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Santa Catarina

2. LES GRANDES ÉTAPES DU PEUPLEMENT

Dans un contexte géographique dont je viens de retracer rapidement les grandes lignes, c’est à l’histoire qu’est revenu de dessiner les conditions dans lesquelles s’est opérée l’implantation des hommes et mis en place leur mode d’exploitation du milieu.

a) Un littoral très tôt découvert

L’histoire moderne du peuplement du Paraná a suivi le même cours que celle qui a présidé à la construction du Brésil contemporain. C’est l’histoire d’une colonisation et d’une implantation pionnière venue d’Europe, faite aux dépens de la population amérindienne autochtone. C’est également celle de la lutte entre les grandes puissances maritimes européennes du XVI° siècle : l’Espagne et le Portugal.

C’est en 1500, à Porto Seguro, – appartenant aujourd'hui à l'État de Bahia au Nordeste du Brésil –, que Pedro Álvares Cabral a mis pour la première fois le pied sur le rivage de cette portion de continent qui allait devenir par la suite le Brésil, le pays du bois de « Braise ». Cette arrivée suivait de très peu, six ans à peine, le premier voyage de Christophe Colomb. Les deux nations de la péninsule ibérique se menaient un combat sans merci pour la maîtrise des voies maritimes vers l’Orient et pour la découverte de nouveaux territoires. Très rapidement les voyages exploratoires s’enchaînèrent le long de ces côtes dont on ignorait encore si elles appartenaient à une île ou un continent et si s’y ouvrait un passage permettant de poursuivre – sur un globe dont on avait redécouvert la rotondité – la route vers les Indes orientales (passage qui serait reconnu plus tard par Magellan).

Mais les rivalités entre les deux puissances coloniales naissantes devenaient de plus en plus aigues et il n’existait aucune référence permettant de les trancher. Le Pape Alexandre VI dont l’arbitrage avait été sollicité, proposa une première ligne de partage, très favorable à l’Espagne. Le Portugal refusa et, finalement, c’est un traité entre les deux concurrents, signé dans la petite localité espagnole de Tordesillas (Tordesilhas pour les Portugais) qui, en 1494, fixa la ligne de partage acceptée par les deux parties. Le traité définissait les portions du globe terrestre dévolues par anticipation et avant toute découverte effective à chacune des deux couronnes, espagnole et portugaise. La ligne de partage retenue suivait le méridien qui passe à 370 lieues à l’ouest des îles du Cap Vert. Cette ligne ne reposait sur aucune connaissance précise de la situation des terres à découvrir. En outre, les méthodes de relevé utilisées ne permettaient pas un positionnement précis. Ce fut d’ailleurs la mission de Magellan, durant

son voyage entamé en 1519, d’effectuer une reconnaissance de la ligne de partage et de situer les terres du domaine espagnol.

Figure 6 : Limites du Traité de Tordesilhas. Source : site Internet : www.educacional.com.br

Entre temps, dès 1502 les Portugais accostent, aux abords de ce qui est aujourd’hui Cananéia, sur le littoral sud correspondant actuellement à l’État de São Paulo, au 25° Sud, à quelques dizaines de kilomètres de mon actuel terrain d’étude.

Cependant, l’imprécision du partage des territoires des couronnes espagnole et portugaise demeurait grande sur le terrain. Envoyé par le Roi, afin d'installer une fortification sur le point le plus au sud de terres portugaises, Martim Afonso de Souza, lors de son expédition en 1531, faisait justement passer la ligne de partage par Cananéia – ce qui excluait de la tutelle portugaise toutes les terres qui s’étendaient à l’ouest. Si un tel partage avait effectivement été appliqué, une grande partie du territoire actuel du Brésil aurait appartenu à la couronne espagnole. Conflits et renégociations modifièrent par la suite ces données de départ.

