LES CATEGORIES GRAMMATICALES
1.2. Les constructions verbales
1.3.2. Les dissyllabes
Ils sont au nombre de 178 et présentent la structure CVCV (126) et la structure CVV (52). Il convient de distinguer le cas des structures où la voyelle finale est identique à celle du radical aux structures dont la voyelle finale est distincte de celle du radical.
1.3.2.1. La voyelle finale est identique à celle de la première syllabe du verbe
Comme pour les CV, toutes les voyelles sont attestées en V1 et donc reprises en finale du verbe lorsque la seconde voyelle est isotimbre de la première. On a donc les structures CV1CV1, CV1V1 dont je donne des exemples pour chacun.
CV1CV1 (43 verbes)
kiti s’asseoir wulu traverser
sete creuser gomo casser, former
l k arranger k n couper
gapa partager CV1V1 (40 verbes)
mii éteindre uu souffler
tee attacher boo sauver
m faire n marcher
baa cracher
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Certains verbes de structure CV1V1 présentent une variante CV1CV1. La consonne qui s’intercale entre les deux voyelles est principalement un -l-. Il faut ajouter à cela un seul cas où la consonne ajoutée est un -t- : doo ~ doto « rester ».
Je donne quelques exemples de ces doublets comportant un -l-.
m ~ m l faire uu ~ ulu souffler
n ~ n l marcher wuu ~ wulu s’envoler
Ayant constaté que le verbe wulu « traverser », est donné uniquement sous la forme wuu dans le dictionnaire de Brisson, il semble possible que ce verbe présente deux variantes wulu ~ wuu. Par contre des verbes, tels wɔlɔ « hacher finement », bɔlɔ « se séparer à la fin d’un travail » ou ɲɛlɛ « commencer » pour lesquels il n’y a pas de formes CV1V1 correspondantes dans mon corpus, ni dans le dictionnaire de Brisson, leur forme de base est bien CVCV.
1.3.2.2. La voyelle finale est différente de celle de la première syllabe du verbe
En finale, lorsque les deux voyelles sont différentes, seule -u n’est pas attestée. Les autres sont toutes (-i, -e, -ɛ, -a, -o, et -ɔ) attestées avec cependant une fréquence très différente les unes des autres.
a) Finale en -a
Le -a final est très bien attesté, il y a 49 verbes CVCa et 10 CVa.
CVCa
binja tromper kugba pleurer
denda se promener toma suivre
CVa
hea moisir, pourrir koa monter
tia apporter ua cuire à l’étouffé
Il existe un seul cas de variante pour cette structure dans mon corpus, intercalant un -t- entre les deux voyelles : tua ~ tuta « rapprocher ».
b) Les voyelles finales autres que -a
Les autres voyelles finales sont toutes peu fréquentes.
69 La finale -i
C’est la plus attestée dans 5 verbes : 5 CVCi pas de CVi.
lati dormir kayi diminuer quelque chose
k li rester sangi purifier
s yi discuter
La finale -
Elle est attestée dans 6 verbes : 5 CVC et 1 CV
gim descendre yeng tirer, menacer
gbin rejoindre kal donner des provisions
gbi tirer, passer u monter
La finale -e
Elle est attestée dans 5 verbes : 3 CVCe et 2 CVe.
hiye enlever la peau des animaux bie noircir
nike repousser kue ouvrir
sike éplucher La finale -o
Elle est attestée dans 4 verbes : 4 CVCo et pas de CVo.
juko se réveiller ɲuko fermer
kumo arriver tuko verser
La finale -
Elle est attestée dans 3 verbes : 3 CVC , pas de CV .
dis supporter tund ennuyer
mij rire ..
Il est à noter de plus que les voyelles ɛ ni ɔ ne sont jamais attestées en première voyelle de ces structures.
1.3.3. Les trisyllabes
Au-delà des dissyllabes, la syllabe supplémentaire fait partie d’un inventaire limité.
Il y a 66 trisyllabes attestés dans la langue qui présentent soit la structure CVCVCV (19 verbes), soit la structure CVCVV (46 termes).
70 1.3.3.1. La structure CVCVCV
En dehors du verbe wosolo « se lever, être debout », tous les autres verbes de structure CVCVCV ont une voyelle finale -a.
La syllabe ajoutée terminée toujours par -a présente les formes suivantes : -ma (13 verbes), -ka (3 verbes), -na (1verbe), -ɲa (1verbe). On peut considérer qu’il s’agit de suffixes de dérivation, mais dans l’état actuel de la langue, on ne peut leur attribuer avec certitude un sens.
