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Le participe présent

Dans le document Grammaire du français (Page 153-157)

Les modes non personnels

B. Le participe présent

Le participe présent est une forme verbale qui s’emploie ou bien avec une valeur verbale (Les invités arrivant, je m’empresse de dresser la table), ou bien avec une valeur d’adjectif (une élève aimant la lecture [= amatrice de lecture] ; une idée intéressante) ou bien avec une valeur d’adverbe (Elle est entrée en faisant du bruit [= bruyamment]).

Lorsqu’il est en emploi verbal, le participe présent est le noyau du GV de la pro‑

position participiale : Les invités arrivant, je m’empresse de dresser la table.

Dans le cas du participe présent à valeur d’adjectif, deux cas doivent être distin‑

gués selon le degré d’intégration du participe présent à la catégorie de l’adjectif :

• le cas de l’adjectif verbal correspond au degré d’intégration maximal du parti‑

cipe présent à la catégorie de l’adjectif. L’adjectif verbal adopte dans ce cas l’ensemble des caractéristiques morphologiques et syntaxiques de l’adjectif : accord en genre et en nombre avec le nom (des personnes charmantes), possi bilité d’avoir des degrés (des opinions très changeantes), d’être de fonction épithète (une idée intéressante) ou attribut (Cette personne est très accueillante). Parallèlement, en raison de son intégration à la catégorie de l’adjectif, l’adjectif verbal perd une propriété caractéristique du verbe : la possibilité d’avoir des compléments. Ainsi, il n’est pas possible de construire intéressant avec un COD si ce participe présent est employé comme adjectif verbal (*une idée intéressante le public). En revanche, la construction une idée intéressant le public est possible : intéressant n’étant pas un adjectif verbal, il peut avoir un COD, le public.

INFINITIF

II

Grammaire du français • Terminologie grammaticale

Dans certains cas, une forme issue d’un participe présent bascule entière‑

ment dans la catégorie de l’adjectif, ce changement de classe grammaticale étant marqué par un changement orthographique. Par exemple, le participe présent précédant (Les joueurs victorieux, précédant la foule, ont reçu un accueil triomphal), devient un adjectif lorsqu’il s’écrit avec un e (le chapitre précédent, la leçon précédente). De même pour fatigant (< fatiguant), pro‑

vocant (< provoquant), convergent (convergeant). Des mots comme précé‑

dent, fatigant, provocant, convergent, etc., sont purement et simplement des adjectifs : compte tenu de leur orthographe, ils ne peuvent plus être consi‑

dérés comme des participes présents intégrés dans la catégorie des adjectifs (donc comme des adjectifs verbaux) ;

• le cas du participe présent employé comme adjectif correspond à un rap‑

prochement à l’égard de la catégorie de l’adjectif limité aux fonctions que le participe (ou le groupe participial) peut occuper. Le participe présent employé comme adjectif est le plus souvent de fonction épithète (Cette bio‑

logiste observe des animaux vivant dans la nature : le groupe participial est épithète du nom animaux) ou apposé (Alice se promenait, pensant à tout ce qu’elle devait faire : le groupe participial est apposé au nom Alice).

Du point de vue de sa construction, le participe présent employé comme adjectif conserve, à la différence de l’adjectif verbal, la possibilité d’avoir des compléments (COD : Les champs environnant le village sont très fertiles [le village est COD de environnant] ; COI : Les personnes parlant à l’inconnu s’exprimaient dans sa langue [à l’inconnu est COI de parlant]).

L’emploi adverbial du participe présent est celui que l’on le nomme le « gérondif ».

Le gérondif est, d’un point de vue synchronique (cf. ci‑dessous « Histoire de la langue »), formé de la préposition en suivie du participe présent (en chantant).

Il s’agit d’une forme invariable du participe présent.

