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Les premières tentatives de "fonctionnalisation" du SI

Pour [Amable, 2002] "La définition du système est donc la plupart du temps

floue : un groupe plus ou moins limité d’organisations et d’institutions dans la conception restreinte, un ensemble potentiellement très large dans la conception étendue". Nous proposons en figure 1.2 une illustration qui schématise ce processus.

Amable continue en citant quelques tentatives de précisions analytiques dans l’étude des SNRI à travers notamment la définition des fonctions du SNRI. Il rappelle toutefois que le fait de considérer des fonctions n’implique

CHAPITRE 1. LES SYSTÈMES NATIONAUX

Figure 1.2 – Définition du périmètre d’un système à travers sa modélisation fonctionnelle

pas nécessairement l’adoption d’une position strictement fonctionnaliste. Selon [Johnson, 2001] les systèmes n’ont pas été créés pour remplir les fonctions que les chercheurs leurs assignent et les acteurs du système n’agissent pas en fonction d’objectifs systématiques, mais d’objectifs individuels. Toutefois, la perspective fonctionnaliste n’est pas totalement absente : pour Amable, "le système est défini

par rapport à la cohérence interne des sous-parties, mais surtout l’intervention publique est pensée du point de vue d’un ingénieur-système : il est ainsi possible de modifier le système en tenant compte de son aptitude à remplir les différentes fonctions".

Enfin toujours selon Amable, "L’avantage de cette approche est de permettre

une définition claire des limites du système, toutes les organisations, règles ou institutions qui affectent une fonction fait partie du SNRI, et de sortir des particularismes nationaux en donnant un cadre d’analyse commun à tous les SNRI".

La définition des fonctions d’un SI est cependant multiple. Pour [Rickne, 2001], les fonctions des SI sont les suivantes :

— Développer le capital humain

— Créer et diffuser les opportunités technologiques — Créer et diffuser les produits (nouveaux)

— Incuber les nouvelles techniques — Gérer la technologie

CHAPITRE 1. LES SYSTÈMES NATIONAUX — Légitimer la technologie et la firme

— Créer le marché et diffuser la connaissance du marché

— Diriger la technologie, le marché et la recherche de partenaires — Faciliter l’établissement de réseaux

— Faciliter le financement de l’innovation — Créer le marché du travail

La liste des fonctions établie par Rickne n’est pas établie selon une démarche théorique systématique, pour Amable, "Elle procède de la logique d’extension

progressive des SI à partir de la science et de la technologie".

Pour [Johnson, 2001], qui définit une fonction comme étant la contribution d’une composante ou d’un groupe de composants à l’objectif commun, a recensé toutes les fonctions du SI selon les trois approches qu’il juge les plus importantes : — Le système national d’innovation ([Porter, 1990], [Lundvall, 1992],

[Edquist, 1997], [Nelson, 1993])

— Le système technologique ([Hughes, 1983], [Hughes, 1990], [Carlsson et Stankiewicz, 1995],

— Le système en réseau et l’approche des blocs de développement ([Håkansson, 1990] et [Dahmén, 1989])

De ces travaux Johnson arrive à une liste de fonctions communes à toutes les approches :

— Inciter les firmes à innover — Fournir les ressources

— Guider la recherche, donner la direction — Reconnaitre le potentiel de croissance

— Faciliter les échanges d’informations et de connaissances — Stimuler/créer les marchés

— Réduire l’incertitude sociale

— Agir contre les résistances au changement

En outre, dans un travail empirique ([Jacobsson et al., 2004]), le nombre de ces fonctions à été réduit à cinq :

— Créer de nouvelles connaissances — Guider la recherche

— Fournir les ressources

— Faciliter la création d’externalités économiques positives (à travers des échanges d’informations, de connaissances et de visions)

— Faciliter la formation des marchés

CHAPITRE 1. LES SYSTÈMES NATIONAUX

devine en filigrane une théorie du changement technique.

Jonhson ajoute que la formalisation de fonctions dans le SNRI est un pas en avant très important dans l’étude des SI à travers notamment :

1. L’ajout d’outils pour définir les frontières du système : le SI contient de ce fait toutes les composantes qui influencent une ou plusieurs fonctions identifiées. De ce fait, pour l’auteur, "Cela signifie que les frontières ne sont

pas nécessairement la nation, la région ou la technologie et que plusieurs niveaux d’analyse peuvent être combinés".

2. La description de l’état d’un système à travers l’identification des méca- nismes qui peuvent induire un blocage de certaines fonctions.

3. L’étude de la dynamique du système d’innovation. "La cartographie du "mo- tif fonctionnel" ("Functional pattern" en anglais), c’est-à-dire comment les fonctions ont été remplies, au fil du temps donne une image de la manière dont le système a émergé. Par conséquent, le concept peut apporter une cer- taine structure à un processus qui est souvent difficile à décrire et peut donc contribuer à la compréhension de la façon dont les systèmes d’innovation émergent et changent.

4. L’évaluation de la performance du système. "Cela peut se faire en analysant

la "fonctionnalité" du système, c’est-à-dire à quel point les fonctions ont été remplies, ce qui, bien sûr, exige une définition de ce que signifie bien remplir une fonction".

Dans un papier plus récent, [Bergek et al., 2008] continue le travail de [Johnson, 2001] en synthétisant la littérature existante pour définir sept fonctions (très proches des précédentes) qui selon les auteurs se retrouvent dans toutes les approches (traduction et interprétation libre) :

1. Créer des nouvelles connaissances (Knowledge development en anglais) 2. Guider l’orientation du processus de recherche (Influence on the direction

of search en anglais)

3. Fournir les ressources (Resource mobilization en anglais)

4. Faciliter la création d’externalités positives (Development of external eco-

nomies en anglais)

5. Faciliter la formation des marchés (Market Formation en anglais) 6. Légitimation (Legitimation en anglais)

7. Expérimentation entrepreneuriale (Entrepreneurial experimentation en anglais)

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Enfin, à travers la définition de ces fonctions les auteurs déduisent un schéma d’analyse dynamique dédié à l’étude des systèmes d’innovation technologique dont le schéma est présenté en figure 1.3.

Figure 1.3 – Schéma du modèle d’analyse dynamique de [Bergek et al., 2008]

Remarque Les travaux précités ([Johnson, 2001], [Jacobsson et al., 2004] et

[Bergek et al., 2008]) sont principalement issus de chercheurs de l’université de Chalmers en Suède. Il est à noter qu’en parallèle, des chercheurs de l’uni- versité d’Utrecht en Hollande ont mené un travail similaire (voir notamment [Negro et al., 2007] pour une étude empirique, [Hekkert et al., 2007] pour la for- malisation du modèle et [Hekkert et Negro, 2009] pour une validation empirique du modèle). Ce travail a permis de proposer une liste de sept fonctions harmonisées avec celles de Chalmers ainsi qu’un schéma d’analyse :

1. Activités entrepreunariales (Entrepreunarial activities en anglais) 2. Développement de connaissances (Knowledge development en anglais) 3. Diffusion des connaissances à travers les réseaux (Knowledge diffusion

through networks en anglais)

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5. Formation du marché (Market formation en anglais)

6. Mobilisation des ressources (Resources mobilization en anglais)

7. Création de légitimité / lutter contre la résistance au changement (Creation

of legitimacy/counteract resistance to change en anglais)