait grand usage : François Mansart et son neveu Jules Hardouin-Mansart, premier architecte de Louis XIV. Et c’est grâce à eux que l’on appelle une chambre sous les toits «une mansarde». « La misère des métayers, dans leur maison, il n’y avait qu’une chambre, qui servait de cuisine et de tout. On n’y voyait guère non plus, car il n’y avait qu’un petit fenestron fermant par un contrevent sans vitre. Les murs décrépis étaient sales, et le plancher du grenier tout noirci par la fumée. » (Extrait de E Le Roy, Jac-quou le Croquant).

A la campagne, la plupart des paysans vivent encore en 1850, comme avant la révolution. Ils sont plus libres, un peu moins pauvres, mais ne se logent et ne se nourrissent guère mieux. En ville, les ouvriers sont très malheureux jusque vers 1860. Ils travaillent beaucoup pour de maigres salaires et n’ont aucun droit. Leur logement et leur nourriture sont misé-rables. Ils s’entassent dans les quartiers les plus délabrés des villes et occupent les taudis, les caves et les mansardes. Parmi ces gens épuisés par le travail, par les privations et souvent par l’alcoolisme, les maladies comme la tuberculose et les épidémies font d’énormes ravages.

Photographie toiture mansardé Bibliothèque nationale de France Source: passerelles.bnf.fr

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Dans l’immeuble du XIXe siècle, dans les constructions urbaines, le rez-de-chaussée appar-tient aux gardiens et aux commerces ; les personnes les plus riches habitent au premier étage et les per-sonnes moins aisées au-dessus. L’ascension d’un étage correspondant à la descente d’un barreau sur l’échelle sociale, les plus pauvres habitant les man-sardes, sous les toits. Les immeubles Haussmanniens sont un résumé de la société. Toutes les classes sociales ou presque y sont représentées. -Au rez-de-chaussée, on trouve les concierges, visiblement heu-reux de leur sort ! -Au premier étage, l’aristocratie ou la grande bourgeoisie, semble assez désœuvrée et vit dans un décor luxueux. -Au deuxième étage, la bourgeoisie aisée représentée par une famille unie. -Au 3e étage, la petite bourgeoisie parfois endettée, qui reçoit la visite d’un huissier.. Au dernier étage, les plus pauvres, artistes, famille sans le sou, personnes isolées… Mais à la fin du XIXe la hiérarchie est inver-sée dans les immeubles à cause de l’invention des ascenseurs, la bourgeoisie préfère les étages, plus de luminosité, de plus belles vues. Cela montre la rela-tion de l’espace sous les toits à l’évolurela-tion des tech-niques qui ont permis de l’habiter plus facilement et confortablement. Ensuite le travail du toit va vers un effacement de la recherche stylistique du toit.

L’architecture communément appelée moderne, dont le Bauhaus traduis sa pleine concrétisation dans les années 20, a ainsi écarté le toit en pente, jugé trop caractéristique de l’esprit bourgeois kitch. A ce titre, Berlin fut le théâtre d’une opposition des genres dans les styles architecturaux des toitures, opposant le classicisme germanique à l’esprit « oriental » des fervents défenseurs du toit plat. Le toit plat dans les années 1920 était pour les modernes une façon d’atteindre un idéal géométrique dont l’inspiration est à rechercher du côté de l’abstraction dans les arts plastiques. Aujourd’hui, cette approche semble avoir perdu de sa « modernité » et l’idéal géométrique a laissé sa place à une approche plus ouverte, où le choix des matériaux participe pour beaucoup au tra-vail créatif. Mais cela crée une rupture entre la vision de la culture moderne à celle de l’Après guerre, le dessin des façades et des toitures des immeubles d’habitation vont transcrire la réalité des nouveaux modes constructifs qui cherchent à industrialiser l’ensemble du domaine bâti. Cette industrialisation s’inscrit à même l’édifice en proposant des travées régulières.

Coupe de Bertall 1845

Source: www.demainlaville.com

Gustave Caillebotte, Rue de Paris, temps de pluie, 1877, Huile sur toile, original: 212,2 x 276 cm

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De plus cette industrialisation s’opère avec les premières règles de normalisation en 1941 au début de la seconde guerre mondiale. Après l’Armistice de 1940, se pose des problèmes urgents de recons-truction. Le régime de Vichy nomme une équipe d’architectes, dont Pol Abraham, pour mettre en œuvre la normalisation du bâtiment. Cette équipe met au point un catalogue de références techniques et élabore le principe d’un ‘’Répertoire d’Éléments et Ensembles Français’’ le R.E.E.F qui aujourd’hui actualisé, sert toujours de référence aux architectes. A partir de 1975, le développement des réseaux routiers, la démocratisation de la voiture, des loyers, des incitations gouvernementales et des prix d’achat élevés vont pousser de nombreux foyer à investir dans un pavillon de plus en plus loin en dehors de la ville, c’est alors que le toit, de manière standard et répétitif va être créé. Le toit va alors être un lieu où l’on aménage pour faire des combles ou non afin d’être une maison de pleins pieds. Ce système va cultiver l’homogénéisation et fixer une normalisation des milieux de vie.

