• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 : Cadre conceptuel

3.1 L’approche bioécologique et ses fondements

À la base de l’approche bioécologique, on retrouve l’approche écologique apparue pour la première fois en 1979 dans l’ouvrage The Ecology of Human Development (Bronfenbrenner, 1979). Celle-ci avait alors été présentée comme un paradigme scientifique axé sur l’étude et la compréhension du développement humain perçu dans un contexte systémique et relationnel. Plus précisément, cette approche provenant de diverses disciplines entre autres de l’écologie, de la théorie générale des systèmes et des théories des organisations, consiste en l’étude de l’interaction entre les êtres vivants et leur milieu de vie ou environnement (Drapeau, 2008). Bref, cette théorie est proposée comme un cadre permettant d’étudier la complexité des interactions existant entre l’individu et les différents systèmes qui l’entourent, de même qu’entre les différents niveaux de système (Carignan, 2011).

À la base, ce paradigme percevait le développement de l’individu et de son environnement en quatre sous-systèmes soit le microsystème, le mésosystème, l’exosystème ainsi que le macrosystème (Carignan, 2011). L’approche écologique est devenue l’approche bioécologique au fil des ans (Lerner, 2005) due à l’addition de la composante individuelle comprenant les dimensions biologiques, psychologiques et comportementales (ontosystème), de même qu’à la considération du principe de temporalité (chronosystème). Afin de mieux comprendre les particularités de chaque système et leur portée dans le développement humain, une définition de chacun d’entre eux nous semble nécessaire.

Premièrement, l’ontosystème correspond aux caractéristiques personnelles de l’individu, que ce soit par exemple les valeurs, les habitudes de vie, le bagage génétique, etc. Par ailleurs, Bronfenbrenner et Morris (2006) distinguent trois types de caractéristiques ayant un impact sur le développement de la personne: les caractéristiques personnelles agissant en tant que stimuli sociaux pour les personnes de l’entourage (ex. : sexe, âge, couleur de la peau, etc.), les dispositions personnelles (ex. : curiosité, collaboration, l’impulsivité, l’apathie, etc.) et finalement les ressources individuelles ou par conséquent le manque de ressources (ex. : habiletés, expériences, connaissances, etc.). Deuxièmement, le microsystème représente le milieu de vie immédiat fréquenté par la personne et dans lequel elle entretient des contacts et joue un rôle actif. Pour une même personne, il peut exister plusieurs microsystèmes aux caractéristiques différentes qu’il s’agisse de la famille, de l’école, de la garderie, du milieu de travail, des amis, etc.

Troisièmement, le mésosystème est caractérisé par l’ensemble des liens qui existent entre les différents microsystèmes d’un individu. Autrement dit, ce système n’est pas considéré comme un lieu, mais plutôt comme l’influence réciproque des divers milieux de vie que la personne fréquente (Drapeau, 2008). Quatrièmement, les exosystèmes représentent des milieux non fréquentés par la personne mais qui auront toutefois un impact sur son développement. À titre d’exemple, le gouvernement, la municipalité, etc. Ainsi, les décisions prises dans ces milieux, auxquels l’individu ne participe pas, auront un impact indirect dans le développement humain de la personne sans jamais qu’ils entrent directement en contact (Drapeau, 2008). Cinquièmement, le macrosystème renvoie aux valeurs, aux systèmes de croyances ou aux normes caractéristiques d’une société, tels que véhiculés par les sous-systèmes de l’environnement de la personne. Dans une certaine mesure, il est l’empreinte culturelle ou même la toile de fond à la base de l’organisation des institutions d’une société (Drapeau, 2008). Par conséquent, ce système exercera une très grande influence puisqu’il affectera les rôles et les fonctions parentales à l’égard des enfants (Weisner, 2002). Finalement, le chronosystème signifie le passage du temps, que ce soit par exemple une période de transition de la vie où une époque où l’individu a vécu (Bronfenbrenner & Morris, 1998). Le développement humain est un phénomène qui se poursuivra durant toute une vie et qui sera aussi empreint des générations successives (Bronfenbrenner, 2001). La Figure 1 présente les couches systémiques de l’approche bioécologique et leur schème d’interactions.

Figure 1. L’approche bioécologique de Bronfenbrenner (1979)

Pour Bronfenbrenner et ses collègues (1979), quatre concepts clés et leurs interactions sont au fondement de l’approche bioécologique. Ainsi, on retrouve le processus, la personne, le contexte et le temps comme éléments nécessaires à la compréhension du développement humain. Tout d’abord, le processus, identifié comme le cœur de l’approche, représente des formes particulières d’interactions entre un organisme et son environnement se réalisant dans le temps. Le processus est alors considéré comme le mécanisme primaire de la production du développement humain. Par la suite, la personne et ses caractéristiques uniques, le contexte immédiat ou éloigné de celle-ci ainsi que la période temporelle (époque, culture) dans lequel la personne évolue

Macrosystème Exosystème Mésosystème Microsystème Ontosystème Chronosystème

seront d’autres éléments qui influenceront la force du processus et son impact sur le développement (Bronfenbrenner & Morris, 2006). Bref, l’approche bioécologique est utile pour permettre de comprendre le sens des comportements dans les divers contextes de la vie, car selon ladite approche, tout comportement a un sens dans son contexte (Drapeau, 2008).

Basée sur le postulat évoquant que le comportement humain découle d’une adaptation progressive et mutuelle entre la personne et son environnement (Drapeau, 2008), l’approche bioécologique est un paradigme intéressant pour l’étude des facteurs en cause dans le rétablissement des personnes atteintes d’un trouble concomitant. L’utilisation de cette approche comme fondement d’analyse permet de ne pas se centrer uniquement sur les capacités ou les incapacités individuelles, mais plutôt sur les multiples éléments qui interagissent dans le développement, l’adaptation ou le maintien des difficultés (Drapeau, 2008). En outre, une contribution importante de cette approche est de considérer à la fois l’environnement immédiat et l’environnement éloigné d’une personne dans l’étude du comportement (Drapeau, 2008). Autrement dit, seront considérés non seulement la famille et les contacts proches de la personne, mais aussi les éléments de la société susceptibles d’affecter la personne dans son développement, et par conséquent, son rétablissement. Dans un sens, cette approche est à la fois sociale, communautaire, familiale et individuelle (Drapeau, 2008). Comme mentionné dans la recension des écrits, le rétablissement, peu importe le domaine, est un phénomène complexe où s’insèrent de multiples facteurs, qu’ils soient individuels ou

environnementaux, c’est pourquoi l’approche bioécologique sera utile afin d’avoir une vision globale des interactions existantes dans le cheminement de la personne. Ainsi, adopter une perspective bioécologique aux situations permet d’élargir son champ de vision afin de cibler les informations qui circulent dans tous les processus relationnels (Balas, 2008). De plus, étant donné que ce modèle nous sensibilise à l’importance d’être attentif à l’influence des différents contextes sociaux, il permettra dès lors d’analyser l’interaction des différents facteurs influençant le rétablissement de l’individu selon une perspective de systèmes dans laquelle les individus cheminent dans leur processus de rétablissement.