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nos jours

B) Les institutions de bienfaisance

Les chroniques de l'Entr'aide Française au cours de la Seconde Guerre mondiale posent un regard viscéral sur la Bienfaisance au Puy. En voici une, rédigée de la main de la secrétaire : "Le Puy a toujours été une ville où l'on a beaucoup pensé à son prochain malheureux, et où l'effort d'assistance a été considérable. Ce qui l'a motivé, c'est d'une part les mauvaises conditions de l'habitat dans les quartiers malsains, encerclés par des fortifications où sévissaient à l'état endémique des épidémies, d'autre part le mouvement des pèlerins et des marchands attirés par la renommée religieuse de la ville et l'importance des foires. La création de nombreux hôpitaux s'était avérée nécessaire en ville et aux portes de la ville, dès le XIe siècle. L'assistance privée s'est accusée au XVIIIe siècle par la charité, la bienfaisance et la philanthropie. Création de l'Œuvre du Bouillon pour les vieillards ne pouvant être mis à l'hôpital, des Dames de la Miséricorde pour les Pauvres Honteux, des Confréries de charité ; et par l'action des Établissements Hospitaliers : Hôtel-Dieu pour les malades, Hôpital Général pour les mendiants et les vieillards"1.

Cette chronique dresse le tableau des principales institutions que nous verrons à présent.

1 - L'Hôpital Général 1.1 L'origine

Inauguré le 26 mai 1687, il est reconnu par lettres patentes de Louis XIV au mois de juin 1694. Cette décision est communiquée aux membres du bureau de l'Hôtel-Dieu qui prend en charge sa réalisation. Son but est d'enfermer les mendiants et les vagabonds oisifs. L'Hôtel-Dieu a depuis longtemps pour tradition d'héberger les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Le roi accorde un octroi, dit "pension du Roi" qui sert de ressource de base à l'établissement. Celui-ci est érigé à côté de l'Hôtel-Dieu, fondé vers la fin du XIe siècle1. Le règlement est rédigé par deux pères jésuites qui prévoient la "direction morale et spirituelle des mendiants"2. L'établissement se trouve sous la présidence de l'évêque — Monseigneur de Béthune — au sein d'un bureau composé de notables de la ville. Au XIXe siècle, il se trouve sous la surveillance de la commission administrative, de l'autorité préfectorale et des inspecteurs généraux.

Les ressources de l'Hôpital Général sont ses ressources propres — dons, legs, quêtes et fruit du travail des enfants. Cet établissement fut assez critiqué à ses débuts, et "pour subvenir aux besoins matériels des hospitalisés, on dut avoir recours à des quêtes devant les églises et au travail manuel des petits garçons qui, dès 1694, furent employés à la fabrication de la dentelle connue au carreau" (Jacotin, 1923 : 27-28). L'admission est gratuite, et plus de 200 pensionnaires y sont enfermés dès son ouverture. On y trouve des enfants originaires du Puy : orphelins, abandonnés ou indigents, ainsi que des mendiants et des vagabonds. Les enfants sont reçus jusqu'à 6 ans. Ils sont élevés en

1 Cf. Programme de concours pour l'aménagement de l'Hôpital Général et de l'Hôtel-Dieu du

Puy-en-Velay, CAFE, Livre 1, 15 février 1992. 2 Ibid.

commun, mais regroupés par sexes, et suivent le programme des écoles primaires. Ils sont divisés en deux groupes : les enfants de moins de 15 ans, et ceux de plus de 15 ans. Néanmoins, on peut lire que l'Hôpital Général était à l'origine un "établissement charitable, réservé aux vieillards pauvres, domiciliés au Puy depuis cinq années, et aux enfants moralement abandonnés" (ibid.). La capacité se révèle rapidement insuffisante, puisque par moments, on y trouve 500 pensionnaires au XVIIIe siècle (ibid.), qui vivent dans des conditions insalubres. Après la Révolution, la présidence du bureau revient à la municipalité, qui rebaptise l'Hôpital Général en Maison d'Hospice d'Humanité (ibid.).

