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CHAPITRE I LA CROISSANCE FRANÇAISE PEINE À SORTIR DE

2. Une durée du travail stabilisée, un taux d’activité des femmes

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La construction et le tertiaire sont les secteurs qui recrutent le plus : 12 % des postes y étant occupés par des salariés embauchés depuis moins d’un an contre 7 % dans l’industrie et l’agriculture. C’est dans les services aux particuliers que le turn-over de la main-d’œuvre est le plus grand : 20 % des employés y ont moins d’un an d’ancienneté début 2003 et les chômeurs issus de ce secteur et ayant perdu leur emploi depuis moins d’un an représentent 7 % des emplois. Le commerce et les activités immobilières viennent ensuite, avec 15 % de personnes embauchées dans l’année. Dans l’industrie, seul l’agroalimentaire présente un niveau aussi élevé de recrutement. Dans tous les autres secteurs industriels, moins de 10 % des personnes sont en poste depuis moins d’un an.

Celui de l’énergie est particulièrement fermé : les recrutements faits dans l’année sont marginaux (3 %) et les chômeurs de moins d’un an d’ancienneté issus de ce secteur représentent moins de 1 % des emplois (voir figures 8, 9 et 17 en annexe).

2. Une durée du travail stabilisée, un taux d’activité des femmes qui

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Lorsque le contrat prévoit une durée hebdomadaire, celle-ci est de 36 heures en moyenne. Mais du fait des heures supplémentaires, la durée réelle est supérieure en moyenne de 2 heures pour les salariés à temps complet soit de 6 heures supplémentaires en moyenne pour les cadres, 2 heures 15 pour les professions intermédiaires et ¾ d’heure pour les employés et ouvriers. La proportion de salariés dont le contrat indique une durée hebdomadaire strictement supérieure à 35 heures est passée en un an de 37 % à 31 %.

La proportion de salariés à temps partiel a cessé de diminuer après 4 années consécutives de baisse : au quatrième trimestre 2002, 16,2 % des personnes employées (et 29,7 % des femmes) étaient à temps partiel contre 18,2 % dans l’Union européenne (33,5 % des femmes, voir figure 15 en annexe) Ces salariés ont une durée hebdomadaire effective de travail égale en moyenne à environ 23 heures 15 minutes. Plus d’un quart d’entre eux souhaiteraient travailler davantage. L’indifférence quasi-générale face au sous-emploi et à la

« pauvreté laborieuse » (personnes ayant un emploi qui ne leur procure qu’un revenu très faible) a précisément constitué un point saillant de l’intervention de Mme Margaret Maruani, directrice de recherches au CNRS, le 16 octobre 2003.

Selon elle, les débats sur le travail à temps partiel, souvent centrés sur le « temps choisi » permettant la conciliation entre vie familiale et professionnelle, occultent le plus souvent la question des bas salaires assignés aux femmes qui demeure la face cachée de la crise de l’emploi : plus de 80 % des personnes travaillant à temps partiel - ainsi que des personnes travaillant pour un salaire inférieur au SMIC mensuel - sont en effet des femmes (voir figure 11 en annexe).

Encadré 3 : La réduction du temps de travail a-t-elle amélioré la vie quotidienne des parents de jeunes enfants ?

Selon une étude de la DARES53, 60 % des parents de jeunes enfants déclarent que la réduction du temps de travail leur a permis de mieux concilier leur vie familiale et leur vie professionnelle. Le niveau de satisfaction est d’autant plus élevé que l’organisation du temps de travail est régulière et les horaires maîtrisables et prévisibles. Plus que la flexibilité elle-même, c’est la manière dont elle a été négociée entre le salarié et l’employeur qui est déterminante dans la satisfaction ou l’insatisfaction des salariés. La réduction du temps de travail a agi comme un révélateur des inégalités entre les salariés travaillant dans des secteurs protégés, avec une forte tradition de dialogue social et bénéficiant d’un environnement favorable à la famille, et les salariés soumis à des formes contraignantes d’organisation du travail.