Pour couronner cette histoire du toit, nous pou-vons dire que le toit n’a fait que d’évoluer au fil des siècles. Ce n’est qu’avec la patrimonialisation que cela permet de montrer ce problème d’aujourd’hui du conservatif et de la pauvreté stylistique mené par la globalisation des moyens de production. Le toit a divisé la société au fil des siècles, le confort est per-mis à une partie de la population riche, laissant une population pauvre vivre dans l’insalubrité. Mais aussi d’une manière stylistique, le toit à pris des courant divers, divisant la culture de l’abstraction à celle du désir, conservateur de la maison bourgeoise avec son toit en pente et son jardin. Les nouvelles techniques n’étaient pas accessibles à toutes les personnes, mais elles ont évoluées vers une amélioration des productivités permettant de les rendre accessible au plus grand nombre. A travers tout cela, il y a eu la volonté d’harmoniser par la normalisation, faisant perdre cette richesse de possibilités variées. Les toits étant liés à l’industrialisation de masse et au système globalisé, il y a une homogénéisation des formes de toits. Allons-nous alors seulement vers une normalisa-tion du toit et de ces espaces habités, aseptisés par tout rapport à l’extérieur, améliorations et sécurité à tous les niveaux pour éviter que personne ne fasse de bêtise ?

Source: http://www.apur.org/sites/default/files/documents/115.pdf, les fenêtre de Paris de l’atélier urbain de Paris de 2002

Yann Artus Bertand Zone d’habitations unifamiliales, à Chiang Mai, Province de Chiang Mai, Thaïlande

La Terre vue du ciel 2004

Yann Arthus Bertrand

Lotissement près de Gandrange, Moselle, France

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Mais malgré tout, il existe toujours des pay-sages de toits avec des langages différents selon les régions, afin de comprendre ses variétés de formes qui se sont enracinées. Nous allons décomposer ce qu’est le toit pour mieux comprendre comment il s’est mis en place différemment selon les lieux. Emblème de la protection, le toit s’accomplit en qualité d’abri. Mais qu’abrite-t-il ? De quoi pro-tège-t-il ? De toute évidence, des forces hostiles de la Nature que sont la pluie, la neige, le vent, le froid et la chaleur. Dame Nature reste une vieille dame au visage à double face. On s’en

protège lorsqu’elle se fait hostile et dangereuse, on l’invoque lorsqu’elle se fait clémente et généreuse. Depuis les Lumières, l’humain s’efforce de la maîtriser par la technologie, ce qu’auparavant il faisait par des invocations surnaturelles.

La fonction protectrice du toit renvoie à une qualité enveloppante. Ainsi, tel un vêtement, la toiture se nomme parfois couverture. Ne dit-on pas parfois que le toit est un revêtement ?

Les toitures inclinées sont le mode de couverture traditionnelle des bâtiments de l’Europe Centrale et de l’Ouest. Dans le passé, les combles n’étaient pas habités ; le toit avait comme principale fonction de protéger la construction contre les intempéries. À l’origine, le comble n’est pas systématiquement utilisé comme grenier. Le plancher épais des combles sert d’abord d’isolation thermique et de pare-feu en cas d’incendie. Les combles dégagés pouvaient donc servir de débarras des maisons, constituer originelle-ment le lieu de stockage des céréales, du foin dans les constructions rurales, ou de lieu d’étendage dans les immeubles en ville. Cet espace tampon entre l’extérieur et l’habitation était ventilé et permettait aussi de garantir une excellente protection contre l’humidité.

Source: «Le toit: Seuil du cosmos» 2003 de Thierry Paquot

Le grenier : D’extensions sémantiques en abus de langage, nous sommes pourtant parvenus à une sorte d’accord linguistique qui estime qu’un grenier, au sommet de la maison, ne sert à rien si ce n’est de débarras ; alors que les combles fournissent uni-quement une isolation naturelle sauf si l’on précise qu’elles peuvent être aménagées en pièce habitable. Hélas, les choses ne sont pas si limpides et méritent qu’on s’y attarde quelques instants.

Étymologiquement, « grenier » provient de « guer-rier » en vieux français, lui même issu du latin gra-naria, dont le sens est irréfragable : local d’entre-posage du grain. Il est d’ailleurs attesté dès le XIIIe siècle pour décrire différents types d’entrepôts agricoles. Mais nous nous intéressons ici à la partie supérieure de l’habitation que les Anglais appellent parfois, non sans une certaine poésie, « sky parlour », sorte d’espace en prise directe avec les cieux.

L’évolution des techniques ont permis aux toit de se requestionner et de se séparer de la simple fonction, il y a l’apparition de nouveaux langages des toits en pente.

L’utilisation actuelle des combles comme espaces habitables engendre une nouvelle conception de la toiture. Les combles sont alors chauffés et isolés. La toiture nécessite d’être ventilée afin d’éviter la pourriture des pièces de charpente et la proliféra-tion d’insectes exylophages, comme les capricornes. Une barrière vapeur doit alors être disposée du côté chaud de l’isolation afin de diminuer les risques de condensation dans l’isolant.

On dissocie ainsi les combles froids, des combles chauffés.

Mais encore aujourd’hui en s’installent en ville, étant étudiant, et sans trop d’argent, il est fort probable que la recherche d’appartement tombe sur un bien qui soit une chambre de bonne.

Les chambres de bonnes, typiques des immeubles haussmanniens mais pas seulement, naissent en 1830 en même temps qu’une nouvelle hiérarchie sociale citadine : les riches en bas, les domestiques, en haut. Cette hiérarchie, particulièrement bien imagée dans le film « Les Femmes du 6ème Étage », change-ra lorsque les banlieues instaureront une organisation de l’espace centre/périphérie.

On critique dès le départ l’insalubrité des chambres de bonne : un seul toilette sur le palier, en moyenne 9 mètres carré, elles sont comparées aux cellules des prisons.

