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Le modèle TAM (Technology Acceptance Model)

CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE

2.3 Les modèles d’innovation

2.3.6 Le modèle TAM (Technology Acceptance Model)

Le modèle Technology Acceptance Model (TAM) a trouvé son inspiration dans la théorie de l’action raisonnée (TRA) de Fishbein et Ajzen (1975) qui permet de prédire et d’expliquer des comportements sociaux en recourant à un nombre restreint de concepts théoriques. Tout d’abord, le comportement d’un individu est avant tout déterminé par le concept « d’intention comportementale » puisqu’il est considéré comme la cause directe du comportement (Ajzen et Fishbein, 1980). Ainsi, un comportement est basé sur le choix délibéré d’un individu. Ce choix est motivé par une prise de conscience en considérant les informations dont il dispose et en évaluant les conséquences.

Selon Ajzen et Fishbein (1980), le concept déterminant de la TRA est l’intention comportementale puisqu’elle est considérée comme la cause directe du comportement (voir Figure 6). Le concept de l’attitude envers un comportement se définit par une évaluation favorable ou défavorable à accomplir un comportement. L’attitude envers un comportement est reliée aux croyances suite aux conséquences d’un individu, c’est-à-dire suite à l’évaluation des conséquences d’un comportement. Quant aux normes subjectives, elles représentent le comportement d’une personne en fonction d’un individu ou d’un groupe d’individus. Elles sont déterminées par des croyances normatives à la base d’un comportement et par des motivations à réaliser un comportement. Enfin, les attitudes envers un comportement sont de nature individuelle tandis que les normes subjectives ont une perspective sociale.

Figure 6 Théorie de l’action raisonnée de (Fishbein et Ajzen, 1975, p. 16)8

Développé à la fin des années 1980, le modèle TAM de (Davis, 1989) est une adaptation du modèle TRA qui s’adresse spécifiquement au domaine des technologies de l’information. Plus précisément, il a pour but de prédire l’acceptabilité des technologies par des usagers (Davis et al., 1989). Dans le même esprit que le TRA, le Technology Acceptance Model vise l’identification, avec un nombre réduit de variables, l’acceptabilité d’un système informatique.

Parmi les nombreux modèles que nous pouvons retrouver dans la littérature, le TAM est largement utilisé par les chercheurs pour étudier l’acceptabilité d’un système d’information (Brangier, Hammes-Adelé et Bastien, 2010; Février, Jamet et Rouxel, 2008; Kreijns, Vermeulen, Kirschner, Buuren et Acker, 2013; Van Raaij et Schepers, 2008; Venkatesh et Davis, 2000).

Comportement Attitude envers un comportement Normes subjectives Croyances suite aux conséquences d’un comportement L’intention comportementale Croyances normatives d’un comportement

Le TAM est utile pour expliquer les facteurs qui contribuent à l’adoption de la technologie de même que pour identifier ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas pour un usager. Par la suite, il est possible de modifier des éléments de la technologie afin de la rendre acceptable (voir Figure 7). Ce processus est caractérisé par deux facteurs : la perception de l’utilité et la perception de la facilité d’utilisation9. La perception de l’utilité fait référence à ce que la technologie va améliorer pour l’usager alors que la perception de la facilité d’utilisation représente l’idée où un utilisateur n’a pas à fournir d’effort pour s’approprier la technologie.

Figure 7 Modèle d’acceptation de la technologie (Davis et al., 1989, p. 985) Intention d’utilisation Utilisation de la technologie Perception de l’utilité Perception de la facilité d’utilisation Variables

externes Attitude envers

Le modèle TAM a fait l’objet de nombreux ajouts et suivre son évolution est une tâche laborieuse (Brangier et al., 2010). Selon Benbasat et Barki (2007), ils soutiennent que les nombreuses adaptations du TAM ont été réalisées en fonction des changements constants des technologies. Ces adaptations ont contribué à une confusion dans laquelle il n’est pas facile de trouver un modèle qui est accepté et qui fait consensus chez les chercheurs.