A partir du XVIIIe siècle, des contrats d'apprentissages1

permettaient aux enfants d'apprendre le métier de tanneur, cordonnier, perruquier, charpentier… auprès d'un artisan qui passait une convention avec l'Hôpital Général pour la durée de l'apprentissage. En échange de la nourriture et de "l'habillage", l'artisan percevait une pension de la part des services de l'Hôpital Général. A titre d'exemple, en 1739, un Maître charpentier demande 30 livres pour l'apprentissage du métier pour quinze mois. En 1786, un perruquier demande 86 livres pour un apprentissage de deux ans. Nous voyons que les prix ne sont pas fixés par l'étalissement, mais par l'artisan.

Dans ses autres fonctions, l'Hôpital Général servait également à réprimer les filles de mauvaise vie ou "licentieuses". En 1777, neufs prisonnières était condamnées "au pain et à la paille"2 dans la "maison de force". Pour mémoire, la livre de pain était payée 3 sols et 3 deniers. En 1778, elles étaient quatorze à subir le même traitement pour des peines qui pouvaient atteindre les neuf ans d'emprisonnement. Suivant les précautions de l'époque, toutes avaient eu une consultation médicale, car on craignait la syphilis. Pour combattre la débauche, on enferme les prostituées. Une pratique courante consistait à raser les

1 Cf. ADHL, 2G-6.

cheveux des femmes de mauvaise vie avant de les enfermer pour au moins une année. Elles étaient conduites par "deux valets de ville" à l'Hôpital Général1. Certaines étaient marquées de la lettre "V" au fer chaud.

1.2 L'évolution

A partir du XIXe siècle, son rôle va s'étendre à celui d'un hôpital dispensant des soins médicaux, et d'un hospice pour les vieillards infirmes et les indigents. L'Hôpital Général est restructuré et réaménagé avant la Première Guerre mondiale comme le montre les plans ci-après. On y adjoint des salles de réunion pour les vieillards, hommes et femmes, dans les ailes gauches des bâtiments. On notera la séparation des sexes ainsi que la superficie des locaux qui est environ deux fois supérieure pour les femmes, ce qui laisse penser à juste titre qu'elle sont plus nombreuses. Au début du XXe siècle, près de 1.000 pensionnaires y cohabitent "dans des conditions précaires, où l'hygiène et l'intimité sont absentes"2. Les salles de 50 lits servent à la fois de chambre, de salle à manger, et de salle de jeux…

Un rapport de l'Inspection Générale de 1915 va montrer qu'il est urgent de créer un nouvel hôpital. Celui-ci sera érigé sur les berges de la Borne en 1921. Néanmoins, il semble que les périodes troubles des guerres vont dissoudre cette fonction qui va réapparaître après la Seconde Guerre mondiale. La fonction d'asile de vieillards reste jusqu'en 1983, celle d'accueil de nuit pour les vagabonds s'arrête le temps des guerres.

1 Cf. ADHL, 2G-13.

1.3 Le centre d'accueil de nuit

En fait, j'étais passé quelques mois auparavant, et avais recueilli quelques anecdotes au sujet de cet accueil. Cela vient compléter les informations du précédent entretien. A ma grande stupeur, lorsque je suis allé rencontrer Mme Peyrelong, celle-ci, venait quinze jours auparavant, de jeter les cahiers sur lesquelles elle avait noté les admissions des "passagers". Cet acte, administrativement interdit, était dû à des souvenirs trop durs pour elle, et personne n'était là pour l'entendre. Il fallait vite oublier, et effacer les traces qui raviveraient la mémoire. En quelque sorte, Mme Peyrelong commençait son deuil.

L'entretien fut bref, mais très riche. Ressentant par une méfiance, Mme Peyrelong a sans doute gardé pour elle le plus difficile. Lorsque lui reviennent en mémoire certains moments qu'elle juge difficiles, elle montre une forte émotivité. Je n'ai pas cherché à insister. Concierge de l'Hôpital Général de 1959 à 1983, elle raconte1 :

"Ça a fermé quand Emmaüs a ouvert. Le directeur est venu nous dire : “Vous arrêtez parce qu'il y a Emmaüs“. C'était des passagers qui venaient envoyés par la police. Ils avaient une petite carte de la police sur laquelle était inscrit : veuillez recevoir monsieur X, une nuit, deux nuits…

Quelques fois, ces hommes étaient saouls. Ils se battaient. Alors la police revenait. Ils avaient bu. Ils fumaient, brûlaient les draps, faisaient pipi au lit, toutes les bêtises possibles.

