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Bilan provisoire

3.1.2.4. Les supports laminaires

L’examen des supports éclats a permis de mettre en évidence la présence de schémas

opératoires indépendants d’éclats, mais également celles d’autres schémas opératoires servant

à une production laminaire. L’analyse de l’ensemble des produits laminaires va permettre d’affiner ces premières observations et de mieux définir les méthodes mises en œuvre pour

leur production.

Nous avons fait le choix de rassembler au sein des produits laminaires, les éclats laminaires et les lames. Pour certaines matières, faire une distinction entre les deux nous est apparue inutile

car, lorsqu’ils appartiennent au même schéma opératoire, la rectitude des nervures et des

bords peut tout à fait dépendre des caractères intrinsèques de la matière.

Ce type d’observation a déjà été fait par d’autres auteurs, qui ont remarqué la variabilité des

morphotypes au sein des productions laminaires (Cazals, 1992 ; Morala, 1993 ; Ferullo, 1995 ; Cretin, 2007 ; Ducasse, 2010). Lorsque nécessaire nous avons suivi la définition des éclats laminaires faite par Cretin (2007, p.728) : « Du point de vue dimensionnel, les supports à tendance laminaire sont des éclats allongés ou des lames courtes (rapport longueur/largeur

d’environ 1,5 pouvant dépasser légèrement 2), plutôt épais, à section triangulaire ou

trapézoïdale, souvent dissymétriques et variables sur la longueur de l’objet ». Lors de notre

étude nous avons ajouté à cette définition le parallélisme des bords et des nervures du support.

Les matériaux locaux

Le type F003 (silex lacustre oligocène du Bassin du Puy-en-Velay, Haute-Loire)

Les produits laminaires représentent 30% (n=17) des supports en F003. L’ensemble des éclats

laminaires et des lames a un fort taux de fragmentation (71%, n=12) et dans seulement 18% des cas (n=2), leur partie proximale a été retrouvée. Nous avons pu distinguer 41% (n=7) de

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produits bruts, 47% (n=8) de produits de mise en forme et d’entretien et 12% (n=2) de supports transformés en outils (deux burins). Une zone corticale est généralement visible en

face supérieure (47% des cas). Cette observation n’a rien d’étonnant dans la mesure où

l’exploitation dans la tranche de silex en plaquettes minces amène à des produits souvent

corticaux, comme l’illustre le débitage de l’ensemble des produits laminaires en F003 ayant

suivi un débitage sur face étroite de nucléus. Les éclats laminaires (n=6) ont servi, d’une part,

au maintien des convexités (60% de ces produits, n=4) selon un débitage sur la partie antérieure du nucléus en position antéro-latérale ou latérale et d’autre part, à la réfection de la

table laminaire (40% de ces produits, n=2) afin d’éliminer les accidents survenus lors du

débitage. Les lames (n=11) sont réparties entre les lames de plein débitage (50%) et les lames

d’entretien du débitage (50%, n=5). La présence de lames à néo-crête semi-corticales,

démontre l’entretien des convexités par un envahissement des bords du nucléus sur plaquettes.

Les lames d’entretien sont débitées dans 67% (n=4) des cas par percussion directe au

percuteur organique, tout comme les lames de plein débitage (75% des cas, n=4). L’examen

des négatifs des faces supérieures montre dans 65% des cas (n=11), un débitage unipolaire (négatifs de lames régulières) et dans 24% (n=4) des cas une modalité de débitage bipolaire. La trop forte fragmentation des supports laminaires ne permet pas de préciser s’il s’agitd’un

débitage bipolaire (récurrent) ou d’un débitage bipolaire uniquement d’entretien (occasionnel). Il est envisageable qu’au moins deux schémas opératoires aient été mis en place par le ou les tailleurs. Un premier, consiste au débitage, sur face étroite (plaquettes) de nucléus, de lames régulières et relativement étroites, suivant un axe unipolaire et une progression latérale pour l’entretien des convexités. Un second, consiste au débitage bipolaire de produits laminaires suivant un débitage sur face étroite de nucléus sur petit galet.

