6.2 D’une surface moyenne synth´etique ` a une surface moyenne observ´ee
6.2.2 Apports de l’assimilation : comparaisons aux observations
La section pr´ec´edente nous a montr´e que l’assimilation de la SLA T/P+ERS r´ef´erenc´ee
avec la topographie dynamique moyenne observ´ee GRACE permettait de reduire les ´ecarts
RMS par rapport aux donn´ees assimil´ees, mais aussi par rapport aux donn´ees TAO
ind´ependantes. Les ´ecarts RMS sont importants, dans la mesure ou ils permettent de
quan-tifier la r´eduction de l’erreur par rapport aux observations et de s’assurer de la coh´erence
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Fig. 6.7 – MDT (`a gauche en m) et ´ecart type de la DT (`a droite en m) observ´e, de
la simulation en mode libre, de la simulation avec assimilation de SLA EXP1 et de la
simulation avec assimilation de DT EXP2, respectivement de haut en bas.
statistique de notre syst`eme d’assimilation. Une r´eduction des ´ecarts RMS par rapport
aux observations (surtout par rapport aux observations assimil´ees) ne garantit par contre
en rien que le r´ealisme de la circulation simul´ee a ´et´e am´elior´ee. Nous allons maintenant
regarder l’impact de l’assimilation sur la dynamique simul´ee. Pour cela, nous
confronte-rons, en terme de structures moyenne et de variabilit´e, la simulation libre ainsi que les
deux exp´eriences avec assimilation de donn´ees avec diff´erentes sources d’observations.
Niveau de la mer
En premier lieu, il convient de regarder l’influence de l’assimilation de donn´ees sur le
niveau moyen et la variabilit´e du niveau de la mer simul´e. Pour simplifier le discours, dans
ce qui suit je parlerai d’assimilation de SLA T/P+ERS pour d´esigner l’assimilation de la
SLA T/P+ERS r´ef´erenc´ee en utilisant la MDT mod`ele et d’assimilation DT T/P+ERS
pour d´esigner l’assimilation de la SLA T/P+ERS r´ef´erenc´ee en utilisant la MDT observ´ee
GRACE. La figure 6.7 montre la MDT observ´ee et l’´ecart type du signal altim´etrique (en
haut). Les MDT et la variabilit´e de la DT simul´ees avec assimilation de SLA T/P+ERS
et de DT T/P+ERS sont ´egalement montr´ees, respectivement de haut en bas. Le mod`ele
sans assimilation reproduit d´ej`a de mani`ere satisfaisante le niveau moyen et la variabilit´e
du niveau de la mer dans la bande ± 15
◦(Vialard et al., 2001). On note l’importante
diff´erence entre les structures de MDT des deux simulations avec assimilation de donn´ees.
L’exp´erience EXP2 assimilant la DT T/P+ERS est plus proche de la MDT observ´ee. Le
sillon Nord ´equatorial est mieux repr´esent´e dans la simulation EXP2, en particulier les
gradients m´eridionaux sont plus en accord avec les observations. Le maximum de MDT
dans le Pacifique Ouest au niveau de l’´equateur est ´egalement plus r´ealiste. Ce maximum
est trop important et trop `a l’ouest dans la simulation libre et la simulation EXP1.
