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Les obstacles qui freinent l’intégration des TIC

CHAPITRE 1 : LA PROBLÉMATIQUE

1.2 L’intégration des TIC, un processus complexe

1.2.4 Les obstacles qui freinent l’intégration des TIC

Les obstacles à l’intégration des TIC en éducation sont souvent relevés dans la littérature scientifique pour expliquer la difficulté à les intégrer en classe. Par exemple, dans les années 1980, la piètre accessibilité, le manque de temps et de compétences des enseignants constituaient des freins importants à l’utilisation des TIC en classe (Sheingold et Hadley, 1990). Dans les deux dernières décennies, plusieurs chercheurs ont étudié les obstacles à l’intégration pédagogique des TIC. Notamment, l’organisme British Educational Communication and Technology Agency (BECTA) dans What the research says about barriers to the use ICT in teaching a relevé, dans la littérature scientifique, de nombreuses barrières qui freinent l’utilisation des TIC dans les écoles (BECTA, 2003). Ils en ont identifié deux catégories : la première se nomme facteur interne et elle se réfère à l’enseignant : la deuxième est appelée facteur externe et elle se rapporte à l’institution (voir Tableau 2). En analysant la revue de littérature de la BECTA (2003), nous serions portés à croire que les références qui ont été publiées essentiellement entre 1997 et 2002 sont obsolètes, et ce, surtout dans le domaine des TIC. Or, des recherches récentes nous montrent que ce n’est pas le cas.

En 2009, Bingimlas a réalisé une revue de littérature sur les obstacles à l’intégration des TIC. Il y relève sensiblement les mêmes types d’obstacles que nous retrouvons dans la littérature scientifique (BECTA, 2003; Groff et Mouza, 2008; Kirkland et Sutch, 2009; Mumtaz, 2000; Pelgrum, 2001; Sheingold et Hadley, 1990). De plus, les nombreuses recherches sur les obstacles à l’intégration des TIC ont amené des chercheurs à effectuer des métasynthèses sur cette problématique. Par exemple, Hew et Brush (2007) ont analysé les études publiées entre 1995 et 2006 afin d’y examiner les obstacles que les enseignants des écoles K-12 (écoles du primaire et du

secondaire) rencontraient lorsqu’ils intégraient les TIC en classe. Ainsi, 48 études ont été analysées et pas moins de 123 obstacles ont été relevés. Suite au classement des obstacles par catégories (Tableau 1), les auteurs proposent une série de recommandations pour y remédier.

Catégories Exemples d’obstacles

Ressources technologiques

Problématiques techniques, fiabilité du matériel, fiabilité du réseau, lenteur, obsolescence, etc.

Accessibilité de la technologie (infrastructure, ordinateurs, périphériques, logiciels, etc.) Manque de temps

Soutien technique déficient Connaissances et compétences Connaissances technologiques Compétence TIC Gestion de classe Institutionnelle Leadership de la direction Structure des horaires Planification dans les écoles Attitudes et croyances Perceptions négatives envers les technologies, manque d’intérêt Évaluation

Priorité à préparer les élèves aux examens plutôt que d’investir du temps pour s’approprier les TIC Culturelle Technologies non ancrées dans les pratiques des enseignants

Tableau 1 Catégories d’obstacles de Hew et Brush (2007)1

La liste des recommandations ou des facteurs qui peuvent améliorer l’intégration des TIC et que nous retenons est longue. Or, il est difficile

d’intervenir sur l’ensemble des obstacles. Toutefois, Bingimlas (2009) propose d’intervenir simultanément sur des facteurs critiques tels que le manque de confiance, de compétences et d’accessibilité afin d’augmenter les probabilités d’une intégration des TIC réussie.

Les obstacles à l’intégration des TIC en éducation sont récurrents. Par exemple, dans les années 1980, la piètre accessibilité de même que le manque de temps et de compétences constituaient aussi des freins importants à l’utilisation des TIC en classe (Sheingold et Hadley, 1990). De ce fait, nous constatons que la situation n’est pas totalement inchangée depuis la publication de ces articles et c’est sans compter le fait que nous concevons que l’école ne change pas rapidement (Conole et Dyke, 2004; Livingstone, 2012; Zhao, Pugh, Sheldon et Byers, 2002).

Facteurs internes Facteurs externes

Manque de temps pour la formation et exploration (Fabry et Higgs, 1997), et pour la préparation d’activités TIC (Preston et al, 2000).

Manque d’équipement TIC (Pelgrum 2001; Guha, 2000) et coût d’acquisition et de maintenance (Cox et al, 1999). Manque de confiance en soi lors de

l’utilisation des TIC (Pelgrum, 2001).

Manque d’accessibilité dû à des facteurs organisationnels (Fabry et Higgs, 1997, Cuban et al. 2001). Expériences négatives avec les TIC

(Snoeyink et Ertmer, 2001).

Obsolescence du matériel et des logiciels (Preston et al, 2000). Gestion de classe difficile avec

l’utilisation des TIC (Drenoyianni et Selwood, 1998; Cox et al, 1999).

Manque de fiabilité de l’équipement (Butler et Sellbom, 2002; Cuban et al. 2001).

Manque de connaissances pour résoudre des problèmes techniques (VanFossen, 1999).

Manque de soutien administratif (Albaugh 1997; Butler et Sellbom, 2002).

La perception que les TIC n’améliorent pas l’apprentissage (Yuen et Ma, 2002; Preston et al, 2000).

Manque de soutien institutionnel (Leadership, planification, implication des enseignants, etc.) (Larner et Timberlake, 1995; Cox et al, 1999) Manque de motivation pour changer

ses pratiques pédagogiques (Snoeyink et Ertmer, 2001).

Manque de formation (VanFossen, 1999)

La perception que les ordinateurs sont compliqués et difficiles à utiliser (Cox et al, 1999).

Tableau 2 Obstacles à l’intégration des TIC (BECTA, 2003, p.2)2

Les chercheurs Groff et Mouza (2008) ont effectué une revue de la littérature afin de relever des facteurs critiques qui influencent l’adoption des TIC en classe. Les obstacles qui freinent l’utilisation de la technologie sont nombreux et de nature variée; en outre, l’ensemble des éléments relevés montre bien la complexité des obstacles que les enseignants peuvent rencontrer dans une classe (voir la Figure 1). Or, ils concluent que les facteurs auxquels on doit

apporter une attention particulière sont ceux qui tiennent compte du contexte, de l’innovateur, de l’innovation et des étudiants. Ainsi, lors de l’implémentation d’une innovation avec les TIC, il s’avère important de considérer le contexte tel que présenté par Groff et Mouza (2008) comme un élément important qui peut influencer l’adoption d’une TIC.

À la lumière de l’analyse de la littérature scientifique sur les obstacles à l’intégration des TIC en classe, il apparait qu’il n’est pas possible d’intervenir sur l’ensemble des facteurs. Par exemple, il est très difficile d’intervenir simultanément sur l’accessibilité, sur le soutien institutionnel, sur le manque de temps et sur les compétences TIC des enseignants. Un grand nombre de variables difficiles à contrôler sont impliquées. Or, ces variables ne sont pas toujours à notre portée lorsque nous voulons remédier à ces obstacles. Ce sont les facteurs internes qui sont plus susceptibles de contribuer à l’adoption des TIC chez les enseignants. En effet, les facteurs internes influent notamment sur la perception que les TIC peuvent améliorer les apprentissages des élèves tout en tenant compte des facteurs relevés précédemment par Groff et Mouza (2008).

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