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Les spécificités du ciblage d’inflation en Turquie

I . Les années de seigneuriage

B. Les spécificités du ciblage d’inflation en Turquie

C’est dans la lettre d’intention du 9 décembre 1999 qu’on a parlé pour la 1ère fois, de la politique de ciblage d’inflation pour la Turquie. Dans ce programme, il était prévu de réduire le taux d’inflation en 2000, 2001 et 2002 à 25%, 12% et 7% respectivement. Dans le 17ème programme de stand-by, la politique monétaire et la politique de taux de change étaient divisées en deux périodes : Dans les 18 premiers mois, le taux de change était considéré comme une ancre et dans la 2ème période, le taux de change serait laissé flottant dans un intervalle élargie. De cette façon, on visait à passer directement au régime de ciblage d’inflation. Dans la lettre d’intention signée juste après la crise de novembre 2000, le passage

au ciblage d’inflation était annoncé explicitement à condition que la Banque Centrale devienne indépendante et que les arrangements institutionnels visant l’augmentation de l’efficacité de la politique monétaire soient réalisés avant le mois d’avril 2001. Mais à cause de la crise de février 2001, l’ancrage du taux de change a été abandonné avant la 2ème période du programme : à cause de cette crise, les conditions favorables au passage du ciblage d’inflation ont disparu et on a abandonné le programme, d’où la nécessité de déterminer une nouvelle politique monétaire.

Après le passage au régime de taux de change flottant, on a annoncé le nouveau programme de « passage à une économie forte » et la nouvelle loi de la Banque Centrale et on a vite signé une nouvelle lettre d’intention le 3 mai 2001 dans laquelle le passage au régime de ciblage d’inflation était prévu le plus vite possible. Au début, la base monétaire était l’ancre essentielle du programme, mais à cause des effets négatifs de la crise de 2001 et de l’attaque terroriste de 11 septembre 2001, ce programme a été interrompu et un nouveau programme de Stand-By a été demandé dans le but de soutenir le programme économique de la période 2002-2004. Mais dans cette période, le passage au ciblage d’inflation n’a pas été réalisé même s’il était prévu et la Banque Centrale a défini sa politique monétaire comme « politique de ciblage d’inflation implicite ».

On voit donc qu’au départ, il ne s’agit pas d’un vrai régime de ciblage d’inflation puisque pour un régime de ciblage d’inflation efficace, il y a quelques conditions à satisfaire et le passage à la politique de ciblage sans satisfaire ces conditions manquerait de la crédibilité qui est à son tour, un facteur important de la réussite d’une telle politique monétaire. Par exemple, il faut que la dominance fiscale soit assurée et il fallait que dans la période juste après la crise, le ratio de la dette de la Turquie baisse avant de commencer à adopter le ciblage d’inflation car, les Banques Centrales des pays où le manque de crédibilité est important et où il existe un stock de dette de court terme et libellé en grande partie en devises, ont une influence limitée sur leurs instruments de politique. De plus, dans de telles économies, le niveau général des taux d’intérêt et des taux de change sont très sensibles à des chocs internes et externes.

Comme le taux d’inflation élevé rend plus difficile les prévisions d’inflation, on a visé à le réduire jusqu’à un certain niveau avant de passer au régime de ciblage explicite. Enfin, comme le secteur financier était le point faible de l’économie turque, on a prévu des réformes du secteur financier, la flexibilité financière a été réduite et pendant la période 2001 – 2005, on a renforcé la structure institutionnelle de la politique monétaire, ce qui est l’une des conditions du passage au ciblage d’inflation. Le rôle de la Banque Centrale de Turquie a été révisé et on lui a accordé un rôle plus actif contrairement au programme de 2000. Son objectif

principal est devenu la stabilité de prix en se réservant le droit d’intervenir pour éviter toute fluctuation trop forte capable d’endiguer le marché. Elle a activé son cadre institutionnel, est devenue indépendante, a amélioré sa politique de communication et son ensemble d’information et a développé des méthodes de prévision d’inflation. En 2001, la Banque Centrale a annoncé des taux d’inflation cibles pour les 3 années suivantes en accord avec le gouvernement (35%, 20% et 12 % respectivement). La prévisibilité des variables macroéconomiques s’est améliorée grâce à la politique de moyen terme, aux négociations avec l’Union Européenne et l’accord avec le FMI.

Dans la lettre d’intention du 15 juillet 2004, on a mis l’accent sur la réussite de cette politique et sur les développements favorables pour le passage officiel du ciblage d’inflation explicite.

