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2.8. Les monomères cycliques d’acides gras

2.8.2. Les effets métaboliques et physiologiques des MCAG

Une étude a observé que 60% du CO2 (témoin de l’oxydation des MCAG) sont

excrétés dans les urines 12 heures après ingestion, les autres 40% étant excrétés dans les 48h (Iwaoka & Perkins, 1978). Cette excrétion se fait sous forme de glucuronides et dérivés sulfate comme l’a confirmé une étude récente (Desmarais et al., 2015). Mais les MCAG ne font pas que transiter dans l’organisme : leurs effets ont été documentés.

A

B

A

B

Acide alpha-linolénique Cycles à 5 atomes de Carbone Cycles à 6 atomes de Carbone

Acide gras cyclique à cycle à 5 atomes

de Carbone

4 isomères de base

2.8.2.1. Les MCAG induisent l’hépatomégalie et l’accumulation des lipides hépatiques

Chez le rat, il a été observé un élargissement du foie avec un aspect spongieux et de couleur jaune-blanchâtre (8-10% par rapport au contrôle) par accumulation des lipides, des animaux nourris avec 0,15% des esters méthyliques cycliques d’acide a-linolénique (Iwaoka & Perkins, 1976). Une autre évaluation des effets des MCAG-linolénate sur le métabolisme et la lipogenèse a montré qu’une diète pauvre en protéines (8-10%) et additionnée de 0,0225 ou 0,15% de MCAG réduit le taux de lipogenèse dans le foie, alors qu’une diète de 10% de protéines et 0,0225 ou 0,15% de MCAG augmente le taux de lipogenèse dans les tissus adipeux (Iwaoka & Perkins, 1978).

Une étude sur des rates Wistar (Siess et al., 1988) a observé une augmentation du poids relatif des foies chez les rates nourries avec 10,000 ppm de MCAG pendant 4 semaines (5,0 ± 0,13 % du poids corporel) par rapport aux animaux témoins (3,8 ± 0,28 % du poids corporel). Cette hypertrophie du foie a été accompagnée d’une augmentation significative en protéine microsomale (20%) et l’activité du cytochrome P450 (30%) pour les rates nourries avec 0,1% de MCAG

par rapport aux animaux témoins.

Après 10 semaines d’expérience, Lamboni et collaborateurs ont observé une augmentation significative des lipides hépatiques des rats Sprague-Dawley nourris avec l’huile de soya et 1,5g MCAG sous forme des esters méthyliques par kg de diète (70,2 ± 1,00 mg par g de foie) par rapport au groupe témoin (57,7 ± 1,6 mg par g de foie) (Lamboni et al., 1998). Cependant, ils n’observent aucune différence concernant le poids du foie des deux groupes de rats. En revanche, ils constatent aussi une baisse significative du glycogène hépatique (6,75 ± 0,64 mg par g de foie) par rapport au groupe témoin (10,65 ± 0,66 mg par g de foie). Ce dernier résultat a été confirmé par une autre étude effectuée chez des rats Wistar mâles nourris pendant deux semaines avec de l’huile de soya supplémentée avec

1g/100g de MCAG sous forme de TG (Martin et al., 2000). Cette étude a en plus constaté que les rats nourris avec 1g/100g de MCAG présentent un foie plus gros (18,28 ± 0,63g) par rapport aux rats du groupe témoin (14,85 ± 0,23) et ceux nourris avec 0,1g/kg de MCAG (14,87 ± 0,35g). Les foies des rats nourris avec 1g/100g de MCAG présentent aussi un poids relatif significativement plus important (4,82 ± 0,16 g par 100g de foie) par rapport aux témoins (3,83 ± 0,08 g/100g de foie) et aux rats nourris avec 0,1g/100g de MCAG (3,89 ± 0,08 g par 100g de foie). Ces résultats suggèrent que la dose des MCAG peut avoir un effet sur les actions pathophysiologiques de ces derniers. Mais cette étude n’a révélé aucune différence significative quant au ratio des lipides hépatiques totaux. En plus, l’étude de Martin et collaborateurs (Martin et al., 2000) révèlent des différences concernant les profils des acides gras hépatiques selon les groupes. En particulier, elle constate une baisse significative des acides gras monoinsaturés (AGMI) avec une diète supplémentée avec 1g/100g de MCAG (9,96 ± 0,34g/100g) par rapport à la diète témoin (11,93 ± 0,60g/100g) alors que le groupe nourri avec 0,1g/100g de MCAG présente une augmentation non significative des AGMI par rapport au groupe témoin (12,99 ± 0,62g/100g). Cette baisse des AGMI a été associée à la baisse de l’activité de la D9-désaturase (Martin et al., 2000). Cette même étude observe une augmentation significative de l’acide arachidonique (ARA) dans le foie des rats nourris avec 1g/100g de MCAG (23,96 ± 0,71 g/100g) par rapport aux groupes témoin et 0,1g/100g de MCAG (21,51 ± 0,47 g/100g et 20,19 ± 0,90 g/100g, respectivement). L’huile de soya étant riche en acide linoléique, précurseur de l’ARA, ces résultats n’ont pas indiqué si cette augmentation était associée à une baisse du précurseur.