Toutefois, l’absence de remontage physique et la pauvreté des témoins de ce schéma

opératoire (schéma opératoire fragmentaire, forte fragmentation des supports portant des négatifs bipolaires) incitent à la prudence.

Le type F003b (silex lacustre oligocène, de la vallée de la Borne, Haute-Loire)

Les produits laminaires représentent 30% (n=5) de la production en F003b (type gîtologique

faiblement représenté au sein de l’assemblage). Leur taux de fragmentation est fort (60%,

n=3). Malgré la fragmentation, certaines lames ont conservé une longueur supérieure à 70 mm et dans 33% (n=1) des cas la partie proximale a été retrouvée. La face supérieure de ces produits porte souvent une zone corticale (60%, n=3) peu envahissante Deux types de produits ont été dénombrés : des lames à néo-crête à hauteur de 40% (n=2) et des lames de

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plein débitage à hauteur de 60% (n=3). La présence de lames à néo-crête (Figure 61) sur le site nous oriente vers une production in situ et un « emport » des lames produites en dehors du campement (nous resterons prudent sur ce dernier point dans la mesure où une partie du site

n’a pas été fouillée). Le débitage de ces produits a été réalisé par percussion directe au

percuteur organique ; les talons conservés sont lisses, peu épais, systématiquement abrasés, et associés à une lèvre régulière. Ces lames présentent les négatifs de débitage unipolaire dans 60% (n=3) des cas, et ceux de débitage bipolaire (d’entretien vraisemblablement) dans 40%

(n=2) des cas. Il est cependant difficile, avec un effectif aussi faible et sans remontage physique, de préciser les modalités de débitage ou les schémas opératoires mis en œuvre.

Figure 61 : Exemple de néo-crête en F003b.

F003c (silex lacustre oligocène de la vallée de la Borne, environ de Saint-Vidal, Haute-Loire)

Le type F003c possède un faible effectif. Les produits laminaires représentent 30% (n=7) des supports. Leur fragmentation est forte (71%, n=5). Dans 80% (n=4) des cas les parties proximales ont été retrouvées. Des zones corticales sont présentes dans 71% (n=5) des cas et

peuvent envahir jusqu’à la moitié de la face supérieure. Ces produits sont composés d’éclats laminaires bruts (29%, n=2), de lames brutes (29%, n=2), de lames d’entretien de surface de

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débitage (14%, n=1) et de deux supports laminaires transformés (burins). Le profil de ces pièces est généralement rectiligne (57% du général, n=4, 100% des supports d’outils), tors

(29%, n=2) et plus rarement très arqués (14%, n=1). Le débitage s’effectue de manière unipolaire dans 71% des cas (n=5) et de manière bipolaire dans 29% des cas (n=2). Malgré une fragmentation forte des supports, le débitage est bien bipolaire (avec des négatifs opposés envahissants et récurrents). Il autorise un auto-entretien des convexités longitudinales de la table laminaire. Les négatifs en face supérieure des produits laminaires sont soit ceux de lames (43%, n=3), soit ceux de produits lamellaires (43%, n=3). Un seul exemplaire débité

sur le bord d’un nucléus porte les négatifs d’enlèvements de type éclats. Ces derniers peuvent

appartenir à une phase de maintien du front étroit de la table laminaire ou plus simplement à celle des convexités latérales. Parmi les talons observables, trois sont lisses et un facetté. Un seul talon a été fracturé au débitage. Trois d’entre eux comporte une corniche abrasée, un porte une préparation par esquillement seul tandis que deux sont sans préparation. La percussion est réalisée au percuteur minéral dur (n=2) et au percuteur organique (n=2). La gestion du type F003c semble établie selon le même modèle que pour le F003b. L’observation

complète du schéma opératoire est difficile, il semblerait qu’il ait toutefois existé une production laminaire soit réalisée en dehors du site (rappelons qu’il s’agit d’un silex disponible dans l’environnement immédiat) dont seuls les supports intéressants (pour la réalisation d’outils) ont été apportés après débitage, soit réalisée sur le site avec emport d’une

partie de la production.

