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Chapitre 5 Présentation des résultats

5.5 Les facteurs d’influence dans le rétablissement d’un trouble concomitant

5.5.2 Les facteurs négatifs

En ce qui concerne les facteurs négatifs, les répondants ont nommé plusieurs éléments qui ont nui à leur processus de rétablissement de manière générale. Que ce soit sur le plan individuel, de leur environnement ou relativement aux interventions, l’objectif a été de ressortir les facteurs les plus souvent cités par les répondants. Pour les facteurs négatifs, ceux-ci ont été rapportés par les répondants comme des éléments ayant eu un impact négatif sur leurs symptômes de TM, leur consommation et sur leur désir et motivation de poursuivre les démarches de rétablissement.

En ce qui concerne les facteurs individuels, trois facteurs ont été identifiés. D’abord, l’utilisation de la consommation dans l’objectif de s’évader des symptômes désagréables apportés par le TM a été évoquée. En guise d’exemple, deux répondants déclarent :

[…] mais tu sais quand t’es écœuré d’être pogné dans une prison dans ta tête et il y a une substance qui t’aide à passer par-dessus ça puis que tu te sens normal c’est dur de décrocher de cette substance-là. […] Fait que la santé mentale vient faire que tu consommes une substance puis la substance vient faire que tu as d’autres problèmes qui resurgissent (répondant 1).

Le stress puis le fait que l’alcool c’est un, un dépresseur du système nerveux central je pense hein ? Fait que le stress causé par je ne sais pas moi, de l’anxiété ou de la paranoïa, on compense en prenant de la boisson pour se calmer les nerfs. […] une fois qu’on commence ça, là on se sent pas bien quand on n’a pas bu fait que ça nous prend notre bière du matin, puis la bien, ça, ça cause d’autres problèmes puis… c’est comme une roue qui tourne, c’est… une spirale qui descend, ça va de pire en pire… […]. On boit parce qu’on a des problèmes et on a des problèmes parce qu’on boit fait qu’on boit parce qu’on a des problèmes puis ça ne finit pas (répondant 7).

Également, une faible estime de soi et des pulsions de consommation souvent présentes ont un aussi un impact négatif sur le rétablissement « je ne le sais pas… peut- être ne plus avoir aucune envie de boire. Pour la drogue ça ne me dérange plus, c’est la boisson que j’ai envie de boire. Pas tout le temps-là, mais souvent » (répondant 7).

Ensuite, quatre facteurs reliés à l’environnement ont été recensés. Le plus régulièrement rapporté par les répondants demeure celui de l’influence négative du réseau social pouvant selon eux amener la personne à consommer davantage où à essayer de nouvelles substances : « moi ma vision de la chose : si je prends ça globalement, je ne crois pas que le cannabis peut apporter à la coke, je ne pense pas que le cannabis peut apporter aux speeds… c’est vraiment ton environnement social » (répondant 1). Puis, un autre ajoute « tous mes amis étaient schizophrènes quasiment, tu sais [rire]. Plusieurs amis qui étaient schizophrènes puis eux autres ils ne se faisaient pas soigner là… c’était plutôt la drogue, le PCP tout ça » (répondant 5). Toujours en lien avec le réseau social, un autre facteur important mentionné par deux répondants est l’accessibilité aux substances pouvant influencer la consommation. En guise d’exemple, le répondant 3 cite : « j’en ai, j’en consomme, j’en ai pas j’en consomme pas ». Toutefois, le répondant 7 communique bien l’impact de l’accessibilité de l’alcool et de la drogue sur sa consommation durant son adolescence :

J’étais dans un milieu de drogue fait que, d’alcool et de drogues […]. Comme pour la bière dans les débuts là ben… pas dans les tout débuts là, mais une fois que j’avais 17-18 ans ma mère le vendredi elle nous donnait de l’argent pour deux 24. Elle disait : t’achèteras une 24 pour toi puis tes amis et une 24 pour moi. Fait que là je prenais, c’est elle qui nous la payait la bière puis en plus, elle ne le savait pas, mais moi je vendais du hash fait que j’avais toujours du bon hash d’afghan noir là, de la bonne qualité (Répondant 7).

Finalement, trois éléments ont été nommés quant aux facteurs relatifs aux interventions. D’emblée, il importe de préciser que seulement deux répondants ont évoqué des facteurs liés à l’intervention. Avant tout, la perte de confiance envers les intervenants est un facteur de non-engagement dans les services et aussi de perte de motivation envers le traitement. Un répondant raconte alors sa mauvaise expérience de soins reçus comme un impact l’ayant amené à ne pas vouloir poursuivre les traitements avec cette équipe et à douter de la compétence du personnel soignant « dans le fond je me dis que si ici on est spécialisé là-dedans et on n’est même pas capable de s’occuper de quelqu’un […] » (répondant 6). Parallèlement, un intervenant trop rigide dans son approche peut également nuire au processus de rétablissement « [en parlant de la relation avec le professionnel rencontré] ça n’a vraiment pas bien été, mettons que ça m’a fait vivre énormément de stress, d’angoisse, d’anxiété […], j’ai comme l’impression tu sais qu’on s’est dépêché puis on m’a garroché » (répondant 6). Un autre facteur concerne la perte d’autonomie face au traitement, c’est-à-dire la sensation pour l’individu de ne pas avoir de choix dans son rétablissement ou face aux intervenants :

Et bien j’aimerais mieux me sentir plus libre, fait que… C’est sûr qu’on se sent plus comme une bête dans une cage. Comme dans une maison de chambre que c’est, surveillé. Il ne peut pas y avoir aucune consommation. Les gens de l’équipe PACT viennent quatre fois par semaine me voir. Même mes médicaments je ne les ai même plus c’est Monsieur [nomme son nom] le concierge, le gérant de l’immeuble qui les a maintenant. Fait que je trouve que j’ai pris du recul un peu (Répondant 7).

Le Tableau 12 présente un résumé des facteurs considérés comme négatifs dans le rétablissement d’une personne atteinte d’un trouble concomitant.

Tableau 12

Les facteurs négatifs d’influence dans le rétablissement d’un trouble concomitant

Facteurs Catégories N Répondants

Individuels Consommation pour gestion des symptômes de TM

Pulsions de consommation Faible estime de soi

_______________________________________ Total 6 2 1 9 4 1 1

Environnementaux Influence négative du réseau social Accessibilité aux substances Préjugés

Situations de vie difficiles

_______________________________________ Total 6 2 2 1 11 4 2 1 1 Reliés aux interventions

Perte de confiance envers les intervenants Rigidité du personnel soignant

Perte d’autonomie face aux traitements

_________________________________________ Total 2 2 1 5 1 1 1

N = le nombre de citations évoquant le facteur