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Cadre d’analyse adopté et hypothèses de recherche

4. Cadres d’analyse des déterminants de la sécurité alimentaire et de la malnutrition

4.5. Cadre d’analyse adopté et hypothèses de recherche

Les trois cadres d’analyse précédents permettent d’analyser la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Toutefois, le cadre d’analyse axé sur le développement humain et les capacités semble plus approprié à l’objectif de ce travail. Ce cadre d’analyse permet d’aller au-delà des droits alimentaires pour traiter des capacités nutritionnelles. Bien évidemment,

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le point de départ ce sont les dotations personnelles, mais le point ultime c’est bel et bien la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Ce cadre d’analyse, qui combine les droits et les capacités alimentaires et nutritionnelles, semble mieux approprié pour appréhender non seulement les aspects de la disponibilité alimentaire, mais aussi ceux de l’accès et de l’utilisation des denrées alimentaires. Bref, ce cadre d’analyse paraît être un bel outil pour traiter de la nature complexe et multidimensionnelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. C’est pour ces raisons que, pour ce travail, nous optons pour le cadre d’analyse basé sur le développement humain et les capacités élaborées par Drèze et Sen (1989). Le tableau 1 ci-dessous résume la façon d’opérationnaliser le cadre d’analyse que nous nous proposons d’adopter.

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Tableau 1: Opérationnalisation de la sécurité alimentaire basée sur l’approche des capacités et du développement humain(adapté à partir de Burchi et De Muro, 2012)

Étape Ce qui est mesuré

Dimension de la sécurité alimentaire

Base d’information Variables

1. Droits à

l’alimentation Accès à l’alimentation et stabilité

Les dotations : la main d’œuvre, actifs productifs, richesse (actifs non productifs, épargnes, etc.), ressources non tangibles (appartenance à un club, un institut, etc.)

Statut d’emploi, type d’emploi, ensemble d’actifs au sens large (élevage, agriculture, actifs domestiques, etc.), transfert des revenus de la part du gouvernement.

En lien avec la stabilité : la variation dans les dotations et les stratégies adoptées (stratégies d’arrimage ou d’adaptation).

Accès à l’alimentation et stabilité

Conditions d’échange : Prix des produits alimentaires, les salaires et les prix des autres produits et services non alimentaires

Les retombées des activités primaires et secondaires génératrices de revenus, le prix des différents produits et groupes alimentaires et les prix d'autres biens et services.

Possibilités de production : compétences et technologie

Compétences professionnelles 2. Capacités de

base

Accès à l’alimentation et autres éléments en lien avec la sécurité alimentaire + la stabilité

Être libre de la famine (avoir suffisamment des calories pour la survie). Ceci dépend aussi d’un autre ensemble des facteurs notamment : Facteurs personnels de conversion (âge, sexe, métabolisme, etc.)

Quantité d’aliments, groupes d’aliments, apport calorique sexe, âge, lois, réglementations, normes, climat, fréquence des calamités naturelles

Accès à l’alimentation et autres éléments en lien avec la sécurité alimentaire + la stabilité

Être éduqué (système d’éducation) Inscriptions scolaires, résultats scolaires, alphabétisation, participation à l'alphabétisation des adultes, cours et autres programmes d'éducation non formelle

Être en bonne santé (système de santé) Accès aux services de santé, l'assainissement, la morbidité aux principales maladies, le statut de la santé auto déclarée

Être capable de participer à la prise de décision des ménages et à la vie communautaire

Participation à la prise de décision des ménages, participation à la vie communautaire

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Étape Ce qui est mesuré

Dimension de la sécurité alimentaire

Base d’information Variables

3. Capacité d’être en sécurité alimentaire

Accès à l’alimentation et autres éléments en lien avec la sécurité alimentaire + la stabilité et l’utilisation

Interaction entre la capacité « être libre de la famine » avec les capacités « être en bonne santé » et « être éduqué ». Dépend aussi de l'utilisation des aliments et de l'acceptabilité culturelle et sociale.

La qualité et la diversification du régime alimentaire, la connaissance de la nutrition, les pratiques d'hygiène, les goûts, les croyances culturelles et religieuses en matière de produits alimentaires

44 4.5.2. Les hypothèses de recherche

À partir des éléments qui ressortent de la revue de littérature et du cadre théorique retenu, deux hypothèses de recherche sont formulées pour tenter d’expliquer la situation paradoxale des ménages de Musanze :

H1 : Les caractéristiques des ménages de Musanze (eu égard aux déterminants répertoriés du retard de croissance) diffèrent de celles des autres ménages rwandais.

Étant donné le temps et l’énergie que nécessitent les activités agricoles, les parents à Musanze ne consacrent peut-être pas assez de temps à s’occuper personnellement de leurs enfants. La diversité alimentaire représente également peut-être un problème à Musanze comparativement aux autres régions du Rwanda, les producteurs agricoles dans cette région ayant tendance à consommer essentiellement ce qu’ils produisent. Par ailleurs, la pauvreté pourrait être un enjeu plus important à Musanze comparativement aux autres régions du Rwanda, en l’absence de système de commercialisation efficace.

H2 : L’influence réelle de ces caractéristiques sur le retard de croissance diffère entre Musanze et le reste du Rwanda.

Bien que la littérature fournisse de l’information sur les causes potentielles de la malnutrition, les différents facteurs identifiés n’ont pas nécessairement les mêmes impacts sur l’état nutritionnel des enfants dans différentes régions. Par exemple, au Rwanda il y a une politique de spécialisation régionale de l’agriculture et de l’élevage en fonction des caractéristiques des régions. À Musanze, c’est plus l’agriculture qui a été développée alors que dans d’autres régions du pays il y a eu un mélange d’agriculture et d’élevage. Il se pourrait également que certaines mesures sociales mises en œuvre par des collectivités locales contribuent à atténuer ou accentuer certains problèmes.

Par ailleurs, mis à part les politiques spécifiques instaurées par le gouvernement, leur adoption par la population locale pourrait faire toute une différence en termes de résultats entre diverses régions.

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