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CHAPITRE I LA CROISSANCE FRANÇAISE PEINE À SORTIR DE

2. Les pays de l’Union européenne hors zone euro

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a) Les soldes extérieurs se détériorent à nouveau

Depuis dix-huit mois, le solde des échanges extérieurs ne cesse de se détériorer : les exportations de biens et services en volume ont reculé de l’ordre de 10 % en rythme annuel au cours du premier semestre 2003 alors que les importations ne baissaient que modérément ; en conséquence, le commerce extérieur fournit une contribution très négative (- 1,2 point en rythme annuel au premier semestre) à la croissance. Le déficit commercial devrait continuer de se creuser d’ici à la fin de l’année car les termes de l’échange ne devraient pas s’améliorer, le niveau élevé du cours du pétrole compensant la baisse récente de l’euro. L’économie italienne devrait donc continuer de perdre des parts de marché à l’intérieur comme à l’extérieur de la zone euro, sa spécialisation sectorielle (produits de moyenne technologie) la mettant en concurrence notamment avec les pays émergents d’Asie et d’Europe de l’Est.

b) Un important repli de la Formation brute de capital fixe (FBCF) En 2002, l’Italie avait été un des seuls pays de la zone euro où l’investissement en biens d’équipement avait progressé. Cette croissance s’expliquait notamment par la loi dite « Tremonti bis », qui plaçait les entreprises italiennes dans une situation extrêmement favorable vis-à-vis de l’imposition des bénéfices réinvestis. Avec la fin de ce dispositif (coûteux pour les finances publiques) et celle des mesures d’incitation à l’achat de véhicules neufs, l’investissement en biens d’équipement a très fortement reculé au premier semestre 2003 (- 20 % en rythme annuel) : ce recul concerne aussi bien les matériels de transport (- 32 %) que les machines et équipements (- 16,3 %) ; le taux d’investissement en biens d’équipement (10,5 % du PIB en valeur) n’est toutefois descendu que très légèrement en dessous de sa moyenne de longue période (11 %), ce qui signifie que l’ajustement est probablement encore à venir.

En ce qui concerne le secteur de la construction, la reprise des grands travaux (4,7 milliards d’euros mobilisés en 2003), ainsi que le niveau historiquement bas des taux d’intérêt ont contribué au redémarrage de l’activité (+ 4,7 % sur un an à la fin du second trimestre).

c) La faiblesse de la consommation des ménages

La consommation des ménages a de nouveau ralenti au premier semestre 2003 (+ 1,2 % en rythme annuel contre 2,8 % au semestre précédent). Seules les ventes de biens alimentaires ont résisté, alors que les achats de biens durables, notamment le textile, le mobilier et les véhicules neufs, reculaient. Ce ralentissement s’explique par celui des revenus des ménages, les salaires réels reculant depuis cinq ans, et par le tassement du marché du travail.

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de rester à l’écart – mais aussi des nouveaux adhérents d’Europe de l’Est et de la Méditerranée.

2.1. Le Royaume-Uni

Le gouvernement a annoncé que le Royaume-Uni n’était pas encore prêt pour l’euro après une première évaluation des cinq tests édictés en 199712 : seul celui portant sur l’impact positif d’une adhésion sur les services financiers et la City a été déclaré valide.

Le principal point qui a entraîné le rejet d’une adhésion rapide concerne les critères de convergence : cette dernière s’est nettement améliorée depuis la mise en place de la monnaie unique, le Royaume-Uni remplissant parfaitement les critères du traité de Maastricht à la fois sur les finances publiques, l’inflation et les taux longs. Mais la situation du marché immobilier et les questions liées à son financement (71 % des crédits hypothécaires étaient à taux variables et indexés sur les taux courts en 2002) empêchent encore d’envisager une convergence des taux directeurs. A 3,5 %, le principal taux de la Banque d’Angleterre était à son niveau le plus bas depuis 1955 jusqu’à la décision du 6 novembre 2003 qui l’a porté à 3,75 %. Il est désormais supérieur de 175 points de base au taux de la zone euro.

