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Les déterminants

Dans le document Grammaire du français (Page 106-110)

Le déterminant est un constituant du groupe nominal (GN), placé avant le nom, dont il peut être séparé par une expansion : GN = Dét + N (+Exp). Par exemple : mon avocate ; cette excellente avocate ; une avocate excellente. Le détermi‑

nant s’accorde en genre et en nombre avec le nom.

POUR ALLER PLUS LOIN

Le déterminant a notamment pour fonction d’actualiser le nom. La fonction d’actualisation consiste à faire passer un mot du plan de la langue au plan du discours. Les mots qui constituent les entrées dans les dictionnaires (c’est‑à‑

dire les mots qui sont définis dans le dictionnaire) apparaissent sans déter‑

minant : pantalon : culotte longue descendant jusque sur le cou‑de‑pied.

En effet, le mot tel qu’il apparaît défini dans le dictionnaire ne renvoie à aucune réalité particulière dans le monde mais à une simple possibilité de désignation, à un élément de la langue. Mais si l’on souhaite faire référence, en utilisant le nom pantalon, à un pantalon particulier, la présence d’un déterminant est exigée : on dira mon pantalon, ce pantalon, etc., le déterminant permettant au locuteur d’indiquer à quel objet particulier du monde il applique le nom pantalon. Grâce au déterminant, le nom est passé de la langue (pure poten‑

tialité d’emploi) au discours (emploi du nom dans une situation particulière et référant à un objet particulier – ou à un ensemble d’objets).

Dans l’emploi en discours des mots, deux plans doivent cependant être dis‑

tingués : celui du passage du mot isolé (en langue) au mot employé dans une

SUPERLATIF (DE SUPÉRIORITÉ, D’INFÉRIORITÉ)

ADJECTIF QUALIFICATIF ADJECTIF RELATIONNEL GRADABLE NON GRADABLE DEGRÉS DE L’ADJECTIF COMPARATIF (D’ÉGALITÉ, D’INFÉRIORITÉ, DE SUPÉRIORITÉ)

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Le système de la langue

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phrase (en discours) et celui de l’utilisation d’une phrase par une personne par‑

ticulière et dans une situation particulière (énonciation). On a vu plus haut que dans une phrase comme Cette femme est fort sympathique, le mot fort est un adjectif en langue, qui, en discours, est employé comme adverbe. Mais si l’on considère cette phrase comme simplement employable et non pas employée par quelqu’un, le GN Cette femme ne renvoie, dans la réalité, à aucune femme par‑

ticulière. En revanche, si la phrase est insérée dans une situation d’énonciation particulière, le GN Cette femme aura un référent dans la réalité (par exemple cette femme qui est devant le locuteur au moment où il parle). On appelle déictiques les mots qui renvoient à la situation d’énonciation (et par conséquent qui ne peuvent être compris que lorsque l’on connaît la situation d’énonciation).

Ainsi, dans la phrase Aujourd’hui, toi, tu as laissé la fenêtre de cette pièce ouverte, les mots aujourd’hui, toi, la, cette sont des déictiques : leur interpré‑

tation dépend du moment où la phrase a été prononcée (aujourd’hui), du lieu où elle a été prononcée (la fenêtre, cette pièce) et des personnes impliquées dans l’échange interlocutif (ici l’allocutaire, toi). Certains mots fonctionnent toujours comme des déictiques (ici, aujourd’hui), d’autres ont des emplois déictiques (l’article, le déterminant démonstratif, etc.) et d’autres emplois non déictiques (anaphoriques ou génériques princi palement, cf. II.3.3.1).

L’article

L’article, qui est le plus employé des déterminants, est le marqueur fondamen‑

tal du nom, commun ou propre (la table, le Portugal) et des autres formes employées comme nom (le boire et le manger, un je ne sais quoi). Porteur du nombre et, en partie, du genre du nom qu’il détermine, il est toujours antéposé et indique, selon sa forme, définie ou indéfinie, que le nom qu’il détermine est plus ou moins identifié et connu. L’emploi de l’article n’est pas obligatoire et son omission répond à différents cas de figure (attribut du sujet : Cette femme est médecin ; apostrophe : Soldats, mettez‑vous en rang !, etc.).

L’article comporte plusieurs formes appelées articles définis, indéfinis et parti‑

tifs. L’article partitif s’emploie principalement avec des noms massifs (Elle mange du pain). Seul l’article défini connaît en outre des formes contractées et des formes agglutinées (avec le participe passé dit, cf. II.3.3.1).

