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Santa Catarina

4. LES ENJEUX CONTEMPORAINS DANS LE MONDE RURAL

Dans un pays lui-même en évolution constante, le Paraná a traversé des périodes de bouleversements profonds – particulièrement intenses et rapides au cours du dernier demi-siècle. On y observe, dans tous les domaines, des dynamiques que l’on retrouve également à l’œuvre dans l’ensemble du Brésil mais qui prennent, dans le contexte local, des connotations spécifiques. Je vais ici développer plus particulièrement quelques questions qui concernent le monde rural et dont l’examen permettra d’éclairer les réalités spécifiques rencontrées sur le terrain d'étude.

a) Les politiques publiques dans le domaine agricole

Dans le Brésil impérial, pays où tout était à construire – à commencer par la population qui devait constituer la nation – le rôle de l’État comme inspirateur et moteur du développement a toujours été essentiel. Des politiques étaient mises en place pour attirer et organiser les flux migratoires. Des investissements étaient faits – en matière d’infrastructure comme à travers des aides aux producteurs ou encore par l’organisation des marchés – afin d’orienter la progression du front pionnier en fonction d’une logique d’occupation et d’aménagement du territoire. En particulier, c’est ainsi que s’est faite la mise en valeur du

planalto paranaense, mouvement qui ne s’est achevé, on vient de le voir, que dans les

dernières décennies du XX° siècle. Même dans un pays pionnier, l’État a toujours eu une influence déterminante sur les évolutions sociales et économiques qu'il n’a cessé d’influencer par le moyen de ses politiques publiques. Sur un territoire de dimensions continentales, qui trouvait dans ses ressources naturelles sa principale source de richesse – apparemment inépuisable ! –, le monde rural, considéré dans la diversité des modes d’exploitation qu’il permet (agriculture, élevage, exploitation forestière, sylviculture…), n’a cessé de faire l’objet de sollicitudes particulières. A travers ses représentants les plus riches et les plus puissants, il a acquis de longue date, et conserve jusqu’à aujourd’hui, une influence politique majeure.

C'est à partir du milieu des années 1960 et surtout durant les années 1970, que les politiques publiques orientées vers le développement agricole se mettent en place de manière radicale. La dictature militaire qui suivit le coup d’État de 1964 a largement contribué à ce développement par des politiques dirigées vers la modernisation des infrastructures comme les voies de communication principalement (route, chemins de fer, ports), et parallèlement par une politique d'incitations fiscales destinées à promouvoir l'occupation des aires de frontière

agricole, en particulier en Amazonie (FERREIRA, 1987) et sur les zones du littoral situées en pleine Mata Atlântica, comme à Guaraqueçaba (MIGUEL, 1997: 91). De même, dans un souci de modernisation des infrastructures, le régime militaire s'est polarisé sur des grands chantiers de construction d’usines hydroélectriques et ces grands barrages8, sur le développement des industries lourdes (sidérurgies, pétrochimie…) et enfin, sur le développement agricole par la politique de crédits subventionnés, la création d'institutions de développement rural comme l'EMATER9, présent dans tous les États du pays, et tout particulièrement au Sud et Sud-Est où il est présent dans chacun des municipes. Ainsi, du milieu des années soixante à la fin des années soixante-dix, les gouvernements militaires successifs ont mis en place - au travers de soutiens financiers, d'aides aux crédits, etc. - une politique de modernisation technique et de réorganisation du secteur agricole privilégiant le secteur agro-industriel et les grandes entreprises agricoles au détriment d’une réelle réforme agraire et d'un développement rural bénéficiant à la petite paysannerie.

Les programmes alors développés s’appliquaient à tout le territoire brésilien, mais avec de grandes inégalités régionales et en faveur de certaines productions privilégiées destinées à l'exportation. Au-delà de l'objectif principal de moderniser l'agriculture, spécialement la grande production, un autre de ses objectifs était de faire venir des industriels et des groupes économiques et commerciaux sur le terrain de l’investissement dans l’agriculture, et en particulier dans les activités forestières, au moyen de larges avantages fiscaux.

