3.4 La configuration utilis´ee
3.4.4 Les for¸cages atmosph´eriques
Au cours de cette th`ese deux types de for¸cages ont ´et´e utilis´es, un jeu de for¸cage `a flux
sp´ecifi´e et un jeu de for¸cage bulk. Notre choix s’est port´e sur ces deux jeux de for¸cages car
ils sont repr´esentatifs de l’´etat de l’art en la mati`ere ; ils sont tous deux ´egalement utilis´es
dans des ´etudes de mod´elisation oc´eanique (Vialard et al., 2001; de Boyer Mont´egut et al.,
2005).
For¸cages “flux sp´ecifi´e”
Pour nos exp´eriences en flux sp´ecifi´e, le choix s’est port´e sur la r´eanalyse du Centre
Europ´een de Pr´evision M´et´eorologique `a Moyen Terme (CEPMMT
12) couvrant la p´eriode
1957-2002 (ERA40). Les flux de chaleurQ
N ETet d’eau douceεsont issus de la r´eanalyse
CEPMMT `a une fr´equence journali`ere.
Dans le cadre de l’approximation des flux sp´ecifi´es, le flux de chaleurQ
totutilis´e pour
forcer le mod`ele est compos´e d’un flux de chaleur netQ
N ETqui est sp´ecifi´e par le champ
de for¸cage, et d’un terme de correction de fluxQ
corrqui lui est diagnostiqu´e de mani`ere
interactive.
Q
tot=Q
N ET+Q
corrLe terme de correction de flux Q
corra une fonction essentielle pour un mod`ele `a flux
sp´ecifi´e. Il permet de restituer un degr´e de libert´e au syst`eme et assure la coh´erence entre
les for¸cages appliqu´es et la dynamique oc´eanique simul´ee (Barnier et al., 1995). En effet,
sans ce terme, le transport m´eridien de chaleur du mod`ele serait contraint de s’ajuster
rigoureusement au transport m´eridien de chaleur impos´e par le biais des for¸cages. La
dy-namique propre, `a grande ´echelle, du mod`ele d’oc´ean aurait alors du mal `a se d´evelopper
12
3.4. La configuration utilis´ee 55
librement et serait tr`es fortement contrainte par le transport de chaleur m´eridien impos´e
par les for¸cages. De plus, les flux utilis´es pour forcer le mod`ele ont ´et´e calcul´es en
uti-lisant une temp´erature de surface (SST) climatologique ou observ´ee. Il est plausible que
la temp´erature de surface pr´edite par le mod`ele OPA diff`ere par endroit de la SST ayant
servie aux calculs des flux sp´ecifi´es ce qui d´ebouche sur une incoh´erence entre le syst`eme
dynamique et les for¸cages appliqu´es. Le fort couplage entre le flux de chaleur `a la surface
de l’oc´ean et la SST est simul´e par l’ajout du flux Q
corrqui s’´ecrit comme un terme de
relaxation vers une SST observ´ee. Ceci permet de r´esoudre, ou du moins de contrˆoler, les
probl`emes d´ecrits ci-dessus. La SST climatologique mensuelle de Levitus (Levitus, 1998)
est utilis´ee pour calculer Q
corr. Ce terme de correction de flux peut finalement ˆetre vu
comme une r´etroaction de l’oc´ean sur le flux de chaleur. Il s’exprime sous la forme :
Q
corr=
µ∂Q
∂T
¶
Tclim S·³T
Sclim−T
S´
(3.28)
Dans notre ´etude, la valeur du cœfficient³
∂Q∂T´
Tclim S
est fix´ee `a−40W.m
−2sur l’ensemble
du domaine.
En plus du rappel en SST, la salinit´e de surface (SSS) du mod`ele est relax´ee vers la
salinit´e climatologique mensuelle de Levitus. Contrairement au terme de rappel en SST, le
rappel en SSS n’a aucune signification physique. Compte tenu des fortes incertitudes sur
le flux d’eau douce ε, on utilise ce terme pour pr´evenir les ´eventuelles d´erives de la SSS
du mod`ele.