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De nos jours, le prix du mètre carré en a fait des biens très intéressants pour les investisseurs qui les rénovent, ou non, et les propulsent sur le marché de la location.

À noter que la loi interdit de louer en résidence principale une surface habitable inférieure à 9 mètres carré et d’un volume inférieur à 20 mètres cube. Mais aussi aujourd’hui dans d’autres cas, l’évolution de la structure familiale conduit souvent les couples à envisager un espace habitable plus grand : soit en déménageant, soit en agrandissant leur logement par extension au sol ou par l’aménagement de leurs combles.

Vivre sous les toits des villes devient dorénavant confortable. Comme nous avons pu déjà le dire dans un premier temps, les bonnes habitèrent sous les toits de Paris puis se fut au tour de particuliers souvent pauvres, des marginaux, des étudiants ou encore des artistes. Ensuite, il y a par l’évolution de la technologie avec l’apparition de l’ascenseur, des fenêtres de toits de plus en plus grandes, ainsi qu’un progrès de l’isolation. Il y a alors une amélioration des conditions de vie sous les toits, par l’explosion de ces petits logements, en de vastes logements bien plus confortables, mais aussi par la standardi-sation massif des logements. Il y a alors la recherche de lieux atypiques «avec du cachet», habiter sous les toits devient rechercher. Ce type de logement fini par devenir prisé par une population aisée.

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Les toits d’ici et

d’ailleurs, variations des

pentes

Les toits sont construits avant tout en fonction du climat et des matériaux disponibles. Les toits jouent un rôle important dans le paysage urbain. Ils contribuent par leurs formes et leurs couleurs à l’identité de la ville. Pourquoi la silhouette des toits change-t-elle en fonction des pays et des régions ? Il s’agit principalement d’une question de climat : dans les régions pluvieuses, les toits fortement pentus permettent le ruissellement de l’eau afin d’éviter le pourrissement du bâti. Dans les régions où l’enneige-ment est important, le poids de la neige accumulée sur un toit de faible pente pourrait le faire s’écrouler. Partie constitutive de l’architecture, le toit appar-tient aussi bien à la structure qu’à la silhouette d’un édifice. S’il est destiné à protéger de l’eau, le bâti-ment qu’il couronne, n’en est pas moins le lieu d’une démonstration formelle, qu’exprime justement bien en français la notion de «couronnement».

Son étude croise aussi bien des probléma-tiques techniques (la charpente, les toits en terrasse) qu’esthétiques (volumes prismatiques de la char-pente, couleurs de la couverture), voire culturelles (usages des toits où l’on se promène), ouvrant sur des questions décoratives (ornements « affirmant » le toit, ornements masquant le toit) et identitaires (aires culturelles de certains types de toits, importa-tion de modèles « étrangers »). Cette partie va nous permettre pour finir, de sortir des lectures climatolo-giques ou exclusivement techniques, tout en réflé-chissant à l’échelle ici de la France et ces paysages de toits, mais en ouvrant sur des exemples. Pour cela, le toit en pente ce compose de deux éléments prin-cipaux qui sont la charpente et la couverture. Mais il y a également d’autres éléments qui composent les toits, qui sont les fenêtres de toit.

En France, il y avait une culture de la lucarne, il a alors fallu du temps pour que les ouvertures de type velux s’imposent et prouvent leur intérêt. Il y a aussi les cheminées, selon les lieux, des techniques variées vont être trouvées pour évoquer différemment la chaleur. Les gouttières sont des éléments importants pour évacuer l’eau et pour empêcher l’écoulement sur la voie publique et sur les personnes. Plus préci-sément, les traits caractéristiques de la toiture sont: la forme du toit, de même que celles des lucarnes, des cheminées et d’autres éléments secondaires; le matériau de recouvrement, sa couleur, sa taille et tout patron; des détails tels que les corniches, les encorbellements, les pignons, les avant-toits, les puits de lumière, les gargouilles, les bordures de toit (y compris les solins métalliques décoratifs, les faî-teaux et le travail en fer forgé tel que les crêtes), les gouttières et les descentes pluviales. Des formes qui varies selon les endroits. La simplicité et l’homogé-néité des toitures dessinent l’identité des paysages. L’unité entre les matériaux est indispensable à la qualité esthétique d’un environnement. Ils racontent une époque et témoignent du passé. La nature des matériaux issus du terroir donne aux bourgs et aux villes leur personnalité. Il y a tout d ‘abord des zones climatiques différentes qui composent le territoire français, pour définir la pente du toit qui permettra un bon écoulement des eaux de pluies. Il faut tenir compte de la zone climatique. En France, il y a 3 zones climatiques qui ont été déterminées Première Région. Nous allons voir maintenant étape par étape chaque matériaux utilisé. Chaque région à sa « per-sonnalité de toiture » construite à la fois à partir de son histoire, de son climat et de ses ressources.

