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MISE EN STRUCTURE DES ÉLÉMENTS ANALYTIQUES

III. 2. Les objectifs généraux et spécifiques de l’enquête

En réalité, la télévision en classe de langue est un thème relativement généraliste et constitue l’essence de la problématique de cette étude préliminaire. Il se résume en cette forme : la télévision, associée aux efforts de l'enseignant, devient un nouvel outil d’accès à la connaissance praxéologique du français langue étrangère.

On peut considérer que l’objet du travail consiste à observer la manière dont la télévision permet l’accès à la langue – culture française (au sens praxéologique) et la manière dont les acteurs peuvent y modéliser leurs représentations quant aux pratiques en classe. Rappelons que dès le début des années 1990 l’accès aux chaines télévisées françaises était rendu possible en Algérie grâce aux antennes paraboliques. Ce thème est assez intéressant puisque la télévision généraliste demeure un lien social susceptible de participer à l’éducation de masse:

« La télévision généraliste est un des seuls liens sociaux (…). Elle est la seule activité

de masse égalitaire et partagée par tous. Tout le monde la regarde, faisant de celle-ci le principal vecteur de communication de nos sociétés. ». (Wolton : 126)

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Dans la mesure où nous nous intéressons à l’enseignement du FLE sous une optique communicationnelle et interculturelle via la télévision, nous avons naturellement choisi de traiter ce sujet en nous appuyant sur une orientation didactique constituée à la fois :

Des éléments de la langue (française) ;

Des éléments représentationnels de cette langue chez le public concerné, et selon le

contexte défini par notre recherche ;

Des éléments liés au paysage télévisuel français et à la langue culture authentique dont il

est capable de rendre compte en contexte exolingue (algérien), et ce pour (entre autres) deux raisons (les seules qui nous concernent aujourd’hui). La première concerne ce paysage médiatique français à la portée du téléspectateur algérien, et qui est naturellement consubstantiel à une culture française très modélisante en matière de communication. La seconde, majeure, concerne le public, l’échantillon de personnes qu’il nous a été possible de contacter dans le cadre d'une démarche participative quant à l’accès à cette culture et l'intérêt qu'ils suscitent pour la télévision. Leur point de vue semble donc en ce sens très intéressant et permet en effet d’évaluer l’évolution de leurs perceptions à partir des craintes, réticences, méconnaissances et attentes que l’on pourrait déceler et analyser au fur et mesure qu’elles vont nous éclairer sur la perspective d’un enseignement intégrant la télévision comme portail vers la connaissance des natifs avec tout ce que cela induit comme signification sur le plan de l’apprentissage de la langue cible.

Dans le cadre de cette recherche, et en nous intéressant aux processus individuels et collectifs du public ciblé qui justifieraient l’intervention de la télévision pour améliorer la compétence communicationnelle, nous avons retenu le questionnaire comme approche principale pour la collecte des données. Puisque nous nous focalisons sur les potentialités de la télévision quant à l’amélioration de la compétence de communication en tant que celle-ci est un concept générique englobant la compétence linguistique, interculturelle, socio-pragmatique et culturelle, le questionnaire est à nos yeux l’outil le plus susceptible d’assurer une richesse au niveau des données recueillies à cet effet, tant il est vrai qu’il permet d’étudier en profondeur les perceptions, connaissances, représentations et croyances des personnes interviewées dans ce sillage.

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Partant du constat émis précédemment à l’effet que l’introduction de la télévision dans les pratiques de classe est possible pour peu que l’on tienne compte de la pertinence sociale de la formation universitaire en français langue étrangère, il est essentiel de reconnaître et de mettre au premier plan le caractère pertinent de ce média avancé par plusieurs théoriciens, puisqu’il demeure l’outil d’une représentation réelle de la langue-culture française. De plus, la télévision n’étant pas uniquement un support médiatique à vocation exclusivement informative à part entière, mais plutôt un outil qui, en subissant continuellement des mutations socio-technologiques, est devenu un instrument éducatif et didactique que l’on soit en classe avec l’enseignant (et pas forcément) ou dans un contexte semi-autonome. Il importe également de s’intéresser aux compétences inhérentes à l’utilisation de la langue par nos étudiants dans des situations exolingues ou dans le cadre de leurs pratiques professionnelles. Ce n’est pas fortuit que la cueillette d’informations de cette présente recherche se soit effectuée auprès même de ces étudiants. Ainsi, dans le sillage de nos questions posées préalablement (question principale et question subsidiaire) et les hypothèses qui leur sont afférentes, il nous semble indispensable de mettre en exergue les éléments opératoires pour une démarche didactique globale et globalisante. Il s’agit de les déterminer au fur et mesure pour appuyer les objectifs de l’enquête. Les éléments en question se déclinent en quatre formations:

− La nature du public qui nous intéresse ;

Ses besoins en matière de formation universitaire et préprofessionnelle tant qu’il s’agit

de futurs enseignants de FLE en contexte algérien ;

Ses représentations vis-à-vis de la langue cible ;

− Sa pratique de l’outil technologique mis à sa disposition en classe ou dans la vie quotidienne, notamment la télévision.