POUR ALLER PLUS LOIN

L’emploi des articles dépend en première analyse des propriétés du nom : l’article indéfini s’utilise avec les noms comptables mais pas avec les noms massifs (Il y a une chaise dans le couloir ; *Il y a de la chaise dans le cou‑

loir), l’article partitif s’utilise plutôt avec les noms massifs mais pas avec les noms comptables (Il y a de la boue dans le couloir ; *Il y a une boue dans

3.3.1

II

Grammaire du français • Terminologie grammaticale

le couloir) et l’article défini s’utilise avec les deux types de noms (La chaise est dans le couloir ; La boue a sali le couloir). Mais il existe plusieurs types de conversions du comptable au massif ou du massif au comptable : comme indiqué dans le chapitre consacré au nom, un nom comptable peut donner lieu à un GN massif, s’il est employé avec un article partitif (Elle mange du bœuf) et, inversement, un nom massif peut donner lieu à un GN comptable s’il est employé avec un article autre que le partitif (Il faut deux farines différentes pour cette recette). Le passage du massif au comptable peut correspondre sémantiquement à une idée de sous‑catégorisation (dans Il faut deux farines différentes pour cette recette, le GN deux farines signifie « deux types de farines ») ou résulter de la limitation du référent massif par un contenant (dans J’ai bu deux jus de fruits ce matin, emploi comptable du nom jus de fruit originairement massif (j’ai bu du jus de fruit ce matin), le GN deux jus de fruits signifie préférentiellement « deux verres (ou bouteilles, etc.) de jus de fruits » – mais l’interprétation en sous‑catégorisation (« deux types de jus de fruits ») n’est pas exclue. Dans le cas particulier des noms abstraits, qui sont en principe massifs, seule l’idée de sous‑catégorisation est envisageable dans le cas d’une conversion massif ➨ comptable, mais la présence d’un adjectif est parfois nécessaire : Il faut du courage pour faire cela ( massif) ; Il faut un courage extraordinaire pour faire cela (comptable : « un type de courage ») ; mais la phrase *Il faut un courage pour faire cela n’est pas acceptable, sauf à réintroduire, au moyen d’une transformation exclamative, une sous‑catégorisation appréciative implicite (Il faut un courage pour faire cela ! – sous‑entendu : « un courage extraordinaire »). La présence d’un adjectif n’est cependant pas toujours nécessaire pour qu’un nom abstrait massif soit transformé en nom abstrait comptable : Il y a plusieurs courages (Ferdinand Brunot, 1860‑1938), au sens « plusieurs types de courages » ; nos lâchetés, au sens « nos actes de lâcheté »).

Formes non contractées de l’article Article défini : l’arbre, le temps, la vie, les hommes.

Article indéfini : un homme, une femme. Elle a rencontré des personnes passionnantes. Elle a mangé de délicieux fruits.

Article partitif33 : Elle mange du pain ; Elle mange de la tarte.

Formes contractées de l’article défini  à + le = au. Elle va au travail.

à + les = aux. Elle donne à manger aux animaux.

de + le = du. Elle revient du travail.

de + les = des. L’herbe des champs est verte.

33 Puisque le GN introduit par un article partitif est toujours massif, donc non comptable, l’article partitif n’a pas de pluriel.

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Le système de la langue

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POUR ALLER PLUS LOIN

Au plan sémantique, on distingue plusieurs emplois des articles dont les princi paux sont les suivants :

• l’emploi générique, lorsque l’article signifie que le GN réfère à l’ensemble d’une classe (La femme est l’avenir de l’homme ; un enfant a besoin d’attention) ;

• l’emploi spécifique, lorsque l’article signifie que le GN réfère à un ou plu‑

sieurs êtres ou objets particuliers. La référence à un ou plusieurs êtres ou objets particuliers peut être obtenue par différents moyens :

– introduction d’un référent nouveau dans le discours au moyen de l’article indéfini : Une femme entra dans la pièce ;

– emploi anaphorique, par renvoi à un antécédent au moyen de l’article défini  : Une femme entra dans la pièce […] La femme posa une question ;

– emploi cataphorique, par renvoi à un subséquent au moyen de l’article défini : Elle posa la question suivante : « Qui êtes‑vous ? » ;

– référence à un être unique : La lune brillait.

Remarques

• On ne confondra pas l’article partitif (Veux‑tu de la tarte ?) avec la préposi‑

tion de suivie de l’article défini (Il se félicite de la tarte qu’il a faite hier).

• Lorsque l’article indéfini pluriel est séparé du nom par un adjectif, il se change en de (des fruits délicieux, de délicieux fruits).

• Lorsque l’article indéfini pluriel est employé dans le complément d’une phrase négative, il se change le plus souvent en de (Elle mange des fruits ≠ Elle ne mange pas de fruits).

POUR ALLER PLUS LOIN

L’article défini est susceptible de s’agglutiner avec le participe passé dit pour produire des formes du type ledit, ladite, audit, lesdites, etc., fréquentes dans la langue administrative (Ledit témoin a confirmé sa déposition).

HISTOIRE DE LA LANGUE Le latin classique ignorait l’article, aussi bien défini qu’indéfini ou partitif (rosa désigne aussi bien « une rose » que « la rose »).

L’article défini provient du pronom‑adjectif démonstratif latin (il)le, (il)la, privé de sa première syllabe. L’article indéfini singulier provient de l’adjectif numé‑

ral cardinal unus, una. Les articles du et des sont issus de la préposition latine de combinée avec l’article défini. L’article apparaît en français dès les plus anciens textes, mais sa présence y est toutefois moins fréquente que dans la langue moderne.

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Grammaire du français • Terminologie grammaticale NOTIONS GRAMMATICALES

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