Je me levais la nuit, en permanence nuit et jour. Ils étaient nourris par l'hôpital, nourris aux cuisines, et habillés par la lingerie de l'hôpital. Mais l'entretien, c'était dur.

Ils arrivaient souvent le soir, la nuit, ou bien quelqu'un les prenaient sur la route. Mais il fallait passer par la police d'abord. Il y avait des femmes saoules, bref, tout ce qu'on voulait.

Je leur donnais la pièce d'à côté. Lorsqu'ils allaient aux WC, il y avait des veilleuses de nuit1, qu'ils dérangeaient. En général, c'est pas des gens bien tranquilles qui viennent là. Des gens qui boivent beaucoup. Et puis, ils s'en rappelaient. Quelque fois, ils revenaient. Je ne les recevais pas. Ils se fâchaient, donnaient des coups par là (elle montre la porte). C'était très dur. Il y avait des bagarres… J'ai apprivoisé une grand-mère qui s'était cassée le fémur. Pour la garder, on lui a enlevé ses chaussures, parce qu'elle couchait dehors. Alors la police a emmené les souliers, et je l'ai gardée. Je l'ai apprivoisée comme une bête sauvage, elle ne savait pas ce que c'était un balai, ce que c'était un lit. Elle mangeait comme une bête. Alors tout doucement, j'ai pris des robes, j'ai donné un peu de mon linge. Je la faisais se changer, elle ne se déshabillait jamais. J'en ai vu de toutes les couleurs, un roman…

Des hommes et des femmes. On les séparait quelques fois. Mais ils cassaient la porte pour se revoir. Alors, on fermait à clef, et on retrouvait la serrure cassée. Les femmes avaient voulu retrouver les hommes, ou les hommes les femmes. Quelques fois c'était des couples qui vivaient ensemble. Alors on ne fermait pas. Il fallait comprendre un peu le cinéma. Ce n'était pas bien commode à comprendre. Des gitans aussi, avec cinq ou six gosses. Toutes les races. J'ai vu passer des noirs. Ce n'était pas les plus méchants. C'étaient les plus polis.

Et des années, et des années.

Quelques fois, ils restaient une semaine. Si c'était une famille qui attendait un logement, elle restait là jusqu'à ce qu'une assistante sociale lui trouve un logement. Mais pour les passagers, j'avais rouspété. Ils ne restaient qu'une nuit. Un jour, une nuit, ils remangeaient, ils déjeunaient et s'en allaient. C'était trop long quand ils restaient. Après ils ne voulaient plus partir.

Il y en avaient qui s'asseyaient sur le trottoir. Ils boudaient. Ils disaient : “Moi je ne m'en vais pas. Je suis sans logement, sans argent“. Alors on était obligé de leur expliquer, et des fois ils s'en allaient.

Et puis ça a dégénéré. De pire en pire. Heureusement que c'était la fin. Vous savez, on a eu peur. Une fois ils avaient cassé l'armoire. Lorsqu'ils entendaient une veilleuse qui passait, ils allaient la voir. Elles avaient peur. Elles téléphonaient à mon mari : “Venez voir, il y en a un qui est caché dans l'escalier“. Toujours des plaintes. Il aurait dû être à côté d'un commissariat de police.

Maintenant, nous avons le Secours Catholique en haut. Ça se passe bien. Et Emmaüs, mais je n'y suis jamais allée. Il y a bien des fois que ça barde aussi. Oui, parce qu'ils sont excités, ils sont sans boulot…

On en voit passer de tous les coins de France. Ils allaient aux vendanges. Ce n'était pas des gars du Puy. J'ai jeté les cahiers l'autre jour, je notais leurs identités, leurs dates de naissance, que je présentais quelque fois au directeur d'Émile Roux…

Ça fait trente-cinq ans qu'on est là… La ville du Puy, elle est bien visitée par tout le monde. Des fois, ils me disaient : “On va dans un autre centre d'accueil“.

