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L'INTÉGRATION DES MIGRANTS EN FRANCE : ÉCLAIRAGES TERMINOLOGIQUES

Partie 2 – Cadrage théorique

1. L'INTÉGRATION DES MIGRANTS EN FRANCE : ÉCLAIRAGES TERMINOLOGIQUES

1.1. Immigré, étranger, quelle différence ?

Pour définir clairement le public des ateliers socio-linguistiques, il est intéressant de clarifier certaines appellations pouvant être confondues.

« Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l'Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l'étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. À l'inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers. Les populations étrangères et immigrées ne se confondent pas totalement : un immigré n'est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d'immigré est permanente: un individu continue à appartenir à la population immigrée même s'il devient français par acquisition. C'est le pays de naissance, et non la

nationalité à la naissance, qui définit l'origine géographique d'un immigré »33. En revanche,

« un étranger est une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française, soit qu'elle possède une autre nationalité (à titre exclusif), soit qu'elle n'en ait aucune (c'est le cas des personnes apatrides). Les personnes de nationalité française possédant une autre nationalité (ou plusieurs) sont considérées en France comme françaises. Un étranger n'est pas forcément immigré, il peut être né en France (les mineurs notamment) ». Le définition précise toutefois que « à la différence de celle d'immigré, la qualité d'étranger ne perdure pas toujours tout au long de la vie : on peut, sous réserve que la législation en vigueur le permette, devenir français par acquisition ». L'immigration est un sujet sensible actuellement et nous pensons que le mauvais usage de certains termes se rapportant à la question des migrants peut accentuer la polémique. Pour cela, nous désirons éclaircir ces notions, afin d'éviter les interprétations. D'ailleurs, Devitte (1999, p.8), met en garde le lecteur contre l'association d'idée « étranger-immigré », le terme d'étranger faisant référence à une nationalité (un étranger en France est une personne qui n'a pas la nationalité française) alors que celui d'immigré fait référence au mouvement du pays d'origine au pays d'accueil. L'immigration renvoie à une situation de déracinement

d'une personne par rapport à sa culture d'origine, mais elle est aussi créatrice de diversité et d'ouverture culturelle dans la société cible. Toutes les vagues d'immigration sont jugées problématiques dans un premier temps. Les immigrés sont souvent accusés de venir « voler » les emplois français, de ne pas s'intégrer du fait de pratiques culturelles différentes (religion, orientations politiques, etc.) ou encore, ils sont pointés du doigt sur des critères qualitatifs : bruyants, sales, etc. Malgré une philosophie humaniste et démocratique mise en avant, nous avons encore bien du mal à accueillir et à accepter les immigrés dans nos pays.

Les bénéficiaires de l'action sociolinguistique, avec lesquels nous avons travaillé, ont peut être la nationalité française, cela ne nous concerne pas. Toutefois, ils sont tous nés à l'étranger et ont émigré vers la France, ce qui les fait rentrer dans la catégorie des personnes issues de l'immigration. Comme nous l'avons expliqué précédemment, les ASL visent « une plus grande appropriation de l’environnement social, culturel et professionnel par l’amélioration de la maîtrise de la langue française et par un développement de l’autonomie personnelle et citoyenne ». De plus c'est « un des outils au service des personnes maîtrisant insuffisamment la langue française dans leur parcours d’insertion

socioprofessionnelle »34. Ici, nous repérons la terminologie « insertion », alors qu'il nous a

souvent été donné de rencontrer également le terme d'intégration. Nous allons nous intéresser à quoi renvoie ces étiquettes lexicales.

1.2. Intégration et insertion

L’IIDRIS (Index international et dictionnaire de la réadaptation et de l’intégration sociale) définit l’insertion d'un individu dans la société comme une « action visant à faire évoluer un individu isolé ou marginal vers une situation caractérisée par des échanges satisfaisants avec son environnement ; c’est également le résultat de cette action, qui s’évalue par la nature et la densité des échanges entre un individu et son environnement ». En revanche, le dictionnaire suisse de politique sociale explique : « un groupe, ou une société, est intégré(e) quand ses membres se sentent liés les uns aux autres par des valeurs, des objectifs communs, le sentiment de participer à un même ensemble sans cesse renforcé par

des interactions régulières. »35

34 Cahier des charges des ASL : http://www.cri38-iris.fr/wp-content/uploads/2016/02/Cahier-des-charges-

des-ASL-de-lIs%C3%A8re-2011.pdf (consulté le 18/08/17)

35 E. Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF, 2007. Source : site internet du CNLE (conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale) http://www.cnle.gouv.fr/Insertion- sociale-integration.html (consulté le 18/08/2017)

Nous comprenons donc que l'insertion renvoie à un niveau individuel et analyse la participation d'un individu à un système social. alors que l'intégration est à comprendre à l'échelle de la société entière. Elle est rendu visible par le lien unissant les individus et le sentiment qu'ils partagent de faire parti du même ensemble. Ainsi, l'insertion « désigne les interventions menées au moyen de dispositifs publics auprès de populations dont la

situation d’exclusion est révélatrice de défaillances des mécanismes d’intégration »36. Ces

interventions ont pour but d'aider à un niveau individuel en mettant en place des stratégies de discrimination positive. Ces dernières doivent renforcer les processus de socialisation et le développement des liens sociaux pour aider ces personnes à sortir de leur isolement. Les ateliers socio-linguistiques travaillent dans le sens de l'insertion des individus dans le société française en les rendant plus autonome dans leur maîtrise du français et en les sensibilisant sur les codes socio-culturels de la société française.