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PARTIE 2 Le cas des MAET réduction herbicides en Poitou-Charentes

2. RÉSULTATS

2.4 Les spécificités de chaque groupe enquêté

Certaines réponses n‟ont pas été évoquées dans la partie précédente car elles sont spécifiques à chaque groupe. Détaillons-les maintenant :

Les spécificités du contrat pour la viticulture

Comme indiqué dans le cahier des charges à l‟Annexe 5, les viticulteurs du Bassin du Né doivent atteindre un IFT de 0.564 dès la deuxième année (soit 40% de l‟IFT du territoire en herbicides), ce qui n‟est pas le même cahier des charges que les céréaliers/éleveurs devant effectuer une baisse progressive sur 5 ans (comme nous le verrons dans le point suivant). Pour quasiment la majorité, ce résultat est faisable. Cependant, tous reconnaissent qu‟ils sont dans les clous, car ces deux dernières années ont été des années de sécheresse et les repousses d‟herbes sont donc limitées, ainsi leurs réponses pourraient être biaisées par ce facteur.

« Pour moi c‟est faisable dès la deuxième année et puis financièrement on s‟y retrouve aussi ». Viticulteur 12, BANE.

L‟idée d‟une baisse progressive est pour certains une bonne idée car cela permettra plus de souplesse alors que d‟autres trouvent cela inutile préférant le système actuel d‟atteinte de l‟IFT la deuxième année. De même, l‟idée de moyenne est également mitigée.

« Le système progressif est bien pour les gens qui n‟ont pas le matériel adapté pour tout de suite être à 0.564 mais il ne faut pas leur donner moins, non parce qu‟après c‟est rébarbatif ou comme je vous dis

55 ça va augmenter la tricherie.Ah non je pense que c‟est trop compliqué. Pour moi ce n‟est pas faisable c‟est trop compliqué parce qu‟il va falloir contrôler déjà. » Viticulteur 3, BANE.

«La baisse progressive pour moi en vignes ce n‟est pas bien pour moi il faut une moyenne. » Viticulteur 8, BANE.

L‟idée d‟un paiement par baisse du point d’IFT a également été évoqué aux deux groupes. En effet, cette idée se base sur le principe suivant : à chaque année, chaque contractant fixerait son propre objectif d‟IFT, en face il y aurait un montant proportionnel à la baisse : plus l‟IFT est bas, plus la rémunération augmente.

Selon eux, ce système serait une bonne idée, car rémunérer ceux polluant le moins est logique. Cependant, toujours d‟après les viticulteurs, ce système poserait un peu plus de contraintes au niveau des contrôles.

« Oui pourquoi pas, ça me paraîtrait logique. Oui de rémunérer les gens qui polluent moins c‟est logique parce qu‟ils sont obligés d‟utiliser un autre moyen pour couper les herbes. Certaines personnes qui ont à un IFT élevé seraient convaincues d‟intégrer le système, oui je pense que ça peut être incitatif. » Viticulteur 2, BANE.

Soulignons que ce système pourrait être incitatif face aux plus réticents, leur permettant de se fixer des objectifs moins contraignants et réalisables dans un premier temps.

Nous venons de voir brièvement les grandes idées qui ressortent quant à la méthode de calcul de l‟IFT en viticulture : atteinte de l‟IFT la deuxième année, moyenne, baisse progressive ou encore paiement par baisse du point d‟IFT. De ces méthodes, la meilleure semblerait l‟actuelle ou encore le paiement par baisse du point. En effet, la plupart admettent préférer l‟atteinte de l‟objectif le plus rapidement possible mais cela est de toute façon peu contraignant étant donné qu‟ils ne modifient pas ou peu leurs pratiques.

Il est intéressant de remarquer que la région de Cognac est atypique pour les MAET, notamment de par le fait du produit qui est conçu mais également de la pression grandissante des maisons de négoce pour l‟atteinte des normes environnementales. En effet, selon les viticulteurs, il semblerait que la pression soit de plus en plus forte, des maisons de négoce telles que Rémy Martin qui organiseraient de plus en plus de formations à leurs fournisseurs afin d‟obtenir, semblerait-il, un label qualité environnementale qui pourrait être reconnu mondialement pour ce produit à appellation contrôlée. Ainsi, non seulement les viticulteurs du cognaçais sont contraints à réduire leurs doses en vue du Grenelle de l‟Environnement et d‟Écophyto 2018 mais plus spécifiquement par leur produit et des normes imposées par leurs maisons de négoce.

Les spécificités du contrat pour les céréaliers et les éleveurs

Le cahier des charges pour les céréaliers et les éleveurs est différent de celui des viticulteurs dans le sens ou l‟atteinte de l‟IFT se fait par baisse progressive sur les cinq années de contractualisation.

56 Tout d‟abord, une minorité trouve incohérent que la première année ne soit pas prise en compte alors que pour d‟autres cela semble logique et permet de s‟adapter sans être pénalisé. « Pour moi ce n‟est pas compréhensible que l‟année 1 ne soit pas prise en compte. Si les choses ont été faites en amont, à l‟année 1 il devrait déjà y avoir un impact de réduction. », Céréalier 14, SENE Pour une majorité, la progressivité est une bonne chose et permet d‟atteindre doucement l‟IFT exigé. Cependant de nombreuses personnes ont évoqués le manque de souplesse par rapport aux années exceptionnelles (que nous avons évoqué précédemment). Certains éprouvent tout de même quelques difficultés.

