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4.1 Facteurs externes à prendre en compte dans la création d'une grande image

Dans la création d’une grande image pour une évaluation neuropsychologique de base, il faut tenir compte de différents éléments, afin d’éviter de pénaliser certaines populations par des facteurs externes et non pertinents pour ce que nous cherchons à évaluer.

Premièrement, le dessin doit être suffisamment grand et clair afin que des patients souffrant de troubles visuels non liés à des déficits neuropsychologiques ne soient pas pénalisés. Il s’agit d’éviter les détails minuscules ou de présenter en trop petit des éléments pertinents et nécessaires à la compréhension, pour parvenir à tirer des inférences correctes. En effet, les tests destinés à des patients cérébro-lésés s’adressent en grande partie à une population âgée et présentant donc des risques accrus de troubles visuels. Le but de notre outil est bien d’évaluer les déficits neuropsychologiques et visuels associés, dans la mesure où il s’agit d’une comorbidité à la lésion et non d’interférer avec des déficits visuels courants, typiques des adultes âgés.

Il faut également tenir compte des différences de cultures, de milieux socio-économiques et de niveaux cognitifs prémorbides parmi les patients. La grande image doit éviter les sujets socialement ou culturellement connotés, qui ne feraient sens que pour une petite proportion de patients.

Le vécu et l’histoire personnelle des patients doivent également être pris en compte, dans la mesure où une même scène sera décrite différemment selon ce qu’elle représente pour chacun. En effet, des aspects tels que les différences de sensibilité selon les sexes ou des événements comme un décès de proche, l’âge du patient, les conditions de vie actuelles (en institution ou à la maison) ou encore un facteur de dépression peuvent fortement influencer la narration d’une même scène (Myers, 2001). A ce sujet, un patient peut décrire l’image

« Cookie Theft » comme une scène où « la femme seule attend son mari et s’inquiète de son absence », expliquant ainsi l’inattention du personnage. Il faut donc laisser, dans la mesure du possible, une marge de liberté personnelle à chacun au niveau de l’interprétation de la scène et éviter d’attendre chaque élément de façon précise et identique.

De plus, nous devons tenir compte du fait que les éléments non mentionnés par le patient dans sa narration peuvent avoir été intégrés mentalement, mais simplement omis oralement. Pour s’assurer qu’un élément ne soit pas ignoré, il faudrait questionner le patient afin d’éviter d’interpréter comme non intégré ce qui n’est pas dit.

Il est également intéressant de noter que les personnes âgées dénomment plus facilement les images en couleur que celles en noir et blanc (Chainay, Rosenthal and Goldenblum, 1998), ce qui plaide pour une utilisation d’image colorée.

4.2 Objectifs d’évaluation clinique

Notre image a pour but d’évaluer de manière rapide et peu coûteuse les capacités d’élaboration des inférences et le langage du patient. Elle devra donner lieu à un discours mettant en évidence certains troubles, permettant d’orienter la suite de l’évaluation après s’être fait une première idée des atteintes neuropsychologiques. En ce qui concerne les patients souffrant de LHD, il s’agit d’évaluer la capacité à générer une macrostructure, car elle exige la possibilité de produire des inférences et de tirer des conclusions, ainsi que d’évaluer le discours narratif (parfois inapproprié, abondant, non informatif ou bizarre), la pragmatique et la prosodie. Ces patients présentent également des déficits attentionnels, des négligences, des difficultés dans la reconnaissance des émotions et dans la compréhension de l’humour et de l’ironie (Myers, 2001). En ce qui concerne les patients souffrant de lésions de l’hémisphère gauche (LHG), il s’agit d’évaluer les troubles langagiers, comme le manque du mot, les transformations phonétiques et phonémiques, les difficultés syntaxiques ou encore les paraphasies sémantiques.

C’est l’ensemble de ces aspects que notre image doit impérativement permettre d’évaluer (voir annexe 4). Ainsi, notre image a pour but d’évaluer les troubles du langage et de la communication, ceci dans un cadre le plus large possible.

