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DE LA VOCATION INFORMATIVE ET DISTRACTIVE À LA VOCATION DIDACTIQUE ET ÉDUCATIVE

II. 1. Définition du concept « Média »

Sous toutes leurs formes d’expression ou domaines d’activité, les médias ont atteint une telle complexité que même leur usage de départ ne se limite plus à leurs deux principales rubriques (l’information et la communication, puis le divertissement pour s’étendre plus tard au ludique, à l’éducation et à l’apprentissage des langues). Étymologiquement, et au sens générique du terme, les médias demeurent des techniques à vecteur plutôt communicationnel : « Un média est d’abord et avant tout un moyen – un outil, une technique, un intermédiaire

– qui permet aux hommes de s’exprimer et de c o m m u n i q u e r à autrui cette expression quel qu’en soit l’objet ou la forme… » (Balle : 03)

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« Les médias sont des techniques, et elles valent seulement par l’usage qui en est fait. La

technique n’impose rien : elle propose et l’homme dispose ou compose. Et la destinée d’un média, plus spectaculairement sans doute que celle des autres techniques, connaît des accidents, elle rencontre des bifurcations et elle change souvent de direction. Ainsi les médias nous surprennent-ils toujours : leur usage correspond très rarement à ce que leurs inventeurs avaient imaginé. » (Ibid. : 128)

À partir de là, on peut déduire que le média est un instrument d’émancipation et une réponse au besoin de liberté, de progrès et d’autonomie à laquelle aspire chaque sujet social dans son milieu d'interaction. Cette diversité des médias a évolué au fil des siècles pour devenir, selon B. Stiegler, un pharmakon, influençant sur nos manières de percevoir et de penser.

D’après certaines études ((Montagout-Lobjoit, 2010), l’histoire des médias de masse remonte aux années 1920, aux États unis et en Europe, et subissant déjà des approches critiques et fonctionnalistes suivantes :

Analyse des effets;

Courant déterministe, l’existence des technologies de communication, leurs caractéristiques;

Interactions entre médias et société.

Ainsi, nous avons pu lire quelques écrits produits dans ce sillage et qui nous intéressent éventuellement dans le cadre de notre travail. La question a été évoquée par de multiples auteurs (Balle, 2012) (Martinez. P 2008) (Raymond Williams 1990). Ceux-ci convergent vers une seule et même idée, selon laquelle : « les médias sont des techniques ». Pour sa part, Patrick Charaudeau renvoie au concept de médias la notion du genre, ou typologie. Celle-ci évoque le média à la fois comme support :( radio, télévision, presse) et comme finalité : (information, divertissement, éducation, fiction) (Charaudeau : 79).

Généralement, cette notion est utilisée fréquemment dans l’analyse des médias en les classant en supports ou genres médiatiques: journalistique, télévisuel, radiophonique. D’emblée, il est important de préconiser une nette dissociation entre support et genre, en ce sens que ce dernier renvoie aux discours et à leurs typologies, tandis que le support ne s’inscrit que dans l’instrumentation technique et à l’appareillage médiatique.

76 II. 2. Types de médias et transversalité télévisuelle

Dans son ouvrage dédié aux médias, F. Balle (Balle, 2012) en donne sa propre conception, selon une approche définitoire diachronique :

a- La presse : le journal quotidien qui est le premier né des médias de masse : la presse

quotidienne naît en Allemagne. Cependant, les premiers quotidiens en France : Le journal

de Paris et Le petit Journal étaient déjà connus par la diversité de leurs rubriques et la simplicité de leurs langages ;

b- Cinéma : est devenu une industrie des médias de masse pour toute classe sociale

confondue ;

c- La radio : après la Première Guerre mondiale, elle rentre dans l’histoire en tant que

média, indiquant les chemins de la liberté par le flux informationnel qu'elle dégage à grande échelle et sans frontières. En France, c'est la RTF qui se développa pour devenir une source d'information et de divertissement diffusée depuis Paris jusqu'aux coins reculés de Bretagne ou de Provence.