A l'époque, il y avait cent-cinquante personnes, des ambulances tous les jours… On a jamais été au cinéma en trente-cinq ans. On avait que le dimanche. On était remplacé par des étudiants.

On pouvait héberger une dizaine de personnes, cinq hommes, cinq femmes, ou cinq de chaque côté. Quelques fois, on pouvait mettre des sacs de couchage pour les jeunes de passage".

Ce récit montre quelle était la vie du couple de concierges de l'Hôpital Général. Durant trente-cinq années, ils ont vécu en côtoyant les sine domo au quotidien, ne s'arrêtant que les dimanches. Apparemment, cette fonction faisait partie des tâches de son mari, qu'elle a partagées. Aujourd'hui, à l'hôpital comme au commissariat, je n'ai pas retrouvé de trace de cette période. Et sans ce récit, il ne resterait que l'article du quotidien local pour témoin.

Avant l'arrivée des concierges, l'accueil de nuit était entretenu par des religieux appelés donats ou donates1, et les restructurations successives ont établi l'accueil dans l'ancien parloir qui figure sur le plan ci-dessus. Cet espace était réservé aux "passagers" pour reprendre le terme de Mme Peyrelong. Il consistait en deux pièces séparées par une cloison légère.

En général, les hébergés dormaient dans la pièce principale ; la seconde pièce était réservée aux femmes. La porte entre les deux pièces était parfois l'objet d'effractions, qui permettaient aux hébergés d'aller se rejoindre. Il semble que le concierge était assez conciliant, car parfois il "fermait les yeux".

Fig. 19 : Schéma des locaux de l'accueil de nuit

Nous verrons plus bas les circonstances de la fermeture de l'accueil, et comment la transition a eu lieu. Cela nous permettra, une fois de plus, de prendre conscience d'une certaine continuité historique, qui ne m'est apparue qu'après de multiples recoupements.

Bien que l'Hôpital Général se soit doté d'un quartier à l'intention des fous dangereux, l'essentiel des "aliénés" était envoyé à l'asile de Montredon, appelé encore Hôpital Sainte-Marie.

2 - L'Hôpital de Montredon1

2.1 Présentation

Sans vouloir refaire l'historique complet de l'hôpital de Montredon, je donnerais les éléments qui me permettront d'établir le lien avec l'assistance et l'hébergement des vagabonds. La thèse de Nicole Soubrié en retrace l'historique. Je ne m'en tiendrais qu'aux grands événements, étant entendu que le rapport du vagabondage et de la psychiatrie sera un des objets de la troisième partie de cette thèse.

"En France, il faudra attendre Saint-Vincent de Paul à Saint-Lazare qui fût le premier au XVIIe siècle à s'intéresser aux malades mentaux" (Soubrié, 1978 : 3). En 1850, l'asile de Montredon a été construit sur une propriété de M. Courtial située au nord-est de la ville du Puy (cf. Plan général du Puy). Il fait suite à l'obligation, par la loi du 30 juin 1938, pour chaque département de recevoir et de soigner les aliénés dans un établissement public. A cette époque, le département de la Haute-Loire avait conclu des accords avec Saint-Alban (Lozère), Riom (Puy de Dôme) et Aurillac (Cantal) pour envoyer les hommes.

La congrégation religieuse de Sainte-Marie de l'assomption est créée par Joseph Marie Chiron (1797-1852), et constituée en association en 1823 à Privas (Ardèche)2. Les frères de Sainte-Marie ont en charge l'hôpital qui fut ouvert aux femmes en 1852. En avril de cette même année, le département de la Loire et Saint-Etienne envoient également

1 J'ai choisi cette appelllation du fait qu'elle correspond au terme retenu par les Archives Municipales. J'avais tout d'abord cru qu'il s'agissait d'un autre établissement.