Ainsi, la Loi Fédérale n°5.106 de 1966 ouvrait droit à d’importantes déductions fiscales à toute personne ayant investi des capitaux dans la mise en place de projets de reboisement forestiers. Et, dans les années 1970, à partir des Décrets Fédéraux découlant de cette loi, il fut créé un « Fond d’Investissements Sectoriels », le FISET, qui permettait à des personnes juridiques d’obtenir des droits d’exploitation dans des projets de reboisement implantés par des entreprises spécialisés et ouvrant droit aux déductions fiscales.

Au Paraná, ces projets de reboisement ont largement été développés et ont concerné particulièrement des espèces de pin, d’eucalyptus, de conifère natif Araucaria angustilfolia et de palmier Euterpe edulis (MIGUEL, 1997 : 92). Ce dernier a fait notamment l’objet de projets de reboisement sur le littoral et particulièrement sur Guaraqueçaba avec, dans une moindre mesure, d’autres essences forestières. J’y reviendrai plus en détail dans le chapitre concernant le développement agraire du municipe et sa question foncière. Ces politiques

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publiques ont contribué à l’implantation et au développement de grandes entreprises, privilégiant les (néo)latifundios.

Néanmoins, des politiques régionales de soutien aux petits producteurs coexistaient déjà avec cette politique hégémonique liée au projet de modernisation, notamment au Nordeste, mais ces politiques agricoles n'apportaient pas un soutien continu à ce public visé. En réalité, toute la conception de la politique destinée à l'agriculture avant même la période militaire considérait les petits producteurs comme des futurs entrepreneurs technifiés, sans qu'un ajustement soit pris en compte selon leurs conditions en termes de surface d'exploitation et de type de sol. Le crédit agricole, par exemple, était seulement concédé aux agriculteurs en fonction de la présentation d'un plan d'exploitation et de gestion avec l'introduction d'intrants chimiques et de mécanisation des établissements ruraux, dont généralement les petits producteurs familiaux ne pouvaient pas se doter par manque de moyens, de possibilités, et de maîtrise de ces stratégies complexes (MELAO, 1983).

Ainsi, une grande partie des petits producteurs sont restés en marge du processus de modernisation et des politiques publiques de développement, réalisant essentiellement une activité de subsistance caractérisée par une faible intégration au marché. Le modèle de développement ne leur offrait pas d'alternative dans la mesure où ils ne disposaient pas du profil adéquat pour en bénéficier : par manque de capacité suffisante d'investissement, et du fait de la non possession de titre de propriété de la terre dont ils faisaient l'usage en l'exploitant mais qui ne leur permettait pas d'accéder au crédit.

Durant toute la période du régime militaire et particulièrement au cours des années de crises à partir de 1974, l'ardeur développementaliste et la politique de subventions (au travers notamment de crédit rural subventionné) ont provoqué un impact considérable sur l'inflation, qui est devenue un levier important pour l'investissement dans les terres : le capital foncier est apparu, beaucoup plus qu'à d'autres périodes de l'histoire du Brésil, comme une forme de réserve de valeur dans un régime hautement inflationniste. Un tel processus, comme nous l'avons vu, a également été encouragé par les politiques publiques d'incitations fiscales pour la colonisation des frontières agricoles et en direction de l'extrativisme10 – comme ce fut le cas à Guaraqueçaba – et qui a eu des conséquences singulières sur la dégradation des ressources forestières.

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Le terme désigne l'usage des ressources naturelles (minérales, animales et végétales) par l'extraction directe dans leurs milieux naturels (cueillette, chasse, pêche). Aujourd'hui on entend par extrativisme l'activité de cueillette de ressources naturelles renouvelables, dans la perspective d'un usage durable – c'est le cas des Réserves Extrativistes. Cependant le terme signifie également l'usage des ressources non renouvelables telles que les minerais, le pétrole, etc., de même, il peut désigner l'extraction sans prise en compte des niveaux d'utilisation des ressources, rationnelle ou non.

