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Partie 3 Expérimentation, conception des outils, interprétation des résultats et bilan

3. NOTRE ÉVALUATION DU PROJET

3.1. Les difficultés rencontrées

• Difficultés méthodologiques

Nous avons rencontré des difficultés de méthodes lors du déroulement du projet. Nous avons parfois été prise de cours du fait d'un manque d'organisation en amont, d'un manque

de structure explicite. Ainsi, cela se répercutait sur notre gestion du timing de l'expérience et nous nous retrouvions soudainement à travailler beaucoup pour réajuster. La question des retours directs sur les activités ludiques testées est un de nos plus grand regret. Du fait d'une mauvaise organisation, la mise en place de ces retours ne s'est pas faite tout de suite alors qu'il nous aurait été précieux d'analyser aujourd'hui l'évolution entre les premiers et les derniers jeux proposés sur la base des réactions recensées « à chaud ». Toujours sur la question des retours, nous déplorons également de ne pas avoir réussi à rendre systématiques les retours collectifs de la part des participants à la fin de chaque atelier. C'est un temps que nous avons trop souvent choisi de raccourcir ou de laisser tomber pour des raisons de temps, car la séance se terminait ou qu'il fallait enchaîner avec l'activité suivante, etc. Enfin, comme mentionné précédemment, nous n'avons également pas pu faire les retours individuels que nous espérions avec les apprenants. Cela est dû principalement à des facteurs inhérents aux ASL et à l'Andragogie, c'est à dire à la formation des adultes. En effet, en juin les ateliers de français de PASS, ne comptaient plus que quelques apprenants. Nous avons fondu les deux groupes en un pour optimiser l'effectif des séances et que les équipes bénévoles ne se déplacent pas pour rien. Par ailleurs, à la fin du mois de mai a commencé le Ramadan, un rituel annuel chez les musulmans. Cela a entraîné l'absence de la plupart des participants dont la religion est l'islam.

• Difficultés inhérentes aux jeux

À l'image des nombreuses définitions qui tentent de clarifier le jeu, nous nous sommes souvent questionnées sur le caractère ludique des activités que nous proposions. Les lectures réalisées au fil du projet nous ont dans ce sens beaucoup servi, tantôt pour nous recentrer et nous éclairer, tantôt pour nous faire relativiser notre vision trop rigide du ludique. Comme nous l'avons expliqué précédemment, nous avons constaté que ce qui fait le jeu n'est pas forcément un ensemble de critères ludiques superposés les uns aux autres mais surtout une attitude, une intention ludique. La question de l'adéquation des jeux aux objectifs d'apprentissage spécifiques aux ASL a aussi souvent été épineuse et nous avons de nombreuses fois modifié, remanié un jeu qui ne nous paraissait pas assez cohérent, qui ne sollicitait pas suffisamment les compétences et activités langagières visées, etc. Par ailleurs, l'élaboration des jeux était souvent fastidieuse. Nous nous sommes vite rendu- compte qu'un jeu conçu avec des incohérences ne produisait pas l'effet escompté et qu'il fallait être rigoureux lors de la définition des paramètres de l'activité et des objectifs

d'apprentissage. Lors de la phase d'expérimentation maintenant, la difficulté résidait principalement dans l'explication des règles du jeu, voire de la justification de l'utilisation de cette activité à ce moment de la séance. C'est un temps qui s'est rapidement avéré décisif pour que l'activité se déroule harmonieusement par la suite. Aussi, plus nous avancions dans le temps, plus la question du volume de jeux que nous proposions se faisait insistante. Nous souhaitions tester un maximum de structures ludiques afin d'avoir un échantillon le plus large possible à remettre à PASS et pour notre analyse. Cette dynamique de volume a pu prendre parfois le pas sur la qualité des jeux expérimentés.

• Gestion humaine

Il nous faut mentionner, pour terminer, les difficultés que nous avons eues dans le cadre du travail d'équipe. Premièrement, il nous a fallu, au début de l'expérience, apprivoiser les intervenants qui « subissaient » dans un certain sens notre arrivée en milieu d'année. « Prendre le train en marche » a été plus ou moins bien vécu et les réactions étaient mitigées quant au projet sur le jeu. De plus, l'arrivée d'une stagiaire dans l'équipe a occasionné une remise en cause des rôles et des places de chacun qui a mis quelques temps avant de s'harmoniser. Du côté des apprenants, l'accueil fut agréable mais les réactions sceptiques de certains lors de la présentation collective du projet et lors des entretiens individuels nous ont déstabilisé pendant un temps. Par ailleurs, en tant que stagiaire une de nos missions visait l'accompagnement des équipes bénévoles dans la conception des séances et la formation des intervenants à l'usage des jeux en atelier. L'expérience fut riche et nous avons beaucoup appris sur la posture à prendre pour jouer ce rôle d'accompagnement mais la communication a parfois été difficile. Il arrivait que des manquements dans l'organisation influent sur la bonne entente de l'équipe et rende le travail collectif moins agréable. De plus, d'un point de vue purement relationnel, nous avons dû apprendre à travailler avec des personnes inconnues, différentes les unes des autres, avec des motivations propres et très peu de temps pour apprendre à connaître ces personnes en dehors des ateliers. En outre, articuler le savoir universitaire accumulé au fil de notre formation en didactique des langues avec la pratique de terrain ne fut pas aussi aisé que nous l'avions imaginé. Nous avons découvert de nombreux paramètres inhérents à la pratique en classe qu'il nous a fallu apprendre à gérer en expérimentant. Cette dernière difficulté fut également un apprentissage très riche.