4.3 Contenu théorique de la nouvelle image

Notre image représente une situation de vie courante, accessible à tous et permettant de tester l’adéquation du patient au monde environnant. L’image est dessinée avec des traits clairs et des formes facilement reconnaissables. En effet, selon Snodgrass et Vanderwart (1980, cités par Chainay et al., 1998), les chercheurs travaillant avec des images comme stimuli ont besoin de normes, dont la familiarité avec l’objet représenté et la complexité visuelle font partie.

Ainsi, il nous paraît important de favoriser ces aspects dans la création de notre outil.

La nouvelle image est constituée de quatre parties distinctes, de « quadrants » (gauche-droite et haut-bas), afin de pouvoir, le cas échéant, mettre en évidence des problèmes de négligence.

Elle contient également des éléments pertinents et non pertinents, dans le but d’évaluer la capacité du patient à intégrer les informations visuelles pour en tirer une signification. Dans

cette optique, nous avons glissé des éléments drôles ou bizarres, afin d’observer dans quelle mesure le patient est capable de les détecter et de les comprendre.

Nous avons également souhaité donner des expressions faciales à nos personnages (de peur ou de joie par exemple) pour analyser la façon dont le patient les prend en compte.

De plus, nous avons coloré notre image afin de jouer sur les inférences qui peuvent en découler. Par exemple, la coloration de la peau de banane en jaune confirme la nature de l'objet en cas de doute. La couleur permet également de mieux mettre en évidence les perspectives et finalement de rendre l’image plus gaie. En effet, cette image se présente sur un mode humoristique, issu de la bande dessinée, afin d’être amusante et actuelle.

4.4 Création de l’image : le Quai de Gare

Nous avons pensé à une scène se déroulant dans une gare. Cette image, que nous baptisons simplement « Quai de Gare », est découpée en quatre parties. Dans chacune d’elles se déroule un élément particulier, facilement identifiable, afin de pouvoir mettre en évidence une éventuelle négligence. Nous avons essayé de créer une image divertissante et non rébarbative pour permettre un discours narratif enjoué. L’image en format A4 est présentée à l’annexe 5.

Image du Quai de Gare, séparée en quadrant

La notion de gare est inférée du fait qu’il y a un train, des voies de chemin de fer, des bagages, une montre CFF, un contrôleur avec un sifflet, etc…

Dans le quadrant 1, nous trouvons un couple d’amoureux qui s’embrasse, avec deux valises à côté d’eux. Ils se quittent ou se retrouvent. On voit le sourire sur les lèvres de la femme, ce

qui représente une émotion à comprendre. Il y a également des escaliers qui descendent dans le passage souterrain et l’indication de la voie sur laquelle on se trouve (2B).

Le quadrant 2 met en scène un homme qui court pour prendre son train, alors que le contrôleur siffle le départ et que les portes sont déjà fermées. On voit l’inquiétude sur le visage du personnage, car il se rend bien compte qu’il va manquer son train. Par contre, le contrôleur fait son travail tranquillement, en ayant l’air de s’ennuyer. On peut également lire l’heure sur la montre CFF : six heures six.

Le quadrant 3 met en scène une touche d’humour bien connue de la bande dessinée : un homme qui glisse sur une peau de banane, avec sa mallette qui s’ouvre et ses affaires qui vont se répandre sur le sol. On voit la peur et la surprise sur son visage. On trouve également le panneau des horaires de départs des trains, ainsi qu’une poubelle, qui représente un élément non pertinent dans la compréhension de la scène.

Dans le quadrant 4, nous trouvons une dame âgée lisant tranquillement un journal sur un banc, avec son sac à commissions à côté d’elle. On peut penser qu’elle attend le train. On trouve également un personnage qui a l’air rêveur et qui traverse tranquillement les voies en sifflant et en tirant une valise à roulettes, ceci devant le panneau d’interdiction de traverser. Il s’agit de l’élément non conventionnel de la scène.

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