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C) Les thèmes iconographiques

1- Les images féminines

Le corpus recense quatre représentations féminines. Ces images apparaissent alors comme le motif principal du vase à travers une diversité de traitement et typologique.

En effet, les différentes figures se présentent sur une large variété de supports : elles se retrouvent sous forme de rhytons anthropomorphes (52, 53), d’applique (8), ou en décor peint polychrome (21).

Ces différentes représentations ne semblent pas procéder d’un motif commun : en effet, on ne peut que constater la différence radicale entre les traits stylistiques de chacune de ces images féminines. Les danseuses2 de la coupe en céramique stylisées à l’extrême sont constituées à partir de formes géométriques losanges, triangulaires ou ovales ; les traits du visage résultent d’un motif unique répété. Les deux figures anthropomorphes semblent également procéder d’une forte stylisation donnant aux corps une forme trapue ; cependant elles se distinguent dans le rendu des couleurs et le traitement des appendices corporels tels que le visage et les bras. Enfin, l’exemple d’applique semble le plus abouti dans la représentation du réel : en effet, on peut facilement distinguer sa position, les composantes corporelles et les traits du visage.

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Infra pxx, les chercheurs les identifient comme un symbole cultuel ; on les retrouve cependant au sein d’un environnement explicitement marin qui permet d’admettre l’hypothèse d’une étoile de mer.

2

Dénomination établie par les chercheurs Mastorakis, Michel, op.cit, p63 ; Poursat, Jean Claude, op.cit, 2008, p114, 134 ; Poursat, Jean-Claude, op.cit, 2008, p150

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L’ensemble de ces représentations féminines semblent détenir une fonction cultuelle, renvoyant à l’image d’une divinité ou d’une offrande ; cependant cette symbolique reste encore au rang d’hypothèse1

. Cette interprétation peut être formulée au vue de la scène représentée, du contexte de découverte ou encore de la symbolique intrinsèque véhiculée par l’image.

La coupe aux danseuses doit son nom à la scène qu’elle semblerait représenter, celle d’une ronde formée par les deux figures externes encadrant la troisième dessinée au centre. On remarque la différence notoire de traitement entre les personnages représentés ce qui impliquerait une différence de statut ou d'activité : ainsi le personnage central incarnerait une probable divinité. La présence d’une divinité associée à la gestuelle de la danse2 atteste alors d’une symbolique cultuelle autour de la représentation féminine.

Les deux rhytons anthropomorphes sont issus de contextes particuliers, cultuel (sanctuaire) ou funéraire (tombes)3, bien que la présence au sein de tombe restent exceptionnelles jusqu’à présent4

. Ces différents cadres associés à la construction même du rhyton (écoulement d’un liquide, présence d’un vase comme attribut) permet également de supposer une symbolique cultuelle pour ces deux figures qui représenteraient une divinité. L’image d’une divinité féminine est également véhiculée par la forme même de la représentation. Ainsi l’applique en médaillon accolée au vase représentant une femme enceinte est assimilée à une divinité porteuse d’une valeur apotropaïque.

2 – Les représentations masculines

On distingue cinq exemples de figurations masculines au sein du corpus. A la différence des images féminines, elles ne sont pas présentées de manière isolée sur le vase mais intégrées à de véritables scènes composées.

Elles sont caractérisées par une variété dans les supports et le traitement : on les retrouve aussi bien sur des vases en céramique (62), en métal (83) qu’en pierre (100, 111, 114) sous forme de décor en haut relief ou en faible saillie

1 En effet, en l’absence de textes traduits et explicites sur la religion minoenne, on ne peut que suggérer des

interprétations quant aux différentes divinités et figures cultuelles.

L’ensemble des hypothèses traitées au sein des fiches annexes résultent des conclusions des différents chercheurs, cités également au sein des fiches.

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A travers l’étude des ses différentes représentations notamment sur les fresques, la danse semble être associée aux processions cultuelles

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Se référer à l’index des sites présent en annexes, pour Myrtos et Molchos

4

Treuil, René, op.cit, 2008, p118-119 ; ce constat établi par René Treuil bouleverse quelque peu la symbolique funéraire admettant alors un symbolique encore non définie

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Cette pluralité se retrouve également dans l’étude des détails de chacune des représentations. Il ressort des caractères communs aux images masculines. Les hommes possèdent un costume type : des sandales lacées sur le mollet ; un pagne court dont les extrémités couvrent l’avant et l’arrière du corps laissant ainsi les cuisses nues ; une ceinture large resserrant la taille ; un collier tubulaire autour du cou. Les traits physiques illustrent également un même modèle : un visage imberbe dont les éléments essentiels sont développés (œil, bouche, oreille, nez) ; une chevelure longue et bouclée ; un torse nu dont la musculature, le pectoral et les cotes sont explicitement notées ; une taille très fine ; la forme même du buste et l’action menée par le personnage entraine une cambrure dans le bas du dos.

