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Chapitre 6 : Discussion et analyse des résultats

6.5 Les forces et les limites de la recherche

Toute démarche scientifique comporte des forces et des limites faisant d’elle un processus unique. Les forces de cette recherche sont principalement au niveau de la recension exhaustive des écrits, du cadre d’analyse, du contact prolongé de l’étudiant dans le milieu ainsi que de la participation sérieuse et impliquée des répondants (ex. : témoignage, respect des consignes, complétion des questionnaires). Premièrement, l’étendue des thématiques et leur exploration exhaustive dans les premiers chapitres de ce mémoire ont permis de donner un portrait global du trouble concomitant et plus particulièrement, son rétablissement. En outre, le trouble concomitant a été exploré sous trois facettes : l’évolution des approches et des traitements à travers les trente dernières années, la part du TM et finalement la part de la problématique dans la concomitance. Cet examen de la problématique dans son ensemble a donné l’occasion de mieux en comprendre les défis du rétablissement afin d’orienter adéquatement la collecte de données et l’analyse des résultats. Deuxièmement, en concordance avec le modèle bioécologique, le projet de recherche a été en mesure de bien observer le vécu des répondants en faisant état de leur condition de santé mentale, de leur trouble lié à l’utilisation de substance, mais surtout de leur vécu en lien avec le trouble concomitant. Par ailleurs, le modèle bioécologique a servi de trame de fond afin de prendre conscience des interactions des différents facteurs entre eux dans un contexte global de l’individu. L’utilisation de cette approche a donc permis une vision inclusive de tous les aspects autant à l’intérieur de l’individu qu’à l’extérieur de lui-même. Troisièmement, le contact prolongé de l’étudiant dans le milieu de recherche a donné l’occasion à ce dernier de

s’imprégner de l’approche de soins, de contacter les équipes soignantes et de mieux saisir la réalité des répondants. En outre, ce contact a permis à l’étudiant-chercheur de créer une crédibilité autour du projet et de maintenir un vent favorable à sa réalisation. Finalement, le vécu des répondants peut être considéré comme une force par leur témoignage détaillé, mais aussi cohérent avec les objectifs de l’étude dans le respect des critères de l’étude, soit la présence d’une concomitance. Ainsi, leur participation a permis de bien faire ressortir les facteurs et d’avoir un portrait de ce que représente vivre avec un trouble concomitant. Par ailleurs, une concordance entre les facteurs de la recension des écrits et ceux de la présente étude démontre une cohérence et une réalité semblable relativement au trouble concomitant dans les différents milieux de soins.

Dans le même ordre d’idées, les répondants de cette étude exploratoire provenaient tous d’un même milieu de soins, soit l’IUSMQ, ce qui peut représenter une force pour ce milieu dans l’intérêt de mieux connaitre le vécu de leur clientèle. Rappelons que le trouble lié à l’utilisation d’une substance dans un contexte psychiatrique étant la norme plus que l’exception, cette étude exploratoire devient alors une opportunité de mieux comprendre la réalité des personnes fréquentant les services et en conséquence les facteurs les affectant positivement ou négativement. Aussi, il est important de rappeler que cette étude exploratoire s’inscrivait au départ dans le contexte de la formation d’une nouvelle unité de soins en trouble concomitant à l’IUSMQ et avait comme objectif premier de documenter le parcours des individus la fréquentant. Même si ce projet novateur dans le domaine des troubles concomitants n’a finalement jamais vu le jour et qu’en conséquence

les futurs résidents de l’unité en question n’ont pu être rencontrés, il est toutefois possible de mentionner que cette étude demeure tout autant novateur par son intérêt pour le rétablissement des troubles concomitants. Tel que vu lors de la recension des écrits, les services demeurent encore par moment en silo, entre la santé mentale et la toxicomanie, tandis que cette étude s’intéressait au vécu global de la personne permettant d’avoir un portrait juste de la concomitance. Ceci permet de mieux comprendre les besoins particuliers de cette population de par les défis que représentent ces deux problématiques, et surtout, de l’influence l’une sur l’autre. Au final, cette étude a permis de donner une voix à une population souvent marginalisé qui a été historiquement peu consulté dans la mise en place de services et dans les études sur l’efficacité des services.

Cependant, comme mentionnée, toute étude comporte des limites et biais. Une première limite concerne la petite taille de notre échantillon (n=7). La faible concentration d’individus ayant participé à cette recherche peut premièrement être expliquée par la non- création de l’unité de soin en trouble concomitant à l’IUSMQ, qui allait être, à la base de ce projet, la source de recrutement principal. Or, la recherche ainsi que sa méthodologie ont dû être modifiées en cours de route afin de s’adapter à cette réalité et surtout, élargir le bassin d’échantillonnage. Ainsi, comme deuxième limite, nous pourrions conclure le fait que la présente étude ne répond pas au critère de la saturation des données comme l'indiquent Kvale (1996) et Savoie-Zajc (1997). Une troisième limite se rapporte à l’utilisation de l’URICA en lien avec la consommation problématique de plusieurs substances chez les répondants. L’URICA étant orienté pour observer une seule substance

à la fois chez un individu et la consigne demandant de remplir un questionnaire URICA par substance problématique utilisée a été omise, nous pourrions alors nous questionner sur la validité de cet outil à travers cette étude. Bien qu’il ait été retenu afin d’avoir un aperçu de la motivation au changement chez les répondants, il aurait pu être intéressant de le faire compléter plusieurs fois par les répondants, selon les substances utilisées par la personne. Finalement, une dernière limite retenue concerne le guide d’entrevue qui était davantage orienté autour du microsystème et de l’ontosystème de la personne. L’entrevue a donc su dégager le vécu de la personne dans ses difficultés, ses défis, ses intérêts et son évolution en intégrant aussi l’apport de l’environnement social. Toutefois, peu d’emphase a été mise sur les autres systèmes ce qui peut expliquer la faible quantité de facteurs dans le mésosystème, le macrosystème et l’exosystème.