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Le groupe circonstanciel : la fonction complément

Dans le document Grammaire du français (Page 89-94)

circonstanciel

À la différence du complément d’objet du verbe (COD ou COI) qui est lié au sens du verbe, le complément circonstanciel n’entretient aucun rapport de sens nécessaire avec le sens du verbe. Il donne des informations complémentaires au sujet de l’événement décrit par l’ensemble groupe sujet et groupe verbal [GS + GV] : lieu de l’événement, moment de l’événement, cause de l’événement, etc. C’est pour cette raison que le complément circonstanciel est toujours facul‑

tatif (il peut donc être supprimé sans que l’intégrité grammaticale de la phrase soit affectée) et qu’il peut par ailleurs être déplacé dans la phrase, puisqu’il pos‑

sède une autonomie par rapport à l’ensemble [GS + GV].

La fonction complément circonstanciel peut être assurée par des groupes pré‑

positionnels (GP), par des groupes nominaux (GN), par des adverbes ou par des propositions subordonnées. On peut avoir plusieurs GC dans une même phrase :

2.3.2.2

FONCTION ATTRIBUT (DU SUJET, DU COD)

2.4

II

Grammaire du français • Terminologie grammaticale

Chaque jour, le facteur distribue le courrier à huit heures (GC1 : chaque jour ; GC2 : à huit heures).

La fonction complément circonstanciel Le groupe prépositionnel complément circonstanciel

Groupe nominal prépositionnel : à huit heures dans Le facteur distribue le courrier à huit heures.

Groupe pronominal prépositionnel : devant moi dans Le facteur distribue le courrier devant moi.

Groupe infinitif prépositionnel : avant de partir dans Le facteur distribue le courrier avant de partir.

Gérondif : en se dépêchant dans Le facteur distribue le courrier en se dépêchant.

Le groupe nominal complément circonstanciel le matin dans Le facteur distribue le courrier le matin.

L’adverbe complément circonstanciel

aujourd’hui dans Le facteur distribue le courrier aujourd’hui.

La proposition subordonnée complément circonstanciel Proposition subordonnée circonstancielle : quand le jour se lève

dans Le facteur distribue le courrier quand le jour se lève.

Proposition subordonnée participiale : le travail achevé dans Le travail achevé, le facteur rentre chez lui ; le temps aidant dans

Le temps aidant, le facteur connaîtra les habitants du quartier.

Lorsque la fonction circonstancielle est reconnue comme telle dans la structure de la phrase, différents types de compléments circonstanciels peuvent être dis‑

tingués selon leur sens. Cette identification sémantique du complément circons‑

tanciel reste secondaire, pour l’analyse grammaticale de la phrase, par rapport à l’identification syntaxique de la fonction circonstancielle. Le tableau suivant récapitule les types les plus courants de compléments circonstanciels, selon leur valeur sémantique et leur nature.

Les différents types de compléments circonstanciels Complément circonstanciel de temps

GN : le matin dans Le facteur distribue le courrier le matin.

GNP : à huit heures dans Le facteur distribue le courrier à huit heures.

Adverbe : aujourd’hui dans Le facteur distribue le courrier aujourd’hui.

Proposition subordonnée de temps : quand le jour se lève dans Le facteur distribue le courrier quand le jour se lève.

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Le système de la langue

II

Proposition subordonnée participiale : Le jour levé dans Le jour levé, le facteur distribue le courrier.

Complément circonstanciel de lieu GNP : dans le quartier dans

Le facteur distribue le courrier dans le quartier.

Adverbe : ici dans Ici, le facteur distribue le courrier.

Complément circonstanciel de cause GNP : par nécessité dans

Le facteur distribue le courrier par nécessité.

Proposition subordonnée : parce que c’est son métier dans Le facteur distribue le courrier parce que c’est son métier.

Gérondif : en roulant trop vite dans Il a provoqué un accident en roulant trop vite.

Groupe infinitif prépositionnel (GIP) : pour avoir trop mangé dans Il s’est rendu malade pour avoir trop mangé.

Complément circonstanciel de conséquence GP : au point de nuire à la qualité de son travail dans Le facteur se presse au point de nuire à la qualité de son travail.

Proposition subordonnée : de sorte qu’il termine sa tournée plus tôt aujourd’hui dans

Le facteur distribue le courrier rapidement de sorte qu’il termine sa tournée plus tôt aujourd’hui.

Complément circonstanciel de manière GNP : avec patience dans

Le facteur distribue le courrier avec patience.

GIP : sans attendre dans

Le facteur distribue le courrier sans attendre.

Gérondif : en se dépêchant dans

Le facteur distribue le courrier en se dépêchant.

Adverbe : patiemment dans

Le facteur distribue le courrier patiemment.

Complément circonstanciel de moyen (êtres inanimés) GNP : avec un stylo plume dans

Le facteur signe le document avec un stylo plume.

Complément circonstanciel d’accompagnement (êtres animés) GNP : avec une collègue dans

Le facteur travaille avec une collègue.

Complément circonstanciel de but GIP : pour gagner sa vie dans

Le facteur distribue le courrier pour gagner sa vie.

Proposition subordonnée : pour que le courrier soit distribué dans Le facteur travaille pour que le courrier soit distribué.

GNP : pour cette cause dans Elle se bat pour cette cause.

II

Grammaire du français • Terminologie grammaticale

Complément circonstanciel d’hypothèse GNP : en cas de besoin dans

Le facteur distribuera le courrier en cas de besoin.

GIP : à condition de recruter un facteur ou une factrice dans Le courrier sera distribué à condition de recruter

un facteur ou une factrice.