Bretillon et collaborateurs ont constaté une augmentation du poids relatif du foie des souris invalidées pour le gène PPARa (-/-) et nourries à l’huile de soya supplémentée avec les MCAG (sous forme de TG contenant 50% de MCAG) par rapport au groupe témoin sans MCAG (4,89 ± 0,15 vs. 4,22 ± 0,11 % du poids

corporel, respectivement) (Bretillon et al., 2003). La même étude observe aussi que les souris femelles PPARa (-/-) nourries aux MCAG présentent significativement plus de lipides hépatiques que le groupe témoin (100 ± 7 vs. 60 ± 5 µg par mg de foie, respectivement). Cette étude a aussi fait ressortir la différence sélective dans l’accumulation des lipides hépatiques selon le génotype et le phénotype. Par exemple, des souris mâles sauvages nourries aux MCAG présentent une accumulation significativement moindre des lipides hépatiques (39 ± 2 µg par mg de foie) par rapport à des souris femelles PPARa (-/-) nourries aux MCAG (100 ± 7 µg par mg de foie). Ainsi donc cette accumulation des lipides attribuable aux MCAG peut être influencée par le sexe et le génotype.

Étant donné que les différentes études revues dans le paragraphe précédent n’ont pas utilisé la même forme de MCAG (esters méthyliques ou TG), il n’est pas possible d’indiquer si les résultats observés peuvent varier suivant la forme utilisée. En revanche, qu’il s’agisse de la souris ou du rat, les MCAG entraînent des altérations du métabolisme lipidique qui se traduisent par un foie hypertrophié, plus de lipides hépatiques et des changements dans la composition en acides gras hépatiques.

2.8.2.2. Les MCAG modifient les activités des enzymes lipogéniques et lipolytiques

Il est aussi connu que les MCAG affectent l’activité de certaines enzymes hépatiques (Lamboni et al., 1998; Martin et al., 2000). L’étude de Lamboni et al. suggère aussi que des MCAG et d’autres produits issus de la thermo-oxydation de l’huile végétale sont responsables de la dérégulation de l’isocitrate déshydrogénase entraînant ainsi une dysfonction du cycle de l’acide citrique mitochondrial (Lamboni et al., 1998). Il a d’ailleurs été suggéré qu’une diète supplémentée de MCAG induirait des changements dans la superstructure des mitochondries (Joffre et al., 2001).

Les résultats de ces études suggèrent que les effets des MCAG sur l’accumulation des lipides dans le foie pourraient être médiés par une baisse ou une augmentation des activités de certaines enzymes lipogéniques et lipolytiques. La baisse de glycogène hépatique pourrait suggérer que l’accumulation des lipides dans le foie résulterait d’une lipogenèse accrue, ce que ne confirment pas les résultats des études susmentionnées.

Cependant, aucune de ces études n’a analysé les différentes classes des lipides hépatiques pour comparer les proportions de chacune de ces classes. Ces données éclaireraient davantage les effets des MCAG sur l’accumulation des lipides dans le foie. En effet, il est connu que l’accumulation des lipides dans le foie peut être associée à un dysfonctionnement de l’assemblage et/ou l’excrétion des VLDL (Donnelly et al., 2005; Dowman et al., 2010; Kawano & Cohen, 2013). L’observation d’une augmentation significative des TG après administration des MCAG pourrait alors indiquer des effets possibles des MCAG non seulement sur la DNL, mais aussi sur le métabolisme du cholestérol.