Le type F140 (silex marin bajocien de Lozère collecté dans les alluvions anciennes du Velay ou de Naussac, Haute-Loire/Lozère)

Les produits laminaires représentent 28% (n=15) de la production en F140. Il se dégage de leur observation une forte homogénéité et ce malgré une fragmentation forte (93%, n=14). 50% (n=7) des produits fragmentés ont été retrouvés avec leur partie proximale. Deux types de supports sont présents : des lames (n=10) et des éclats laminaires (n=5). Lorsque les lames sont entières ou peu fragmentées, leur longueur peut atteindre jusqu’à 100 mm. L’épaisseur et

la largeur de ces produits sont variables, mais ce sont les lames les plus épaisses qui ont été

retouchées (30% d’entres elles, n=3 ; Figure 62). Aucune lame n’a servi comme support

d’outil et une seule a servi à l’entretien des convexités latérales. Le débitage s’effectue de manière unipolaire à partir d’un plan de frappe lisse dont la corniche est abrasée ou seulement

esquillée. Les lames sont débitées au percuteur organique. Leur profil semble varier en fonction de leur position initiale sur le nucléus. Elles s’avèrent majoritairement arquées (60%,

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n=6), plus rarement rectilignes (20%, n=2) ou légèrement torses (20%, n=2) lorsqu’elles sont

débitées en position antéro-latérales. Les lames en F140 appartiennent à une unique

production laminaire (probablement à partir d’un même bloc). Contrairement à ce qui a pu

être observé pour les débitages en F003, le débitage est ici plus envahissant et touche la face la plus large du nucléus. Les éclats laminaires sont généralement tors (60%, n=3) et viennent en soutien au débitage afin de maintenir les convexités latérales du nucléus. La réalisation de néo-crête(s) (non retrouvée(s) à la fouille) est prouvée par la présence d’au moins une lame

sous-crête. Les lames retrouvées sont numériquement insuffisantes malgré une production réalisée in situ. Il est donc fortement envisageable qu’une partie de la production ait été

emportée en dehors du site (ou présente en fond de grotte au sein de la zone non fouillée).

Figure 62 : Dimensions (largeur/épaisseur) des supports laminaires, en F140.

Les matériaux semi-locaux

Le type F034 (silex marin barrémo-bédoulien de Rochemaure, Ardèche)

Les produits laminaires représentent 26% (n=19) des supports en F034. Le taux de fragmentation est élevé (74%, n=14). Seules 43% (n=6) possèdent leur partie proximale. Peu portent une zone corticale (21%, n=4), peu envahissante. Les supports laminaires sont composés de lames (58%, n=11), d’éclats laminaires (37%, n=6), d’un éclat laminaire de nettoyage de surface de débitage et d’un outil (burin). Le profil des lames est varié : très arqué (36%, n=4), arqué (9%, n=1), rectiligne (27%, n=3), légèrement arqué (18%, n=2) et plus rarement tors (9%, n=1). L’examen de la partie proximale des lames met en évidence des

0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 10 20 30 40 50 é pai ss e ur e n m m largeur en mm

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talons généralement lisses étroits (80%, n=9) et deux sont indéterminables. Ils sont soulignés par une lèvre régulière mais leur bulbe est absent. La corniche est préparée par abrasion,

parfois couplée à un esquillement, ce qui permet de renforcer, lors du débitage, l’accroche du percuteur organique. Lorsque le débitage des lames s’effectue de manière unipolaire (64%, n=7), elles portent en face supérieure les négatifs de lames dans 57% des cas (n=4) et ceux de produits lamellaires dans 43% des cas (n=3). De même, lorsque le débitage s’effectue de

manière bipolaire (36%, n=4), leurs négatifs en face supérieure sont soit ceux de produits laminaires (n=2) soit ceux de lamelles (n=2). La fragmentation de l’ensemble des produits

laminaires est conséquente et a considérablement réduit la dimension de ceux-ci (Figure 63).