Cependant, lorsqu’on s’intéresse de plus près aux scènes représentées, on remarque des différenciations notamment entre les protagonistes d’une même scène ; l’exemple de l’acrobate en céramique (62) ne sera pas pris en compte en raison de sa très forte stylisation. Les personnages masculins se distinguent dans un premier temps par les attributs : des sandales dépourvues de lacets (100, 111), un collier absent (111) ou largement développé sous forme de plastron (100), une longue tunique frangée portée sur l’épaule (111), une diversité des objets portés (100, 111). On observe également une différence au niveau de la chevelure : la coiffure peut alors être recouverte par un couvre chef (111) ou un casque (114), les cheveux sont également portés courts (100) ou très légèrement ondulés (111).

Ces différenciations physiques peuvent alors induire une différenciation de statuts, de fonctions ou d’âges. Les deux modèles masculins du rhyton des boxeurs se distinguent par le sport, le type de combat pratiqué. Les deux modèles du vase des moissonneurs définissent un âge différent, la figure centrale portant la tunique étant la plus âgée1, et une action différenciée par les objets portés par chacun. Le gobelet du chef semble lui marquer une distinction sociale de statut et de rang entre les deux hommes.

Les représentations se différencient également par le cadre dans lequel elles s’insèrent et la symbolique qu’elles véhiculent ; certaines interprétations de ces scènes restent encore au stade d’hypothèse2

.

1

Koehl, Robert B. “The chieftain cup and a Minoan rite of passage.” The Journal of Hellenic Studies 106, 1986, p99–110.

2

L’ensemble des hypothèses traitées au sein des fiches annexes résultent des conclusions des différents chercheurs, cités également au sein des fiches

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Le rhyton des boxeurs illustre différentes catégories de sport de combats en extérieur ou abrité par des pilastres : la boxe entre les hommes ou l’affrontement contre un taureau. Le gobelet vaphio présente la capture d’un taureau, attaché en pleine nature. Le cortège du vase des moissonneurs s’avance à allure déterminée accompagné de chants (chanteurs) et de musique (sistre). Enfin, les deux hommes du gobelet du chef se présentent dans une attitude hiératique et solennelle devant ce qui semble être un palais.

On ne peut qu’être frappé par la variété thématique. Cependant, une analyse plus poussée dépassant le simple sens premier des représentations admet une symbolique commune : en effet, malgré des cadres qui semblent antithétiques, celui de la vie quotidienne (83, 114) et d’une certaine classe sociale (100,111), l’ensemble de ces représentations tendent à nous livrer une symbolique cultuelle. On a déjà pu aborder le caractère sacré incarné par le taureau : ainsi son association avec la représentation humaine influe sur la symbolique même de la scène, la capture du taureau et l’affrontement direct impliquent une dimension rituelle. La symbolique cultuelle du vase des moissonneurs parait plus explicite : la représentation de ce cortège rappelle celui d’une procession en l’honneur d’un culte particulier, par les chants, les instruments portés par chacun et la présence de la figure centrale, l’officiant principal, le prêtre dont la tenue semble délibérément attribué à cette fonction. Enfin, malgré des divergences d’opinions quant à la scène représentée1

, l’ensemble des hypothèses adoptent le point de vue d’une symbolique cultuelle pour le gobelet du chef

3 – Les visages détachés

Deux exemples exposent sur de vases en céramique la figure humaine sous un angle différent : seul le visage y est représenté, sous la forme d’un décor peint.

La panse d’un pithos (47) arbore une tête ronde, la bouche ouverte laissant apparait des rangées de dents, des oreilles et un nez imposant, des yeux encastrés sous une arcade sourcilière continue

Le second exemple apparait comme le plus poussé (37) : par son décor et sa forme même il tend à donner l’image d’un visage réaliste. Une forme céramique tronconique surmontée de trois boudins tubulaire est pourvue de traits dessinant un visage, aux yeux en amande, une bouche ovale ouverte, un nez épaté dans le prolongement de l’arcade sourcilière.

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Bien que ces deux exemples semblent dessiner des traits humains, leur symbolique parait tout autre. En effet, ce motif n’apparait pas pour illustrer une scène figurée mais de manière isolée : on est en droit de supposer une fonction protectrice, funéraire ou cultuelle. Le visage dessiné sur le pithos serait alors volontairement grimaçant et effrayant afin d’éloigner les mauvais esprits et protéger le défunt.

Les hybrides

En parallèle de figures entièrement humaines, le corpus présente également des personnages hybrides, alliant des traits humains ou partageant le monde terrestre et des fonctions humaines.