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Il y a eu un intérêt pour le toit selon les lieux. Le toit a été une ressource d’occupation qui est diffé-rente selon le contexte. Il y a eu des moyens tech-niques très typiques à un lieu, comme les Altanes à Venise ou les toits prairie dans les pays nordiques. Pour commencer, la construction des « Altanes » remonterait au XIIème siècle…. Toujours à cause de la densité du tissu urbain et de la concomitance des canaux et de l’eau, de nombreuses maisons ne pou-vaient prétendre à une cour ou un jardin privatif…. C’est par la construction de ces « Altanes», originales et typiques, que les vénitiens récupérèrent de petits espaces aérés et ensoleillés, bénéficiant de points de vue remarquables sur la cité et la lagune…. A une certaine époque la plupart des maisons de Venise possédaient leur « Altanes », puis, du fait de leur entretien difficile de par leur construction en bois et suite à diverses interdictions de la République véni-tienne, de nombreuses disparurent, pour réappa-raître de plus belle à partir du XVème siècle…. Tout le monde a entendu parler du « blond vénitien »…. Jadis, il n’existait pas de teintures chimiques comme aujourd’hui pour se colorer les cheveux….Alors, pour acquérir cette belle couleur dorée, les vénitiennes s e séchaient les cheveux au soleil des « Altanes »…. A Venise on trouve aussi sur les toits, les cheminées qui marquent la ville, ce sont les cheminées vénitiennes. Il y en a quand même 7000, et ce nombre dépassait autrefois 10 000. Les cheminées vénitiennes typiques, telles que l’on peut en voir aujourd’hui un peu par-tout dans Venise, ont une forme architecturale carac-téristique, mais ont été conçues initialement dans un esprit pratique, comme cela est souvent le cas. En effet, les risques d’incendie, liés à la conjonction de l’utilisation de produits de chauffage produisant des escarbilles, et à la constitution des toits eux-mêmes recouverts de paille, étaient très importants. Mais aussi, il y a comme spécificité que l’on peut trouver ailleurs, les toits végétalisés qui sont utilisés depuis des siècles, dans les pays nordiques. C’est un système traditionnel nordique utilisé sur un toit en pente où de la tourbe est déposée puis de l’herbe y pousse, ce qui fait des constructions, des édifices intégrés dans le paysage , comme tous les autres systèmes de couverture. Elles sont faites de maté-riaux locaux immédiatement disponibles, bois, terre, végétaux, facile à travailler avec les outils existants et suffisamment isolants.

Photographie à Venise d’une Altane visible d’un canal et des personnes en gondole

Source: akomgo.com

Photographie d’une toiture végétale traditionnelle en Islande Non connu, Wikimedia commons, Domaine public

Photographie à Venise d’une -Altane Source: akomgo.com

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Photographie de paysage des toits de Aigues-mortes Source: lecrame.blogspot.fr

Photographie de paysage des toits de Quimper Source: PPhotographie de Fred Tanneau

Photographie de paysage des toits de Paris Source: Photographie de Axel Pieussergues Alex

L’importance du toit dans l’habitat est une question de typologie, autrement dit d’histoire et de géographie. De tous temps, sous nos climats, les maisons et les immeubles, à la ville et à la campagne, ont eu des toits pour des raisons techniques d’étan-chéité. Mais chaque région a apporté son particula-risme en fonction de son climat, des matériaux dispo-nibles et de la destination

de la maison, le tout produisant des savoir-faire de grande valeur patrimoniale.

Cette dimension d’identité régionale, très connue au point d’en être rebattue, n’a pas besoin d’être déve-loppée, mais il ne faut pas oublier combien le toit est, dans les paysages urbains et ruraux, un marqueur essentiel de l’identité locale, puisque le toit proven-çal n’est pas le toit breton, qui n’est ni le toit bourgui-gnon, ni le toit alsacien.

Son esthétique est attachée à une silhouette et ses lignes de force, à des formes, à des matières et à des couleurs. Le toit participe à l’identité de la mai-son, d’où l’importance du toit dans l’« invention » des styles régionaux (notamment basque et breton) et dans l’enracinement, si l’on peut dire, des critères de formes, de pentes, de couvertures.

Le toit résume à lui seul l’architecture de la maison (voir la poétique des toits de Paris, de Prague, de Cracovie, de Bruges, de Sienne, etc.).

A Paris, le toit gris est un marqueur de l’iden-tité de la ville. Ce territoire de zinc spécifique à cette ville, a entraîné la volonté d’inscrire les toit de Paris patrimoine mondial de l’Unesco. Le projet ambitieux initié par Delphine Bürkli, la maire du IXe arrondis-sement, en faveur d’une candidature des célèbres toitures au patrimoine mondial de l’Unesco, a été soutenu par un vœu unanime du Conseil de Paris en septembre 2014. Neuf mois plus tard, la démarche fait moins consensus. La maire de la Capitale sou-haite doper la surélévation et les Verts défendent la végétalisation des toits.

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Mais au fait, pourquoi gris et pas rose ou orange ? C’est parce qu’au 19ème siècle appa-raissent les premiers toits gris de Paris. La ville est alors en plein essor démographique. Il faut donc mo-derniser la ville pour redonner un nouveau souffle aux habitants. C’est Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine, qui entreprit les travaux de construction, sous l’égide de Napoléon III. Le zinc est très léger et facile à manipuler, il permet aussi d’augmenter la hauteur des toits et donc de faire plus de place aux locataires. Selon alors le système de couverture mise en place, cela interfère à l’espace habitable.

C’est pourquoi à Paris il y a une relation entre le pay-sage du toit en zinc et des chambre de bonnes qui sont un phénomène particulièrement prégnant. C’est alors que l’espace de vie est lié à la place que prend la charpente.

Nous allons voir maintenant les différentes char-pentes, de la plus encombrante à la plus facilement aménageable.