Cananéia sera ainsi fondée en 15313. Et, c’est de là que partirent ensuite d’autres expéditions par voie terrestre et maritime. Le littoral nord du Paraná et plus exactement l’île de Superagui4 est alors découverte en 1545. Ce petit point perdu sur la côte brésilienne devait acquérir rapidement une certaine notoriété car c’est là qu’à la suite d’une tempête, en 1550, Hans Staden, accoste lors de son second voyage au Brésil, après 6 mois de voyage pour traverser l’Atlantique et voulant se diriger vers l’île de Santa Catarina. Il écrira par la suite un chapitre de cette étape de son voyage dans son livre Deux voyages au Brésil publié en allemand en 1557, où il décrira surtout d’autres aventures sur les côtes brésiliennes, dont sa capture par les indiens Tupinambás entre São Paulo et Rio et son séjour-détention de neuf mois parmi eux en 1554. C’est l’un des premiers écrits ethnographiques sur l’Amérique du Sud, présentant des gravures – notamment de scènes de cannibalismes – dont allaient s’inspirer pendant des décennies tant d’illustrations et tant de relations de voyage. Ce court chapitre sera un des premiers écrits sur Guaraqueçaba et surtout sur l’île de Superagui (STADEN, 1974 : 55-57). Un an après l'édification de Cananéia, en 1532, Martim Afonso fonde São Vicente.

Parallèlement à la préoccupation sur les limites du territoire de la couronne avec celle de l'Espagne, des pressions politiques et des disputes de territoires se développaient avec d'autres nations européennes, comme avec les français et les hollandais, qui essayaient de prendre possession de certains espaces. La couronne portugaise a été ainsi contrainte de devoir rendre effective son occupation du territoire par crainte de perdre une partie de ses terres découvertes, et ce malgré des avantages économiques jugés moindre caractérisés par des dépenses importantes pour des recettes peu suffisantes. En effet, les recettes du

pau-brasil, la richesse alors principalement exploitée par la colonie, ne représentaient qu'une

infime partie des recettes de la couronne portugaise, comparées aux autres comme notamment celles provenant des épices asiatiques. Ainsi, en 1534, le Roi du Portugal crée les 15 Capitaineries, face à la convoitise extérieure, aux dépenses investies dans la colonisation de ces nouveaux territoires, et aux résultats peu convaincants de ses explorateurs dans la découverte de richesses pour la couronne portugaise. Ce fut la première division administrative du Brésil. Les capitaineries étaient des unités de territoires attribuées par le Roi à des « Capitaines » donataires qui, en contrepartie, devaient les coloniser à leurs propres frais

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Les villes étaient fondées une fois le pilori construit, symbole du pouvoir et de la justice du Roi du Portugal, même si bien souvent avait déjà été construite l’Eglise.

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puis les administrer et les défendre au nom et au bénéfice de la couronne. Les gouverneurs des capitaineries (capitães-mores) attribuaient à leur tour des unités territoriales plus petites, les

sesmarias, aux colons qui se chargeaient de les occuper et de les mettre en valeur. Ils

recevaient d’eux en retour une dîme sur les produits de la terre et de la pêche. Les capitaines payaient à la couronne 1/5ème des métaux précieux extraits et avaient le droit de vendre du bois brésil (pau-brasil) et trente indiens par an au Portugal.

L’actuel territoire du Paraná appartenait à la Capitainerie de São Vicente (qui allait donner naissance, plus tard, à l’État de São Paulo), administrée par Martim Afonso. L’occupation demeurait toutefois très clairsemée et limitée à la côte. Seuls les missionnaires jésuites s’aventuraient en pionnier dans les zones encore inexplorées : se chargeant d’évangéliser les populations indiennes et de les préparer à devenir de fidèles sujets du roi. Parallèlement, la tâche des capitaines donataires s'avérait difficile par manque de moyen. Le Roi envoie donc en 1549 un gouverneur général pour fonder la ville de Salvador, première capitale du Brésil colonial, afin de défendre les intérêts de la couronne et de superviser les capitaineries.