d- La télévision reste par excellence un média particulier sans doute en raison de sa

proximité et de son accessibilité au sein des sociétés humaines et grâce au support visuel que la radio ne peut assurer. Sa progression technologique fait de lui le média le plus populaire, le plus proche et le plus ancré dans les routines sociétales. La télévision actuelle ou la néotélévision demeure de loin une vraie fenêtre sur le monde ;

e- Internet : l’informatique et la télécommunication se recoupent en un seul paradigme

informationnel via un même écran où l’utilisateur a de multiples choix pour y accéder, selon les supports tels que schématisés en dessous:

Ordinateur télévision téléphone

Les trois supports proposent éventuellement des genres informationnels très diversifiés (en formes différentes d’expression, de représentation et de communication) :

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Textes graphiques documents sonores images fixes ou animées /muettes ou sonores Documents audiovisuels

En raison de sa particularité assez pertinente, nous situons la télévision au centre du dispositif décrit par F. Balle. Nous avons pu schématiser cette description, selon l’abstraction suivante :

Presse Cinéma Radio Internet

La télévision

À partir de ce schéma, il devient assez clair que la télévision demeure le facteur commun à toutes les autres formes médiatiques auxquelles l’homme peut accéder. Toutes ces formes accompagnées de leurs genres et typologies discursives ou imagées coexistent au sein même du dispositif télévisuel. Cela démontre une certaine adaptabilité de ce support TV à toutes les situations et taches médiatiques proposées par n’importe quel autre type de média. Si au départ la télévision classique (paléotélévision) jouissait d’une certaine transversalité limitée, la néotélévision, quant à elle, devient l’instrument le plus, sinon le mieux adapté à toutes les fonctions et autres services que les autres médias proposent aux consommateurs de la communication.

En citant les vertus de l’apport visuel à l’information verbale au sein du dispositif audiovisuel (cinéma, télévision et internet) et jamais autant qu’aujourd’hui adapté efficacement à la télévision, R. Williams précise que :

« Quand les aspects visuels dominent l’émission, j’irais jusqu’à dire que la télévision

surpasse alors, à beaucoup d’égards, tous les autres médias » (Williams : 129).

Certains auteurs, notamment E. Kredens (Kredens & Rio 2015), ont pu montrer la complexité de la reconfiguration de la télévision à l’heure du numérique, processus multiforme qui touche l’ensemble de la chaîne médiatique. Face à Internet, par exemple, et par des mécanismes de

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résistance et d’adaptation, la télévision tente de maintenir sa position de média dominant et transforme en profondeur son rapport aux programmes, aux téléspectateurs et aux autres supports audiovisuels, tout en intégrant les nouvelles technologies du numérique. Selon E. Kredens, l’ensemble de ces mutations poussent perpétuellement les spécialistes de l’audiovisuel à coopérer avec ceux du numérique, afin de repenser complètement les éléments du paradigme télévisuel aussi bien au niveau des productions, supports, modèle énonciatif de la télévision du côté du diffuseur, que celui des pratiques et de la réception de la part du téléspectateur (Kredens et Rio : 15).

Grâce à l’adaptabilité télévisuelle sur laquelle nous insistons, et sur le plan de sa mise en œuvre technologique et fonctionnelle, il s’avère que tous les types de médias ne sont pas aussi étrangers l’un à l’autre. Cela nous ouvrira certainement de belles perspectives en matière d’exploitation didactique de toutes ces typologies médiatiques canalisées vraisemblablement sur une seule plateforme : la télévision. L’importance de cette transversalité est mise en exergue dans le cadre d’une enquête menée sur les pratiques médiatiques plurielles d’une palette très large de supports de réception de flux auprès de communauté estudiantines françaises (M. Montagut-Lobjoit, 2010). Force est de constater, là-dessus, que la télévision est incontestablement le média qui a la préférence des interviewés pour suivre l’actualité internationale, à la fois en première intention (51,2 %), mais également en choix cumulé (88,6 %) ; on remarque également le score d’Internet (qui fait leur second choix à 81,3 %) ((M. Montagut-Lobjoit, 2010 : 109).