Dresser un bilan des effets de la loi sur l’articulation travail/famille exige donc une approche nuancée, compte-tenu des disparités existantes en matière d’organisation du travail et de l’hétérogénéité des situations et des modes de vie des familles. Toutefois, plus en amont, les conditions dans lesquelles se sont déroulées les négociations renvoient à la question des rapports de force entre employeurs, syndicats et employés au sein des entreprises, à la qualité du « dialogue social » et à leurs répercussions – directes ou indirectes – sur le « bien-être » des familles, un enjeu de première importance pour la politique familiale.

53 « La réduction du temps de travail a-t-elle amélioré la vie quotidienne des parents de jeunes enfants ? », Premières informations et premières synthèses n°01.2, janvier 2003.

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2.2. Le taux d’activité des femmes continue d’augmenter

Les femmes sont de plus en plus souvent actives : début 2003, 63,4 % des 15 à 64 ans ont un emploi ou en recherchent un, soit un point et demi de plus qu’un an auparavant. La part des femmes dans la population active ne cesse donc d’augmenter pour atteindre 46 % du total, soit nettement au-dessus du Japon (41 %) ou même de la moyenne de l’Union européenne (autour de 43,5 %) et légèrement au-dessous des Etats-Unis (voir figure 2 en annexe). L’activité progresse à tous les âges, sauf entre 25 et 30 ans. C’est aux âges où elles assument les charges familiales les plus lourdes que leur taux d’activité augmente le plus : désormais moins de 20 % des femmes de 30 à 54 ans n’ont pas d’activité professionnelle et n’en cherchent pas. Leur comportement se rapproche encore de celui des hommes, puisque pour eux la tendance est inverse : leur taux d’activité diminue pour tous ceux qui ont moins de 55 ans. Au total, hommes et femmes confondus, la proportion d’actifs augmente : début 2003, 69 % des personnes en âge de travailler (15-64 ans) travaillent ou sont au chômage, soit un demi-point de plus qu’il y a un an (voir figure 3 en annexe).

Ces taux situent la France à un niveau proche de la moyenne européenne (69,6 % en 2002, voir figure 4 en annexe).

Encadré 4 : Pourquoi certaines femmes s'arrêtent-elles de travailler à la naissance d'un enfant ?

Selon une étude de la DARES et du CREDOC réalisée à partir de l’enquête emploi 200254, même si l’activité féminine a très fortement augmenté ces quarante dernières années, notamment parce que les femmes interrompent moins leur activité professionnelle à la naissance d’un enfant, leurs taux d’activité restent conditionnés, à la différence de ceux des hommes, par la présence et l’âge des enfants : ainsi, la proportion de femmes avec enfant(s) qui sont inactives est bien supérieure à celle des hommes dans la même situation (14,2 % contre 1,4 %). Les femmes qui ont arrêté de travailler à la naissance d’un enfant sont majoritairement ouvrières ou employées, moins diplômées et avec plus d’enfants que leurs consœurs ayant conservé une activité professionnelle avec un enfant en bas âge. La moitié d’entre elles invoquent comme raison principale la volonté de se consacrer pleinement à leurs enfants, l’autre moitié des raisons financières ou d’organisation. Quels que soient les motifs mis en avant, la moitié des femmes interrogées auraient souhaité continuer à travailler et indiquent que des changements dans leurs conditions de travail, les modes de garde ou encore l’organisation familiale auraient pu le leur permettre. Les trois quarts envisagent de reprendre le travail à une date déjà fixée, en général au plus tard aux trois ans de l’enfant.

Les arbitrages des femmes interrogées se sont opérés dans un contexte donné, constitué de l’offre de garde (existence de dispositifs, adéquation aux souhaits), des conditions de travail antérieures (maîtrise de l’organisation du temps de travail), de la situation du conjoint et du système d’incitations au retrait d’activité (possibilité ou non de bénéficier de l’allocation parentale d’éducation), sur fond d’un ensemble de normes et de valeurs qui peut être différent selon les individus. Au-delà du souci du bien-être de leur enfant que manifeste la quasi-totalité des femmes qui se sont arrêtées, il semble que leur choix s’explique largement par la conjonction de plusieurs facteurs objectifs qui rendaient la poursuite d’une activité problématique et l’arrêt temporaire la solution apparemment la plus rationnelle à un moment donné.

54 « Pourquoi certaines femmes s’arrêtent-elles de travailler à la naissance d’un enfant ? », Premières informations et premières synthèses n°29.2, juillet 2003.

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