Au Paraná, ce n’est que plus d’un siècle plus tard, au cours de la première moitié du XVII° siècle, que des colons motivés par la recherche de l’or, s’installent dans la baie de Paranaguá, initiant la colonisation du littoral paranaense et jetant les fondations de ce qui allait devenir par la suite la cité du même nom et s’établissant aux alentours, tout particulièrement aux abords des rivières et des estuaires. C’est tout autour de la baie que les premiers peuplements s’organisent. Des établissements humains se forment dans les vallées de la Serra do Mar, le long des cours d’eau propices aux orpailleurs. Ainsi naissent Tagaçaba et Serra Negra, qui sont aujourd’hui de petites communautés appartenant au Municipe de Guaraqueçaba. La ville de Paranaguá, elle-même, est fondée en 1648, cent ans après que les missionnaires jésuites soient déjà venus s’installer sur le site.

Pendant longtemps la colonisation effective se limite au littoral. D’une façon générale, sur l’ensemble du territoire brésilien, l’implantation humaine demeure confinée à la bande côtière. L’intérieur du territoire demeure inconnu. Ce n’est qu’au fil des siècles qu’il sera exploré et conquis par les bandeirantes, ces groupes d'explorateurs qui s'aventuraient dans les vastes contrées intérieures "sauvages" et inconnues, à la recherche de minerais précieux, tel que l'or. La découverte d'importants gisements de pierres précieuses et d’or au début de

XVIII° (1705) entraîne une occupation effective, avec la fondation des grandes cités minières dans le Minas Gerais. Le Brésil devient ainsi rapidement le premier producteur d'or au monde. Mais au Paraná, l’or se révèle vite n’être qu’un mirage, comme l’expose J.V.C. FERREIRA lorsqu’il retrace l’histoire de la région.

"De cette forme, ce sont formés les deux premiers noyaux de population paranaense : Paranaguá et Açungui. Inconsciemment, peut-être, les fondateurs d’Açungui ont contourné la Serra do Mar qui a été durant longtemps le grand obstacle qui rendait difficile les communications entre les deux noyaux. (…) La naissance de territoires sur lesquels se développaient des champs et des petits élevages au prix du travail des esclaves, a répondu aux besoins de subsistance alors que continuait la chasse à l’or. Ces petits sites s’étendent en aires jamais très distantes de la côte, où progressivement se définit le centre du peuplement, où réside le capitaine fondateur et où déjà en 1648, lors de sa nomination, est érigé le pilori, symbole de l’autorité. A partir de ce premier noyau, sont atteintes les régions de Tagassaba, Serra Negra (…)." (FERREIRA, 1996 : 37-38)

L’Açungui dont il est question ici ne doit pas être confondu avec le hameau de Guaraqueçaba du même nom. Il s’agit d’une localité perchée dans la montagne aux abords du plateau de Curitiba, dont l’accès s’est fait non pas à partir de la côte du Paraná à travers une Serra encore infranchissable, mais à partir de São Paulo en contournant la chaîne montagneuse du littoral le long d’anciens chemins tracés par les indigènes bien avant l’arrivée des colons.

Cette première région du plateau constitue donc très tôt un second pôle d’attraction, indépendant de celui constitué par la baie et le port de Paranaguá. Açungui commence à se peupler, bien que lentement à cause des difficultés d’accès au travers des montagnes. Même timide, le mouvement de remontée vers les plateaux intérieurs est entamé. Les chercheurs d’or s’enfoncent dans la montagne en suivant les rivières et finissent par trouver des passages qui franchissent la Serra. Le peuplement des hautes terres débute. C’est d’abord Nossa Senhora dos Pinhais, à la sortie de la chaîne montagneuse, qui est fondée en 1668 (actuel São José Dos Pinhais, banlieue actuelle de Curitiba). La localité qui deviendra la capitale de l’État voit à son tour le jour en 1693.

