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Le participe passé

Dans le document Grammaire du français (Page 157-161)

Les modes non personnels

C. Le participe passé

Le participe passé est une forme verbale qui s’emploie soit avec une valeur de verbe (Elle a chanté ; elle est partie ; le problème résolu, Alice partit), soit avec une valeur d’adjectif (Les airs chantés aujourd’hui).

Dans ses emplois verbaux, le participe est utilisé pour former les formes compo‑

sées des temps du verbe (Elle a chanté ; Elle est partie) ainsi que le passif (Elle est étonnée par cette réaction). Il peut également, comme le participe présent, être le noyau du GV d’une proposition participiale : Le chat parti, les souris dansent.

Le participe passé employé comme adjectif est le plus souvent de fonction épithète (Une lettre rédigée rapidement), attribut (Elle semble fatiguée) ou de fonction apposé (Les enfants, épuisés, s’endormirent aussitôt).

Comme dans le cas du participe présent, le participe passé connaît deux degrés d’intégration à la catégorie de l’adjectif : un degré maximal, qui admet une varia‑

tion en degrés au moyen d’un adverbe mais n’autorise pas les compléments (des cheveux frisés ➨ des cheveux très frisés ➨ *des cheveux très frisés par la sueur) ; un degré plus faible, qui autorise les compléments mais n’admet pas la variation en degré (des cheveux frisés par la sueur). Comme cette différence d’emploi, contrairement au participe présent, n’entraîne pas de changement en matière d’accord (le participe passé s’accorde dans les deux cas), la tradition grammaticale n’a pas retenu deux dénominations distinctes pour ces deux types d’emplois adjectivaux du participe passé.

Morphologie du participe passé Participe passé de forme simple

aimé

Participe passé de forme composée eu aimé

Emplois principaux du participe passé Comme forme verbale

Dans les formes composées de la conjugaison du verbe : Elle a chanté ; Elle est partie.

Dans la voix passive : La souris est mangée par le chat.

En proposition participiale : Le chat parti, les souris dansent.

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Grammaire du français • Terminologie grammaticale

Comme forme adjectivale En fonction épithète : Une lettre rédigée rapidement.

En fonction attribut : Elle semble fatiguée.

En fonction apposition :

Les enfants, épuisés, s’endormirent aussitôt.

HISTOIRE DE LA LANGUE Le participe latin comportait deux voix (active, passive) et trois temps (présent, parfait, futur). Le participe présent (amans

« aimant ») et le participe futur (amaturus, a, um « étant sur le point d’aimer ») n’existaient qu’à la voix active, tandis que le participe parfait n’existait, sauf exception des verbes déponents (imitatus « ayant imité »), qu’à la voix pas‑

sive (amatus « ayant été aimé »). En français, comme pour l’infinitif, la forme du futur a été éliminée. Le participe présent latin était variable en genre et en nombre. Son équivalent français (aimant) était, en vertu de l’héritage latin, encore variable au XVIIe siècle (Racine, Andromaque, vers 859‑860 :

« N’est‑ce point à vos yeux un spectacle assez doux/Que la veuve d’Hector pleurante à vos genoux ? »). Un certain nombre d’expressions françaises encore utilisées en français moderne témoignent de cet ancien usage de l’accord du participe présent : les ayants droit, à la nuit tombante, toutes affaires cessantes, séance tenante, etc.

NOTION GRAMMATICALE PARTICIPE PASSÉ

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Le système de la langue

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Le lexique

Dans sa définition la plus large, le lexique du français est l’ensemble des mots de la langue française. Cet ensemble reste une fiction théo­

rique car aucun dictionnaire ne peut répertorier l’intégralité des mots du français. Le terme « lexique » peut également être employé pour désigner un sous­ensemble du lexique général limité à une classe gramma ticale (le lexique des verbes) ou à un domaine particulier (le lexique des émotions, le lexique des saveurs, le lexique de l’informa­

tique, etc.). Le vocabulaire est un sous­ensemble du lexique, constitué des mots employés ou connus par une personne particulière ou par un groupe particulier. S’il est difficile à identifier exhaustivement, un vocabulaire, à la différence du lexique ou d’un lexique particulier, est nécessairement fini. Il s’enrichit par l’apprentissage et les pratiques discursives spontanées (le vocabulaire du sport, le vocabulaire d’un enfant de quatre ans, le vocabulaire de la haute bourgeoisie, etc.)