Concer-nant la variabilit´e, en revanche, il y a tr`es peu de diff´erence entre les deux simulations avec
assimilation de donn´ees. Ceci est un point positif dans la mesure o`u l’assimilation de SLA
permettait d´ej`a d’am´eliorer de mani`ere significatve la variabilit´e simul´ee (Parent et al.,
2003). Les tr`es faibles diff´erences sur les cartes de variabilit´e de la topographie dynamique
(cf figure 6.7) des deux exp´eriences avec assimilation de donn´ees confirment ce que l’on
avait d´ej`a constat´e en regardant les courbe de RMSD de la figure 6.5. Le fait d’assimiler
la SLA T/P+ERS r´ef´erenc´ee avec le MDT GRACE au lieu de la MDT mod`ele comme
cela est classiquement fait, ne d´egrade pas la repr´esentation de la partie variable du signal
altim´etrique. La variabilit´e de la DT simul´ee avec assimilation de donn´ee est plus proche
de la variabilit´e observ´ee par les satellites altim´etriques. Les deux zones de fortes
variabi-lit´e situ´ees de part et d’autre de l’´equateur aux environs de 5
◦de latitude et associ´ees `a
la propagation d’ondes de Rossby (Dewitte et al., 2003) sont r´eduites, en particulier leur
extension zonale. Ces ondes modifient la profondeur de la thermocline et ont une forte
signature en DT. La simulation libre pr´esente un autre maximum de variabilit´e centr´e
sur l’´equateur dans le bassin Est. Ce maximum est associ´e avec la propagation d’ondes
de Kelvin. Le mod`ele libre surestime ´egalement cette variabilit´e. L’assimilation permet
de corriger cette erreur. La zone de forte variabilit´e situ´ee `a 10
◦N dans les observations
est en revanche quasi inexistante dans la simulation libre. Dans cette r´egion, le pompage
d’Ekman est assez fort et se traduit par un signal sur la colonne d’eau clairement visible
avec l’altim´etrie (Kessler, 1990). La variabilit´e associ´ee au pompage d’Ekman est mieux
repr´esent´ee dans les simulations assimil´ees, mais elle reste encore sous-estim´ee par rapport
`
6.2. D’une surface moyenne synth´etique `a une surface moyenne observ´ee 109
Fig. 6.8 – Vitesse zonale moyenne `a 15 m de profondeur (en ms
−1). Respectivement de
gauche `a droite et de haut en bas, la climatologie propos´ee par Niiler (2001), la moyenne
pour l’ann´ee 1993 pour la simulation libre, l’EXP1 et l’EXP2.
En r´esum´e, la variabilit´e du niveau de la mer simul´ee par les deux simulations avec
assi-milation de donn´ees est tr`es similaire. La variabilit´e simul´ee avec assiassi-milation de donn´ees
est plus en accord avec les observations altim´etrique que la variabilit´e de la simulation
libre qui est d´ej`a de bonne qualit´e. En terme de niveau moyen, l’utilisation de la
topo-graphie dynamique moyenne observ´ee permet de sensiblement am´eliorer le r´ealisme de la
simulation.
Courants de surface
L’´etude des courants de surface est particuli`erement r´ev´elatrice dans les r´egions
tropi-cales du r´ealisme des gradients zonaux de topographie dynamique. La figure 6.8 montre la
moyenne sur l’ann´ee 1993 des courants zonaux de surface `a 15 m de profondeur. La carte
des courants de surface climatologique propos´ee par Niiler (2001) est ´egalement fournie
sur la figure 6.8. Cette climatologie a ´et´e obtenue en suivant par satellite la trajectoire des
bou´ees d´erivantes SVP (Surface Velocity Program,Niiler (2001)) d´eploy´ee dans le cadre
du programme international WOCE
1(World Ocean Climat Experiment). Le relev´e de la
position des bou´ees nous fournit une observation de la vitesse lagrangienne et donne ainsi
acc`es aux courants de surface (ou plutˆot aux courants aux abords de la surface, les bou´ees
d´erivantes suivant les courants int´egr´es sur la profondeur de d´erive qui est de l’ordre de
30 m). J’insiste sur le fait que les vitesses pour les simulations libre et assimil´ees sont
´egalement donn´ees `a 15 m de profondeur pour permettre une comparaison rigoureuse. La
premi`ere constatation est que la circulation de surface simul´ee par le mod`ele libre est de
tr`es bonne qualit´e. Tous les principaux courants caract´erisant la circulation du Pacifique
Tropicale sont pr´esents. Les courants de surface de l’EXP1 assimilant la SLA T/P+ERS
montrent une diminution de l’intensit´e de NECC dans l’Ouest du bassin ce qui est un
point n´egatif, ce courant ´etant d´ej`a trop faible dans la simulation libre par rapport `a la
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