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Les différents types de violence conjugale

CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL

2.4 La violence faite aux femmes

2.4.1 Les différents types de violence conjugale

La violence conjugale se caractérise par une série d'actes répétitifs qui se produisent généralement selon une courbe ascendante. […] Elle comprend les agressions psychologiques, verbales et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique. Elle ne résulte pas d'une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. Elle peut être vécue dans une relation maritale, extra-conjugale ou amoureuse, à tous les âges de la vie (Gouvernement du Québec, 2005).

La violence conjugale n'apparaît pas subitement dans la relation amoureuse, mais s'installe progressivement, parfois de façon subtile.

Selon Santé Canada (2012), il s’agit de tout acte commis en public ou en privé, qui entraîne ou qui risque d'entraîner un traumatisme ou une souffrance au niveau physique, sexuel ou psychologique chez une femme, y compris les menaces d'un acte semblable, la coercition ou la privation arbitraire de liberté.

De cette manière, la violence conjugale se définit par l’usage intentionnel et régulier de tactiques pour établir et maintenir le pouvoir et le contrôle sur les pensées, les croyances et le comportement d’une femme à travers la peur ou la dépendance. Toutes ces formes de violence amènent les femmes qui en souffrent à la perte de contrôle, de dignité, de sécurité et de pouvoir personnel. Les femmes abusées peuvent changer leur comportement, leurs

préférences et/ou leurs choix à cause de la peur qu’elles ressentent ou les possibles représailles de leur conjoint abuseur.

Ces types de violence ne sont pas exclusifs à un seul type de famille; elles peuvent avoir lieu dans des familles de toutes conditions socioéconomiques, éducationnelles et culturelles. Elles ne visent pas exclusivement les femmes et peuvent aussi avoir lieu dans des couples homosexuels, ou peuvent être exercées par des femmes envers les hommes, bien que ces cas soient moins nombreux et de conséquences moins graves12. Les épisodes

de violence physique peuvent être de plus en plus graves, bien que les tactiques de contrôle puissent commencer à apparaître très lentement sous forme de comportements coercitifs de nature non criminelle; de ce fait, ils sont difficiles à repérer et à reconnaître par les femmes elles-mêmes, leur famille et les professionnels.

Ce type de violence peut être direct ou indirect, se manifester de différentes façons et être exercé par un (ou des) individu(s) en position de force. La violence conjugale peut prendre diverses formes qui peuvent exister de façon concomitante, soit :

• Physique : C’est la forme de violence la plus évidente et la première à être reconnue. Elle est caractérisée par un contact physique inutile ou non souhaité quand apparaissent des blessures incluant des contusions, des coupures, des écorchures, des brûlures, des os fracturés, des fêlures, des blessures internes et des fausses couches. Elle peut dégénérer jusqu’à la violence sexuelle.

• Sexuelle : Cette violence ne se limite pas seulement aux actes à caractère sexuel non désirés (ceux-ci vont du harcèlement et de l’intimidation à la brutalité et au viol) ; elle atteint la femme dans toute son intégrité. Cette forme de violence peut impliquer de la pornographie, toujours dans les cas où la femme est forcée de faire

12 Selon La violence familiale au Canada : un profil statistique, rapport de 2010 de Statistique

Canada, «un examen des facteurs de risque de la violence familiale (excluant la violence entre partenaires amoureux) révèle que, contrairement aux victimes d'autres formes de violence, les victimes d'affaires de violence familiale déclarées par la police sont principalement de sexe féminin. En 2010, 7 victimes sur 10 (70 %) d'affaires de violence familiale déclarées par la police étaient des filles ou des femmes. Lorsqu'on examine les taux, on constate que le risque d'être victime d'une affaire de violence familiale déclarée par la police était plus du double chez les filles et les femmes

ou de participer à des actes contre son gré. C’est la forme de violence dont les victimes parlent le moins à cause des sentiments de honte qu’elle entraîne.

• Psychologique : est généralement la première forme de violence à apparaître, mais sa subtilité la rend difficile à percevoir et à déceler. Elle se cache dans les attitudes et les propos méprisants, humiliants, dénigrants et dévalorisants du conjoint violent. Elle peut aussi se traduire par des crises de jalousie qui isolent petit à petit la femme de son environnement social. Elle s’accompagne régulièrement de violence verbale. Le chantage, les sarcasmes, les mots et le ton de la voix employés sont souvent le véhicule de la violence psychologique (Bernier et al., 2005) .

• Verbale : quand la personne est accablée de critiques, de reproches, de fausses accusations ou encore d’humiliations dans le but de la dégrader ou la dénigrer. • Économique : en contexte conjugal, un homme violent peut avoir également recours

à la violence économique, notamment en surveillant les dépenses de sa conjointe (Hirigoyen, 2010 : 56). Un individu peut aussi contrôler le budget familial sans que son (ou sa) partenaire ne connaisse les avoirs réels du couple pour faire en sorte qu’elle soit complètement exclue de la prise de décisions financières (Damant et al., 2003).

• Sociale : des comportements visant l’isolement de la famille et des amis et l’aliénation.

• Religieuse : toute tactique pour exercer le pouvoir et le contrôle sur la spiritualité et l’orientation religieuse. L’agresseur peut s’en servir pour justifier des comportements abusifs.

• Environnementale : tout acte qui résulte de l’intimidation à travers la destruction d’objets dans le but de terroriser l’autre, des claquements de portes, des coups de poing dans les murs, une conduite irresponsable, etc.

En bref, « il existe un large spectre de tactiques, entre l’utilisation directe de la force et les propos ou comportements menaçants, mais qui relèvent toutes d’une même stratégie, soit l’usage de la coercition par une classe de sexe, les hommes, sur une autre classe, les femmes» (Jobin, 2008 : 114).

Le but de cette partie de mon travail était de rendre la violence repérable sur le terrain auprès des femmes immigrantes afin d’identifier et de comprendre si ce qu’elles ont vécu ou étaient en train de vivre correspond à des situations de violence, ceci dans l’espoir d’être capable d’identifier les différentes formes de violence dans lesquelles une femme en particulier peut être prise. Cette revue de la littérature montre qu’il n’y a pas une seule forme de «violence», d’autant plus quand elle se produit à l’intérieur de la famille.