Néanmoins, l’épaisseur et la largeur des lames produites sont contrôlées (Figure 64) et pourraient correspondre à la recherche d’un gabarit prédéterminé.

La présence d’une lame sous-crête et d’éclats laminaires débités sur bord de nucléus, ou ayant

servi au nettoyage de la table laminaire, permet d’envisager un débitage sur le site.

Bien qu’il nous soit impossible de préciser les modalités et la progression du débitage (un débitage semi-tournant est envisageable ; rappelons qu’un « flanc de nucléus » (sensu

Brézillon, 1983) a été retrouvé, présentant ces modalités de débitage), il est probable que le débitage de ces éclats laminaires soit intervenu lors de la phase de mise en forme du nucléus à lames et lors de l’entretien de ses convexités (avec un possible changement de percuteur au cours du débitage).

Figure 63 : Dimensions (longueur/épaisseur) des supports laminaires, en F034.

0 2 4 6 8 10 12 0 10 20 30 40 50 60 70 é pai ss e ur e n m m longueur en mm

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Figure 64 : Dimensions (largeur/épaisseur) des supports laminaires par typologie, en F034.

Le type F044 (silcrête éocène d’Arlanc, Puy-de-Dôme)

Le type F044 comporte 11% (n=3) de produits laminaires. Une pièce est fragmentée mais a conservé sa partie proximale (dont le talon a cassé au débitage). Les produits laminaires sont composés de deux lames à néo-crête et d’un d’outil. Ce petit ensemble laminaire ne justifie pas une production indépendante et normalisée mais peut être engagé dans le schéma opératoire des produits lamellaires, au vu des rares négatifs présents sur leur face supérieure.

Les matériaux lointains

Le type D001 (silex marin turonien inférieur de la vallée du Renon, Indre)

Le type D001 comporte 30% (n=3) de supports laminaires. Le taux de fragmentation est fort (85%, n=17) et dans 24% des cas (n=4) la partie proximale a été conservée. Ils sont composés : de dix lames, dont une néo-crête, de huit éclats laminaires dont l’un porte une

néo-crête et un autre est retouché et de deux outils (un burin sur lame et une troncature sur éclat laminaire). Les lames ont généralement été débitées au percuteur organique, leur talon est lisse et le bulbe est diffus voire absent. La corniche peut être abrasée seule ou associée à un esquillement. Leur profil est variable : huit sont rectilignes a faiblement arqués, six arqués à très arqués, deux sont torses et deux convexes.

Les lames, dont le gabarit est variable (Figure 65), ne semblent pas issues d’une production de

supports standardisés, mais peuvent appartenir au même schéma opératoire. Leur face

0 2 4 6 8 10 12 0 5 10 15 20 25 30 é pai ss e ur e n m m largeur en mm

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supérieure porte les négatifs d’enlèvements laminaires unipolaires. Leur forte fragmentation (80%, n=8), rend difficile notre interprétation.

Les éclats laminaires permettent d’apporter quelques précisions. Ils sont généralement débités

à partir des flancs du nucléus et portent sur leur face supérieure de multiples négatifs

d’enlèvements laminaires ou d’éclats. Leur fonction peut être assimilée à celle de

sous-produits de maintien et d’entretien du débitage.

Le ou les schéma(s) opératoire(s) du type D001 apparaisse(nt) fragmenté(s).

Figure 65 : Dimensions (largeur/épaisseur) des supports laminaires, en D001.