Le gérondif est considéré comme un emploi adverbial du participe présent parce qu’il a toujours une fonction de complément circonstanciel. Ainsi, dans la phrase Elle se promène en chantant, le gérondif en chantant exprime que l’action de se promener et celle de chanter se déroulent en même temps. Dans la phrase C’est en écoutant que tu comprendras, le gérondif en écoutant exprime que l’action de comprendre se fait au moyen de l’action d’écouter. Mais, en fonction du contexte, d’autres valeurs circonstancielles peuvent également être attes‑

tées (cause, manière, opposition, condition, etc.). En raison de son statut de forme verbale, le gérondif est susceptible d’avoir des compléments : ainsi, dans la phrase Elle a progressé en respectant scrupuleusement les consignes, le GN les consignes est COD du gérondif en respectant.

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Le système de la langue

II

HISTOIRE DE LA LANGUE Le latin possédait des participes présents qui étaient susceptibles d’un emploi adjectival ou nominal. Ainsi, le participe présent parens (du verbe pario, is, ere « enfanter, produire ») a donné le nom parens (masc. ou fém.) « père, mère » et, au pluriel, parentes « les parents », littéralement « ceux qui engendrent un enfant ». De même, le participe présent adulescens (du verbe adolesco, is, ere « grandir, croître ») a donné le nom adulescens (masc. ou fém.), « jeune homme, jeune femme ».

Lorsque le latin souhaitait faire du verbe une forme nominale exprimant le complément circonstanciel de moyen, il avait recours à une forme, appe‑

lée gérondif, déclinée à l’ablatif singulier. Ainsi, dans la phrase Fabricando fit faber. C’est en forgeant que l’on devient forgeron, fabricando est l’abla‑

tif du gérondif tiré du verbe fabricare « forger ». C’est cette forme en ‑a/

endo qui, en français, a évolué en ‑ant ou ‑ent, devenant ainsi homonyme du participe présent issu, lui, de ‑a/entem ➨ ‑a/ent (cantantem ➨ chantant).

L’évolution phonétique a confondu les deux formes en français, mais l’italien a conservé des gérondifs très fréquents par exemple dans le langage musical (crescendo, decrescendo, accelerando, etc.).

POUR ALLER PLUS LOIN

Le gérondif peut parfois, dans des usages anciens, présenter l’omission de la préposition en, ce qui est susceptible d’entraîner des risques de confu‑

sion avec le participe présent employé comme adjectif. La langue a conservé encore aujourd’hui quelques expressions présentant cette omission où l’on notera la position postposée du gérondif : chemin faisant (= en faisant chemin), tambour battant (= en battant le tambour), argent comptant (= en comptant l’argent), ce faisant (= en faisant cela), aller croissant, etc.

La forme composée (passée) du gérondif est d’un emploi relativement rare : La pianiste n’a pas été applaudie avec chaleur, tout en ayant interprété son morceau à la perfection.

Morphologie du participe présent Participe présent de forme simple

aimant

Participe présent de forme composée ayant aimé

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Grammaire du français • Terminologie grammaticale

Emplois principaux du participe présent Emploi verbal

En proposition participiale : Les invités arrivant, je m’empresse de dresser la table.

Emploi adjectival

Adjectif verbal : une idée intéressante.

Participe présent employé comme adjectif :

• de fonction épithète : Cette biologiste observe des animaux vivant dans la nature ; Les champs

environnant le village sont très fertiles.

• de fonction apposé : Alice se promenait, pensant à tout ce qu’elle devait faire.

Emploi adverbial Gérondif :

• complément circonstanciel de temps (simultanéité) : Elle arriva à l’école en criant ;

• complément circonstanciel de cause : Elle a provoqué un accident en roulant trop vite ;

• complément circonstanciel de moyen : Elle a progressé en étudiant avec assiduité ;

• complément circonstanciel de manière : Elle m’écoute en affichant une grande bienveillance ;

• complément circonstanciel de condition : Tu réussirais mieux en t’appliquant davantage ;

• complément circonstanciel d’opposition : Elle a échoué à son examen du permis de conduire,

tout en n’ayant commis aucune infraction grave.

NOTIONS GRAMMATICALES

EMPLOI VERBAL DU PARTICIPE PRÉSENT ADJECTIF VERBAL PARTICIPE PRÉSENT EMPLOYÉ COMME ADJECTIF GÉRONDIF

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