La ferme latine étant la charpente la plus encom-brante, quand elle est de petite portée, complique la circulation, mais le volume entre deux fermes peut être satisfaisant pour un aménagement si la hauteur du faîtage est suffisante. Pour une ferme à entrait retroussé, la charpente reste très présente mais l’entrait retroussé libère le volume. Et au mieux, la ferme à la Mansart permet le volume le plus confor-table. Tous ces types énoncés précédemment sont ce qui compose les combles traditionnels. Mais il existe aussi des fermettes industrielles en W, en général espacées de 60 cm, donc impossible d’habiter en l’état. Pour être habiter, il faudra renforcer le plancher qui n’est en général pas conçu pour supporter les charges normales d’un usage d’habitation ( de 150 à 200 kg/m²). Rare dans les immeubles collectifs. Ce type de fermette est présente dans les maisons indi-viduelles standardisées construites à partir des an-nées 60. Le comble du toit n’est plus grand chose. Il est plus que l’ombre de lui-même, un lieu qui permet d’écouler l’eau. Le comble à perdu de son sens et la toiture n’a plus aucune poésie à part être intégrée dans le décor.

Le toit, par cette particularité selon les régions, entraîne des réglementations qui viennent encadrer l’aménagement sous les toits. Ces agencements viennent entraîner des modifications donc il dénature l’existant. Le projet peu créer de nouvelles vues, par la création de fenêtres de toit, verrières ou lucarnes. Il y a alors des démarches administratives et des de-mandes d’autorisation qui sont à prévoir. Il y a aussi des demandes à prévoir envers la copropriété dans un immeuble, car le dessus de toit n’appartient pas seulement à la personne sous le toit. L’aménagement de comble à usage privatif n’implique pas la privati-sation de la toiture.

Carte de France qui est divisée en trois zones climatiques

Ces trois zonez prenent en compte l’altitude, la force des vents domi-nants, les taux et la fréquence des tempêtes. La géographie et le climat. Source: www.tuilescobert.com

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Ces règles restent encore propre à un lieu afin de toujours respecter sont homogénéité. Mais cela montre une limite pour pouvoir enrichir, et montre également un cloisonnement de pensées qui ne permet pas d’essayer de remettre en question l’exis-tant, ou même de proposer des nouvelles solutions. Comme si tout avait été pensé comme il le fallait, et comme si ce qu’ils imposaient était la seule vérité. De plus, l’accumulation des règles et des performances à atteindre pour être en règle, limite les possibilités et ne permet qu’une certaine direction à suivre obli-gatoirement.

Pour finir sur cette partie, nous pouvons dire du toit en pente qu’il se décline de plusieurs formes et se lie à des régions et traditions qui se sont mises en place et greffées comme un patrimoine visuel essentiel. Le toit est alors un des éléments le plus lié au contexte car il est ce qui protège, ce qui unifie... Ce patrimoine est aujourd’hui remis en question avec le système économique qui ferme l’accès à des ressources locales. Aujourd’hui cela questionne sur l’avenir et sur les solutions à trouver afin de voir comment le toit pourrait avoir des opportunités à interroger le sys-tème qui est mis en place.

Mais ces caractères de toits, ces paysages, font aussi rêver et sont rentrés dans un inconscient commun. C’est aussi un lieu qui est pratiqué par des rêveurs pour nous amener dans un autre monde. Mais d’où viennent ces rêves ? Et où nous amènent-t-ils ? C’est ce que nous allons voir dans cette dernière partie.

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Les territoires

des toits, un espace qui

fait rêver

La langue française montre bien la richesse qu’abrite notre relation au toit, les expressions liées aux toits, « avoir un toit », « Le toit du monde », « Crier  sur tous les toits » .

C’est tout d’abord, l’enracinement culturel du toit en pente qui vient alimenter les rêves des maisons. Le toit en pente comme conforme au choix de la pensée collective actuelle et passée, est un marqueur cultu-rel. Pour appuyer ce propos, nous pouvons prendre le travail d’Edward Hall, « La dimension cachée » qui met en avant la relation de la culture à l’espace. Ou pour Bachelard, la maison était “ une des plus grandes puissances d’intégration pour les pensées, les souvenirs et les rêves de l’homme ”.

De même que le grenier, qui est pour lui l’endroit le plus proche du rêve puisqu’il stimule la rêverie avec ses ombres et ses souvenirs conservés dans un album familial, sec et glissant de sépia, la maison totale perpétue le silence, le repos, l’abri que l’humus natal consacre comme expérience primordiale, une huma-nité fragile et en quête de mémoire.

De la protection des souvenirs et des rêves à son évasion par la lucarne sur le territoire inconnue des toits. Habiter sur les toits c’est ne plus être au niveau du sol en lien avec la terre comme le fait une maison qui s’enracine. Ici, sur les toits, c’est être comme sur la mer où le ciel n’est plus filtré par la protection du toit. La vie qui se révèle par le toit, les cheminées montrent en hiver une partie de vie du dedans. La cheminée, symbole du confort par le feu qui permet la chaleur du foyer où toute la famille se réunie.

Par le toit en pente ont trouve aussi une dimension de l’espace caché qui se dévoile dans les films, un lieu où l’on passe dans un autre univers, du sol au toit. Que ce soit pour tourner une scène de pour-suite, rechercher l’inspiration dans les hauteurs, capturer la photo parfaite ou simplement profiter de la vue entre amoureux. Le toit renferme alors un lieu hors du temps.

Source: «La poétique de l’espace», 1958 de Gaston Bachelard «La dimension cachée» 1971 d’Edward Hall

Au cinéma, le toit permet d’être un lieu à part entière où il montre aussi un point de vue sur une ville comme Paris, où le côté pittoresque et roman-tique est accentué. Il nourrit les rêves des petits et des grands quand nous regardons les Aristochats, ou quand nous lisons un Arsène Lupin, un Fantômas... toute cette littérature qui a été ensuite adaptée au cinéma.