On distingue, dans le lexique, les mots lexicaux des mots grammaticaux. Les mots lexicaux sont les noms, les verbes, les adjectifs et les adverbes. Les mots gram‑

maticaux sont les déterminants, les pronoms, les conjonctions, les prépositions et les interjections. Cependant, la frontière entre ces deux types de mots n’est pas aussi évidente qu’il paraît : un adverbe comme si dans Elle est si grande ! fonctionne comme un mot grammatical (à valeur d’intensité) plutôt que comme un mot lexical ; le mot bien fonctionne comme un mot lexical dans un bien, faire le bien, mais plutôt comme un mot grammatical dans Je viendrais bien mais je suis occupé. Si le caractère lexical ou grammatical d’un mot est souvent une propriété stable du mot lui‑même, c’est‑à‑dire qui demeure quels que soient les emplois du mot (un article sera toujours un mot grammatical, un nom comme liberté sera toujours un mot lexical), dans certains cas, c’est l’emploi du mot qui lui donne son caractère lexical ou grammatical (comme dans le cas de bien).

POUR ALLER PLUS LOIN

Les mots se distinguent des concepts en ce qu’ils appartiennent à une classe grammaticale. Le concept résulte d’un processus de catégorisation mentale et n’est par principe attaché à aucune classe grammaticale. Par exemple, le concept « liberté » peut se manifester aussi bien sous la forme d’un nom (la liberté, la libération, etc.), d’un verbe (libérer), d’un adjectif (libre) ou d’un adverbe (librement). Le vocabulaire d’un individu dans une langue donnée (y compris la langue des signes) configure son esprit en ce qu’il contribue à la formation de ses représentations conceptuelles (ou plus simplement de sa pensée) – sans toutefois, bien sûr, les déterminer complètement. Le déve‑

loppement du vocabulaire (dont le métalangage grammatical fait partie) est donc utile non seulement à la communication (compréhension et expression)

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Grammaire du français • Terminologie grammaticale

mais aussi à la formation de la pensée. Cependant il existe des concepts qui, dans une langue ou chez un individu, n’ont pas de matérialisation linguistique sous forme de mots. Par exemple, il n’existe pas en français d’équivalent du mot cafetero qui, en espagnol du Mexique, désigne quelqu’un qui boit beau‑

coup de café ; il n’existe pas non plus d’équivalent du mot berlenggang qui, en indo nésien, désigne l’action de marcher avec grâce en tenant sa main sur sa hanche. Pourtant un locuteur du français peut accéder facilement aux concepts correspondant à ces mots.

NOTIONS GRAMMATICALES

Le morphème

Les mots se décomposent en morphèmes, qui sont les plus petites unités de signification isolables par permutation (dé‑ est un morphème dans défaire car il permute par exemple avec re‑ (refaire), mais il n’est pas un morphème dans désert car dé‑ ne peut dans ce mot permuter avec aucun autre morphème).

On distingue les morphèmes lexicaux, qui sont des morphèmes libres (au sens où ils sont autonomes, c’est‑à‑dire peuvent être employés seuls, par exemple faire dans défaire) ou liés (au sens où ils n’apparaissent que soudés à un autre mor‑

phème, par exemple ‑spir‑ dans respirer) des morphèmes grammaticaux qui sont toujours des morphèmes liés (par exemple dé‑ dans défaire, ‑s dans filles).

Les morphèmes Morphèmes lexicaux

table (mot composé d’un seul morphème lexical), rouge‑gorge (mot composé de deux morphèmes lexicaux),

défaire (mot composé de deux morphèmes, l’un lexical, faire, l’autre grammatical, dé‑).

Morphèmes grammaticaux

•Morphèmes flexionnels :

marques de genre (‑e dans amie), de nombre (‑s dans jours), de temps, de mode et de personne dans le cas des verbes (‑aient dans ils marchaient). Les marques verbales de temps,

de mode et de personne sont nommées « désinences ».

•Morphèmes dérivationnels :

préfixes (dé‑ dans défaire) et suffixes (‑iel dans présidentiel).

LEXIQUE VOCABULAIRE MOT LEXICAL MOT GRAMMATICAL

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Le système de la langue

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NOTIONS GRAMMATICALES

Point de vue diachronique :

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