Proposition subordonnée : si tout va bien dans Le courrier sera distribué si tout va bien.

Complément circonstanciel de concession GNP : malgré la pluie dans Le facteur distribue

le courrier malgré la pluie.

Proposition subordonnée : bien qu’il pleuve dans Le facteur distribue le courrier bien qu’il pleuve.

Gérondif : tout en n’ayant commis aucune infraction grave dans Il a échoué à son examen tout en n’ayant commis

aucune infraction grave.

GIP : pour être dévot dans Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme. (Molière)

POUR ALLER PLUS LOIN

Certaines phrases comprenant un complément prépositionnel sont ambiguës, ce complément pouvant être analysé soit comme un COI, soit comme un com‑

plément circonstanciel. Par exemple, dans la phrase Elle joue à lancer la balle dans la cour, le GNP dans la cour doit être analysé comme un COI si dans la cour désigne le lieu d’aboutissement du verbe lancer. Dans ce cas, en effet, le GNP est impliqué par le sens du verbe puisque le sens véhiculé par le verbe lancer suppose un point d’aboutissement du lancer. En revanche, si la même phrase est interprétée au sens « Elle joue dans la cour et son jeu consiste à lancer une balle » sans indication du point d’aboutissement du lancer, dans la cour sera analysé comme un groupe circonstanciel (GC) constitué d’un GNP de fonction complément circonstanciel : ce GNP n’est en aucune façon impliqué par le sens du verbe et ne fait que donner une information complémentaire (de lieu, mais on aurait aussi bien pu avoir une information de temps, comme ce matin, ou de cause comme parce qu’elle s’ennuie, etc.). Cela explique que, dans cette interprétation, le GNP puisse être déplacé, tandis qu’un tel dépla‑

cement est impossible dans la première interprétation. La plupart des verbes de mouvement posent des problèmes de ce type.

Il convient par ailleurs de noter qu’il existe des cas de compléments qui sont dans une situation intermédiaire entre le GN COI et le GC (et que la grammaire scolaire ne prend généralement pas en charge car elle se limite à l’opposition binaire entre complément d’objet et complément circonstanciel). Considérons les phrases : Alice travaille à Paris ; À Paris, Alice travaille à la réussite de l’entreprise. Dans cette dernière phrase, le GNP à la réussite de l’entreprise est un COI (ce que confirme notamment le fait qu’il très difficile à placer en tête

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de phrase), au même titre que à Paris dans Alice va à Paris (à cette différence près que le COI est obligatoire avec le verbe aller). Dans la phrase À Paris, Alice travaille à la réussite de l’entreprise (qui signifie, sauf into nation particulière,

« lorsqu’elle se trouve à Paris, Alice travaille à la réussite de l’entreprise », ce qui peut sous‑entendre qu’elle ne travaille pas à la réussite de l’entreprise si elle n’est pas à Paris) le GNP à Paris est un GC, qui donne une information au sujet de l’ensemble formé par le GS et le GV (Alice travaille à la réussite de l’entre‑

prise), cette information n’étant pas particulièrement impliquée par le sens du verbe et pouvant être remplacée par n’importe quelle autre circonstance (Depuis un an, Alice travaille à la réussite de l’entreprise). En revanche, dans la phrase Alice travaille à Paris, interprétée au sens « Alice exerce une activité professionnelle qui se situe à Paris », le GNP à Paris est moins mobile qu’un complément circonstanciel typique et il entre dans la portée de la négation (Alice ne travaille pas à Paris : « ce n’est pas à Paris qu’elle travaille », donc négation de à Paris) à la différence du GNP complément circonstanciel (À Paris, Alice ne travaille pas à la réussite de l’entreprise : « quand elle est à Paris, elle ne travaille pas à la réussite de l’entreprise », donc la négation ne touche pas à Paris). On peut parler dans ce cas d’un « complément circonstanciel du verbe », par opposition au complément circonstanciel, qui est un ajout à la phrase. Le complément circonstantiel du verbe (CCV) se carac térise par le fait qu’il est nié lorsque la phrase est sous la forme négative27.

On remarquera cependant que, dans la phrase Alice travaille à Paris, le GNP à Paris peut aussi bien être interprété comme un CC si la phrase est pronon‑

cée avec une accentuation particulière sur travaille (ce que peut souligner une virgule : Alice travaille, à Paris). Car dans ce cas, le GNP à Paris n’est plus touché par la négation (Alice ne travaille pas, à Paris). Inversement, le GNP à Paris peut être analysé comme un CCV si une intonation parti‑

culière sur à Paris permet de comprendre que À Paris, Alice travaille est une réponse à la question « Où Alice travaille‑t‑elle ? »

En résumé :

Alice va à Paris : complément d’objet indirect.

Alice travaille à la réussite de l’entreprise : complément d’objet indirect.

Alice travaille à Paris : complément circonstanciel du verbe.

Alice travaille(,) à Paris : complément circonstanciel.

À Paris, Alice travaille : complément circonstanciel.

À Paris, Alice travaille (comme réponse à la question « Où Alice travaille‑t‑

elle ? ») : complément circonstanciel du verbe.

Le fait de ne pas distinguer les compléments circonstantiels du verbe des compléments circonstantiels de la phrase est donc une simplification radicale de cette réalité linguistique complexe. La fonction complément circonstanciel du verbe (ou plus simplement « complément du verbe ») sera cependant utile pour l’analyse des adverbes (cf. II.3.1).

27 Beaucoup d’exemples de compléments circonstanciels donnés dans cette terminologie pourraient donc être analysés également comme des compléments circonstanciels du verbe.

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