Dès le XVI° siècle, toutefois, les expéditions d’explorations se sont succédées pour parcourir l’intérieur du Paraná et rejoindre le Paraguay. Les buts visés étaient variés. Les Jésuites furent les premiers à emprunter les chemins indigènes, poussés par leurs objectifs missionnaires et par le projet à la fois mystique et politique qui allait donner naissance, sous leur protection, aux communautés indiennes – Reduções – qui seraient ressenties plus tard comme une menace par les Espagnols et les Portugais, et détruites sous leurs efforts conjugués. Nombreuses furent également les missions de reconnaissance commanditées par

la couronne du Portugal. Les expéditions qui tentèrent de traverser le Paraná se comptent autour de sept au cours du XVI° (MOTA, NOELLI, 1999 : 23-27). Au XVII°, ce sont les expéditions de “Bandeirantes”5 qui se multiplient à la recherche d’esclaves pour les grandes fermes de São Paulo et à la recherche d’autres richesses comme les métaux précieux.

Pendant plus d’un siècle, pourtant, la barrière constituée par la chaîne montagneuse freinera le développement de l’intérieur des terres et centrera le développement sur le littoral. A la fin du siècle suivant, au XVIII°, l’exploitation de l’or se révèle un mirage. Les maigres ressources existantes sont vite épuisées. Il faut se tourner vers d’autres richesses. L’agriculture et l’élevage – alors que le pôle minier du Minas Gerais exerce une forte demande alimentaire – deviennent des activités plus lucratives. L’occupation des terres de l’intérieur se poursuit. Elle demeurera cependant relativement modeste, limitée pour l’essentiel à des activités de subsistances inspirées des pratiques indigènes, jusqu’à ce qu’au XIX° siècle, avec la naissance de l’Empire du Brésil, libéré de la tutelle coloniale portugaise et animé par l’objectif de se doter d’une économie diversifiée, la mise en valeur agricole du territoire devienne une priorité.

Jusqu’au seuil du XIX° siècle, l’équilibre économique et démographique se modifie peu : la zone des plateaux se développe lentement, tandis que le littoral, tout en demeurant le pôle de peuplement de la région, avec le port de Paranaguá qui crée une ouverture sur la mer, demeure en sommeil.

"Sur le littoral, après la décadence de l’exploitation minière, durant de nombreuses années et jusqu’à la moitié du siècle dernier, à part de petits noyaux qui ont continué à végéter, seule est demeurée peuplée une bande située autour de Paranaguá, Antonina et Morretes. Dans sa totalité, le littoral entre la montagne et la mer, est resté peu peuplé, car c’est seulement à partir de 1876 que l’on assiste à de nouvelles tentatives d’occupation (…). La décadence s’accentuant, les habitants abandonnèrent la zone montagneuse de Açungui, se retournant sur la zone du plateau proprement dit." (FERREIRA, 1996 : 37)

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Les “Bandeiras” étaient des expéditions armées particulières ou officielles qui se lançaient dans l’exploration de l’intérieur alors inconnu du Brésil à l’époque coloniale (XVI° au XVIII°). Généralement ces expéditions partaient de la Capitainerie de São Vicente (actuel São Paulo) et avaient pour objectif la capture d’indiens, la

b) La naissance de l’État du Paraná

Aussi lent soit-il, le mouvement de conquête de l'arrière-pays aboutit progressivement à un déplacement du centre de gravité de la région : c’est de la mise en valeur des plaines de l’intérieur que l’on attend désormais les ressources qui permettront de construire l’avenir. Curitiba prend tant d’importance sur le plateau Paranaense qu’au début du XIX° siècle, le centre administratif de la région quitte Paranaguá pour s’y installer. Même si la ville portuaire reste la plus grande cité du Paraná et son centre économique, ce n’est plus là que se situent les enjeux de l’époque, dont nous verrons plus loin qu’ils s’organisent autour des activités générées par le transit du bétail en direction du Minas Gerais (sur le plateau central, spécialement dans la région des campagnes appelées Campos Gerais), de la collecte, du traitement et de la commercialisation de l’erva mate – denrée particulièrement recherchée dans les pays du Rio de la Plata et dont la production embrassait une grande partie du territoire non littoral de l'État. Plus tard de nouvelles spéculations apparaîtront, notamment l’exploitation du bois qui accompagne le défrichement de la forêt – dans laquelle de nombreuses fortunes familiales de la région trouvent leur origine – puis, plus tard encore, le café au nord de l'État.

