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Dans notre population d’étude, les signes urinaires les plus fréquents sont : les brûlures mictionnelles, la pollakiurie, l’incontinence. En comparaison aux études faites par Vikas Garg et Al148 , Bonadio et Al149, la fièvre est le symptôme leplus rencontré non seulement chez les diabétiques mais aussi chez les non diabétiques. De plus, dans l’étude de Vikas et Al, la dysurie est le second symptôme fréquent.

Dans notre étude, les signes rencontrés montrent que nos patients sont plus sujets à des infections des voies urinaires basses. Tandis que dans les études de Vikas Garg et Bonadio, la fièvre est généralement évocatrice d’une infection des voies urinaires hautes.Ainsi, les signes cliniques varient en fonction de la localisation anatomique de l’infection.

Cependant, les signes cliniques témoignant généralement d’une infection urinaire ne sont pas spécifiques chez le sujet diabétique. L’étude observationnelle de Ronald et Ludwig

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rapporte que la fièvre peut être moins mise en évidence, en particulier chez les individus ayant des perturbations métaboliques secondaires au diabète.8

Dans le même ordre d’idées, une récente étude menée en Corée du sud a rapporté que les femmes diabétiques atteintes de pyélonéphrite aigue avaient moins de douleur au flanc et des symptômes du bas appareil urinaire par rapport aux femmes non-diabétiques.83

Par conséquent, le diagnostic de certitude d’une infection urinaire est l’ECBU.

3- La colonisation urinaire

Dans notre étude de 208 patients, un cas de colonisation urinaire avait été relevé, soit un pourcentage de 0,48%. Le patient est un diabétique de type 1 ayant un diabète de plus de 10 ans. Son diabète est déséquilibré. La glycosurie était présente dans son cas. Il est sous insulinothérapie et ne présentait ni de facteurs de risques cardiovasculaires, ni de complications diabétiques. Il ne présentait pas de signes cliniques d’infections urinaires lors du prélèvement d’urines. Son ECBU a révélé une bactériurie significative sans leucocyturie significative. Cependant, le pourcentage de colonisation urinaire est inférieur à ce qui est trouvé dans d’autres études (tableau XXVIII)

Tableau XXVII : Pourcentage de la colonisation urinaire retrouvé dans diverses études

Etude (référence) Pays Colonisation urinaire

Bagnan BAH-TASSOU17 Burkina Faso 9,2%

Alebiosu c.a et al.150 Nigeria 26,6%

Kayima JK et al. 151 Kenya 11,1%

S.El Aziz zt al 56 Maroc 72%

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En effet, de nombreuses études ont rapporté une augmentation de la prévalence de la colonisation urinaire chez les patients diabétiques, avec des estimations allant de 8% -26%. 26,28,29,83

Nous pouvons donc conclure que pour notre étude, un prélèvement d’urine fait le même jour que l’ECBU nous aurait permis d’avoir des données plus exactes sur la colonisation urinaire. .

Pourtant, le dépistage et le traitement de la bactériurie asymptomatique n'ont pas été prouvé à diminuer le nombre d'infections symptomatiques ou hospitalisations.24,31 Il a été également démontré que la persistance d’une colonisation urinaire n’était pas associée à une détérioration de la fonction rénale 116chez les diabétiques de type 2 surtout.

III- ASPECTS EPIDEMOLOGIQUES : FREQUENCE

D’INFECTION URINAIRE

Au cours de notre étude, nous avons trouvé une fréquence d’infection urinaire

de 10,1%.Ce résultat est similaire à celui rapporté par une base d’étude de données américaines en 2014, qui a constaté que le diagnostic des infections était plus fréquente chez les hommes et les femmes diabétiques que chez les non-diabétiques (9,4% vs 5,7%, respectivement)152

Egalement en 2014, dans l’étude de A.Malmartel en France, la fréquence d’infectionurinaire chez les diabétiques est de 9,6%.153

Tous ces résultats nous montrent que les infections urinaires sont une pathologie fréquente chez les diabétiques. On remarque aussi que la fréquence n’est pas très variable entre les pays malgré les divers facteurs de risque que peuvent présenter les diabétiques.