Bien qu'il fût intense et ample, le processus de modernisation a connu une stabilisation avec les changements du crédit agricole concédés à partir du début des années 1980, particulièrement au travers de l'arrêt d'une grande partie des subventions. La crise du "miracle brésilien" arrivait alors à son point culminant et la disponibilité des ressources pour l'agriculture fut freinée (MELAO, 1982). Ce fut justement à la fin des années 1970 et durant la décennie des 80 que la réaction aux effets du modèle de modernisation a commencé à s'exprimer. Au-delà du phénomène, précédemment cité, de l'exode rural massif et de l'absorption difficile des flux de population en milieu urbain, les impacts écologiques ont été déterminants. C'est principalement l'érosion, la contamination des eaux (eaux souterraines et superficielles suite à l'utilisation de produits phytosanitaires) qui ont été significatives dans les régions les plus modernisées. De même, les effets sur la santé des professionnels exposés (agriculteurs et travailleurs ruraux) de par leur proximité à la contamination atmosphérique, par l'utilisation importante d'intrants chimiques sur les exploitations, ont été significatifs, bien que n’ayant fait l'objet de recherche que très récemment (LIMA et Al, 2003). Et c'est sans parler des conséquences sur la santé des consommateurs, largement ignorée au niveau mondial, hormis lors de scandales médiatiquement relayés.

Dès la fin des années 1970, des mouvements sociaux s'organisent et viennent formuler des critiques au modèle de modernisation, ses impacts sociaux néfastes. Les petits producteurs familiaux participent activement à ces revendications, réclamant :

"Des politiques agricoles différenciées, des meilleurs conditions de production et de meilleurs prix pour leurs produits", mais également "des mouvements de travailleurs « bóia-fria » revendiquant la réglementation de leur travail, des salaires et de meilleures conditions de travail; des mouvements d'agriculteurs expropriés par la mise en place des barrages pour la construction des usines hydroélectriques (…); des mouvements de lutte pour la terre. Ce sont les acteurs d'un monde rural en décomposition qui étaient ainsi exclus de la campagne sans pour autant trouver accès à la vie de la ville – emplois, services, possibilités de participation politique et de mobilité sociale."

(FERREIRA, RAYNAUT, ZANONI, 2005).

La critique est notamment soutenue par tout un mouvement pour le processus de la restauration démocratique, qui s'est particulièrement organisé autour de la lutte pour la Réforme Agraire, initialement sous l'influence de l'Eglise Catholique Progressiste, qui créa la Commission Pastorale de la Terre (CPT) en 1975, en Amazonie et renforcée ensuite par la formation du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil (MST), en 1984, au Paraná11. Leurs programmes et revendications s'articulent autour de l'accès à la terre, de l'amélioration des conditions de vie en milieu rural, basée sur la construction d'un modèle

différent privilégiant la vie communautaire et revendiquant la lutte pour une nouvelle société. Ce mouvement regroupe à la fois des agriculteurs qui ont perdu l'accès à la terre mais également et dans une large mesure des sans emplois et des sans abris des villes, pour la plupart des migrants ruraux de la deuxième et troisième génération. Le mouvement cherche à promouvoir les luttes sociales afin de garantir un modèle d'agriculture dont la priorité est la production d'aliments et la redistribution des richesses. Les actions privilégiées par le mouvement pour faire changer le modèle agricole productiviste et lutter pour la réforme agraire, se sont caractérisées par l'occupation des grandes aires improductives de latifundios considérant que l'occupation est le seul moyen légitime et effectif pour faire valoir ce droit à l'accès à la terre étant donné que les politiques publiques ne répondaient pas à toute cette frange de la population pauvre et en grande difficulté. Le mouvement est également accompagné par les luttes syndicales qui réclament une amélioration des salaires, ainsi que des conditions de travail des employés ruraux.

De leur côté, les agriculteurs familiaux possédant des lopins de terre avec des titres de propriété en bonne et due forme, ont également opéré leur critique du modèle de développement de l'agriculture moderne en cours, par la mise en place de stratégies diverses : la diversification agricole; la création de coopératives agricoles, la transformation des produits par ces mêmes coopératives ou associations, le développement de type d'agriculture alternative et/ou biologique.