Le type D004 (silex marin turonien inférieur de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher)

Pour le type D004, les supports laminaires représentent 42% (n=18). Le taux de fragmentation est élevé, à hauteur de 50% (n=9) et seuls deux d’entre eux ont conservé leur zone proximale.

Deux supports portent une zone corticale peu envahissante. Le débitage s’effectue suivant des modalités unipolaires (n=16) et plus rarement bipolaires (n=2). Les lames sont fortement transformées à hauteur de 72% (n=13). Parmi les outils sur lame, cinq sont des burins, trois des outils composites, deux des grattoirs et il s’y ajoute un racloir et un denticulé appartenant à un remontage de deux pièces (nucléus M11F21-M11F24). Les lames transformées sont généralement rectilignes ou légèrement arquées dans 70% des cas (n=13). Seuls deux pièces

possèdent des talons observables, n’ayant pas été supprimés lors de la mise en place de la/des zones actives des outils. Ils sont soit facettés, soit lisses et étroits, le bulbe est absent et une

lèvre est bien marquée à la base du talon. L’utilisation probable d’un percuteur organique 0 2 4 6 8 10 12 0 5 10 15 20 25 30 35 é pai ss e ur e n m m largeur en mm

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pour le débitage, a minima de ces deux pièces, est renforcée par la présence de talons dont la corniche est fortement abrasée (proche du doucissage).

Les lames laissées brutes (23%, n=5), sont les témoins d’entretien de surfaces de débitage ou des convexités (lames à néo-crête, lames sous-crête et lames de nettoyage de surface). Ces dernières ont un profil très arqué (n=2), rectiligne (n=2) ou légèrement arqué (n=1), dépendant de leur position sur le nucléus lors du débitage.

La totalité de supports laminaires est issue d’un débitage unipolaire dans 83% des cas (n=15),

et bipolaire (d’entretien ?) dans 11% des cas (n=2).

Le type D004 a donc été débité sur le site à partir d’un gros module préparé. Le débitage s’est

effectué majoritairement de manière unipolaire et suivant une progression frontale.

L’entretien des convexités latérales a été réalisé au moyen de crêtes antéro-latérales (et possiblement postéro-latérales) et probablement par la mise en place d’un second plan de

frappe opposé au cours du débitage (le cintre devenant trop plat ?). Ce dernier n’est pas utilisé en continu (d’autres produits devraient dans le cas inverse en porter les négatifs). Bien que

l’entretien du nucléus semble primordial, les lames ont été débitées sans réelle recherche de

morphotype. Il est envisageable que seul un support laminaire, peu importe son épaisseur, sa largeur (Figure 66) ou sa longueur (Figure 67) mais à condition que ses bords soient

parallèles, ait été recherché pour l’aménagement d’outils. De même, la position de la zone

active de l’outil ne paraît pas avoir conditionné le choix du support sur lequel il est aménagé.

Figure 66 : Dimensions (largeur/épaisseur) des supports laminaires, en D004.

Un tel comportement vis à vis d’un matériau lointain est notable et semble intégrer, au moins sur le site, une réponse rapide et immédiate en supports. La recherche de supports laminaires,

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 0 10 20 30 40 50 60 é pai ss e ur en m m largeur en mm

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parfois relativement épais, pour la confection des outils, permet de constituer une réserve de matière permettant des réaffûtages réguliers, et donc autorise une durée de vie plus longue

pour l’outil. Une majorité des grandes lames débitées sont absentes, l’hypothèse d’un

« emport » hors du site d’une partie des lames (ou encore présente dans la partie non fouillée de la grotte) et du/des nucléus paraît envisageable.

Figure 67 : Dimensions (longueur/largeur) des supports laminaires, en D004 (les éléments fragmentés ont été pris en compte).

