• Aucun résultat trouvé

Les statistiques descriptives des variables qualitatives

6. Les résultats

6.2. Les statistiques descriptives des variables qualitatives

Le tableau 4 ci-après représente les statistiques descriptives des variables qualitatives. Les informations présentées sont les fréquences relatives associées aux différentes modalités et les valeurs Khi-deux dans les deux régions.

54

Tableau 4 : Statistiques descriptives pour les variables qualitatives

Variables Musanze (N=1001) Reste du Rwanda (N= 12 787)

Khi-deux (p<0,05)

Fréquence (%) Fréquence (%)

1. Sexe de l'enfant

Féminin 49 60 51 204** (p= ,000)

2.Éducation sur la nutrition

Oui 28,2 18 3 514 (p=,060)

3. Soins apportés aux enfants

Laissé seul

Oui 24,8 18 6 641 457** (p=,000)

Laissé aux soins d'un autre enfant

Oui 68,2 32,1 37 048 173** (p=,000)

4.État de santé enfants

Diarrhée 76,8 82,6 5 605 402** (p=,000) Fièvre 73,6 82,6 4 245 869** (p=,000) 5. Pouvoir décisionnel Homme seul 7,4 3,7 8 151 435** (p=,000) Femme seule 34,6 37,5 649 746** (p=,000) Conjointement 58,3 58,8 510 511** (p=,000)

6. Occupation des mères

Sans emploi 8,1 7,1 6 535 425** (p=,000)

Agriculture 52,6 66,5 3 923 698** (p=,000)

Bureau 2,3 2,2 12 180 727** (p=,000)

Services 8 6,8 10 925 258** (p=,000)

55 (suite du tableau 4)

Variables Musanze (N=1001) Reste du Rwanda (N= 12 787)

Khi-deux (p<0,05)

Fréquence (%) Fréquence (%)

7. Problème d’accès des mères aux soins de santé

Distance 86,1 82,5 3 307 682** (p=,000)

Permission 91,9 95,2 9 375 075** (p=,000)

Accompagnateur 77,2 81,4 5 455 932** (p=,000)

8. État de santé des mères

Anémique 98 82,5 2 895 693** (p=,000) 9. Diversité alimentaire Faible 70,8 77,9 7 829 172** (p=,000) Moyenne 11,7 10,2 7 101 692** (p=,000) Grande 17,8 11,9 9 600 713** (p=,000) 10. Niveau d'éducation-mère Sans éducation 12,9 20,9 61 827 651** (p=,000) Primaire 75 69,3 1 704 026** (p=,000) Secondaire 9 7,5 12 835 991** (p=,000) Post-secondaire 3,3 2,4 13 056 930** (p=,000) 11. Source d'eau Potable 68,3 81,7 7 786 344** (p=,000) 12. Type de toilette De type moderne 86,8 88,6 8 825 920** (p=,000) ** Seuil de significativité p>0,05

Les résultats des tests de khi-deux présentés dans le tableau ci-haut indiquent qu’au seuil de 5 %, il existe une différence statistiquement significative entre le district de Musanze et le reste du Rwanda pour toutes les variables considérées sauf pour l’éducation sur la nutrition (3 514, p=0,060).

56

Les statistiques montrent que contrairement au reste du pays où les enfants de sexe féminin représentent 60 %, à Musanze les proportions d’enfants de sexe masculin et de sexe féminin sont quasiment identiques (51 % et 49 % respectivement).

En ce qui concerne les soins apportés aux enfants, la proportion d’enfants laissés seuls au moins une heure durant la semaine précédant l’enquête est significativement plus importante à Musanze que dans le reste du pays (24,8 % contre 18 %). La proportion d’enfants laissés sous le soin d’autres enfants de moins de 10 ans est également plus importante à Musanze (68,2 % contre 32,1 % dans le reste du pays). Il s’avère donc qu’à Musanze, les enfants bénéficient de moins de soins que dans le reste du Rwanda, ce qui pourrait aggraver la malnutrition dans cette région.