2 Cf. PEYRILLIER, Edouard, Les sœurs de Sainte-Marie de l'Assomption, servantes des

aliénés, Grasset, 1952; POILLON, E.G. Joseph Marie Chiron (1797-1852). Sa vie, son œuvre, Ed. Humbert et fils, 1973.

les femmes malades. Ce n'est que progressivement que l'hôpital est ouvert aux hommes. Une lettre du Dr Reynaud au Préfet, en 1853, annonçait que l'effectif de 35 aliénés au départ était passé à 150 l'année suivante. La réponse du préfet était la suivante : "Je déclare que l'établissement est uniquement affecté au traitement des malades mentaux et ne recevra point d'autres malades " (ibid. : 24). L'Hôpital de Montredon possède des vignes, des terres arables, et un capital constitué de legs accumulés surtout au XIXe siècle dans les cinq hôpitaux de l'association.

En 1862, la congrégation compte cinq hôpitaux pour aliénés : à Privas, à Clermont-Ferrand, à “la Celette“ — devenu Saint-Jean de Dieu — au Puy, et à Nice. Ce n'est qu'en 1936 qu'un nouvel hôpital à Rodez est créé. Tous sont actuellement en fonctionnement.

En 1866, il était prévu qu'"en cas de décès, le pécule et son excédent appartenaient à l'établissement" (ibid. : 50). En 1874, des mesures étaient prévues afin d'exclure les incurables. L'auteur replace cet élément dans le contexte actuel en écrivant qu'"actuellement, avec la loi d'orientation du 30 juin 1975, on prévoit la création de nouveaux établissements pour les malades handicapés, n'ayant pas acquis une autonomie suffisante (article 46). On prévoit donc d'exclure de l'hôpital psychiatrique les malades “chroniques“" (ibid. : 63). Faut-il en déduire qu'à cent ans près, les politiques sociales se suivent et se ressemblent ?

2.2 Fonctionnement et placements : quelques exemples

Il semble qu'à la fin du XIXe siècle, l'Hôpital Général fonctionne en harmonie avec l'Hôpital de Montredon. Les placements à l'asile concernent les individus qui perturbent l'ordre public, et ceux dont le placement est demandé par des tiers. Le problème majeur, et la différence résident dans la question de savoir qui va payer l'internement ? Car pour les placements, la durée du séjour est plus longue, et nécessite des soins. La lecture des rapports de police nous apprend que

le souci est, en ce qui concerne les indigents, de rechercher leur domicile de secours. En effet, chaque personne possède un domicile de secours dès l'instant où elle réside plus d'un certain nombre de mois au même endroit.

Je rappelle que l'élection du domicile de secours1 est entérinée par la loi du 14 juillet 1913 qui fait suite à la loi du 15 juillet 1893. Il s'attribue soit :

• par la résidence habituelle d'un an dans une commune postérieure à la majorité ;

• par la filiation ; • par le mariage. En outre, il se perd :

• par une absence ininterrompue d'une année postérieurement à la majorité ou à l'émancipation ;

• par l'acquisition d'un autre domicile de secours.

Parmi les archives2, je n'ai retenu que quelques affaires afin d'en montrer le mécanisme. L'affaire Louis Hilaire est un premier exemple. A 27 ans, ce jardinier fait l'objet de la part de son ex-patron d'une demande d'internement. L'ex-patron, viticulteur à Brignais dans le Rhône écrivit au maire de la ville du Puy afin de renseigner ce dernier sur les agissements de Louis Hilaire.

Pour le patron, il s'agit "d'un pauvre halluciné" qui est venu trois fois travailler dans son entreprise. Il demande au maire de prendre des mesures afin de parer à toute éventualité bien qu'il n'ait jamais commis ni crime, ni délit jusqu'à présent. Le lettre ne donne pas de détails, sauf, "qu'il se figure maintenant qu'il est le frère de ma femme". Le viticulteur joint une lettre signée de Louis Hilaire dans laquelle il

1 Cf. Actes administratifs, 1913 : 351.

s'adresse à sa femme en employant les termes de "Ma cher sœur"1, pour finir par "votre frère pour la vie". Dans cette lettre, Louis Hilaire demande de l'argent afin de regagner l'entreprise où il espère être embauché à nouveau.

Pour le maire, il s'agit "incontestablement d'un halluciné", bien qu'il ne l'ait jamais rencontré. L'homme est arrêté et placé dans l'asile d'aliénés après l'enquête du commissariat de police à laquelle vient

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