Le type D033 (silex marin turonien inférieur de Gien, Loiret)

Peu de supports laminaires ont été réalisés en D033 (18%, n=8). Ils sont fragmentés dans 50% (n=4) des cas et seules deux pièces ont conservé leur partie proximale. Ces supports sont pour

l’essentiel des éclats laminaires courts et larges (n=7) ; une seule lame, fragmentée, a été produite sur bord de nucléus. Aucun support n’a été transformé en outil, mais trois des éclats laminaires ont été retouchés. Tous les supports laminaires ont un profil légèrement arqué. Ils

sont débités à partir d’un plan de frappe lisse, la corniche est nettoyée principalement par de

petits esquillements et plus rarement par abrasion. Le débitage s’effectue au moyen d’un

percuteur minéral dur, selon une modalité de débitage unipolaire. L’ensemble de ces éclats laminaires n’appartient pas à une production indépendante. La présence d’un seul fragment (mésial) de lame, ne permet pas non plus de l’associer à un débitage laminaire autonome. En

revanche, ce petit ensemble pourrait être intégré à une autre production, celle des lamelles, bien que seulement deux pièces en portent les négatifs.

0 10 20 30 40 50 60 0 20 40 60 80 100 120 140 larg e ur e n m m longueur en mm

3. Etude de cas dans le Massif central : Le Rond-du-Barry

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Le type D066 (silex marin sénonien de la vallée de l’Yonne, Yonne)

Les produits laminaires en silex de type D066 sont au nombre de 12. Leur fragmentation est forte (58%, n=7) et une seule pièce a conservé sa partie proximale. Deux pièces portent une zone corticale (entre 30% et 50% des surfaces). Nous avons distingué deux éclats laminaires laissés bruts, quatre éclats laminaires de mise en forme et d’entretien des convexités, quatre lames brutes, une lame à néo-crête et une lame retouchée.

Les éclats laminaires bruts et d’entretien sont systématiquement débités sur bord de nucléus

ou sur flanc de nucléus, alors envahi par la table laminaire. Le débitage est unipolaire (67%, n=8), à l’exception d’un éclat laminaire qui présente un négatif opposé au sens de débitage

(débitage bipolaire d’entretien ?). Leur profil est légèrement arqué à rectiligne (n=8), plus rarement convexe (n=2) ou tors (n=2). Les talons sont facettés (n=3), lisses et épais (n=1), punctiformes (n=1) et un talon est fracturé.

Le débitage s’effectue fréquemment par percussion directe au percuteur minéral dur mais les stigmates d’une percussion au percuteur minéral tendre sont présents pour une pièce.

Les lames présentent un profil légèrement arqué (n=4) et arqué (n=2). Elles sont également débitées suivant une modalité de débitage unipolaire (75%, n=3) et trois pièces présentent les

négatifs d’un débitage bipolaire, vraisemblablement d’entretien.

Parmi l’ensemble des supports laminaires, seule une lame a été retouchée par un léger égrisage.

D’après leur section et gabarit, le type D066 a été exploité au moyen d’une table laminaire sur face large de nucléus. Les flancs du nucléus ont vraisemblablement servi autant au débitage

de lames qu’au maintien des convexités par le débitage d’éclats laminaires. L’utilisation d’un

second plan de frappe opposé a pu intervenir pour maintenir le cintre mais apparaît, au vu des

produits abandonnés, plus anecdotique. L’absence de la majorité de la production est remarquable. De grandes lames d’au moins 100 mm de long (Figure 68) ont vraisemblablement été emportées hors du site après leur débitage in situ.

Le statut singulier du type D066, silex lointain dont les déchets et produits de débitage ont été retrouvés sur une zone restreinte de la grotte, peut avoir une valeur « temporelle » et marquer

le passage d’un groupe sur un laps de temps court et défini. Ce matériau a été transporté sur plus de 300 km, puis mis en forme et débité au Rond-du-Barry, puis déplacé à nouveau sous une autre forme (lames et nucléus).

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