« Pour la baisse progressive, si on n‟y réfléchit pas, et bien c‟est difficile à mettre en place. » Éleveur 1, PVND.

Au vue des résultats, il semblerait cependant que l‟atteinte de l‟IFT soit beaucoup moins contraignante pour les éleveurs, car nombreux sont ceux intégrant des prairies dans leurs calculs. Ainsi, les prairies n‟ayant besoin d‟aucuns pesticides, l‟IFT sur ces parcelles est de 0. Ceci pourrait être une lacune dans le calcul, qui tolère les prairies temporaires. Les éleveurs sembleraient ainsi plus avantagés mais cela n‟est pas forcément le cas pour ceux ayant contractualisé la combinaison de l‟IFT avec la réduction de fertilisation, la fertilisation comme nous l‟avons évoquée précédemment poserait de nombreux soucis aux éleveurs. Concernant la moyenne, une moitié trouve que cela est un bon moyen de pallier aux aléas climatiques et qu‟il est essentiel d‟intégrer une moyenne (comme c‟est le cas avec la moyenne triennale) avec la baisse progressive. D‟autres en revanche sont beaucoup plus réticents, car selon eux il serait encore plus difficile d‟atteindre l‟IFT en cinquième année qui est déjà contraignant avec une souplesse aussi grande…

« Oui la moyenne triennale c‟est bien. Sur notre zone c‟est sur 2 ans et je crois qu‟ils l‟ont mise en place parce qu‟il y a eu des soucis dans certains secteurs parce que là nous avons deux années de sècheresse donc l‟IFT est bas mais si l‟année prochaine c‟est beaucoup pus humide il peut y avoir des désherbages de rattrapage qui font que ça peut monter un peu. » Céréalier 4, PVND.

« Pour moi personne ne ferait une moyenne à 1,02, c‟est trop contraignant, même moi je ne le ferais pas ! » Éleveur 15, SENE.

Concernant l‟idée du paiement par baisse du point d‟IFT, presque tous ont répondu favorablement à ce système, le trouvant « meilleur » que la combinaison baisse progressive avec la moyenne triennale. Certains trouvent ce système judicieux, car non seulement cela permettrait aux non contractants d‟y adhérer (même réponse que les viticulteurs) mais également serait selon certains plus dans une démarche sur le long terme, la personne réduisant au fil des ans, à sa vitesse, ses doses d‟herbicides. Une minorité pense que ce système ne serait pas faisable notamment au niveau administratif qui n‟arriverait pas à suivre.

57 « Si c‟est logique mais moi je vais vous dire quelque chose de très pratique; si déjà on arrive pas a nous payer dans les délais sur un truc simple, donc si vous faites un truc compliqué on sera plus payé du tout. Ce n‟est pas tenable, non on ne sera pas payé du tout. L‟administration est incapable de gérer ça, attendez, avant d‟avoir l‟enregistrement fait, la vérification faite non mais on touchera la MAET avec 4 ans de retard!! L‟administratif est incapable de suivre ça dans les délais. Au niveau de la technique il y a pas de soucis, mais vous vous rendez compte, ce serait presque du cas par cas comment voulez vous, on passe de la réalité aux rêves. » Éleveur 7, SENE.

« Oui ce pourrait être un bon système. Oui moi j‟y adhèrerais. », Céréalier 3, PVND.

Le ressenti concernant les différentes méthodes de calculs semble donc partagé, mais globalement les gens semblent satisfaits avec la baisse progressive et ne seraient pas contre le paiement par baisse du point d‟IFT si au niveau administratif cela suit.

Une autre spécificité est que certains contractants ont pu combiner à la réduction progressive des traitements herbicides celle de la fertilisation azotée. En effet, les contractants de cette mesure, sur PVND par exemple, doivent limiter les apports de fertilisants azotés à 120uN/ha/an en moyenne sur l‟ensemble des parcelles engagées et ne pas dépasser 190 uN/ha/an sur les parcelles non engagées (cahier des charges 2011, PVND).

Cependant, il ressort des entretiens que les éleveurs ont beaucoup plus de soucis avec la fertilisation que les céréaliers mais qu‟en général les deux catégories d‟agriculteurs éprouvent plus de difficultés avec la fertilisation qu‟avec l‟IFT. Parmi les quelques contractants de cette mesure, certains se posent la question si les effluents d‟élevage ont réellement été comptabilisés dans le maximum à ne pas atteindre, car pour eux c‟est compliqué à respecter. « Oui actuellement ce qui est la plus grosse contrainte sont les engrais et la fertilisation et je crois que pour la plupart de mes collègues c‟est la même chose. Tous ceux qui ont de l‟élevage avec des effluents d‟élevage c‟est le plus difficile à faire. C‟est pareil, nous ne savons pas trop comment le calculer si c‟est en fonction de l‟UGB, il y a tout un barème, les tonnages de fumier ne correspondent pas forcément, les analyses de fumier vous voyez bien que ça va du simple au triple donc il faut qu‟on s‟adapte, il faut qu‟on calcule. Oui je trouve ça bien qu‟il y ait un diagnostic avec la souscription parce que c‟est un point de départ. Non les résultats ne m‟ont pas influencé car la décision s‟est prise automatiquement et puis nous nous sommes 140UN à 120U je ne sais pas si on y arriverait. » Éleveur 11, PVND.

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