Ces mouvements s'amplifient à la fin du régime militaire en 1985, spécifiquement alors que la démocratisation politique du pays ne paraît pas s'accompagner par une démocratisation de l'accès aux politiques publiques des segments de la population les plus défavorisés. En conséquence, le mouvement se perpétue et se dynamise dans les années 1990, pour la promotion de politiques qui privilégient les secteurs populaires exclus des politiques publiques des précédentes décennies. C'est dans ce contexte de soutien des mouvements ruraux, que des manifestations ont lieu, revendiquant des politiques agricoles pour les petits producteurs, la plus significative étant celle du « Cri de la Terre Brésil » (Grito da Terra

Brasil, mobilisation promue par le mouvement syndical paysan, CONTAG : Confédération

Nationale des Travailleurs dans l'Agriculture) dont la première manifestation s'est déroulée en 1995. C'est au cours de ces évènements qui incitaient l'État à la différenciation des petits producteurs dans l'ensemble des agriculteurs brésiliens, que la dénomination "d'agriculteurs familiaux" apparaît pour la première fois.

La force de ces mouvements conduit l'État au lancement, encore dans les années 1990, du premier programme qui se propose d’appuyer de façon ciblée cette partie de la population,

dès lors désignée comme Agriculture Familiale : il s'agit du PRONAF (Programme National de Renforcement de l'Agriculture Familiale) créé en 1996. C’est avec la création du PRONAF que voit le jour la première politique publique en direction de la petite paysannerie. Il met à disposition des fonds destinés aux petits agriculteurs sous forme de crédits, d’aides à la réalisation de projets agricoles (LABAIG, 2003 : 5-6).

Dans un second temps, à partir de cette reconnaissance publique de la catégorie sociale "Agriculture Familiale" et de la perception du fait que ces agriculteurs ont une histoire au sein du milieu rural, ne travaillant pas seulement dans le secteur agricole mais développant des fonctions multiples, on commence à parler non plus seulement de développement agricole mais plus spécifiquement de politiques de développement rural.

Au niveau national et local, à l'intérieur de ces politiques, la question de l'environnement prend de l'importance, en relation à un développement rural où les agriculteurs familiaux ont une place prépondérante et où leurs spécificités sont reconnues. Même si ces formes de penser les politiques publiques pour le milieu rural ne sont pas encore hégémoniques, elles constituent un tournant dans l'histoire du Brésil rural. Toutefois, globalement considérées, les politiques agricoles conventionnelles, basées sur la mécanisation, le contrôle industriel des semences, le développement de l'utilisation de produits phytosanitaires (pesticides, engrais chimiques), continuaient à recueillir l’essentiel des ressources affectées à l’agriculture.

La question environnementale en lien à l'agriculture occupait pour sa part une place croissante dans les préoccupations gouvernementales, mais elle demeurait très fréquemment centrée sur la déforestation, n'arrivant pas à constituer un des éléments de la politique agricole qui vise la modification du modèle technologique de l'agriculture brésilienne (cela est en train de se faire depuis très récemment justement en parallèle des préoccupations écologiques, notamment autour de la question des cultures transgéniques).

Le débat sur l'agriculture familiale au Brésil reste toujours d'actualité tant en ce qui concerne la prise en compte actuelle de cette catégorie au sein des politiques publiques, que la reconnaissance du fait qu’il ne s’agit pas d’une simple survivance et qu’elle a un rôle spécifique à jouer dans l’avenir de l’agriculture du pays. La diminution significative et constante de la population rurale et du nombre d'exploitations rurales depuis les années 1950-1960 renforce cette problématique.

b) Les politiques publiques sociales compensatoires

Parallèlement aux politiques publiques de développement rural qui se sont développées plus particulièrement depuis une décennie, des politiques sociales ont vu le jour très récemment. Elles se caractérisent par des politiques compensatoires en direction des populations les plus pauvres. Ces programmes ont été lancés à partir du second mandat de Fernando Henrique Cardoso en 1999, puis ils ont été amplifiés et unifiés sous le gouvernement de Lula (Luiz Inácio Lula Da Silva) à partir de 2002 :