Des films qui mettent aussi en avant les toits d’une architecture par sa spécificité, vient participer à l’œuvre du cinéaste comme dans Le Mépris en 1963 de Jean-Luc Godard.

Photo Extrait du film Les Aristochats 1971

Photo extrait du film Le Mépris 1963 de Jean-Luc Godard Photos d’un grenier est un lieu avec peu de lumière.

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Oeuvre : Capture écran du film Inception de Christopher Nolan en 2010 où les toit de Paris se montre et deviennent une surface Source : the redlist.com Oeuvre: Affiches de films 1- Jacques Rivette en 1961 2- De Hiner Saleem en 2007 3- Rémy Waterhouse en 2002 4-livre de Pierre Souvestre et Marcel Allain, paru en 1911

Source : the redlist.com

Oeuvre : Capture écran d’un film de Jacques Tati, M. Hulot sous les toits de l’hôtel de la plage Source : the redlist.com

Oeuvre: Affiches de films, «Ne le criez pas sur les toits» de J Daniel-Norman en 1943 et sous les toits de Paris de René Clair en 1930 Source : the redlist.com

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Dans l’art d’hier, en peinture, les paysages des toits sont un thème d’inspiration pour les grands noms de l’impressionnisme et du cubisme. Les toits sont des formes complexes qui s’imbriquent. Les ar-tites ont vue avec le toit en pente, un thème concret qui joue naturellement avec les aplatissements de plans, de jeux continuels d’ombre et de lumière sur une surface toujours en mouvement.

Dans l’ordre de gauche à droite,

Georges Braque (1882-1963) Le Viaduc à L’Estaque,1908 Huile sur toile, 72,5 x 59 cm

Vincent van Gogh (1853-1890) La nuit étoilée 1888 Huile sur toile H. 72,5 ; L. 92 cm

Picasso-resesrvoir-de-la-horta 1909 huile sur toile (61.5 x 51.1 cm) Robert Delaunay la ville 1910 huile sur toile (145 x 112 cm)

Van Gogh, Vincent Vue sur Paris de Montmartre

Source : theredlist.com Source : theredlist.com

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Mais encore aujourd’hui le toit en pente est un sujet pour réaliser une œuvre, avec par exemple des installations d’artistes. L’art et les surfaces des toits en pente. Un espace où les artistes aiment imaginer des expériences.

Le travail de Varini par exemple, questionne le point de vue par les toits, comme il a pu le faire à Saint-Nazaire. Comme de nombreuses œuvres de Varini, il s’agit d’une anamorphose, ici une suite de triangles rouges, qui ne peuvent être perçus conve-nablement qu’à partir d’un unique point de vue. L’observatoire du toit permet de dévoiler la ville, de la requestionner.

Varini dit qu’il inverse le processus d’un peintre traditionnel, car historiquement les peintres allaient dans la nature. Un contexte pour le peintre, alors que lui va dans la nature pour peindre directement sur le support qui est la nature. Pour Varini les toits sont un ensemble d’architecture et il joue avec ce que donne ces architectures. Le toit est alors un terrain de jeu qui lui permet d’être libéré du cadre et pour ces interventions sur les toits, c’est une relation de frag-ments, qui composent un tout.

Il y a toujours un moment où le toit est en jeu quand on sort du cadre.

Pour Varini la ville a toujours été un lieu a pratiquer: « Avec mes copains dans mon enfance en Suisse, la ville était notre bac à sable »

Dans la photographie, les toits ouvrent des perspec-tives inhabituels, des paysages à un voyage au des-sus de la tête. Partir en voyage ne veux pas toujours dire aller loin, c’est surtout

permettre de changer d’air et de regard sur son quo-tidien.

Oeuvre : Suite de triangles Lieu : ST Nazaire 2007 Source : lutinvert.canalblog.com

Oeuvre :Double disque évidé par les toits Lieu : Salon-de-Provence 2013 Source: www.exponaute.com

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J’ai pu interviewer Alain Cornu, photographe, qui a porté son regard sur les toits et plus particulière-ment sur une vision inhabituelle de la ville de Paris. Son regard sur les détails des toits montre la richesse d’expressivité de ce lieu où chaque angle de vue mène sur des perspectives nouvelles qui en fait un paysage que l’on ne se lasse pas. Le travail a été de révéler l’esthétique urbain pauvre, ces éléments se renouvellent à chaque toit.

« Je pensais que j’allais prendre 3/4 photos et puis après m’arrêter, car j’allais m’ennuyer mais j’ai été surpris des découvertes que j’ai pu faire»

« Ce qui m’a interpellé, ce sont les fils de connexion... pour les paraboles. C’est fou, ils ne sont pas proté-gés. C’est un joyeux bazar qui se cache sur ces toits » « Les monuments ne sont pas ce qui m’intéresse le plus, c’est plutôt la matière, les murs, les chemi-nées.... Le travail a plus été un jeu avec les bâtiments, la construction des bâtiments et la lumière dans l’image. C’est un travail avec la lumière la nuit, mais sans montrer la vie à l’intérieur comme le fait Gail Albert Halaban parfois sur les toits. Ici le travail est plutôt d’évoquer la vie à travers la fenêtre, faire appel à l’imagination comme le fait ce lieu. »

Son travail date de 2009, mais il a fallu attendre avant de voir sont travail exposé.

