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C) Les thèmes iconographiques

1- Les quadrupèdes

IDENTIFICATIONS DES ESPECES

Au sein du corpus, le chat est uniquement représenté sur une applique (7) : de profil droit, en position assise au repos, pattes arrières couchées, pattes avant tendues, la queue prise entre les pattes.

On retrouve également un seul exemple de chien, sous forme d’applique taillée en relief, servant d’anse à un couvercle(1) : sur un fond de jeu de triangles rainurés d’obliques se développe une figure canine, également couchée au repos, corps en angle droit, pattes tendues.

La figure du caprin se caractérise par une variété typologique et technique. En effet, d’une part, elle se développe sur des modèles en céramique (10, 11) aussi bien que sur un exemple en pierre (110). D’autre part, on la retrouve sous forme d’applique, en bas relief aussi bien qu’en bec verseur issu du haut relief.

Cette pluralité est également perçue à travers les attitudes adoptées par l’animal. Le rhyton en céramique axe la représentation sur la tête de la chèvre pourvue d’un regard et de cornes. L’exemplaire en pierre permet de distinguer par moins de six modèles sur un même support : quatre d’entre elles sont positionnées de façon similaire, couchées au repos, différenciées par le mouvement et la direction de leurs têtes ; une autre en action, bondissant, le corps et les pattes en tension ; une dernière, tête attentive, pattes avant

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reposée sur un rocher. L’applique en céramique présentée en médaillon nous présente une chèvre, debout, tête baissée.

Malgré cette diversité, on ne peut que constater un traitement iconographie commun. En effet, la figure de la chèvre conserve ses traits caractéristiques d’un support à un autre : des cornes très hautes et fines, incurvées à leurs extrémités, une tête et un museau fin, musculature visible, cuisse galbée. Au vue de sa certaine malléabilité, on serait en droit d’attendre des modèles en céramique un traitement stylistique supérieur : on remarque cependant un travail de la pierre plus précis et audacieux.

La variété remarquée à travers la figure de la chèvre trouve son paroxysme avec la représentation du taureau. L’animal regroupe trois des quatre catégories techniques présentes dans le corpus, la terre cuite, la pierre et le métal ; il est aussi bien retranscrit sous forme de rhyton, en seule protomé ou complet (61, 62, 63, 64, 65, 119), en décor peint (50), en relief métallique (83) ou de pierre (119).

Néanmoins, ce pluralisme devrait admettre tout comme la chèvre une variété de positions et d’attitudes : il n’en est rien. En effet seul le gobelet Vaphio présente le taureau sous différentes coutures. Les autres modèles se contentent d’une représentation faciale pour les protomés ou debout pour les rhytons zoomorphes. La différenciation se fait plutôt par la stylistique, l’avancée dans le réalisme étant proportionnelle à l’avancée chronologique.

Le corpus se dote également de représentations léonines.

Nous avons déjà pu relever une certaine ambigüité autour de cet exemple. En effet, l’ensemble des ouvrages mentionnent le rhyton de Cnossos (118) comme un rhyton à tête de lionne. De notre côté, nous avons souhaité nuancer cette affirmation en émettant l’hypothèse non pas d’une tête de femelle mais d’un protomé de lion.

Nous retrouvons un exemplaire similaire en céramique (3).

DOMESTIQUES OU SAUVAGES ?

Nous aurions pu distinguer en deux groupes ces différentes espèces ; cependant la notion de domestique et de sauvage n’est pas si aisément perceptible à travers l’iconographie, le rapport avec l’homme n’en est que plus complexe, en particulier dans le monde minoen. Seule la figure du lion et du chien semblent assurée ; pour les autres animaux, rien n’est moins sur. En effet, le chat est représenté sur la tasse au sein du monde végétal, en pleine nature. Cette image en évoque une autre, celle d’une fresque minoenne de la phase

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suivante, les chats sauvages1 : l’animal est également présenté dans la nature associé aux chèvres. Cette dernière semble appartenir au milieu naturel et sauvage, pour preuve les contextes dans lesquelles celle-ci est représentée (montagne, nature) ainsi que son attitude récurrente de courses et de bonds. Par association, on pourrait alors comprendre le chat non pas avec notre vision contemporaine d’un animal domestique mais dans une certaine mesure comme celui d’un animal sauvage pour la civilisation minoenne

Toutefois, bien que la chèvre semble figurer au rang des espèces non dominées par l’homme minoen, elle entretient un rapport étroit avec celui-ci, adoptée comme animal à caractère sacré. En effet, cette figure caprine reste associée aux scènes religieuses et aux lieux de culte2, notamment par ses représentations sur des rhytons.

La figure du taureau est d’autant plus complexe. Déjà au sein de notre époque, le taureau possède un statut ambigu, à la fois sauvage et en partie domestiqué3. La civilisation minoenne semble également maintenir cette ambiguïté. A travers ses représentations notamment du gobelet Vaphio et des rhytons zoomorphes (id), le taureau apparait comme dominé par l’homme ou du moins être en contact étroit avec celui-ci. On retrouve alors sur le rhyton en céramique de l’acrobate au taureau, l’animal auquel s’accrochent par ses cornes des petites figurines humaines. Sur deux autres rhytons zoomorphes (id), on distingue sur le corps de l’animal ce que les chercheurs qualifient d’un filet de capture4

. On retrouve alors une scène analogue décrite sur le gobelet Vaphio où un des taureaux est pris dans un filet ; par ailleurs la figure humaine y est clairement représentée, par l’intermédiaire d’un homme qui enserre les sabots de l’animal à l’aide d’une corde, pendant que d’autres se font charger, rappelant ainsi l’iconographie du rhyton en céramique à l’acrobate au taureau.