Cette dynamique nouvelle, tournée vers le planalto a contribué à l’enrichissement de la province et à son émancipation. En 1853, la chambre législative accepte la création de la province du Paraná par son détachement de celle de São Paulo, à laquelle cette zone n’avait cessé d’appartenir jusqu’alors. Une grande distance entre la capitale provinciale et le terrain n’était plus compatible avec l’encadrement rapproché que réclamaient l’afflux de nouveaux occupants et la diversification des activités. A ce moment là, le Paraná ne comptait cependant encore que neuf municipes (unités administratives correspondant à celle de communes) : Paranaguá, Guaratuba, Morretes, Antonina (sur le littoral) ; Curitiba, São José dos Pinhais, Lapa, Castro et Guarapuava (à l’intérieur). La mise en valeur et la colonisation des plateaux était encore un projet beaucoup plus qu’une réalité.

Durant toute la seconde moitié du XIX° siècle, un effort raisonné et méthodique a été déployé par l’administration impériale afin d’organiser et de favoriser cette mise en valeur d’espaces encore largement inexploités – si ce n’est, bien sûr, par les populations indigènes, mais celles-ci demeuraient très largement à l’écart des circuits économiques et commerciaux du Brésil moderne. Les expéditions se multiplient alors afin d’identifier les ressources disponibles et d’ouvrir de nouvelles voies de circulation – tant à l’intérieur même du Paraná qu’en direction des États voisins ainsi que vers les pays limitrophes (Argentine, Paraguay).

c) Le temps des grands flux migratoires

Jusqu’à l’exil de la cour portugaise au Brésil en 1818, et surtout, jusqu’à la déclaration de l’indépendance et la constitution de l’Empire en 1822, le Brésil n’a pas véritablement constitué une colonie de peuplement : le principal souci de la couronne portugaise était de drainer à son profit les richesses minières et les produits agricoles (canne à sucre, cacao) produits pour l’essentiel en exploitant la main-d’œuvre servile. Le développement d’une dynamique économique et sociale locale ne rentrait pas dans cette stratégie. Bien qu'il ne fût pas une priorité, le peuplement s'est produit de manière éparse et itinérante, ayant pour base une paysannerie libre et pauvre qui résidait sans aucun titre de propriété, ni aucune garantie légale sur la terre, aux abords des fazendas, grandes exploitations agricoles. Cette population assurait en partie l'approvisionnement des fazendas, dans la mesure où la production principale de ces dernières connaissait une période d'essor, et reposait sur une population esclave. La paysannerie bénéficiait ainsi du développement des

fazendas dont elle fournissait les denrées alimentaires qui généralement n'étaient pas

produites dans les fermes, concentrées sur la monoculture dont la production était destinée au marché extérieur (à ce sujet voir Gilberto FREYRE, 1974 : 63-83).

Avec l’indépendance, l’occupation effective du gigantesque territoire soustrait à la tutelle portugaise devint un enjeu géopolitique et social majeur. Une politique volontariste d’attraction des immigrants européens vit donc le jour – spécialement sous le second Empire, lorsque les luttes abolitionnistes et les pressions anglaises avaient déjà abouti à des restrictions sur le renouvellement du nombre d'esclaves – dont le trafic transatlantique était déjà interdit depuis 1851. Cette migration était en particulier dirigée vers le Sud-Est et le Sud : au Sud-Est afin de fournir une main-d'œuvre supplémentaire à la main d'œuvre esclave dans les fermes de café en expansion; et au Sud car il s'agissait d'une région en contact direct avec des voisins hispanophones avec lesquels les frontières demeuraient parfois imprécises6, avec pour objectif explicite de développer une production alimentaire régionale. Plus tard, en 1888, l’abolition de l’esclavage encouragea le recours à d’autres formes d’exploitation de la force de travail, fondées dès lors sur le recours à une main-d’œuvre libre.

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Le souci n’était pas nouveau car on relève, entre 1748 et 1752, une première vague de migrants européens - Portugais des Açores - venus s’installer au Paraná sur les terres frontalières voisines du Paraguay et de

Enfin, la volonté de « blanchir » une population fortement métissée de noirs et d’indiens