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Pourtant, les études faites chez les diabétiques hospitalisés, ont mis en évidence une fréquence très variable qui situe entre 5-65% (tableau XXVIII).A la vue de ces résultats, on remarque que les diabétiques hospitalisés sont plus exposés aux infections urinaires que les externes. En effet, l’appareil urinaire est un site fréquent d’infection nosocomiale. La fréquence d’infection urinaire nosocomiale varie selon les pays, les hôpitaux, et les services .Elle reste aussi très influencée par différents facteurs de risque. Ces facteurs de risque peuvent être liés au patient (dénutrition, neutropénie) ou liés aux soins (sondage urinaire, cathétérisme veineux). 154

Tableau XXVIII : Fréquence d’infection urinaire chez les diabétiques hospitalisés

Etude (référence) Pays(Ville) Service Fréquence d’IU

A.MAAROUFI et al 155 Maroc(Rabat) Endocrinologie 12,97

K. Diyane et al 156 Maroc(Marrakech) Endocrinologie 64,8

I. Damoune et al157 Maroc (Fès) Endocrinologie 22,75

Girard R et al.158 France 5,7

Goswami R et al.159 Inde 9

IV-FACTEURS ASSOCIEES AU RISQUE ELEVE

D’INFECTIONS URINAIRES

1- Sexe

Notre étude confirme que les infections urinaires sont plus fréquentes chez les femmes (9% chez les femmes vs1% chez les hommes).

En effet, dans la littérature, on retrouve que les infections urinaires sont plus fréquentes chez les femmes en général mais elles sont encore plus fréquentes chez les femmes

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diabétiques. Ainsi, la prévalence des infections urinaires chez les femmes diabétiques varie et pourrait atteindre 15 à 20% selon les séries. 160

Pour des raisons anatomiques, les infections urinaires sont plus fréquentes chez la femme. L’urètre féminin est court (3-4 centimètres) et topographiquement proche du vagin et du périnée qui sont régulièrement colonisés par des bactéries d’origine fécale, par opposition, l’urètre masculin est long de 20 centimètres environ et est moins exposé aux infections. 23

En plus de cela, s’ajoutent d’autres facteurs favorisants spécifiques retrouvés dans certaines études, à savoir :

Chez les femmes diabétiques de type 1 : les relations sexuels (p=0,01), l’utilisation de la contraception orale (p=0,02), les complications macrovasculaires sont liés aux risque d’infections urinaire (p=0,04)

Chez les femmes diabétiques de type 2 : la colonisation urinaire (p=0,04)161,162

Par ailleurs, chez les femmes diabétiques, il a été prouvé que l'adhérence aux cellules uroépithéliales de fimbriae de type 1- d’E. coli est augmentée, par rapport à l'adhérence aux cellules uroépithéliales chez les femmes non diabétiques .65Donc, il semble que cette adhésion accrue joue un rôle important dans la pathogenèse d'infections urinaires chez les femmes diabétiques.

D’autres raisons physiologiques ont été trouvés telles que la glycosurie, le défaut de la fonction des neutrophiles, mais les résultats des études sont biaisés.

2- Ancienneté du diabète

Après analyse statistique, nous avons trouvé une différence significative de la fréquence d’infection urinaire entre les patients ayant un diabète de plus de 10ans et ceux ayant un diabète de moins de 10ans (14,1% vs 8,8%). Nos résultats sont conformes à ceux de Boyko et al., de Geerlings et al. où l’on retrouve que plusieurs années de diabète sont associés à la prévalence de la bactériurie .26,72On retrouvait aussi que la bactériurie augmente 1,9 fois avec

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une augmentation de 10 ans de diabète . Egalement dans l’étude de Schmitt et al., Il avait été trouvé une durée de diabète statistiquement plus importante chez les diabétiques avec bactériurie que sans bactériurie (9,9 contre 5,4 ans) .163

3-Glycosurie

Dans la population de l’étude, nous avons trouvé que la glycosurie est aussi un facteur de risque d’infection urinaire (p=0,017). En effet dans certaines études, on retrouve des résultats conformes à la nôtre telles que l’étude El Aziz et al. faite à Casablanca. Pourtant dans la littérature, il a été prouvé in vitro que la glycosurie peut expliquer l’augmentation de l’incidence des infections urinaires chez le sujet diabétique mais cela n’a jamais été confirmé in vivo. De plus, les inhibiteurs du co-transporteur du glucose SGLT2 qui entraînent une glycosurie n’ont pas été trouvé augmentant le risque d’infections urinaires.164

Il est important que la physiopathologie de la glycosurie in vivo soit éclaircie par de prochaines études.

4- Complications diabétiques

Dans notre population d’étude, nous avons trouvé que les complications diabétiques constituent un facteur de risque d’infection urinaire.

En effet, il est bien connu que le risque majoré d’infections diverses qui surviennent chez le diabétique, sont favorisés par l’hyperglycémie et la présence de complications diabétiques.2Egalement,la microangiopathie, la neuropathie compliquée parfois de vessie neurologique sont des facteurs favorisant l’infection urinaire. Un contrôle est important pour réduire le risque de complication.7

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