Cependant, il semblerait que le déficit de soins à Musanze n’engendre pas davantage de problèmes de santé chez les jeunes enfants. En effet, les proportions d’enfants souffrant de diarrhée et de fièvre dans les semaines précédant l’enquête sont significativement plus faibles à Musanze que dans le reste du pays. La santé sur une période de 2 semaines au cours d’une année n’est pas un excellent indicateur de l’état de santé des enfants, mais en se basant seulement sur ces résultats, on pourrait penser que ce facteur ne contribue pas à aggraver la malnutrition infantile à Musanze comparativement au reste du pays.

Pour ce qui a trait aux caractéristiques des ménages, comme on peut le voir plus clairement à travers la figure 16, leur alimentation est généralement faiblement diversifiée (70,8 % des ménages dans cette situation à Musanze contre 77,9 % dans le reste du pays). Cependant, on remarque qu’à Musanze 17,8 % des ménages ont un score de diversité alimentaire élevé contre seulement 11,9 % des ménages dans le reste du pays. Sur la base de ces informations, on ne peut pas affirmer que la situation alimentaire des ménages est plus mauvaise à Musanze qu’ailleurs dans le pays. Cette variable ne pourrait vraisemblablement pas expliquer les plus forts taux de retard de croissance des enfants à Musanze.

57

Figure 11 : Score de diversité alimentaire

Le tableau précédent nous indique qu’à Musanze 28,2 % des mères ont reçu une éducation dans le domaine de la nutrition alors que dans le reste du pays cette proportion ne représente que 18 %. De ce point de vue, la situation à Musanze est meilleure par rapport au reste du Rwanda. Toutefois, étant donné que, sur la base du test de khi-deux, il n’y a pas de différence statistiquement significative entre Musanze et le reste du Rwanda, la connaissance nutritionnelle des mères de Musanze ne pourrait pas expliquer les plus forts taux de retard de croissance dans cette région.

Les décisions en lien avec l’achat de la nourriture sont prises à 7,4 % par les hommes seuls, à 34,6 % par les femmes seules et à 58,3 % de façon conjointe par les hommes et les femmes à Musanze. Ces proportions pour le reste du pays sont respectivement de 3,7 %, 37,5 % et 58,8 %. Compte tenu du rôle important des femmes pour la sécurité alimentaire et la nutrition des ménages, un plus faible taux de prise de décision par les femmes seules ou conjointement à Musanze, pourrait expliquer un taux plus important de retard de croissance dans cette région.

Sachant le rôle que joue l’éducation formelle de la personne responsable de la nutrition des enfants dans l’état nutritionnel de ces derniers, il est intéressant de remarquer que 12,9 % des mères sont sans éducation formelle à Musanze comparé à 20,9 % dans les autres régions du pays. 75 % et 69,3 % des mères ont une éducation primaire respectivement à Musanze et dans le reste du pays. 9 % et 7,5 % d’entre elles ont reçu une éducation secondaire respectivement à Musanze et dans le reste du pays. Seulement 3,3 % et 2,2 %

70,8 11,7 17,8 77,9 10,2 11,9 0 20 40 60 80 100

Faible Moyenne Grande

Fré q u en ce (% ) Diversité alimentaire Musanze Reste du Rwanda

58

ont reçu une éducation postsecondaire dans ces deux régions respectivement. Les taux d’accès à l’éducation étant plus élevés à Musanze que dans le reste du pays, ce facteur ne permet à priori pas d’expliquer les plus forts taux de retard de croissance dans cette région. Le graphique ci-dessous présente une répartition des mères selon leur principale activité. Il apparaît que la majorité des mères, aussi bien à Musanze que dans le reste du pays, sont actives en agriculture et dans le commerce. Comparativement au reste du pays, la proportion des mères qui travaillent dans l’agriculture est plus faible à Musanze (66,5 % contre 52,6 %). Par contre, la proportion de mères travaillant dans le commerce est plus élevée à Musanze que dans le reste du pays (29,5 % contre 17,5 %). Enfin, il convient de noter que la part des mères sans emploi est plus importante à Musanze qu’ailleurs (8,1 % contre 7,1 %). À priori, sur la base des fréquences et des résultats du test de khi-deux, les facteurs qui pourraient expliquer le taux le plus élevé du retard de croissance des enfants de moins de cinq ans à Musanze que dans le reste du Rwanda seraient l’occupation des mères dans le commerce ainsi que le fait qu’elles soient plus nombreuses à être sans emploi. En revanche, étant donné que le test de khi-deux indique qu’il n’y a pas de différence statistiquement significative entre Musanze et le reste du Rwanda en termes d’emploi des mères en agriculture, à priori cette variable n’expliquerait pas le taux élevé de retard de croissance à Musanze par rapport au reste du Rwanda.

