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3 Fondements théoriques

3.3 Les différents tests utilisant des images

Une grande image fait généralement partie d’une batterie d’évaluation de l’aphasie ou des troubles de la communication. Plusieurs batteries proposent des descriptions d’images et il nous a paru important de les présenter, afin d’évaluer les modèles existants. Il s’agit notamment de :

- Boston Diagnostic Aphasia Examination - 3 (B.D.A.E. version anglaise par Goodglass et coll., 1972)

- Boston Diagnostic Aphasia Examination (H.D.A.E – F., version française adaptée par Mazaux et coll., 1981)

- Protocole Montréal – Toulouse MT-86 (Nespoulous, Lecours et coll, 1992)

- APHA-R (Test pour l’examen de l’aphasie. Révision en 1989 par Ducarne de Ribeaucourt).

3.3.1 Les images de l’APHA-R

Les images proposées par l’APHA-R (voir annexe 1) représentent différentes situations de la vie courante. Elles sont facilement identifiables et permettent l’élaboration d’une narration.

Cependant, nous relevons certaines faiblesses pouvant biaiser l’analyse des descriptions. Tout d’abord, ces images nous semblent visuellement trop complexes. Cette multitude de stimuli visuels empêche le patient de sélectionner les informations pertinentes. De plus, les visages des personnages sont difficilement identifiables, empêchant ainsi l’évaluation de la reconnaissance des expressions faciales et des émotions. De manière plus générale, le trait du dessin nous semble relativement simple et les perspectives sont peu mises en évidence.

Il est à noter que tous ces dessins sont en noir et blanc. Il nous semble pourtant intéressant de pouvoir évaluer la reconnaissance des couleurs et ses implications dans la compréhension des inférences.

3.3.2 L’image du MT-86

Cette image (voir annexe 2) met en scène un événement connu de tout le monde : le Hold Up.

Cette image est intéressante car elle permet l’élaboration d’inférences et oblige à mettre

différents éléments en liens. Cependant, comme pour les images citées ci-dessus, les traits manquent de précision.

3.3.3 L’image du Cookie Theft : points forts et points faibles

Il s’agit d’une image de référence en clinique neuropsychologique. L’image du Cookie Theft (voir annexe 3) est particulièrement intéressante, du fait qu’elle illustre une scène de la vie courante, par laquelle chacun peut se sentir concerné. Elle fait appel à des mécanismes d’inférences, dans la mesure où il faut parvenir à dégager l’idée que la femme est une mère, qu’il s’agit de ses enfants en arrière plan qui sont en train de voler un biscuit et que ceux-ci n’ont certainement pas la permission de s’en servir. Ces inférences sont de nature simple et accessible à tous, car chaque patient a certainement été confronté à la situation de l’enfant qui tente de dérober une gourmandise, ou à celle de la mère qui, par inattention, laisse une catastrophe se produire (ici l’eau qui coule à flot). Cette inondation peut également représenter un élément bizarre qui doit être compris par le patient. La construction de l’image (en deux parties, gauche/droite) permet également d’évaluer des éléments non verbaux. En effet, la description permet au clinicien de détecter une éventuelle négligence visuelle.

Cette image était certainement une situation de vie courante au moment de sa création (en 1972, aux USA), mais aujourd’hui, la femme en tablier faisant la vaisselle ne correspond plus totalement à l’image de la mère actuelle.

Concernant les points faibles de cette image, nous avons relevé que certains éléments pertinents pour comprendre la scène ne sont pas clairs. Par exemple, le mot « GATEAUX » écrit sur la boîte est à peine lisible. Il est dommage qu’un facteur aussi important pour comprendre l’intérêt et les motivations des personnages soit aussi difficile d’accès. Il faut ajouter que cet élément clé fait appel au langage écrit, alors qu’il n’est pas visé par cette évaluation. De plus, en Suisse romande nous utilisons le mot « biscuit » et non le mot

« gâteaux ».

Un deuxième point faible de cette image est le fait que les visages des personnages manquent d’expression et ne permettent pas d’analyser dans quelle mesure le patient comprend, intègre et interprète les expressions faciales, éléments intéressants pour évaluer un déficit dû à une LHD. Le dessin peut également être jugé grossier et manquant de précision. L’image est évidemment sexiste et vieillotte, mais comme mentionné plus haut, elle correspondait certainement à une situation de vie courante au moment de son élaboration aux Etats-Unis. Il faut également relever que cette image n’est pas particulièrement intéressante ou drôle à décrire, et risque ainsi de ne pas provoquer un discours motivé.

3.3.4 Comparaison du BDAE et du HDAE-F

Le BDAE et le HDAE-F sont les versions anglophone et francophone de la même batterie d’évaluation de l’aphasie. Ainsi, la grande image est la même : il s’agit du « Cookie Theft ».

Pourtant, ces deux scènes ne sont pas strictement identiques, car on trouve de nombreuses différences, notamment les contrastes des dessins ou encore le mot « COOKIE JAR » devenu

« GATEAUX ».

BDAE HDAE-F

En effet, dans le HDAE-F, les jupes de la fillette et de la mère sont mises en relief, tout comme le linge de cuisine, le tabouret, ou encore le fond de l’armoire. Ainsi, nous pouvons relever que tous les éléments superposés et faisant appel à des notions de perspectives sont plus clairement mis en évidence dans la version francophone.

Les grandes images du BDAE et du HDAE-F diffèrent également au niveau de l’arrière plan : la fenêtre, le jardin ou le plan de travail ne sont pas tout à fait identiques. Il serait intéressant de connaître les raisons de ces changements, peut-être dus à des différences culturelles.

Nous pouvons également noter une différence dans la qualité de l’image au niveau de l’eau qui coule et du doigt sur la bouche de la fillette. Le dessin du BDAE semble plus explicite que celui du HDAE-F, car ses traits sont plus clairs.

Toutes ces différences peuvent paraître minimes et insignifiantes au premier abord, mais doivent être néanmoins prises en compte, car elles peuvent influencer la perception du patient dans sa capacité à repérer les éléments pertinents.

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