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Chapitre I : Logistique distribuée avancée

II.3 Les systèmes multi-agents

II.3.2 Les mécanismes d’interactions

Les interactions, telles que définies par Ferber dans (Ferber, 1995), correspondent à une mise en relation directe et dynamique de deux agents ou plus et ce par le biais d’un ensemble d’actions réciproques. Weiss (Weiss, 2000) propose la modélisation donnée par la figure II.6 suivante afin de schématiser l’ensemble des interactions possibles entre les agents. Il définit la coordination en faisant référence aux ressources partagées car les agents doivent coordonner leurs actions dans l’environnement qu’ils partagent afin d’éviter les conflits de ressources.

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Figure II. 6 Les interactions sous leurs différentes formes

La coordination est définie au sens général par Doniec (Doniec, 2006), comme étant l’ensemble des actions permettant une production et/ou une organisation en vue d’atteindre un objectif déterminé. Dans ce sens, soit les agents s’entre-aident et donc coopèrent pour essayer d’atteindre l’objectif global en évitant les situations de conflits, soit ils se retrouvent dans une situation de compétition.

II.3.2.1 La coopération

Une situation coopérative est une situation où les agents collaborent pour réaliser un but commun. Ce but peut être soit un but partagé par tous les agents, soit un but mis en avance par le concepteur du SMA. Les agents peuvent être alors associés à un ou plusieurs buts. La coopération apparaît quand les actions de chaque agent satisfont au moins l'une des conditions suivantes: (1) les agents ont un but commun à tous et leurs actions tendent à réaliser ce but, (2) les agents effectuent les actions qui réalisent non seulement leurs propres buts mais aussi ceux des autres. Dans ce cas, les agents ne sont pas dans une situation de concurrence, ils essaient donc de s’accommoder sans se déranger. Les agents peuvent coopérer pour partager les tâches et les ressources. C’est une méthode qui permet la répartition du travail.

II.3.2.2 La planification

Bond et Gasser (Bond & Gasser, 1988) nous font remarquer que l’orientation des comportements des agents vers des buts communs permet d’obtenir une plus grande coordination. (Boissier , 2000) présente plusieurs techniques de planification comme la planification centralisée pour des plans distribués, la planification distribuée pour des plans centralisés et la planification distribuée pour des plans distribués :

a) Planification centralisée pour des plans distribués : Ce type de planification se focalise sur le contrôle et la coordination par plusieurs agents dans des environnements partagés. En planification multi-agent centralisée, un agent est responsable de la création du plan qui spécifie les actions planifiées pour tous les agents concernés. Le principe est le suivant :

65 - Génération de plans à ordre partiel,

- Décomposer le plan en sous-plans,

- Insérer des actions de synchronisation dans les sous-plans en introduisant des commandes de communication,

- Allouer les sous-plans aux agents, - Initier l’exécution du plan.

Ce type de planification présente l’avantage de faciliter la résolution de conflits et de converger vers une solution globale. Cependant la mise en place nécessite la centralisation du contrôle au niveau d’un seul agent.

b) Planification distribuée pour des plans centralisés : Dans une approche de planification distribuée, les activités de planification sont réparties au sein d’un groupe d’agents. Cette approche est utilisée quand un seul agent ne peut pas avoir une vue globale des activités du groupe. Le processus de planification est alors distribué entre différents agents spécialistes qui coopèrent et communiquent en partageant des objectifs et des représentations pour former un plan cohérent. Les spécialistes génèrent leurs portions de sous-plans, et les plans partiels sont ensuite synchronisés en un seul plan (Boissier , 2000). Cette technique présente l’avantage de ne pas centraliser le contrôle au niveau d’un seul agent. Cependant elle engendre des coûts de communication élevés et sans garantie de convergence, puisque les agents peuvent avoir des incompatibilités au niveau des buts et intentions.

c) Planification distribuée pour des plans distribués : Pour ce type de planification, le processus de synthèse d’un plan et son exécution sont distribués. Chaque agent produit un plan, soit indépendamment des autres (agent-driven), soit en étant dirigé par un but commun avec les autres (goal-driven). Les agents peuvent se communiquer leurs plans.

II.3.2.3 La négociation

Contrairement à la coopération qui suppose la sociabilité des agents, la négociation correspond à la coordination en univers compétitif entre agents. La négociation est un mécanisme puissant pour gérer les dépendances inter-agents ou le processus par lequel un groupe d'agents arrive à une décision mutuelle acceptable sur un sujet donné.

Dans un SMA, un objet est considéré comme un sujet de négociation entre un groupe d’agents, s’il se retrouve dans une situation de désaccord pour la réalisation d’un objectif commun. Ainsi, la négociation est la forme de contribution la plus appropriée pour la résolution de conflits car elle garantit un pouvoir équitable des agents, ce qui permet la

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décentralisation du contrôle. Le principe de base pour mettre en place un mécanisme de négociation est de faire, pour les agents négociants, des propositions, des choix, et des concessions d'offres, pour éventuellement atteindre une décision commune acceptable. Dans les systèmes multi agents, l'objectif est de construire des agents négociants avec l’intervention humaine la plus réduite possible.

Les agents engagés dans un processus de négociation doivent prendre certaines initiatives qui peuvent conduire à un accord entre les différentes parties. De ce fait, trois grands mécanismes de négociation existent dans la littérature :

• La négociation par compromis : dans ce type de négociation, chacune des parties relâche les contraintes qu’elle juge moins importantes afin d’augmenter les chances d’atteindre le but global,

• La négociation intégrante : dans ce type de négociation, chacune des parties est amenée à changer ses objectifs selon le nouveau tour de négociation courant, en cherchant les buts profonds,

• La formation de coalitions: il s’agit de partitionner le groupe d’agents en conflit en sous-groupes appelés coalitions. Une coalition représente une organisation d’agents à court terme basée sur des engagements spécifiques et contextuels, ce qui permet aux agents de coexister tout en bénéficiant de leurs compétences respectives (Vauvert et al., 2000).