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CREDIBILITE EN MATIERE DE CIBLAGE D’INFLATION

A. Les sources du problème de la crédibilité

Quand un programme de stabilisation manque de crédibilité aux yeux des agents privés , la désinflation devient un objectif plus difficile à réaliser. Ce manque de crédibilité peut se résulter de différentes sources : l’incohérence interne ou temporelle, l’information incomplète ou asymétrique, l’incertitude politique et les chocs stochastiques.

1. Incohérence interne

Dans un premier temps, un problème de crédibilité peut apparaître quand les agents privés économiques perçoivent qu’un programme de stabilisation est incohérent avec les autres politiques suivies simultanément : il s’agit d’une incohérence entre l’objectif de désinflation

et les instruments de politique pour réaliser cet objectif. C’est le cas, par exemple, d’un programme de désinflation qui ne comprend pas de mesures pour limiter le déficit budgétaire du secteur public alors que le déficit budgétaire et une expansion de l’offre de monnaie constituent la source principale de l’inflation dans l’économie.

Dans un tel cas, les agents privés vont vite comprendre cette incohérence et le programme va manquer de crédibilité. Par exemple, le Cruzado Plan du Brésil mis en œuvre en 1986, a perdu sa crédibilité parce que les agents privés ont vite compris les implications inflationnistes d’une expansion fiscale que les autorités monétaires ont adoptée.

2. Incohérence temporelle

En second lieu, le manque de crédibilité peut résulter d’un dilemme d’incohérence temporelle des politiques déjà annoncées, auquel les faiseurs de politique font face comme on l’a déjà discuté. Par l’expression « incohérence temporelle », on entend le fait que la stratégie optimale ex post d’un gouvernement peut se différer de sa stratégie ex ante. Par exemple, si on part du modèle de Barro-Gordon, une fois que la politique est annoncée par le gouvernement, les agents privés décident des salaires nominaux tout en formant leurs anticipations ; mais, les autorités qui désirent réduire le chômage peuvent avoir l’intention d’appliquer un taux d’inflation plus élevé que celui de sa politique annoncée, respectant le processus donné par la courbe de Phillips, d’où le fait que l’incohérence temporelle entraîne un biais inflationniste. Donc, on peut dire qu’une annonce de politique visant un taux d’inflation faible n’est plus crédible car, les agents privés comprenant d’appliquer un taux d’inflation plus élevé du gouvernement ne croiront plus à ce dernier.

3. Information incomplète ou asymétrique

Comme une autre source du problème de crédibilité, on peut parler de l’information incomplète ou asymétrique dont les agents privés économiques disposent sur les préférences des faiseurs de politique. Parce que ceux-ci peuvent ne pas toujours être capables de savoir de façon certaine si le gouvernement va stabiliser l’économie sérieusement ou pas, et d’estimer combien les autorités sont sérieuses dans leur objectif d’inflation.

Surtout au début de la mise en œuvre d’une politique de stabilisation, les agents privés ne peuvent savoir les vraies intentions des autorités en matière d’inflation et ne croient pas entièrement aux engagements sous lesquelles les faiseurs de politique annoncent qu’ils se soumettent. Ceux-ci ont besoin du temps pour vérifier les comportements politiques mis en œuvre ainsi que les intentions des faiseurs de politique.

Cependant, l’information imparfaite peut surgir dans des économies où les faiseurs de politique changent dans des périodes très courtes. Dans un tel cas, ce type de changement génère une confusion sur les vrais objectifs de la politique et les préférences des faiseurs de politiques. En plus, les agents privés ne sont plus capables d’évaluer le processus de stabilisation afin de voir que les faiseurs de politique sont sérieux sur leur objectif de politique économique et donc, ils ont encore besoin du temps pour s’adapter à la nouvelle politique, d’où on peut parler d’un processus d’apprentissage.

4. Incertitude politique et chocs stochastiques

La prévision incertaine des réformes politiques ou des mesures constitue une autre source de problèmes de crédibilité : Il s’agit d’une incertitude associée à l’environnement de politique économique.

Dans un monde stochastique, même si un programme de stabilisation a une cohérence interne et une cohérence temporellement, des chocs exogènes peuvent le saboter en frappant l’économie pour rendre les hypothèses fondamentales du programme en question, inadéquates.

Dans de telles circonstances, les faiseurs de politique peuvent ne pas être capables de casser les anticipations inflationnistes et de convaincre les agents privés de la viabilité des objectifs du programme parce qu’il existe une forte probabilité d’apparition de ces chocs qui vont obliger les faiseurs de politique à dévier de leur objectif. Donc, le degré de crédibilité du programme sera affecté défavorablement.

Ce type de chocs peut être externe par nature, comme par exemple une détérioration des taux de change d’un pays ou une hausse des taux d’intérêt sur les marchés internationaux des capitaux, mais aussi, peut résulter d’un environnement politique quand, d’une part, les autorités ont un contrôle imparfait sur les instruments de politique, par exemple c’est le cas d’une annonce d’une cible fiscale qui ne sera pas crédible si le gouvernement ne contrôle pas le niveau des dépenses gouvernementales ; et d’autre part, quand le gouvernement est composé d’une coalition de parties politiques ayant des orientations idéologiques différentes.

Dans ce dernier cas, les agents privés peuvent douter de la faisabilité du programme de stabilisation et peuvent s’attendre à ce qu’il y ait des retournements de politique économique.