Figure 12 : Occupation des mères

Concernant l’accès aux soins de santé, le tableau ci-haut montre qu’il y a plusieurs éléments qui empêchent les mères de se rendre au centre de soin de santé le plus proche de

8,1 7,1 52,6 66,5 2,3 2,2 8 6,8 29,5 17,5 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Musanze Reste du Rwanda

Fré q u en ce (% )_ Régions

59

leur domicile. Parmi ces éléments, l’enquête a relevé la distance qui sépare le domicile du centre de santé le plus proche, la permission du mari ainsi qu’un manque d’accompagnateur. Le graphique ci-dessous montre que dans les deux régions, le manque de permission semble constituer le plus grand frein à l’accès aux soins de santé. Toutefois, en comparant les deux régions d’intérêt, il apparaît que la distance est davantage un problème à Musanze que dans le reste du pays (86,1 % contre 82,5 %). Ce handicap plus fréquent pour les mères de Musanze pourrait également constituer un facteur aggravant de la malnutrition dans cette région.

Figure 13 : Causes de non-accès des mères aux soins de santé

Par ailleurs, les différentes régions présentent des niveaux élevés d’anémie chez les mères (98 % à Musanze et 82,5 % dans le reste du pays). Par contre, le taux d’anémie est significativement plus important à Musanze, ce qui pourrait constituer un risque plus important pour la nutrition des mères et des enfants dans cette région (OMS, 2003 et UNICEF, 1998).

Le tableau ci-haut nous présente enfin des statistiques en lien avec l’hygiène et la salubrité des ménages. À Musanze, seulement 68,3 % des ménages utilisent une source d’eau potable pour leur alimentation, contre 81,7 % des ménages dans le reste du Rwanda. Le relativement faible accès à l’eau potable à Musanze accentuerait certains problèmes de

0 20 40 60 80 100 Musanze Reste du Rwanda Distance 86,1 82,5 Permission 91,9 95,2 Accompagnateur 77,2 81,4 Fr équ ence s (%) Régions

60

santé tels que les nématodes intestinaux (ascariasis, amibes, etc.), la fièvre typhoïde, etc. (Prüss-Üstün et al., 2008).19

En ce qui concerne les infrastructures sanitaires qui représentent une autre source de risque pour la nutrition, à Musanze 13,2 % des ménages utilisent des toilettes de type moderne comparativement à 11,4 % des ménages qui utilisent ce genre de toilettes dans le reste du pays. Même si ces taux sont très bas, de ce point de vue Musanze ne semble pas plus défavorisé que le reste du pays.

Musanze semble en meilleure position par rapport au reste du pays en ce qui concerne, l’éducation nutritionnelle des mères, le niveau d’éducation des mères, le score de diversité alimentaire et l’utilisation des toilettes modernes.

En revanche, sur la base de ce qui précède, certains facteurs pourraient à priori aggraver les risques liés au retard de croissance à Musanze comparativement au reste du Rwanda :

 Un manque plus important de soins apportés aux enfants (laissés seuls ou sous les soins d’autres enfants),

 Une plus faible participation des femmes aux décisions du ménage,

 Un emploi dans le commerce ainsi qu’un taux d’inoccupation plus important des femmes qui peut engendrer un manque de revenu dans le cas de l’inoccupation,

 Un accès plus faible des mères aux soins de santé (distance),

 Des taux d’anémie des mères plus importants

 Un plus faible accès à l’eau potable dans le cadre de l’alimentation.