Enfin, dans la lettre d’intention offerte au Fonds Monétaire International le 26 avril 2005, la Banque Centrale a annoncé le passage au ciblage d’inflation au début de 2006 et l’année 2005 a été la dernière période pour le passage au régime de ciblage d’inflation. Au début de 2005, on a réalisé une réforme monétaire et on est passé à la nouvelle Livre Turque18. L’Institut de Statistiques National a défini un nouveau panier pour mesurer l’inflation et la politique monétaire a été institutionnalisée de plus en plus : Les réunions du Conseil Monétaire sont réalisées à des dates prévues à l’avance et annoncées au public ; les décisions à propos des taux d’intérêt sont prises après ces réunions. Par la suite, la Banque Centrale a commencé à publier un communiqué à propos des décisions prises lors de ces réunions. On peut ajouter que la prévisibilité de la politique monétaire a été améliorée pendant cette période. En plus, la structure organisationnelle a été révisée et on a redéfini les devoirs relatifs à la politique monétaire. Donc, en 2005, il s’agit d’une Banque Centrale de plus en plus transparente.

La Banque Centrale de Turque résume les conditions préalables au passage du ciblage d’inflation comme suit dans le livret de ciblage d’inflation qu’elle a publié en 2006 :

Tableau4: Conditions préalables en Turquie Conditions

préalables

Situation en Turquie

Objectif de la stabilité de prix

L’objectif essentiel de la BC turque a été déterminé de nouveau par la loi no.1211 de BC en 2001 et il est décidé que la cible d’inflation sera déterminée par la BC et le gouvernement.

18 Une nouvelle Livre Turque est égale à un million d’anciennes Livres Turques.

Une Banque Centrale indépendante, transparente et

crédible

La BC turque a son indépendance d’instrument par la loi 1211. C’est elle qui décide de son instrument de politique. A partir de 2001, elle a cessé de donner des crédits qui construisent la cause essentielle d’inflation en Turquie, au secteur public. Dans le cadre de sa transparence, elle va présenter des rapports concernant sa politique monétaire et ses activités au Conseil de ministres aux mois d’avril et d’octobre de chaque année et va informer la Commission de planification et du budget de TBMM 2 fois par an.

Marchés développés et forts

Suite aux réformes réalisées, le secteur bancaire est restructuré, la fragilité du système financier a diminué.

Dominance fiscale faible

Les inquiétudes sur la soutenabilité de la dette publique sont affaiblies suite à la discipline financière et à l’amélioration du stock de la dette publique et la dominance fiscale s’est affaiblie sur les marchés financiers.

Infrastructure technique

On a construit des modèles de prévision d’inflation et a étendu l’ensemble de données. L’organisation de la BC a été renouvelée dans le cadre de ciblage d’inflation. Un département de communication a été construit dans le but de mettre en ouvre les politiques de communication de façon plus efficace et le département de recherches a été restructuré.

Une fois que les conditions nécessaires, données dans le tableau 4, pour le passage du régime de ciblage d’inflation ont été satisfaites, le régime de ciblage d’inflation a été adopté en 2006, avec les spécifications suivantes :

1. Détermination du paramètre qui sera utilisé pour mesurer l’inflation : C’est l’indice des prix à la consommation qui est utilisé en tant que le paramètre à mesurer l’inflation. Parce qu’il est plus facile de suivre l’évolution de ce paramètre pour le public et c’est un indicateur qui mesure le coût de la vie quotidienne.

2. Détermination du taux cible : Les taux cibles ont été déterminés en coordination de la Banque Centrale et du gouvernement selon la loi de la Banque Centrale de 2001 et sont annoncés pour les trois années suivantes : 5%, 4% et 4% (pour 2006, 2007 et 2008 respectivement).

3. Détermination d’un taux cible ponctuel et une zone cible (une zone de tolérance prédéterminée) : On a déterminé un taux cible ponctuel pour la Turquie car, il est plus facile perçu par les agents privés et a des avantages du point de vue de la communication. Cependant, la zone cible est bornée par plus et moins de 2% du taux cible et la Banque Centrale s’est engagée à expliquer les raisons dans le cas où le taux d’inflation effectif n’est plus dans cette intervalle, en écrivant une lettre au Gouvernement.

4. Détermination de l’horizon de la politique (vitesse de la réduction de l’inflation) : Il s’agit des décisions de politique à moyen terme.

Les instruments de communication essentiels de la politique monétaire de la Banque Centrale de la Turquie sont les rapports d’inflation qui seront publiés tous les 3 mois où la Banque Centrale va expliquer les causes de l’écart entre le taux effectif et le taux cible. En 2006, elle a publié 4 rapports d’inflation aux mois de janvier, avril, juillet et octobre. Vers la fin de 2006, elle a publié aussi les dates de parution des rapports d’inflation et de stabilité financière en 2007 ainsi que les dates de réunions du Conseil monétaire.