Il y a eu des photos présentées lors d’une exposi-tion en 2015 dans le cadre du projet d’inscription des toits de Paris au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais pour le photographe, les toits ne doivent pas être conservés, ils doivent être un lieu dynamique et être valorisés pour produire de l’énergie solaire ou du lien entre les gens.

Exposition Sur Paris 2015 source: Alain Cornu Photographe http://www.alaincornu.com

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59 Exposition Sur Paris 2015

source: http://www.alaincornu.com

Photographe: Alain Cornu

Le regard d’un photographe sur l’architecture des toits, vient révéler l’attention apportée à cette espace.

La méthode pour pouvoir prendre ses photogra-phies.

Le travail a été d’abord de mettre en confiance, mais aussi de convaincre en montrant des photos, de se servir d’un réseau, quelqu’un qui connaît quelqu’un pour pouvoir trouver plusieurs sites. Il a mis du temps à trouver, cela prend du temps de s’aventurer sur les toits. « C’est un lieu compliqué à accéder »

« J’aime bien la montagne et pour aller sur les toits c’est comme une ascension »

«  Les autorisations d’accès aux toits sont compli-quées, alors il faut se débrouiller »

Ce qui à inspiré Alain Cornu, c’est le travail d’André Kertész, ses photographies sur les toits de Paris, son regard sur ces toits.

Les étudiants à Paris qui montent sur le toit pour faire une fête, c’est un espace de liberté, un espace non contrôlé, un lieu de romantisme qui reste gravé dans les souvenirs.

« Un souvenir de jeunesse de soirée sur les toits » d’après Alain Cornu.

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61 Lecture sur les toits

de Paris André Kertész Photographe source: http://www.photogriffon .com/

Tout ceci montre l’inspiration que le regard porte sur ces toits, rapport aux rêveurs.

C’est un terrain de jeu unique, qui est la représenta-tion d’une ville, fait parti de son image. Pour Paris, les toits font partis des clichés incontournables, dignes des meilleures cartes postales.

Les toits gris de Paris ont toujours fasciné. La couleur grise des toits fait partie intégrante de la représen-tation imaginaire que l’on peut se faire de Paris. Et les Parisiens cherchent à préserver ce patrimoine. Une candidature a été déposée auprès de l’UNESCO depuis 2014 pour faire rentrer

les toits de Paris au patrimoine mondial. C’est un sujet d’actualité car Anne Hidalgo, actuelle maire de Paris depuis 2014, a pour but de faire du toit un bien commun qui est projet pour le futur. Antonio Torres est un architecte travaillant à Paris que j’ai pu interviewer, mais dont je parlerai par la suite. Il m’a expliqué que la ville amène déjà à intervenir sur la question du logement en lien avec les toits. Ce qu’il montre, est qu’il y a un désir de cet espace.

Les toits de Paris sont dans l’inconscient collectif, c’est le lieu qui renferme le plus de travail artistique-ment mené. Si je prends les toits de d’autres villes comme Lyon ou Nantes, il n’y a pas d’image qui est renvoyée spécifiquement en lien avec la produc-tion culturelle. Alors que comme on a pu le voir, ces œuvres incitent les rêves, mais tout ceci ne permet-t-il pas aussi aux habitants des autres villes à s’imagi-ner les mêmes scénarios ?

Il reste alors à les valoriser par des travaux pour en dévoiler leur identité.

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Paris fait parti de ces territoires des toits cé-lèbres qui ont inspiré les artistes les plus renommés. Ils ont porté un regard particulier sur les toits. A toutes les époques, les toits de Paris ont été un sujet d’inspirations pour les artistes. Leur cohérence glo-bale de couleurs, de hauteurs, de matériaux, se pose en opposition à leur multiplicité de formes et d’orga-nisation qui les caractérisent. Les toits parisiens sont en effet très liés au terme d’artiste « bohème » sans le sou. En effet, l’investissement des greniers et sous pentes a toujours été une tradition à Paris, et beaucoup de petits appartements, de chambres de bonne, sont alors investis par des artistes souvent pauvres. A travers les fenêtres on peut voir tout Paris, grimper sur les toits... On trouve donc souvent dans les peintures, poèmes, l’imaginaire du toit, souvent dans le quartier alors populaire de Montmartre. Au milieu du 20ème siècle, dans le petit appartement de toiture de Boris Vian, se trouvent par exemple Appo-linaire, Picasso, Braque... On y vit « La Bohème » de Charles Aznavour, dans des petits ateliers, un œil sur une toile et l’autre sur les toits de Paris.

1° -Vue des toits, Vincent Van Gogh, 1886 source: theredlist.com

2° -Vue de toits, Gustave Caillebotte, 1878 source: theredlist.com

3°-Sur les toits de Paris, Cezanne, 1881 source: theredlist.com

4°-Les toits de Paris, de Staël, 1952 source: theredlist.com

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Chacun a en tête une séquence, une réplique, une chanson à évoquer qui se rapporte à Paris. Les toits de Paris en cinémascope raisonnent de pour-suites haletantes et violentes, de versant en versant, de sauts dans le vide ou à travers des verrières en sucre. Jean Paul Belmondo, l’archétype du voyou sympathique, en a fait son fond de commerce! (Peur sur la ville - 1975)

Pour d’autres, les toits de Paris au cinéma consti-tuent le terrain de jeu de Jean Pierre Leaud dans les Quatre cents coups (1959). Ou l’écrin de baisers célèbres, de serments nocturnes et de phrases défini-tives devant des couchers de soleil artificiels.