-ma bikama calomnier
kanjima être nostalgique kandama provoquer
kubuma couler abondamment paluma alléger
kuluma partir en trombe -ka
bandama s’adosser, serrer bandaka coincer, superposer
bakama se percher buluka enrouler
sangima être clair -na
landama pousser tamina mâcher
ng luma rugir gbosana rassembler
tandama étaler - a
kukuma bourdonner lemaɲa être attentif
Le suffixe le plus fréquent - semble apporter aux radicaux qu’il affecte une nuance résultative. Cinq cas sont attestés dans mon corpus peuvent être ainsi interprétés.
Verbes Sens verbe produit Sens
banda presser banda-ma s’adosser, serrer
sangi purifier sangi-ma être clair
tanda classer, lisser tanda-ma étaler
kuku écraser (Br : 205) kuku-ma bourdonner, murmurer
Tableau 21. Le suffixe -ma
1.3.3.2. La structure CVCVV
Au nombre de 46, les verbes présentant cette structure se terminent également tous par une voyelle finale -a. Cette voyelle finale forme avec la voyelle qui précède les suites -oa (34 verbes), -ea (7 verbes) -ia (4verbes) et -ua (1verbe). Dans ces cas, il n’y a aucun rapprochement attesté avec des CVCV.
La suite -oa
buloa salir jangoa brusquer
gangoa agrandir tangoa récolter
jaboa piquer, voler
71 La suite -ea
sukea humilier, mépriser sengea rater
kekea barrer sabea arriver à l’improviste
sepea réjouir nungea activer
nikea chasser
La suite -ia
sangia rassembler mbongia agiter
sukia corriger kasia s’enfuir
La suite -ua
p sua marcher en boitant 1.3.4. Les quadrisyllabes
Au nombre de 5, les quadrisyllabes présentent une seule structure CVCVCVCV qui attestent pour leurs deux dernières syllabes soit -ngana, soit -kaɲa.
1.3.4.1. Le suffixe ngana
Ce suffixe est présent dans trois verbes.
bilingana se rouler par terre selengana vagabonder s l ngana se débattre
Dans deux des trois cas attestés ḷe cas du suffixe -ngana s’ajoute à un nom : sɔ ɔ ;
« jeu » et selesele « départ sans retour» que j’analyse comme une formation dénominative de ces verbes qui cible un élément caractéristique du sens du nom.
Noms Sens + Suffixe Verbes Sens
s l jeu -ngana s l ngana se débattre
sélèsélè départ sans retour -ngana selengana vagabonder 1.3.4.2. Le suffixe kaɲa
Deux verbes présentent ce suffixe pour lequel je n’ai pas pu saisir aucuns rapprochements.
tulukaɲa écraser belekaɲa enduire
72 1.3.5. La situation des verbes empruntés
Qu’en est-il des verbes empruntés par le ɓaka aux autres langues ? Le plus souvent, les structures qu’atteste le ɓaka permettent facilement l’intégration des verbes empruntés.
La structure CVCi (9 termes) se retrouve plutôt dans les emprunts au bangando.
bangando
si envoyer
yami apprendre
y ngi transporter
La structure CVC , CVCe, CV et CV1CV1 se retrouvent également dans les emprunts au k nzime comme le montre les exemples ci-dessous.
k nzime attestées dans les emprunts au bangando, au k n ime et au français.
Emprunts au bangando Emprunts au k nzime
ngbosana/gbesini rassembler jakala prier
tangili penser
m ngili être content Emprunt au français
l sini suffire degaʒe dégager
konjiɗi commencer
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Si tous les emprunts ci-dessus présentés sont facilement intégrés dans la langue par les Baka, ils en restent quelques uns qui se distinguent par leur non intégration à une structure attestée en ɓaka. Ceux-ci présentent une suite uɔ, une consonne finale -n ou une succession de deux consonnes ʔ-y, phénomènes inconnus du ɓaka, mais que les locuteurs réalisent.
Emprunts au k nzime Emprunt au français
CVC CVVCV
san penser suana soigner
CVCCV
li -y rester 1.3.6. Bilan
En ɓaka, tout verbe au-delà du dissyllabe, relève d’une dérivation même si elle n’est plus actuellement reconstituable. Le tableau ci-dessous donne les fréquences de chaque structure dans mon corpus.
Structures Formes revêtues Pourcentage Sous-total
Monosyllabes CV (85) 23,7 23,7
Disyllabes CVCV (152) 42,3
56,8
CVV (52) 14,5
Trisyllabes CVCV-ma (13) 3,6
18, 1
CVCV-ka (3) 0,8
CVCV-ɲa (1) 0,3
CVCV-lo (1) 0,3
CVCV-na (1) 0,3
CVCV-a (46) 12,8
quadrisyllabes CVCVCV-kaɲa (2) 0,6
CVCVCV-gana (3) 0,8 1,4
Total 359 100 100%
Tableau 22. Récapitulatif des structures syllabiques des verbes
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