Un nouveau rapport sera présenté par le gouvernement au printemps prochain, lors de la présentation du budget. La tenue d’un référendum semble toutefois peu probable dans le court terme après le refus des Suédois d’adopter l’euro.

Tableau 6 : La situation du Royaume-Uni en 2001 et 2002 (en %)

2001 2002

Produit intérieur brut 2,1 1,9

Consommation des ménages 4,1 3,7

Consommation publique 2,5 3,3

Investissement total 1,0 - 1,0

Exportations 0,9 - 0,9

Importations 2,3 2,1

Production manufacturière (variation en %) - 2,4 - 4,1 Taux de chômage (en % de la population active) (1) 5,1 5,2 Inflation (RPI/RPI-X) en % (2) 1,8/2,1 1,6/2,2 Balance des paiements courants (en milliards PIB) - 12,5 - 8,7 Solde des administrations publiques (en % du PIB) + 0,9 - 1,2 (1) : au sens du Bureau international du travail. (2) : RPI : prix de détail : RPI-X : hors charges d’intérêts hypothécaires.

Source : Comptes nationaux.

12Convergence économique, flexibilité en cas de problèmes économiques, impact sur l’investissement, sur les services financiers de la City, ainsi que sur la croissance et l’emploi.

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A l’aune des performances et des perspectives économiques du Royaume-Uni, l’intérêt d’une adhésion ne semble, au demeurant, pas évident : bien qu’en ralentissement depuis 2000, la croissance du PIB reste nettement supérieure à celle de la zone euro. La moyenne des prévisions situe la croissance autour de 2 % cette année (contre 0,5 % dans l’Union monétaire) et de 2,6 % en 2004 (contre 1,7 %).

Si l’industrie peine à sortir de la récession, le secteur des services affiche encore un certain dynamisme. La relance budgétaire est une réalité avec une hausse des dépenses publiques de plus de 3,5 % par an mais le déficit public se creuse pour atteindre 2,4 % du PIB contre un excédent de 1,6 % en 2000. La consommation ralentit mais reste soutenue grâce à un taux de chômage de 5,1 %, le plus bas des pays du G 7. L’endettement des ménages atteint un niveau (130 % du revenu disponible) qui risque, à l’inverse, de créer des problèmes de solvabilité. Le ralentissement attendu de l’inflation (hors intérêts hypothécaires, elle évolue autour de 3 % depuis le début de l’année, pour un objectif de la Banque d’Angleterre de 2,5 %) va redonner un peu de pouvoir d’achat aux ménages. Selon l’IPCH, elle n’est que de 1,3 % (2,1 % dans la zone euro). Le rapport d’évaluation indique que l’objectif de la banque centrale doit être fixé dès cet automne sur l’IPCH, ce changement de cible étant justifié par la volonté de prendre la même référence que la Banque centrale européenne (BCE).

2.2. Danemark et Suède

En début d’année, le Danemark (+ 1,4 % en rythme annuel) et surtout la Suède (+ 2 %), qui vient de refuser d’adhérer à la monnaie unique européenne lors du référendum du 14 septembre 2003 (56 % de non), ont à nouveau enregistré des taux de croissance supérieurs à ceux de la zone euro (+ 0,8 %). La Suède affiche même une meilleure performance pour le sixième trimestre consécutif. De fait, depuis 1999, la croissance suédoise a, en moyenne, été supérieure de 1 point à celle de la zone euro. Néanmoins, ces résultats masquent les différences qui existent entre les deux pays : la progression du PIB a été nettement plus vive en Suède qu’au Danemark au premier trimestre ; par ailleurs, la croissance apparaît déséquilibrée au Danemark (liée à un important restockage) à l’inverse de la Suède où la composante domestique et le solde extérieur s’équilibrent parfaitement.