Du rêve au cauchemar, vivre sous les toits permet d’accéder à la joie d’être en ville mais à quel prix. Plus particulièrement à Paris, où les prix sont élevés pour se loger, les combles dans les anciennes chambres de bonne sont pour beaucoup une néces-sité. La vétusté des lieux, un lieu non isolé, donc en relation direct avec le climat extérieur, mais aussi un lieu sans intimité. Un appartement sans sanitaire et où il faut traverser un couloir et obscure.

Extrait du film «Les Quatre Cents Coups» 1959 François Truffaut Extrait du film «Peur sur la ville» 1975 Henri Verneuil

Source: «Le Pauvre Poète» 1839 de Carl Spitzweg

Photographie d’unechambre de bonne insalubre Source federationcnl95

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A la découverte des lieux secrets des toits, les explorateurs des vies sur les toits sont des toituro-philies ou des stégophilies. Ils sont motivés par le désir de découvrir de nouveaux lieux sur les toits. Leur activité se pratique généralement de nuit, à la faveur d’accès le plus souvent illégaux. Certains cependant obtiennent des autorisations, notam-ment dans le cadre de campagnes d’entretiens ou de reportages photographiques. Certaines églises ou grands magasins ouvrent l’accès de leurs hauteurs au public, à titre onéreux ou gratuit. Les toiturophiles ou aussi appelé en anglais « rooftopping » montre l’intérêt de la vision sur les toits pour comprendre et observer les détails des monuments de la ville. Cette activité est une des rares permettant d’approcher de près des éléments architecturaux normalement hors de portée. La découverte des cathédrales par les parties hautes révèle des surprises inattendues. Même à plus de 60 mètres de hauteur, les décors et sculptures sont d’une finesse et d’une précision inouïe. Des détails ou des œuvres, invisibles depuis le sol, sont ainsi observables en hauteur. Le bâtiment devient palpable, permettant de s’approcher et de mieux comprendre ces ensembles complexes. Le territoire n’est plus un simple territoire visuel mais il devient aussi un territoire à pratiquer. Il y a le rêve de découvrir des lieux inconnus. Ce n’est pas une pratique récente car on retrouve la même exaltation dans « The Night Climbers of Cambridge » paru en 1937 et devenu culte depuis lors. « Arrivé à l’un de ces extraordinaires sommets […], on a conscience de son insignifiance », écrit Whipplesnaith, un étudiant de l’époque.

La contemplation sur les toits permettent de s’évader.

Nous avons pu voir que l’espace sous les toits est un lieu mystérieux, qui renferme les souvenirs d’une vie passée. Celles des vies de chambres de bonne et des objets de la mémoire. Il y a le désir d’un rapport au toit de se sentir protéger, mais en même temps de se sentir libre par l’indépendance à ces voisins, c’est une ouverture sur de grandes perspectives, paysages multiples par la mise à distance avec la rue et avec le monde réel.

Photographie de Olivier MAUCHAMP

Source: www.flickr.com/photos/oliviermauchamp

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Pour conclure cette partie de l’enracinement culturel du toit, nous pouvons dire que le toit en pente a évolué toujours dans une volonté de pro-grès, et s’est toujours adapté au lieu où il se trouvait. Ce que le toits en pente révèle, c’est cette relation profonde au contexte, le toit est adapté au climat, au ressource, il contraint mais pour être le plus en fusion avec le milieu. Habiter ce toit, c’est alors mieux comprendre où on habite, mieux saisir sont terri-toire. C’est un lien physique, matériel et intellectuel. Mais aujourd’hui, le progrès du toit ne peut aller que dans une direction imposée par tout un ensemble d’éléments qui ne permettent plus d’interroger cet espace. Alors que c’est un espace qui fascine et qui attire.

Malheureusement le seul but des acteurs pu-blics est de réguler les actions, et cette vision est uniformisée par un système industriel qui le valorise. L’évolution de la technicité nous permet pourtant aujourd’hui de franchir sans difficulté les obstacles d’hier : structure, ventilation… Néanmoins, les toits rencontrent aujourd’hui 4 freins importants : la réglementation du PLU, le code de l’urbanisme, la sécurité incendie, et les votes de copropriété. Il faut donc des assouplissements simples et réalistes de la réglementation, qui pourraient passer par des déro-gations ponctuelles, répondant aux attentes et be-soins de la ville. Le problème qui se pose pour pou-voir mettre en action ces différentes volontés, sont aussi de convaincre les architectes des bâtiments de France, de l’amélioration des qualités de ses loge-ments. Mais malgré ces réglementations, nous ver-rons dans la seconde partie, comment ce lieu particu-lier des toits et de la pente sont un sujet de réflexion et d’aménagement spécifique. Comment habite-t-on les espaces en pente ? Chaque projet que nous verrons, essaye d’apporter des réponses par des moyens mis en place très différents. Cette partie ne se contente pas d’analyser les caractéristiques des aménagements sous les combles, mais aussi sur des logements qui augmentent le potentiel du toit en pente et de son habitabilité.

Un lieu de vie en pente pourrait semblé hostile par rapport au logement standardisé dans les logements neufs. Mais c’est ce que nous allons voir et qui sera illustré par la suite.

Comment ce qui tient le toit organise l’espace ? Comment le corps habite la pente ?

Comment permettre de donner des vues, être bai-gné de lumière mais respectant l’intimité ?

a) - De la théorie à la pratique.

b) - Structure de l’existant :

définition de l’espace.

c) - La pente et les usages :

optimisation, le sur-mesure.

d) - Rapport à l’extérieur :

entre ciel et terre.

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