- Bolsa Escola Federal initiée en 2001 (mais déjà en cours auparavant dans quelques États pilotes du Brésil), Bourse Scolaire : ces bourses sont attribuées aux familles qui ont un revenu inférieur ou égal à un demi salaire minimum par personne (soit environs 30 Euros mensuel/personne), dont les enfants de 7 à 14 sont inscrits dans une école publique, et qui en font la demande auprès de leur mairie. La bourse s'élève par enfant à 15 Reais mensuel (5 Euros).

- Vale-Gás : Bon de Gaz de 7,50 Reais par mois (2,50 Euros).

- En octobre 2003, le programme Bolsa Família, Bourse Famille unifie et coordonne toutes ces aides aux familles pauvres, dans le cadre du projet Fome Zero (Faim Zéro) : Bolsa Escola, Bolsa Alimentação, Vale-Gás...

- Le programme Luz No Campo suivi de celui Luz Para Todos : "Lumière à la campagne" et la "Lumière pour tous". Le programme Lumière à la Campagne a été initié en 2000, pour répondre aux besoins des populations rurales aux revenus faibles. Pourtant, les familles bénéficiaires devaient participer aux coûts d'installation à hauteur de 1600 Reais (530 Euros environs), ce qui représente une somme considérable pour des familles à faibles revenus. Même si elles avaient la possibilité de payer sur plusieurs années, l'investissement était élevé. Le programme "Lumière pour Tous" a été décrété en 2003, afin d'apporter ce service de base aux familles du milieu rural qui n'en sont pas pourvue. Ce programme privilégie le caractère social et il est totalement gratuit pour les bénéficiaires, à la différence du premier programme.

J'évoque ici de manière succincte ces programmes car je m'y référerai plus loin lorsque seront abordées plus spécifiquement les conditions de vie et de reproduction sociale et matérielle des habitants du hameau étudié.

Ces programmes de lutte contre la pauvreté, la faim et le maintien des jeunes en milieu scolaire, ne sont pas l'exclusivité du monde rural et ils sont aussi largement développés en

milieu urbain. Ils ont été mis en place afin de pallier les difficultés rencontrées par les familles les plus pauvres, cependant, jusqu'à très récemment, ils n'atteignaient pas toutes les familles qui pouvaient y prétendre, les municipes ayant des quotas, les procédures administratives se révélant compliquées pour une large part des bénéficiaires potentiels et les passe-droits étaient courants. Le programme "Luz para Todos" puis "Luz no Campo" est, quant à lui, destiné exclusivement au milieu rural.

c) La question foncière : une problématique centrale au Brésil

L’accès à la terre est un problème récurrent dans l’histoire du Brésil. Le contrôle de la terre, pour les différents usages qu’elle peut permettre n’a cessé de faire l’objet de tensions permanentes. Dans ce processus une dissociation s’est opérée entre la possession précaire de la terre ouvrant un droit d’usage et la propriété légale avec un titre de propriété, qui seul prévaut en dernière instance (même si ces titres étaient contestables, douteux et malgré qu'il y ait reconnaissance du fait que l'usage pouvait être à l'origine de la propriété, cela à partir des lois impériales sur la terre au début de la république). Comme le souligne GRAZIANO Da SILVA, le sort de la petite paysannerie ne peut pas être dissocié de la question de la propriété de la terre ainsi que des transformations qu’elle a connues tout au long de l’histoire du pays (1978 : 15). C’est pourquoi un retour en arrière est nécessaire pour saisir le passé dans lequel s’enracinent les réalités contemporaines.

La genèse du rapport au foncier au Brésil a obéi à deux grands principes fondateurs au fil de son histoire. Le premier est à l’œuvre depuis les lendemains de la découverte jusqu’à la fin du XVIII° siècle. L’autre prend effet à partir du XIX° siècle.