En Suède, la consommation des ménages bénéficie de l’amélioration du marché du travail, qui reste mieux orienté que celui de la zone euro : le taux de chômage est proche, comme au Danemark, de 5 % contre 8,8 % dans la zone euro. Le Danemark se distingue par l’évolution des prix : en effet, l’inflation sous-jacente (hors éléments volatils) avoisine en moyenne 3 % depuis le début de l’année contre 1,6 % en Suède et 1,8 % dans la zone. L’évolution favorable des prix a permis aux autorités monétaires suédoises d’assouplir à nouveau leur taux directeur (2,75 % depuis juillet) et de renforcer la convergence vers les taux pratiqués par la BCE et le Danemark. Cet assouplissement devrait renforcer la résistance de l’activité au ralentissement international.

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Au total, la moyenne des prévisions se situait, en novembre 2003, à 1,6 % pour cette année et 2,4 % en 2004 pour la Suède et respectivement à 0,9 % et 2,1 % pour le Danemark.

2.3. Les nouveaux adhérents

Dans l’ensemble des dix pays devant accéder à l’Union européenne en 200413, la croissance du PIB est revenue, en moyenne, de 2,4 % en 2001 à 2,2 % en 2002. Elle a été, principalement, soutenue par une progression de la consommation des ménages supérieure à 4 %, malgré un taux de chômage en hausse (13,1 % fin 2002, après 12,5 % fin 2001). Les flux d’investissements directs étrangers ont dépassé 22 milliards d’euros (17,5 milliards en 2001), contribuant à la poursuite de la modernisation des capacités industrielles.

L’inflation s’est établie à 2,0 % en glissement annuel, contre 4,5 % en 2001. En revanche, les finances publiques se sont dégradées, passant en moyenne de 3,7 % du PIB en 2001 à 5,3 % en 2002. Le déficit des paiements courants a représenté, en moyenne, 5 % du PIB, ce qui fait naître des interrogations sur sa soutenabilité.

Le souhait de plusieurs entrants d’adopter rapidement l’euro (début 2007 au plus tôt) implique un respect des critères de Maastricht qui peut s’avérer difficilement supportable pour ces économies :

- les contraintes du mécanisme de change les obligeraient à mobiliser leur politique monétaire au service quasi-exclusif de la défense du change, alors même qu’une appréciation est inévitable, du fait de gains de productivité supérieurs à ceux de l’Union, en ligne avec le rattrapage économique. Aller trop vite vers l’euro impliquerait donc de se priver prématurément de l’instrument essentiel qu’est l’arme monétaire ;

- l’autre défi important est celui des déséquilibres budgétaires, aujourd’hui incompatibles avec les critères de déficit pour des pays comme la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque ou la Pologne. La Commission prévoit que les objectifs fixés fin 2002 dans les programmes de pré-adhésion (déficit public moyen de 3,4 % du PIB) ne seront pas atteints en 2004. La Pologne, la République tchèque ou la Hongrie vont notamment pâtir du coût de l’intégration à l’Union européenne, de l’évasion fiscale, de la restructuration bancaire. Cet accroissement des déficits s’accompagnera logiquement de celui de la dette même si celle-ci demeure aujourd’hui encore très raisonnable (37 % du PIB en moyenne contre 70 % dans la zone euro). L’arme budgétaire ne serait donc plus disponible pour stimuler la demande interne avec un passage trop rapide à l’euro.

13 Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, République Tchèque.

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C - L’ENVIRONNEMENT EXTRA-EUROPÉEN

Depuis quelques mois, l’horizon économique international semble s’être dégagé, bien que les inquiétudes n’aient pas disparu : la croissance semble de retour aux Etats-Unis, laissant augurer le possible démarrage d’un nouveau cycle d’expansion14 que le maintien de déséquilibres structurels considérables rend encore fragile ; le Japon semble sur le point de juguler la langueur durable de son économie sans pour autant avoir surmonté ses faiblesses financières ; les autres pays asiatiques confortent leur place dans l’économie mondiale, dans le sillage de la Chine ; les perspectives pour l’Amérique latine sont largement dépendantes des succès et des échecs que rencontreront les nouvelles équipes au pouvoir au Brésil et en Argentine pour consolider le sursaut actuel de la croissance et assurer enfin l’amélioration du niveau de vie de leur population ; l’Afrique, quant à elle, souffre toujours du décalage entre la progression de son économie et la croissance de sa population, dans un contexte qui tend à la marginaliser dans les échanges internationaux.