Les fondements de la théorie de l’avantage absolu

1 Les fondements de la théorie de l’avantage absolu

Les fondements de la théorie de l’avantage absolu ont été énoncé dès Adam Smith qui « La richesse des nations » (1776) est le premier à s’opposer à l’idée mercantiliste qui veut que l’échange international se caractérise par un jeu à somme nulle. Il montre que deux pays peuvent bénéficier de gains à l’échange dès lors qu’ils

140 DGE (2016), Les séniors français : un segment touristique porteur de croissance, p.2, [en ligne], consulté le 28 avril 2016,

https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/4p-DGE/2016-02-4Pages-51-t ourisme-séniors.pdf

disposent l’un et l’autre d’avantages absolus sur deux biens respectifs. Deux pays ont intérêt à échanger lorsqu’ils importent le bien dans lequel ils sont, non seulement le moins performant, mais pour lequel ils ne disposent pas des ressources suffisantes pour le produire dans des conditions économiquement viables¹⁴¹. En revanche, ils vont exporter les biens ou services non seulement qu’ils produisent mieux que leur partenaire, mais pour lequel il est en situation de monopole ou de quasi-monopole du fait de conditions de production favorables. Il y aura dans le cas des échanges entre ces deux pays des gains d’ordre essentiellement qualitatif. L’échange international permet aux consommateurs de chacun des pays de disposer d’une plus grande diversité de biens et de services disponibles pour la consommation grâce au commerce international que par rapport à l’autarcie.

Il existe deux types d’avantages absolus : l’avantage absolu traditionnel qui correspond à l’approche d’Adam Smith et l’avantage absolu basé sur le monopole technologique et commercial.

1.1 L’Avantage absolu traditionnel

L’avantage absolu traditionnel est principalement basé sur les ressources naturelles¹⁴². En effet, la possession de ressources naturelles uniques permet à un pays de se trouver en situation de monopole sur le marché mondial. Dans ce cas il est le seul ou quasiment le seul à pouvoir produire certains biens ou services du fait de sa position géographique qui lui confère cet avantage absolu¹⁴³. Tel est le cas par

141 ADAM SMITH (1776), Op.cit.

142 JEAN-DIDIER URBAIN (2004), Mais où est donc la nature des vacanciers ?, Cahier espaces n°81, Mai 2004.

143 Direction des Etudes Economiques et de l’Evaluation Environnementale (2007), Le tourisme de Nature en France et ses potentialités de développement, [en ligne], consulte le 3 juillet 2015,

exemple lorsqu’on considère certaines matières premières rares pour lesquelles l’essentielle de la production est concentré dans un seul pays comme par exemple le cas de certaines « terres rares » en Chine dans les contenus sont utilisés pour la production de nouvelles technologies notamment dans le secteur de l’informatique.

Pour Adam Smith, ce sont les pays qui se spécialisent en fonction de leurs avantages absolus qui pourront le mieux bénéficier des échanges internationaux.

C’est sur ce point que David Ricardo est en désaccord quand il présente la théorie des coûts comparatifs qui a pour ambition de démontrer que l’échange international est toujours préférable à l’autarcie même en cas d’absence d’avantages absolus.

Ricardo accepte l’approche d’Adam Smith lorsqu’il dit que "Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état de l'établir nous-même, il vaut mieux que nous la lui achetons avec quelque partie du produit de notre propre industrie employée dans le genre avec lequel nous avons quelques avantages..."¹⁴⁴ et considère que deux pays produisant chacun deux biens peuvent échanger seulement en fonction des différences de coûts comparatifs.

Chacun des pays étant caractérisé par une productivité propre pour la production de chacun des biens, un pays, disposant d'un avantage pour la production d'un bien, peut produire ce bien pour un coût inférieur à celui d'un autre pays. Cependant, pour Smith, le plus important est que lors de l’échange international de bien ou de services, ces deux pays puissent échanger s’ils disposent tous les deux d’avantages absolus¹⁴⁵. Dans ce cas une productivité pour la production d’une marchandise supérieure à celle de l’autres pays n’est pas le plus fondamental. Chaque pays ne se spécialise pas

http://www.tourisme-pro-centre.fr/var/crtc/storage/original/application/5c5fb72a8cb03ee758f465540548cd80.pdf .

144 ADAM SMITH (1776), La richesse des Nations, Paris, p.27-35, [en ligne], consulté le 05 mai 2016, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75319v.pdf

145ADAM SMITH (1776), Op.cit.

seulement dans la production des biens ou des services pour lesquels il dispose des coûts de production les plus faibles, mais dans la production de bien ou de service pour lesquels il se trouve en situation de monopole au moment de l’échange international.

1.2 L’Avantage absolu technologique et commercial

Dans ce cas le fondement de l’avantage absolu ne provient des ressources naturelles, mais plutôt de l’avantage technologique et commercial qui peut placer en situation de monopole de court terme et parfois de moyen et long terme un certain nombre de pays. Les productions de biens et de services dans ces pays se trouvent protégées par des brevets d’innovation ou par des marques commerciales qui leurs confèrent une situation de monopole sur les marchés internationaux. Dans ce cas, ces pays vont pouvoir bénéficier d’un avantage absolu basé sur la technologie ou sur la différentiation par les marques qui leur permet d’être les seuls en capacité d’exportation¹⁴⁶.

Tel est le cas des entreprises basées dans ces pays qui peuvent devenir

« PRICE MAKER » sur le marché international en imposant leur marque et leur technologie à l’exemple des produits de luxe français ou des produits de téléphonie mobile américains ou coréens. L’avantage absolu, même s’il n’est que temporaire, permet à ces pays de disposer d’une position très favorable à l’exportation et de pouvoir s’imposer en tant que leader mondial grâce à cet avantage absolu.

Ces deux approches de l’avantage absolu traditionnel et actuel sont très

146 BOURDIN, J. (1969), Progrès technologique et échanges internationaux, Thèse de doctorat, Caen.

importantes pour expliquer les flux du tourisme international y-compris du tourisme des séniors.