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2.2 Phase 1 – époque gallo-romaine

2.2.1 Les structures

C’est dans la tranchée Tr 2 qu’ont été découverts les indices les plus probants quant à une occupation gallo- romaine. Ces derniers concernent un tronçon de fossé et un probable niveau de sol (Fig.37).

Le décapage par passes horizontales de la moitié ouest de la tranchée a mis en évidence, vers 17,20m NGF, une anomalie recoupant le substrat supérieur d’argile de dis- solution. Le sondage profond SP3, ouvert pour expliquer cette dernière, a révélé la présence d’un tronçon de fossé 2031, large en moyenne d’1,10m et orienté NS. Pour des raisons de manœuvres de pelle mécanique, il n’a cependant pas été possible de le recouper entièrement. Le profil de ce fossé, profond de 0,90m, peut néanmoins être restitué sur base des observations faites en coupe partielle et en plan (Figs.38 et 39). Les parois sont de tendance verti-

cale et le fond relativement plat. Ce dernier entame sur plus de 50 centimètres la craie franche, jusqu’à la cote 16,30m NGF, soit environ 2,90m sous la place actuelle. La quasi hauteur du profil montre un comblement (2056) unique mélangeant limon et argile de dissolution calcaire saturés de rognons de silex et de nodules de craie. Ce comblement, assez proche du substrat recoupé, s’en distingue par une teinte gris-brun à brun orangé. Fig.32 : niveau d’apparition du substrat dans la partie SO de la tranchée

TR1, recoupé par une fosse de la phase 1. Au second plan, sondage de contrôle dans le substrat.

© Alain Henton - Inrap.

Fig.33 : tranchée TR1. détail de la craie altérée de surface du substrat. La teinte grise à droite résulte d’un processus chimique des niveaux d’occupations de la phase 1.

© Alain Henton - Inrap.

Fig.34 : tranchée TR2. détail de la coupe C7, avec mise en évidence de probables horizons naturels de surface (2054 et 2026) conservés dans une dépression du substrat de craie altérée.

© Alain Henton - Inrap.

Fig.35 : tranchée TR2. Sondage profond SP3. détail sur le substrat, avec niveau supérieur de craie altérée et d’argile de dissolution et niveau inférieur de craie franche.

X= 742150 X= 742200 Y= 7039100 Y= 7039150 Rue Gambetta Rue du Collège Rue Saint-Christophe

MAIRIE

TR1

TR2

TR3

TR4

2031

50m

Fig.36

: plan général du diagnostic, avec zones de mise en évidence de vestiges de la phase 1 (époque gallo-r

omaine). En jaune, niveaux d’occupations et structur

e de la tranchée TR2, en orange, principale concentration de tuiles gallo-r

omaines dans

les niveaux de la phases 2 (Système géodésique RGF93 Lamber

t 93 IGN69, mise à disposition Ppige de la BD par

cellair

e IGN2014 - 2008 pour le bâti).

© Yves Cr

5m

P1

TR2

Phase 1

P1

P2

P3

SP3

2031

a

b

17.851 17.200 16.300 17.139 16.950

Fig.37 : tranchée TR2. localisation de la structure 2031 de la phase 1 et cotes d’apparition des niveaux d’occupation gallo-romains.

© Alain Henton - Inrap.

Fig.38 : tranchée TR2. Sondage profond SP3. détail de la coupe du fossé 2031, en cours d’ouverture.

1m

2031

2056

A

A

B

SP3

2077

16.30

Sa nature pourrait indiquer un rebouchage rapide de la structure. Le sommet du comblement est constitué d’une fine couche d’argile limoneuse grise identique au niveau de sol scellant le substrat. C’est dans le niveau inférieur du comblement qu’a été trouvé un fragment de cruche

de Bavay attribuée au 1er siècle de notre ère. D’autres

tessons (cf. infra) proviennent du comblement terminal (ou du niveau de sol scellant le fossé).

Sur la totalité de la surface du fond de la tranchée Tr 2 ont été observés deux niveaux conservés dans une légère

dépression du substrat (Figs.34, 40 et 143). Le plus ancien

(2054/2077) est constitué de sédiments argilo-limoneux de teinte grise à gris beige. Son épaisseur moyenne est de 30cm. Sa relation stratigraphique avec le fossé 2031 n’a pu être déterminée. Son dégagement a permis de recueillir un lot de tessons gallo-romains, de faune et de fragments de tuiles. Un second niveau (2026/2076) vient recouvrir le premier. Son épaisseur semble plus variable, passant de 25 à 50cm. Très proche en composition du niveau 2054/2077, il s’en distingue par une teinte plus beige à brun orangé. Il pourrait sceller le comblement supérieur du fossé 2031. Ce niveau a livré également de la céramique, de la faune et plus d’une vingtaine de fragments de tuile. Parmi ces derniers, on note la présence d’un fragment de tuile (imbrex) à dégraissant calcaire.

L’homogénéité et le type de sédiment plaide pour définir deux niveaux d’occupation liés à l’ancienne couverture surfacique de nature argilo-limoneuse du versant butant sur la confluence. Si le niveau inférieur pourrait être en place, le second pourrait s’être formé par érosion des environs (cf. pente marquée de la rue du Collège) et comblement d’un ancien relief.

Fig.39 : tranchée TR2. Sondage profond SP3. Relevé de la coupe du fossé 2031. © Alain Henton - Inrap.

Fig.40 : tranchée TR2. détail de la coupe C8, avec mise en évidence des niveaux d’occupation de la phase 1 (2077/2076).

Si les fragments de tuiles retirés de ces niveaux ne sont assurément pas un argu- ment pour leur datation, la mise au jour d’un petit lot de céramique autorise toutefois à les attribuer avec une plus forte probabilité à l’époque gallo-romaine. L’étude de ce mobilier indiquerait une fourchette chronologique large couvrant les 2e et 3e siècles de notre ère, pouvant être resserrée aux années 120-200. La datation du fossé 2031 est plus incertaine, mais une attribution au 1er siècle pourrait être éventuellement proposée sur base du tesson de cruche de Bavay. Bien qu’anecdotiques, ces vestiges gallo-romains n’en sont pas moins les pre- miers clairement identifiés en contexte assuré dans le sous-sol du centre-ville de Condé. Les autres mentions de découvertes concernent en effet d’anciennes trouvailles (cf. chap.I.4) trop imprécises ou des contextes difficilement datables (niveaux alluvionnaires de l’Escaut ou de la Haine). Les données du diagnostic indiqueraient donc une occupation antique du bas de versant menant à la confluence Escaut/Haine. Rappelons d’ailleurs ici la mention de la trouvaille toute proche, à la rue du Collège, d’une hypothétique sépulture romaine (Delmaire et al. 1996 : 155).

2.2.2 Le mobilier céramique (étude Anthony Ledauphin, Inrap Hauts-de-