Toutefois, le questionnaire ne sert pas tant à connaître directement le problème que d’en quantifier les composants. Cela étant, deux objectifs spécifiques se dégagent de cette approche. Ils sont inhérents au questionnaire lui-même et s’articulent de la façon suivante :

Élaborer un questionnaire visant à mettre en évidence les composants

informationnels, justifiant l’intervention du support télévisuel dans la formation des étudiants de la première année licence ;

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Quantifier, valider et interpréter les composants en question, afin d’élucider les

éléments problématiques, motivant notre recherche.

III. 3. L’échantillon

Nous avons procédé à un échantillonnage intentionnel (ou par choix raisonné), c’est-à-dire que les participants à la recherche répondaient à un certain nombre de critères et partageaient donc certaines caractéristiques (niveau scolaire, profil, sexe). Cette technique d'échantillonnage est issue d'un principe de modèle réduit, permettant de sélectionner un certain nombre d'individus susceptibles de représenter la population sur la base de critères prédéterminés. Il s'agit ainsi d'un échantillonnage théorique qui a permis de choisir des sujets en fonction de leur profil et de leur prédisposition à s’exprimer sur tout ce qui a trait aux problèmes liés :

− À l’intrication des éléments linguistiques et culturels inhérents à la manipulation de la

langue française au sens discursif du terme ;

− À la relation qu’ils entretiennent avec le média télévisuel et à ce qu’il pourrait apporter en

matière d’amélioration de leur compétence communicationnelle, ne serait-ce que dans le volet de la compréhension orale.

Ce choix méthodologique assure la mise en place d'une base de données susceptible de générer une batterie d’items riches en informations. Finalement, la diversité de l'échantillon retenu a permis d'assurer l'obtention de données justifiant l’intervention de la télévision, en lien avec les objectifs de recherche ciblés par notre recherche. Nous retenons un échantillon non probabiliste, à la fois intentionnel et volontaire, composé de 100 participants (n = 100). Ces derniers font partie d’un réseau homogène d’étudiants de la première année de la licence de français (L1) pour lesquels nous avons assuré la matière de « compréhension et production orales » (UEF)21

durant l’année universitaire 2015 / 2016. La sélection des participants s'est ainsi effectuée, car elle permettait de cerner des participants œuvrant dans une perspective identique d’enseigner le français en contexte algérien.

Plusieurs raisons ont présidé au choix d’étudiants de la première année de la licence de français comme « population cible » :

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− Tout d’abord, le fait qu’ils aient atteint un certain niveau scolaire laisserait à supposer

que leurs prérequis en langue française justifieraient leur profil d’entrée dans cette spécialité ;

− De plus, sachant que c’est leur première année à l’Université, ils craignaient moins de

donner leur opinion ;

− Enfin, cette tranche d’âge correspond, selon Piaget, au dernier stade du

développement cognitif. À ce stade, l’adolescent a acquis la capacité de manipuler des idées, ce qui lui permet de raisonner sur des dimensions abstraites (Truchot : 95). Nous avons opté pour la stratégie de l’échantillonnage volontaire, afin de s’assurer de la collaboration des répondants, étant donné qu’ils expriment un certain engouement pour cette opération. Au total, une centaine d’étudiants y ont collaboré. Bien qu’il n’existe pas, à notre connaissance, de règle concernant le nombre idéal de répondants à interroger pour rencontrer les critères de scientificité reconnus en recherche qualitative, dans la pratique, ce nombre nous parait assez suffisant pour atteindre la saturation théorique.

Concrètement, nous avons consacré une séance de près d’une heure pour leur expliquer le projet de recherche et en déterminer la fourchette suffisante de volontaires. Pour ce faire, la présentation qui se voulait stimulante et rassurante tenait compte des caractéristiques propres à la catégorie sollicitée. Nous leur avons expliqué que cette initiative à pour objectif de rendre la matière enseignée plus intéressante et plus attractive, en leur montrant les potentialités de la télévision à les rendre plus compétents durant leur formation et, plus tard, dans l’exercice de leur métier d’enseignant de français. Le fait que l’enseignant s’intéresse à leurs opinions est vu, par certains répondants comme une opportunité de donner leur point de vue sur une question qui les touche directement. À cet égard, ils ont l’impression d’avoir une opportunité d’être écoutés sur la façon dont ils désirent par eux-mêmes accéder à la langue française. Il est important dans la phase actuelle que les étudiants sollicités soient conscients de leur rôle de collaborateurs : « De plus, le terme de collaboration évoque l’égalité et la réciprocité de la

relation, ce à quoi aspirent les adolescents » (Ibid : 96). Il fallait les responsabiliser en leur expliquant que, sans leur collaboration, cette recherche devenait impossible, puisque d’autres experts décideront à leur place, ce qui pourrait ne pas aller dans le sens de leurs attentes, et que, de toutes les façons, leur avenir en dépendra. Psychologiquement, le fait d’être reconnu

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comme acteur dans cette expertise confère un statut valorisant qui a toute son importance à l’âge où se construit l’identité de notre public. L’anonymat a été aussi un facteur favorable pour encourager les étudiants à répondre à l’enquête.