En ce qui concerne les for¸cages du vent, le vecteur de tension du vent `a la surface de
l’oc´ean~τ est calcul´e `a partir des observations des diffusom`etres laser embarqu´es sur les
satellites ERS1 et ERS2 compl´et´ees par les observations in-situ aux points de mouillage
TAO (Menkes et al., 1998). Les vents satellites sont en effet de meilleure qualit´e en terme
d’intensit´e que ceux du CEPMMT (qui sont pour la plupart sous estim´es) et sont connus
pour produire une thermocline et des courants zonaux plus r´ealistes, en particulier avec
la mod`ele OPA (Grima et al., 1999).
For¸cages “bulk”
Une mesure directe des ´echanges de chaleur `a l’interface oc´ean/atmosph`ere est
impos-sible `a ce jour. Les flux `a travers la surface de l’oc´ean doivent donc ˆetre estim´es `a partir des
variables atmosph´eriques `a la hauteur an´emom´etrique (normalement 10 m au dessus de
la surface de l’oc´ean) en utilisant les formules a´erodynamiques semi-empiriques bulk. Les
variables atmosph´eriques (vent, humidit´e, temp´erature de l’air `a la surface et couverture
nuageuse) du National Center for Environmental Prediction (NCEP
13) sont utilis´ees pour
diagnostiquer les flux de chaleurQ
N ETet d’eau douceε`a l’interface oc´ean/atmosph`ere de
mani`ere interactive. Les pr´ecipitations moyennes mensuelles CMAP (CPC Merged
Ana-lysis of Precipitation) propos´ees parXie et Arkin (1996) sont utilis´ees en lieu et place des
pr´ecipitations du mod`ele NCEP qui pr´esentent des erreurs importantes compar´ees aux
observations (notamment dans la r´egion de la SPCZ).
Les flux de chaleur Q
N ETet d’eau douce ε `a l’interface oc´ean/atmosph`ere s’´ecrivent
comme suit :
Q
N ET= Q
SEN+Q
LAT+Q
LW+Q
SW(3.29)
13
ε = E−P−R (3.30)
Q
SEN´etant le flux de chaleur sensible, Q
LATle flux de chaleur latente, Q
LWle flux
par rayonnement infra-rouge etQ
SWle flux solaire radiatif.E, P et R sont les 3 termes
du bilan d’eau douce, respectivement l’´evaporation, les pr´ecipitations et les apports des
rivi`eres.
Un bref aper¸cu de la mani`ere d’estimer ces diff´erents flux `a la surface de l’oc´ean est
donn´e ci-apr`es. Pour une description d´etaill´ee des formules bulk utilis´e par OPA, on se
r´ef´erera `a la description du mod`ele CLIO (Coupled Large-scale Ice Ocean) par Goosse
et al.(1999).
Flux turbulent de chaleur sensible et latente
Les flux turbulents de chaleur sensible et latente sont calcul´es `a partir des ´equations de
transfert oc´ean-atmosph`ere classiques (Large et Pond, 1982) :
Q
SEN= ρ
ac
apC
HW
10(T
a−T
w) (3.31)
Q
LAT= ρ
aL
eC
EW
10(q
a−q
w) (3.32)
o`u ρ
aest la densit´e de l’air, W
10, T
aet q
asont la vitesse, la temp´erature et l’humidit´e
sp´ecifique de l’air,c
ap
etL
esont la capacit´e calorifique et la chaleur latente de vaporisation
de l’air etT
wetq
wsont la temp´erature de surface et l’humidit´e sp´ecifique (qui est suppos´ee
`
a saturation) de l’oc´ean.
Flux par rayonnement infra-rouge
Le flux par rayonnement infra-rouge est param´etr´e en suivantBerliand et Berliand (1952) :
Q
LW=²σ
sbT
a4(0.39−0.05√e
a