Une contribution importante au modèle est sans aucun doute le Unified Theory of Acceptance and Use of Technology (UTAUT) de Venkatesh et Davis (2000). Suite à des critiques formulées par de nombreux chercheurs (King et He, 2006; Kreijns et al., 2013), Venkatesh et Davis (2000) ont révisé le modèle TAM. Appelé TAM2, cette révision tient compte de variables externes contrairement au TAM où les intentions d’utilisation d’une technologie étaient reliées à des caractéristiques individuelles. Or, de nouveaux éléments caractérisés par des influences sociales et des processus instrumentaux cognitifs sont maintenant considérés. Par exemple, Venkatesh et Davis (1996) ont examiné plus en détail ce qui influence la dimension de la perception de la facilité d’utilisation : le sentiment d’auto- efficacité relatif à l’utilisation de l’ordinateur et l’utilisabilité objective. Plus récemment, le TAM3 a été proposé par Venkatesh et Bala (2008). Celui-ci qui tient maintenant compte des facteurs liés à l’auto-efficacité et à l’anxiété lors de l’usage de la technologie. Ces facteurs peuvent influencer la perception de la facilité d’utilisation.

Pour expliquer et pour prédire l’acceptation d’une nouvelle technologie, Venkatesh et al. (2003) proposent une version inspirée des modèles d’acceptation de la technologie. Suite à l’évaluation des modèles existants, les auteurs ont retenu huit modèles pour élaborer le Unified Theory of Acceptance and Use of Technology (UTAUT). Il s’agit du (1) modèle théorique de l’action raisonnée (celui qui a inspiré le TAM), (2) le TAM, (3) le

modèle motivationnel, (4) la théorie de l’action planifiée, (5) le TAM et la théorie de l’action planifiée, (6) le modèle de l’utilisation du PC, (7) le modèle de diffusion d’une innovation et (8) la théorie socio-cognitive. Par la suite, Venkatesh et al. (2003) ont effectué une étude longitudinale dans quatre organisations pour les valider de même que pour les comparer afin d’y relever les similarités conceptuelles et empiriques. Les résultats de cette étude longitudinale ont permis de formuler le modèle UTAUT (Figure 8). Enfin, le modèle a été validé lors d’une recherche subséquente et les chercheurs ont conclu que l’intention d’usage est fortement déterminée par les attentes de performance et d’efforts ainsi que par l’influence sociale. De plus, la validation du modèle UTAUT a permis de relever que les intentions d’usage sont significativement influencées par quatre variables modératrices clés : le genre, l’âge, l’expérience et la volonté d’usage. Ce modèle est plus complet que les versions précédentes du TAM et, par conséquent, plus complexe.

Figure 8 Le modèle UTAUT (Venkatesh et al., 2003, p. 447)

Le modèle TAM et ses dérivés ont été utilisés dans de nombreuses recherches scientifiques, et ce, dans bon nombre de domaines. La principale critique formulée concerne les résultats divergents ou contradictoires obtenus (Février et al., 2008; King et He, 2006; Legris, Ingham et Collerette, 2003). Une limite relevée par Legris et al. (2003) à propos du TAM est la prédiction de 40 % de la variance dans l’intention d’usage, malgré les améliorations apportées au modèle et les ajouts de nouvelles variables. Cependant, les résultats de la validation du modèle UTAUT atteignent jusqu’à 70 % de la variance dans l’intention d’usage (Venkatesh et al., 2003). Néanmoins, le modèle TAM a prouvé son utilité par sa contribution à la compréhension et à l’explication des intentions d’usage lors des implémentations technologiques

Attente de performance Attente d’effort Influence sociale Conditions facilitatrices Intention d’utilisation Utilisation de la technologie Expérience Âge Genre Usage volontaire

(Legris et al., 2003). La méta-analyse de 88 recherches sur le TAM de King et He (2006) révèle que les mesures de la perception de l’utilité pour prédire l’intention d’usage sont fiables et peuvent être utilisées dans de nombreux contextes.

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